Les studios polonais continuent encore et toujours à fleurir, dont le dernier en date qui n’est autre que Atomic Wolf, basé à Varsovie. Ce petit studio indépendant auparavant créateur d’un premier titre avec Mad Age & This Guy en 2017, une sorte de jeu d’action rétro à la sauce Bomberman, nous livre un tout autre titre plutôt atypique avec Liberated, disponible sur Switch depuis le 2 juin.
Le soft s’était d’ailleurs montré pour la toute première fois en mars 2019, puis lors de la gamescom 2019, où il nous avait pas mal charmé. Le bébé d’Atomic Wolf déboule enfin un an plus tard sur la console de Nintendo, en attendant la sortie de sa version PC plus tard dans l’année. Très clairement, la BD interactive est une sacrée bonne idée, au détriment d’idées de gameplay qui auraient méritées mieux.
Conditions de test : Nous avons terminé Liberated en 3h de jeu en mode joueur, le mode normal du jeu. Le titre a été testé sur Nintendo Switch en mode tablette et docké.
Narration intéressante pour une direction artistique originale ?
Avant d’aborder sa direction artistique pour le moins plus qu’atypique, Liberated dispose d’une narration forte et plus que jamais d’actualité. Le soft nous envoie en 2024, alors que le monde est désormais entièrement connecté et où le gouvernement surveille les moindres faits et gestes de ses citoyens, un groupe de rebelles nommé les Liberated fait surface dans ce monde dystopique.
Le titre d’Atomic Wolf nous permettra d’ailleurs d’incarner plusieurs personnages, ce qui donnera des points de vue aussi différents qu’intéressants pour la narration du côté des deux camps. On passera dans ce titre doté de 4 tomes de BD d’un flic nommé Franck Robbins à la poursuite de ces fameux terroristes nommés les Liberated en passant par Barry Edwards, un délinquant notoire dont on en apprendra plus sur lui par la suite. Qui plus est, nous incarnerons d’autres protagonistes de ce fameux groupe de rebelles.
Concrètement, force est de constater que vous pourrez facilement vous y perdre avec le nombre de personnages à incarner. Cependant, le récit conté dans Liberated est de bout en bout intéressant et avec chaque personnage ayant leur motivation et psychologie. Le thème de la surveillance des données par le gouvernement est non seulement bien traité, mais est plus que jamais d’actualité. Le message passé dans cette narration est en tout cas relativement fort, à mi-chemin entre la fiction et le réaliste, et arrive sans conteste à devenir captivant car on veut connaître la finalité des choses.
On regrettera par contre l’absence de véritables choix, ce qui aurait pu donner un peu plus de piment à l’histoire. Egalement, il subsiste hélas encore quelques zones d’ombres sur la trame, qui n’en reste pas moins maîtrisée dans son sujet et faisant penser à un roman graphique typé film noir, comme un certain un V pour Vendetta. Notez qu’il n’y a pas vraiment de doublages sur le soft, ce qui est fort dommage car cela aurait pu donner largement plus d’épaisseur aux protagonistes. Cela dit, le titre est intégralement en français, et qui plus est bien traduit.
Autre particularité qui accroche et charme dans Liberated, c’est sa direction artistique absolument sublime et complètement atypique. De manière plus concrète, le style de Liberated prend la forme d’une BD à lire, et vous parcourrez le soft vignettes par vignettes avec certaines en illustration, et d’autres en vignettes ingame que vous devez parcourir pour passer à la suivante.
Concrètement, c’est original et diablement efficace, et cela procure une sensation immersive bougrement ravissante et très plaisante de bout en bout. Ce qui est un bon point quand on sait qu’en ingame, le titre est très faible techniquement, saccade sur switch en docké comme en nomade, et s’offre même des temps de chargements effroyablement longs…
Il aurait en somme fallu sortir le soft sur PC d’abord très clairement, même si le miracle graphique n’aurait pas eu lieu de toute façon. Si la profondeur des arrière-plans est là, le titre s’offre de près une modélisation tout bonnement hideuse, avec un style graphique noir et blanc qui fait office de cache misère. Il faudra noter une lisibilité quelquefois discutable même si le reste du temps, c’est convenable.
Du gameplay varié avec beaucoup de défauts
Néanmoins, l’expérience reste satisfaisante et le gameplay du soft est au passage parfaitement organique avec la direction artistique. Dans chaque vignette, le titre prend la forme d’un jeu en 2D linéaire, avec la possibilité de sauter, courir, attraper diverses plate-forme ainsi que viser et tirer avec le joystick de la Switch et la gâchette. Soit un gameplay relativement simple et intuitif qu’on se le dise.
Les diverses séquences de jeu varient plus ou moins entre du gunfights avec quelques onomatopées renforçant l’immersion de l’aspect BD, de la course poursuite, de la QTE sur certaines vignettes en illustration, voire quelques puzzles à résoudre. La progression est de ce fait pas trop mal équilibrée, et avec un level-design linéaire et cohérent où chaque fin de séquence vous fait passer à la vignette suivante, et donc au niveau suivant sans de véritables accrocs.
Toutefois, on pestera sur quelques bugs et quelques soucis d’animation et de rigidité qui entacheront l’expérience de jeu, sans que cela ne soit trop rédhibitoire pour autant. Il y aura également de quoi tiquer sur les phases d’infiltration diablement redondantes et sans aucun challenge, comme les gunfights qui se répètent inlassablement, et avec une IA plus que passive. Qui plus est, les sauts ne sont parfois pas si optimaux et ni très plaisant, ce qui donne en somme un gameplay qui manque beaucoup de finitions en dépit de la variété qu’il tente de proposer.
Ceci dit, tout cela reste globalement jouable. Côté durée de vie maintenant, Liberated est vraiment très court. Il faudra compter au moins trois bonnes heures pour voir le bout de l’intrigue des quatre tomes. Pour la rejouabilité, ce sera inexistant car les autres choix à faire au début du soft ne sont finalement que très anecdotiques. Tarifé à un prix relativement fort – 19,99 € -, ce sera à vous de voir si vous le prenez pour l’expérience de jeu intéressante que procure ce petit titre indépendant.
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