Disponible sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series X|S et Google Stadia depuis le 10 septembre et prévu sur Switch plus tard cette année, Life is Strange: True Colors est un épisode attendu au tournant par les fans de la licence. Sortant un peu moins de deux ans après la conclusion du périple américain des frères Diaz, il abandonne non seulement le format épisodique propre à la série et n’est pas non plus développé par Dontnod mais Deck Nine, les créateurs de Before the Storm, la préquelle du tout premier Life is Strange. Au final, le studio américain parvient-il à hisser ce nouvel opus au même niveau de qualité que les productions de l’entreprise française ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé sur PlayStation 5 et un téléviseur 4K pendant environ 15h, temps nécessaire pour effectuer une partie complète (durée de vie estimée entre 10 et 11h), rejouer plusieurs séquences clés en modifiant nos choix et platiner le titre. Cet article est garanti sans spoilers.
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ToggleBienvenue dans le Colorado !
Se déroulant encore une fois aux États-Unis, Life is Strange: True Colors met en scène l’histoire de la jeune Alex Chen qui débarque à Heaven Springs, une petite ville du Colorado, pour y retrouver son grand frère Gabe qu’elle n’a plus vu depuis huit ans.
Malheureusement, ces retrouvailles ne se passe pas comme prévu. Après une longue introduction présentant de manière approfondie la bourgade et ses habitants, un drame se produit, conduisant au décès prématuré de Gabe. Déterminée à comprendre ce qu’il s’est passé, Alex décide de mener son enquête tout en cherchant à trouver sa place dans son nouveau foyer.
Proposant un pitch de base accrocheur sur le papier, Deck Nine s’est démené pour faire en sorte que la narration soit à la hauteur de ce que l’on attend d’une production Life is Strange. Malgré un rythme scénaristique très lent qui pourrait ne pas convenir à tout le monde, l’histoire d’Alex est plaisante à suivre de bout en bout grâce à quelques moments forts poignants ou surprenants.
Les autres personnages intégrés à l’aventure sont également très attachants. Ils bénéficient d’une écriture solide, d’une mise en scène réussie et d’un doublage audio convaincant, aussi bien en anglais qu’en français.
Cependant, bien que les conséquences de nos actes soient différentes les unes des autres, les choix proposés, y compris les plus importants, manquent d’impact par rapport à ce que l’on a connu dans les épisodes conçus par Dontnod (deux considérés comme majeurs paraissent même illusoires !). De plus, toute la dimension « enquête » censée être au cœur du jeu est traitée d’une façon simpliste et parfois expéditive, la reléguant trop souvent au second plan.
Résultat, le dénouement, pourtant logique dans son exécution, nous laisse sur notre faim, quel que soit la fin choisie, essentiellement à cause de ce sentiment d’influence réfréné sur les événements. C’est regrettable car ces défauts ruinent en partie les efforts fournis par les développeurs en matière de narration.
La force (mais pas trop) des sentiments
Depuis sa naissance, la licence Life is Strange a toujours cherché à ajouter une mécanique originale afin de rompre légèrement avec la simplicité du gameplay propre au genre narratif sans pour autant dénigrer l’accessibilité. Cet opus ne fait pas exception à cette règle. Après nous avoir donné la possibilité de remonter le temps avec Max Caulfield puis d’être un super-héros avec les frères Diaz, True Colors nous offre un pouvoir permettant de comprendre et de ressentir les émotions des gens. Autrement dit, de « lire dans leur cœur ».
Tout au long de la partie, Alex peut et doit utiliser cette empathie naturelle qui l’effraie pour progresser dans l’histoire, réaliser des quêtes annexes et accéder à des souvenirs divers et variés appartenant aux personnes qu’elle côtoie désormais au quotidien.
Si ce don démontre son utilité à de nombreuses reprises, on a l’impression que son immense potentiel n’est jamais pleinement exploité. Seulement quatre sentiments (joie, peur, tristesse et colère) sont symbolisés par une aura avec une couleur unique et en faire usage n’a pas des conséquences aussi fortes que les trailers diffusés depuis le mois de mars – certaines scènes scriptées du titre et ce qu’écrit Alex dans son journal – tentent de nous faire croire. C’est frustrant.
Notez que les développeurs ont tout de même pensé à prendre en charge (très sommairement) les gâchettes adaptatives et la fonctionnalité du retour haptique de la DualSense, notamment afin d’essayer de renforcer chez les joueurs et les joueuses les sensations provoquées par les émotions les plus puissantes manette en mains. Un ajout anecdotique qui a au moins le mérite d’exister.
Alors, c’est sympa Heaven Springs ?
Heaven Springs a beau avoir toutes les caractéristiques du patelin paumé au milieu de nulle part sans intérêt, cela ne veut pas dire qu’il n’a aucun charme, bien au contraire. Malgré la tragédie qui secoue cette petite ville tranquille, il s’agit d’un vrai coin de paradis. Deck Nine a clairement pris un malin plaisir à concevoir un univers coloré, vivant et cohérent dans lequel on souhaite se plonger pour en découvrir tous les secrets.
Même si on aurait apprécié disposer d’un monde beaucoup plus ouvert, se balader dans la grand-rue et les quelques bâtiments accessibles est un bonheur. La direction artistique propre à la série n’a jamais été aussi bien mise en valeur que dans cet opus et, visuellement, le jeu est très joli malgré une exploitation du ray-tracing qui n’apporte strictement rien.
Mais là où les développeurs ont frappé un grand coup, c’est sur la bande originale. La musique a toujours été un point fort de la franchise mais sa qualité et sa richesse atteint un tout autre niveau dans True Colors. Chaque piste est un moment très agréable pour les oreilles qui gagne encore plus en intensité lors des fameux « instants zen » pendant lesquels Alex s’installe temporairement pour réfléchir et se livrer sur les événements passés ou en cours. Seul bémol, aucune parole n’est sous-titrée en français. Un détail, certes, mais qui, à moins d’avoir de bonnes connaissances en anglais, nous empêche de comprendre pourquoi une chanson s’écoute à cet endroit et pas à un autre.
Concernant les performances techniques, sachez que le titre est bloqué à 30 fps dans une configuration graphique unique sur PlayStation 5 (pas de mode Qualité ni Performance au programme). Un choix motivé par la volonté de proposer une expérience fidèle au cinéma, ce qui n’est pas particulièrement dérangeant.
En revanche, s’il n’est pas dramatique de voir apparaître quelques très courts temps de chargement lorsqu’on change complètement de zone, en voir à chaque fois que l’on entre ou sort d’un bâtiment et que l’on change d’étage est difficilement acceptable pour un jeu tournant sur une console next-gen. Oui, cela nous permet de pouvoir rejouer une séquence précise sans avoir à recommencer un chapitre depuis le début mais cela nuit aussi à la fluidité de l’expérience. C’est dommage.
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