Après des séries comme Harvest Moon ou bien Rune Factory, Yasuhiro Wada revient sur le devant de la scène avec une toute nouvelle IP qui se veut être aussi relaxante que les autres, à savoir Little Dragons Café. Les bases de ses anciennes créations restent toujours au programme avec la gestion d’un établissement, mais cette fois-ci, l’aventure prend son envol avec la gestion d’un dragon, qu’il va falloir chouchouter afin de le voir grandir convenablement et qu’il nous emmène vivre de folles aventures. C’est donc un mix entre jeu de gestion et d’exploration qui nous attend ici, mais ce mélange n’est pas aussi savoureux qu’on aurait pu le penser, du moins pas assez pour le classer dans les recommandations du menu.
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ToggleLe café des frappés
Élever un dragon n’est probablement pas chose aisée, surtout lorsque l’on a un boulot qui nous occupe déjà toute la journée. Pourtant, c’est bien le rôle qui incombe à Rin et Ren, qui doivent tenir les rênes du Little Dragons Café suite à un malheureux événement, qui contraint leur mère à rester alitée toute la journée. Heureusement pour eux, un mystérieux vieil homme rabougri leur confie le secret de guérison pour la maladie de leur mère, mais cela devra tout d’abord passer par l’élevage d’un dragon. Rin et Ren prennent donc sous leur aile la mignonne créature, tout en gérant le café, une situation bien compliquée pour deux jeunes bambins. Ils pourront cependant compter sur le personnel de l’établissement, composé de deux serveurs et d’un cuistot orque, prêts à tout pour que le café fonctionne. On s’attache rapidement à cette petite équipe qui donne de la vie au café, et voir grandir son dragon fait toujours son petit effet.
Avec une histoire au second plan, Little Dragons Café tire sa force de sa galerie de personnages loufoques.
L’élevage du dragon est donc le fil rouge de cet aventure mais il n’est pas pour autant central, car le cœur de la narration de ce Little Dragons Café reste les différents clients qui franchissent la porte de l’établissement. Tous plus farfelus les uns que les autres, à l’image d’une sorcière pas très douée en magie ou d’un fantôme plus qu’agaçant, ces clients rythment l’aventure en proposant plusieurs mini-scénarios, qui cachent malgré eux l’absence quasi totale de véritable intrigue. A défaut d’avoir un périple palpitant, on se réjouit de découvrir les histoires de chacun d’entre eux, même s’ils ne sont finalement pas si nombreux. Cela dit, le rythme totalement haché de l’aventure est spécialement lent, à tel point que ces saynètes les mettant en scène sont la seule vraie récompense du jeu. Car malgré le nom du jeu, il ne faut pas que vous vous attendiez à vraiment gérer un café.
Au menu du jour…
Ce qui aurait pu être l’un des plus grandes forces du titre semble être finalement passé à la trappe en cours de développement. La partie gestion de l’établissement est en fait très limitée, puisqu’il n’est absolument pas possible de personnaliser le bâtiment en lui-même, ni d’organiser la salle comme bon nous semble. Le seul rôle que vous aurez à jouer sera de construire votre menu, en choisissant dix plats différents que vos clients pourront commander. Pour établir votre carte, il faudra donc récolter des bouts de recettes à travers le monde ou via certains dialogues, avant d’avoir toutes les parties nécessaires pour reconstituer des plats délicieux. Une fois la recette en poche, votre personnage se met lui-même aux fourneaux et cuisine à l’aide d’un mini-jeu de rythme sympathique, mais encore une fois limité. Il se bonifie tout de même au fil de la progression en se complexifiant davantage, mais il faut malheureusement attendre quelques heures avant cela. Plus votre score à ce mini-jeu est élevé, plus le plat sera réussi et les clients auront alors plus de chance d’être séduits par ce met.
Il faudra d’ailleurs bien observer les remarques des clients, qui notent vos plats tels des blogueurs culinaires modernes. Si un plat ne remporte pas l’adhésion, il vaut mieux revoir sa carte ou retenter la recette avec de nouveaux ingrédients. Vous pouvez également consulter le classement des commandes afin de voir ce qui a été le plus commandé au cours de la journée, histoire de ne jamais manquer d’ingrédients pour le préparer. Ces petits éléments fonctionnent plutôt bien et redonnent de l’intérêt à la gestion du café, car plus les clients seront satisfaits, plus vous progresserez rapidement dans l’histoire.
Pour progresser efficacement, il faut tenir votre menu à jour et vérifier si vos recettes plaisent aux clients.
Malgré cet aspect, ce n’est pas vous qui cuisinerez lors du coup de feu, mais votre chef cuistot. Finalement, lors des services, votre rôle consiste à être un peu touche à tout, en prenant les commandes, en servant et en débarrassant. Le tout s’effectue de manière presque automatique et sans réfléchir, ce qui est un peu décevant. A cause de cela, on finit vite par laisser tomber son rôle de serveur pour laisser son équipe s’en occuper à notre place, même si ces derniers ne sont pas des as. Entre le fainéant de service et celle qui est démoralisée pour un rien, on passe plus de temps à jouer le rôle d’aide social afin qu’ils accomplissent leur boulot sans traîner. Au bout de quelques heures, travailler au café n’a presque plus de sens malgré l’ambiance sympathique qui y règne, surtout lorsque l’on peut s’aventurer sur l’île où se tient l’établissement.
À la cueillette des problèmes
Pour bien gérer votre stock de nourriture, il faudra en effet arpenter l’île afin de récolter moult ingrédients. Entre secouer des arbres, récolter des légumes ou pêcher du poisson, vous aurez de quoi vous occuper avant que le service ne redémarre. Comme dans les autres jeux de Yasuhiro Wada, la récolte est un moment paisible qui plaire a tous ceux ayant l’envie d’un instant de détente. Votre dragon pourra également vous prêter main forte en dénichant de la viande ou en creusant le sol pour obtenir des ingrédients rares. Vous l’aurez compris, votre compagnon sera votre meilleur ami, ce qui implique que vous devrez veiller à ce qu’il soit heureux en toute circonstance. S’il n’est pas assez reposé, il ne pourra plus effectuer certaines actions, alors pensez bien à le ménager. Il est aussi possible de le câliner pour lui remonter le moral et de le nourrir avec des plats. Ces derniers auront une incidence sur le développement du dragon, puisque selon les mets que vous lui donnerez, il changera petit à petit de couleur, pour passer par exemple du bleu au rouge, tout en passant au préalable par le violet. On aurait aimé que la personnalisation du dragon soit plus poussée, mais c’est déjà un bon début.
Toute la gestion de la récolte ne tient malheureusement pas ses promesses. Elle est tout d’abord elle aussi assez restreinte, car la map entière ne se débloque que fragment par fragment. Les premières heures de jeu sont alors très fastidieuses et on se met vite à répéter le même schéma dans les mêmes endroits sans arrêt, jusqu’à ce que ce moment calme devienne presque irritant. Cela est à l’image de la musique qui tourne en fond, elle aussi agréable à la première écoute, mais on frôle vite l’indigestion à la centième.
La carte met un temps considérable avant de s’ouvrir, vous laissant arpenter les mêmes zones encore et encore.
Il faut alors attendre le tiers, voire le milieu du jeu – ce qui se traduit en des dizaines d’heures – pour que tout s’ouvre enfin grâce à votre petit dragon qui devient enfin grand. Lors de certaines étapes de l’histoire, votre compagnon à écailles va grandir et acquérir de nouvelles capacités comme celle de brûler des amas de bois ou de les détruire avec sa queue, vous donnant ainsi accès à de nouvelles zones. Le meilleur moment intervient lorsqu’il devient assez grand pour déployer ses ailes, vous laissant alors la possibilité de traverser l’île depuis le ciel. Il est tout de même regrettable que cela n’intervienne pas plus tôt pour casser la boucle assommante du gameplay, d’autant plus que l’exploration à pied devient vite pénible.
Entre les problèmes de collisions, les murs invisibles et les délais de latence, notamment de la touche du saut, le titre accumule problèmes techniques qui se voient surtout sur Switch, où le framerate joue au yo-yo et où le clipping est omniprésent. On espère donc qu’une mise à jour viendra corriger tout cela, car le titre ne semble pas afficher ces problèmes sur PlayStation 4. Le constat graphique est donc en berne mais le titre s’en sort avec les honneurs sur sa direction artistique à l’aspect crayonné, qui lui donne une patte immédiatement reconnaissable et un charme assez irrésistible.
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