Alors qu’à la fin de l’année 2019 tous les regards se tournaient vers Pokémon Épée et Bouclier, il ne s’agissait pourtant pas du seul jeu de chez Game Freak à paraître sur la Switch sur la même période. Little Town Hero, de son petit nom, jouait néanmoins sur un autre tableau, en proposant une aventure cantonnée à un petit village perdu dans les montagnes. Reste que le soft est passé complètement inaperçu par chez nous, peut-être la faute à une communication absente.
Cela n’a pas empêché Game Freak de persévérer. Le géant japonais proposait en effet il y a quelques semaines une nouvelle version de son bébé. Little Town Hero : Big Idea Edition est une édition physique du soft qui était initialement paru exclusivement en dématérialisé. Il s’offre même une nouvelle sortie sur PlayStation 4 ainsi qu’un packaging généreux. Une occasion sur laquelle nous avons sauté pour déterminer s’il méritait de finir aussi rapidement au placard.
Conditions du test : Nous avons joué une douzaine d’heures à la version PlayStation 4. Assez pour voir le bout de l’aventure principale, mais pas pour boucler l’intégralité des quêtes annexes.
Un packaging généreux
Avant même de lancer le jeu, difficile de ne pas être conquis. La boite en carton regroupant le CD et différents goodies est très jolie, et le character design y est particulièrement mis en valeur. À l’intérieur, de très chouettes pins à l’effigie des personnages principaux, ainsi qu’un artbook plutôt sympathique. La cerise sur le gâteau étant la bande-son sur CD. En bref, tout est réuni pour faire plaisir au consommateur, et ce pour environ 50 euros… mais peut-être aussi pour rendre son verdict plus transigeant une fois la manette en main.
Parce qu’en dépit des gros efforts dans son packaging, le jeu en lui-même est loin d’être parfait, notamment dans son habillage. Pour commencer, le character design est finalement plutôt discutable, contrairement à ce que laissaient penser les premiers trailers relativement emballants. On est face à de véritables caricatures de personnages d’animés, hauts en couleurs, aux mèches de cheveux qui font complètement n’importe quoi. Enfin ce détail passerait sans peine s’il n’était pas dépassé par la réalisation globale du titre, complètement à la ramasse.
On a presque l’impression d’être face à un jeu PlayStation 2 tant l’habillage semble daté. Avec cette végétation pixelisée à outrance, ce flou global qui entoure le village, et ses animations rudimentaires, Little Town Hero laisse un arrière goût d’inachevé. Comme si le titre avait été développé dans l’urgence pour coller avec la sortie des dernières itérations de Pokémon. Ce qui est peut-être vrai, cela dit. Toujours est-il que la bande-son ne rattrape pas le reste et ne justifie en aucun cas la présence du CD dans le packaging, malgré de rares fulgurances…
Autre point qui fera sans doute rager ceux qui s’attendaient à un RPG en bonne et due forme : la taille du village. Game Freak avait été assez clair sur le sujet, le titre tourne autour de la défense d’une bourgade perdue quelque part dans les montagnes. Et ne vous attendez pas à en sortir au bout de quelques heures, ou bien à avoir simplement l’opportunité d’explorer les alentours. La taille de la map est tout bonnement ridicule, mais surtout les événements sont tellement scriptés qu’il est souvent impossible de déambuler comme on le voudrait.
Et de toute façon, déambuler dans les rues de ce maigre village ou bien ses alentours proches n’aurait pas grand intérêt. Il n’y a en effet pas grand-chose à faire, pour ne pas dire rien, en dehors de l’aventure principale. Quelques quêtes annexes sont bien là pour tenter de faire naître le vague sentiment que l’on évolue dans un RPG, mais soyons francs : elles sont à la fois rares et risibles du fait de leurs objectifs ridicules. En bref, Little Town Hero c’est 10 à 12h de scénario, et 2 à 4h de quêtes infâmes et scriptées comme on n’ose plus en faire en 2020.
Rien à sauver ?
Dès le début, Little Town Hero nous fut présenté comme un RPG. Et sur ce point, Game Freak n’a pas menti, bien que l’entreprise japonaise ait omis de préciser que les mécaniques permettant de classer le jeu dans cette catégorie sont réduites à leur représentation la plus rudimentaire. Pour commencer, oubliez purement et simplement le gain d’expérience, qui est remplacé par un banal système de points de compétences. Détail qui ne serait en aucun cas problématique s’il n’avait pas été complètement bâclé… à l’image du reste des mécaniques cela dit.
Et par bâclé, comprenez bien que là encore on est face à quelque chose de très rudimentaire. L’arbre de compétences est risible avec sa taille minuscule. Mais surtout, il fait écho au plus gros problème du jeu : ses combat. Venant de Game Freak, on ne s’attendait évidemment pas à quelque chose de transcendant, mais au moins à des affrontements classiques voire un brin stratégiques, à l’image de Pokémon. Le résultat est surprenant, il est vrai, ce qui n’est pas à prendre pour un compliment ce coup-ci. Parce que pour commencer, nous n’y comprenons rien.
Et ce n’est pas uniquement le cas de notre équipe, je préfère le préciser avant que les commentaires ne fusent. Le système de combat se veut simplement trop complexe, peut-être pour palier au manque cruel de mécaniques en dehors de celui-ci. Les termes techniques exclusifs à Little Town Hero sont nombreux, et complètement injustifiés. Ce qui est à la fois dû à son univers voulant à tout prix se démarquer quitte à plonger dans le mauvais goût, qu’à son absence de traduction depuis la langue de Shakespeare…
Le titre veut trop en faire à ce niveau, ajoutant à son système imbuvable d’attaque et de défense diverses complications inutiles, comme l’obligation incompréhensible de se déplacer à chaque tour, ou encore l’apparition de personnages de soutien. Le pire, c’est que le développeur a visiblement conscience de la complexité abrutissante de ses mécaniques de combat, puisque l’on continue à nous servir des phases d’apprentissage jusqu’à la quatrième heure de jeu. Comme si le tutoriel représentait un bon tiers de l’aventure, à l’image d’un certain Final Fantasy XIII…
Enfin, Little Town Hero ne parvient pas à se rattraper grâce à son univers ou son scénario, qui sont tous deux très basiques et prévisibles. Il tente bien à plusieurs reprises de jouer la carte de l’humour, sans jamais parvenir à nous faire sourire. Mais surtout il se dote de dialogues longuets et au summum du fade, plaçant les personnages dans une posture de débiles maladifs qui ne comprennent rien à ce qui les entoure… Un détail affligeant, puisque le titre nous permet de nommer le protagoniste, et s’attend donc à ce que l’on s’y identifie…
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