Depuis quelques temps, Square Enix semble bien décidé à remettre certains de ses plus anciens jeux sur le devant de la scène. Si nous sommes passés par des remastered paresseux (Chrono Cross) et des remakes douteux (Secret of Mana), nous avons également eu droit à des versions revisitées bien plus convaincantes comme Final Fantasy VII Remake ou Trials of Mana. Le studio japonais continue sur sa lancée en s’attaquant cette fois à un monument du RPG : Live A Live.
Conditions de test : test réalisé sur une Nintendo Switch classique principalement en mode téléviseur. Nous avons parcouru le jeu en un peu plus de 23 heures en récoltant toutes les armes ultimes.
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ToggleLive A Live en 2022 et en français ?!
A l’origine sorti sur SNES en 1994, Live A Live est un RPG bien singulier. Il n’arriva malheureusement jamais jusque dans nos contrées, à moins bien évidemment de passer par l’import, alternative qui ne réglait alors pas le problème de la langue. Malgré tout, le jeu a fait son petit effet et est devenu culte, auprès du public japonais évidemment, mais aussi outre-Atlantique et même du côté de l’Europe via des traductions non-officielles créées par les fans les plus dévoués.
Les années passent et le titre conserve une certaine aura, bien que seule une niche de joueurs aient véritablement touché au soft. Dans son infinie bonté, Square Enix se décide finalement, près de 30 ans plus tard (!) à ressortir Live A Live, le tout en partenariat avec Nintendo, d’où l’exclusivité Switch.
Mais ça ne s’arrête pas là. Visiblement soucieux de la qualité du portage (ce qui n’est pas toujours le cas avec Square), la boîte opte cette fois pour un Remake « HD-2D » (Octopath Travelers) doté en sus d’une traduction française inattendue.
Des histoires connectées servies par une plastique de rêve
Live A live relève un défi audacieux, celui de raconter non pas une mais près de dix histoires, chacune correspondant à une époque différente. Ainsi, il vous sera demandé de vivre des aventures se déroulant à la préhistoire, dans un futur proche ou encore à l’ère Edo, au Japon, tout en passant par un avenir plus lointain. Evidemment, un élément liera toutes ces époques et, surtout, les différents personnages, mais nous éviterons tout spoiler ici.
Tout ce qu’on peut vous dire, c’est que chaque scénario est globalement divertissant et bien écrit, avec des personnages attachants, qu’ils soient principaux ou secondaires. Petit bémol : les différents protagonistes manquent parfois de profondeur, la faute à des chapitres relativement courts (1 heure en moyenne, certains étant tout de même plus ou moins longs). Ce n’est finalement pas si grave puisque le titre excelle dans sa narration et la façon de nous transmettre messages et émotions dans un temps restreint, se payant même le luxe de jouer avec les codes du genre au passage. On déplorera uniquement l’absence d’intérêt du chapitre dédié au Présent, extrêmement court et tout à fait anecdotique en matière de personnages et de scénario. Pour le reste, nous sommes sur du très qualitatif.
Comment parler des époques sans évoquer les ambiances ? Live A Live est un exemple à ce niveau-là et nous prouve qu’instaurer une atmosphère ne tient finalement pas à grand chose. Que ce soit avec l’humour de la Préhistoire et de ses onomatopées ou avec le climat froid et inquiétant qui règne dans le futur lointain, le jeu nous envoûte et nous fait voyager sans difficulté, notamment grâce à une bande-son et une direction artistique de toute beauté.
En effet, les musiques de Yoko Shimomura (Kingdom Hearts, Legend of Mana, Final Fantasy XV), ici totalement réorchestrées, subliment une ambiance déjà portée par des graphismes HD-2D absolument magnifiques, qui profitent en plus de la 3D pour mettre en place quelques changements de caméra très efficaces aux côté des superbes animations en pixel art.
Un gameplay aux bases solides
Le jeu prend la forme d’un RPG au tour par tour avec des déplacements case par case. Impliquant jusqu’à 4 personnages alliés, les affrontements se révèlent plutôt agréables. On choisit donc son placement selon la compétences qu’on veut utiliser (chacune ayant sa portée et son aire d’effet) ou l’ennemi qu’on veut éviter. Chaque protagoniste a ses spécificités, comme des techniques de soin ou des attaques modifiant la nature du terrain (cases enflammées ou empoisonnées par exemple).
De manière générale, le challenge est plutôt équilibré et le grand nombre de compétences liées aux différentes faiblesses et résistances permet une certaine variété. Les combats sont pensés pour être relativement expéditifs, les attaques infligeant beaucoup de dégâts (pour peu qu’on tienne compte des faiblesses). Enfin, l’absence de points de magie permet de s’en donner à cœur joie côté utilisation, la seule limite étant ici une jauge de charge qui demande un certain temps de préparation selon la compétence choisie. On trouve de plus quelques petites subtilités comme la gestion de l’orientation des personnages pour augmenter les dégâts ou la précision.
Cela étant dit, au-delà de ces bases solides on rencontre quelques menus soucis, à commencer par quelques pics de difficulté sortant un peu de nulle part, mais heureusement assez rares. Ensuite, on remarque un léger manque de profondeur tout de même, la faute au concept qui empêche de réellement farmer et créer des builds avancés. Rien de bien dramatique, mais il faut souligner qu’on reste globalement sur du classique qui ne risque pas de chambouler les férus de RPG, tactiques ou non.
Enfin, concluons cette partie en parlant des capacités spéciales. Certains personnages ont accès à une mécanique particulière à utiliser durant l’exploration. Le ninja peut se dissimuler pour éviter les combats, l’homme préhistorique peut renifler les odeurs pour localiser objets et ennemis, ect. Ces diverses fonctionnalités apportent un petit vent de fraîcheur qui fini de différencier toutes ces époques de toutes les façons possibles.
Quoi de neuf ?
Outre la bande-son et les graphismes, comme déjà évoqué, cette nouvelle mouture de Live A Live se dote de plusieurs ajouts et modifications qui viennent, la plupart du temps, améliorer l’expérience de jeu.
Nous avons tout d’abord droit à un radar durant l’exploration. Ce dernier est une idée appréciable puisque, comme dans beaucoup de jeux de l’époque, certains objectifs peuvent être difficiles à comprendre, la faute à une logique pas toujours très… logique. Cette carte a le bon goût, en plus d’être désactivable dans les options, de rester relativement vague.
En effet, impossible de voir le tracé des environnements ou la localisation des ennemis par exemple. Les seuls éléments indiqués sont les points d’entrée et de sortie de la zone accompagnée d’un code couleur permettant de savoir si vous avez déjà franchi telle ou telle porte, ou si cette dernière mène vers l’objectif principal ou non. Un plus appréciable donc, excepté pour le chapitre du futur lointain où cet ajout retire une certaine pression dû à une mécanique particulière.
On constate également l’arrivée de fenêtres de tutoriels, souvent absents à l’époque. Ces dernières se limitent généralement au strict minimum et sont relativement peu invasives, avec là aussi une exception : le chapitre de l’ère Edo. Les puristes savent qu’un système de mot de passe est nécessaire pour progresser sans embuches dans ce niveau et ce remake nous donne purement et simplement la réponse à chaque fois qu’il est nécessaire de l’utiliser. Dommage.
Côté qualité de vie, nous avons désormais la possibilité de changer de rejouer n’importe quel chapitre n’importe quand et même de quitter un chapitre en cours sans perdre sa progression, ce qui offre un peu plus de liberté dans la structure ou permet de souffler en cas de blocage momentané. L’ajout d’une sauvegarde automatique est aussi de la partie, tout comme la possibilité de passer les cinématiques ou faire défiler les textes automatiquement.
Enfin, deux ajouts extrêmement positifs sont à souligner : des doublages anglais ET japonais ainsi qu’un court segment supplémentaire à la fin du jeu qui vient poser la cerise sur le gâteau qu’est ce jeu exceptionnel.
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