Sorti le 14 juillet dernier, le titre développé par eBrain Studio et édité par Yooreka Studio, Loopmancer, est un action-platformer en 2,5D typé Rogue-Lite. S’il faudra tout recommencer à zéro en cas d’échec, votre héros va se perfectionner au fil de vos tentatives. Toujours porté par le savoir-faire esthétique indéniable des créatifs chinois, le soft prend place en 2046 dans la ville cyberpunk de Dragon City.
Via son univers et son scénario, sur lequel nous reviendrons, on ressent de nombreuses influences, notamment du côté du cinéma de série B. Tout en reprenant les codes visuels bien référencés du cyberpunk. Quant à sa structure, Loopmancer va se rapprocher de titres comme Strider ou encore Dead Cells de Motion-Twin. Notez que le jeu n’est pour le moment traduit qu’en anglais. Actuellement disponible sur Steam, des versions consoles sont potentiellement à prévoir.
Condition de test. Nous avons joué sur PC via Steam. La durée de vie est difficilement quantifiable et va dépendre de vos talents. Si une boucle peut se terminer en une poignée d’heures, il faudra en ajouter bien plus pour accéder aux diverses fins disponibles. De fait, comptez facilement une grosse dizaine d’heures, ce qui peut monter à une bonne quinzaine, pour en faire le tour complet.
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Dans un Dragon City cyberpunk criant de vie et d’une beauté certaine, Loopmancer nous met dans la peau du détective Xiang Zixu qui enquête sur une célèbre journaliste enlevée. L’étau se resserre autour du suspect principal de l’affaire, mais notre héros va malheureusement se faire tuer en pleine mission. Avant de ressusciter, piégé dans une inlassable boucle temporelle le contraignant à se réveiller, sans cesse, dans son appartement après chacune de ses morts. A vous maintenant, de mener l’enquête et de rassembler des indices, jour à après jour, dans l’espoir de résoudre l’affaire et découvrir les origines de la boucle. Mais certains de vos choix auront des conséquences sur l’avenir de Dragon City.
Comme ce postulat de base peut le suggérer, le soft démarre en trombe et nous immerge directement dans son univers. Le studio donne la part belle à la narration, avec de la générosité dans les dialogues ainsi que la présence de cinématiques qui viennent ponctuer l’aventure. C’est plaisant d’avoir cela dans un jeu du genre. Surtout que l’ambiance est au rendez-vous. Les décors sont parfois superbes, jouissant d’une direction artistique saisissante. Il n’y a qu’à voir le détail apporté à certains niveaux, particulièrement sur les arrière-plans. On pense à Dragon City ou les ruelles asiatiques criantes de vie, sur le fond en tout cas. Car les premiers-plans, là où se déroule l’action, sont tout de même moins travaillés.
Mais ce qu’il en ressort, c’est l’ambiance crédible et presque palpable. Cela porte fièrement l’univers de Loopmancer. Quand bien même il possède un héros qui ne brille pas par son charisme, de même que ses personnages secondaires, la faute à un character design qui laisse à désirer et des soucis techniques sur la modélisation des visages qui manquent quand même d’expressivité. D’ailleurs ce problème ne pourrait ne pas en être un si le scénario et les dialogues étaient plus inspirés. Porté par sa narration plus que présente, le titre ne parvient pas à tirer parti de ses ambitions et des thématiques possibles du cyberpunk pour nous offrir un récit intéressant.
Dragon City Gore Police
Les doubleurs ont beau faire un travail décent, certains dialogues tombent assez bas dans la série B et les rebondissements sont relativement pauvres et peu engageants. Constat qui se retrouvera forcément sur les conclusions narratives. Inutile de préciser que les embranchements, limités, et les quelques choix importants à effectuer ne rattrapent pas ces écarts. Les intentions sont bonnes, mais la réalisation l’est moins. De plus, les cinématiques n’apportent finalement que peu d’intérêt, tant la mise en scène, en plus des péripéties, n’ont rien d’engageantes. Pour le coup, ces éléments tendent à casser l’immersion assez facilement.
Bien entendu, le gameplay s’en tire mieux. Facile à prendre en main, vous allez devoir terrasser divers ennemis, allant du ninja, aux monstres créés en laboratoire, en passant par des robots, mais aussi éviter quelques pièges sur votre route. L’exploration des niveaux se fait essentiellement de droite à gauche ou dans la verticalité, avec des points pour user d’un grappin ou des parois sur lesquelles vous pouvez sauter. En fonction des indices récoltés dans les zones de jeu, vous pourrez débloquer des embranchements permettant de choisir, entre deux niveaux, votre prochaine destination.
Afin de mener à bien votre enquête, vous disposez d’un équipement composé d’une arme de mêlée, une arme à feu et un gadget (un objet à lancer). Le petit plus, c’est un overkill spécifique à chacune des armes blanches du jeu, sans oublier votre bras mécanique qui va servir d’onde de choc élémentaire. Avec au moins une dizaine d’armes à obtenir pour chaque catégorie d’équipement, il y a de quoi se défouler. D’autant plus que les combats sont plutôt dynamiques et punchy, on sent bien la puissance des coups et c’est plutôt fluide. Rogue-Lite oblige, il est possible d’acquérir de nouvelles compétences pour enrichir un peu ses coups et mouvements, tout comme d’améliorer son équipement moyennant de la monnaie du jeu.
Strange Days
Si cela garantit une progression efficace et nous gratifie d’un plaisir indéniable à reparcourir des niveaux que l’on connait tout en massacrant sans encombre ses adversaires, on y voit rapidement quelques problèmes. Déjà, l’absence de profondeur dans le gameplay. Il y a bien des capacités à débloquer et pléthores d’armes. Mais les premières restent peu nombreuses, et quant aux armes, il n’y en a finalement que quelques unes de vraiment redoutables. Il y a un déséquilibre dans ces dernières qui rend leur recherche futile. Il ne faut pas non plus s’attendre à des combos, il suffit juste de bourriner l’arme de mêlée et switcher avec les autres. Mécaniquement, cela se fait sans grande implication personnelle.
C’est plus un regret qu’un véritable défaut dont on pourrait s’accommoder. Mais forcément, la redondance est accentuée et l’envie de multiplier les boucles finit par s’envoler un peu vite. Malgré tout, il est aisé de tenir jusqu’au bout du bout, parcourir Loopmancer reste agréable. Proposant trois paliers de difficulté, il faudra surtout opter pour le mode hard si vous souhaitez un vrai challenge. Non pas que le soft soit facile en normal, mais on trouve vite ses marques, puisqu’il n’est pas vraiment question de skills ni de réflexes. Par contre, nous avons subi plusieurs désagréments techniques qui ont ruiné des runs.
Des patchs viendront peut-être corriger ces défauts, mais en l’état nous ne pouvons ignorer les imprécisions notables sur les hits box et les problèmes d’attaques ennemies depuis le hors-champ. Volontaire ou non de la part des développeurs, il n’en reste que ça rend l’expérience parfois injustement punitive. De quoi freiner les ardeurs. De surcroît, le level design est d’une pauvreté sans nom, contribuant un peu plus à la redondance du jeu. Tous les lieux visités seront systématiquement bâtis d’une manière similaire, même la mécanique de niveau agencé de façon procédural n’est qu’illusoire. Les variations sont bien trop minimes pour donner l’impression de redécouvrir un lieu.
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