Après une campagne Kickstarter en 2016 financée bien au-delà de la somme initiale demandée (326 103 € récoltés à la place de 100 000 €), Lost Ember nous arrive enfin dans sa version définitive. Développé par le studio indépendant Mooneye Studios, le soft semble puiser ses inspirations dans plusieurs jeux ayant marqués beaucoup de joueurs, mais cela suffit-il à en faire un bon jeu ? Voici notre verdict.
Conditions de test : Test réalisé sur PC sur une partie d’environ 6 heures avec les paramètres graphiques en épique (maximum) et le doublage en japonais.
Sommaire
ToggleHurlement de tristesse
Lost Ember nous conte l’histoire de Kalani, jeune femme membre de la civilisation des Yanrana, sorte de tribu très à cheval sur les croyances et les traditions. Comme vous le savez peut-être, ce n’est cependant pas une humaine dont vous prendrez le contrôle, mais d’un loup, ou plutôt, d’une louve, puisque celle-ci est en réalité la réincarnation de Kalani. Et c’est tout ce que nous vous dévoilerons de concret en ce qui concerne le scénario du jeu.
Le titre qu’on a là est relativement court (environ 5 heures de jeu en ligne droite), et en révéler plus sur l’histoire parcourue serait dommageable tant celle-ci est mise en avant. En effet, Lost Ember est un jeu d’exploration, mais qui cherche avant tout à vous raconter quelque chose.
Via une narration plutôt habile à base de visions du passé qu’il vous faudra déclencher, vous découvrirez au fil de vos pérégrinations le funeste destin rencontré par notre protagoniste à fourrure. Ce que la louve a vécu n’est pas réjouissant et, comme en attestent ses hurlements plus proches de la pleur que du cri, ces événements l’ont profondément marquée.
La narration est également intéressante à suivre grâce à l’utilisation d’un esprit se déplaçant à vos côtés sous forme de petite boule lumineuse et toujours douée de parole, ce qui permet de faire passer une large palette d’émotions via des dialogues intégralement doublés (en anglais, allemand, ou japonais, au choix).
Si l’histoire est cousue de fil blanc passé les premières révélations, elle n’en reste pas moins efficace et plutôt poignante, et les musiques subliment les moments forts du récit. Malheureusement, la dernière heure de l’aventure s’étire inutilement sur des révélations qu’on avait déjà vues venir 2 heures plus tôt et la narration vole l’espace jusque là dédié au gameplay, au point que le concept du jeu (nous en reparlerons) disparaît presque totalement, laissant une impression de bâclé à deux doigts de la ligne d’arrivée…
Néanmoins, le chemin parcouru est tout aussi important que la destination, si ce n’est plus, et à ce niveau-là, le soft s’en sort avec les honneurs.
Souffle de liberté
Le voyage, parlons-en justement. Dans de larges zones, vous vous déplacez librement parmi la faune et la flore, faune qui est particulièrement importante. Au bout de quelques minutes de jeu seulement, notre louve obtiendra l’étrange capacité de se transférer dans le corps des autres animaux afin de profiter de leurs spécificités.
Ainsi, il vous est possible de prendre le contrôle d’un colibri pour vous envoler à toute vitesse, ou encore un buffle pour détruire des structures en les chargeant. Lost Ember regorge de créatures à posséder, chacune d’elles ayant ses propres compétences vous permettant d’élargir vos horizons. Que ce soit sur ou sous terre, sous l’eau ou dans le ciel, l’exploration est un plaisir sans nom qui offre un sentiment de liberté extraordinaire. Et le tout se fait à la volée, d’une simple pression sur une touche. Malgré des feedbacks peu convaincants (bruitages en retrait, animations pas toujours réussies, absence de vibration), les vagabondages dans les divers environnements du jeu se révèlent grisants.
Le jeu est structuré en chapitres. Chacun d’eux peut-être rejoué à tout moment, que ce soit pour revivre un pan du scénario, ou pour aller chercher les collectibles ratés. Il faut savoir que ces collectibles sont vraiment très nombreux (77 artefacts, environ 100 champignons et 6 animaux légendaires), et qu’en dehors d’un peu de background pour l’univers (artefacts uniquement), ils n’apportent pas grand-chose. C’est assez triste que l’exploration ne soit pas plus récompensée que cela, mais soit, le plaisir de déplacement à lui seul est suffisant pour justifier l’errance dans les plaines du jeu.
Il faut maintenant revenir à ce que nous évoquions précédemment en parlant de narration qui prend la place du gameplay. Malheureusement, toute cette mécanique de changement d’entité n’arrive plus à trouver sa place dans les derniers chapitres du jeu, et la structure se transforme alors en un simple couloir bien trop long et redondant. Quel dommage, ou plutôt, quel gâchis d’avoir ainsi abandonné la meilleure idée du jeu si subitement… mais le constat reste malgré tout identique : la majorité du jeu vaut le détour et compense sa dernière partie.
Le jeu est un loup pour le jeu
Il reste plusieurs points à aborder en ce qui concerne le jeu, et ses inspirations nous semblent être assez importantes pour être soulignées. Lost Ember est un jeu qui se veut assez poétique dans son ambiance, au point de parfois s’approprier les idées des grands noms de cette catégorie, un certain Journey en tête.
Entre hommage et plagiat, il n’y a qu’un pas, et Lost Ember est parfois un poil trop près de cette limite à ne pas franchir. Il faut en effet avouer que certaines phases sont très (très !) similaires à certaines de celles présentes dans le titre de thatgamecompany (vous les reconnaîtrez directement), de même pour certaines mécaniques (une touche pour un signal de communication qui active différentes choses) ou idées de mise en scène. Loin de nous l’idée de dire que Lost Ember copie honteusement ses voisins, simplement, sachez que si vous connaissez bien des titres comme Journey, Abzu, etc., vous risquez d’avoir une désagréable impression de déjà-vu sur certains passages.
Cette constatation est d’autant plus dommage que le jeu n’a pas besoin de s’inspirer autant de ses camarades quand on voit sa direction artistique somptueuse ainsi que son gameplay original.
On se consolera donc avec ce que le jeu a d’original à nous offrir, à savoir sa boucle de gameplay à base de transferts d’un animal à un autre, ainsi que son exploration d’exception au sein d’environnements magnifiques et bien plus variés qu’il n’y paraît.
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