Après l’intéressant Smelter, sorti le 22 avril dernier et sur lequel nous vous avons proposé un avis vidéo, l’éditeur DANGEN Entertainment officie à nouveau pour le compte d’un studio indépendant pour nous offrir Lost Ruins, un autre projet teinté de metroidvania.
Le jeu est développé par le studio coréen d’Altari Games qui a réussi à obtenir des fonds suffisants sur Kickstarter. Le désir annoncé du studio était de proposer, pour ce premier jeu, un metroidvania dans la pure tradition du genre, visuellement abouti et empruntant à la philosophie des Souls-like, influence majeure de l’équipe durant le développement.
De fait, la promotion du titre s’est faite quasi exclusivement avec la mise en avant du concept de survie du jeu et la nécessité d’aborder une approche réfléchie et prudente lors des affrontements. Nous verrons avec ce test si les promesses ont été tenues.
Condition de test : Test réalisé à partir d’un PC Asus à petite configuration technique. Nous avons terminé l’aventure à 97% en 9h de jeu environ. La totalité des zones cachées ont été découvertes, les quêtes et collectibles ont quasi tous été récupérés. Il faut compter quelques heures de plus pour faire le tour des différents modes de jeu.
Sommaire
ToggleUne écolière au royaume des monstres
Dans Lost Ruins, vous incarnez l’Héroïne, une jeune fille amnésique qui se réveille dans une sorte de donjon infesté de créatures en tout genre. Dans cette quête pour retrouver votre mémoire, vous serez guidé par Béatrice, une mystérieuse magicienne avec qui vous tenterez de percer les secrets que cachent les ruines.
L’histoire de Lost Ruins est des plus basiques donc, néanmoins elle reste plaisante à suivre grâce à des dialogues efficaces teintés d’humour noir, ce qui amène un décalage de ton permanent. Car derrière cette apparence enfantine, le jeu d’Altari Games se veut en réalité plus sombre qu’il n’y paraît.
Un décalage que l’on retrouve avec notre Héroïne, naïve et nonchalante, vêtue comme une écolière, mais qui parvient pourtant à manier diverses armes pour découper de la créature à tout-va, allant du bonhomme de neige muni d’un sabre, aux gobelins, en passant par des êtres gélatineux, etc.
Malheureusement, en plus d’être convenu, le scénario peine à se montrer surprenant, le dénouement est trop prévisible et les révélations finales sont loin d’être marquantes. On aurait également apprécié que le récit mette plus en avant encore ce contraste entre humour et ambiance pseudo-horrifique. Parce qu’au fil de l’histoire, on a l’impression que les développeurs ne savaient pas trop jusqu’à quel point pousser l’opposition.
Par ailleurs, certains passages et contenus narratifs tentent de détourner certaines attentes et de se jouer du genre vidéoludique auquel Lost Ruins se rattache, comme pouvait le faire un titre comme The Messenger. Pourtant, ici l’exercice ne prend pas plus que ça et reste clairement sous-exploité, ce qui est bien dommage.
Une ambiance réussie
Par contre, du point de vue graphique, Lost Ruins est convaincant. L’esthétique en pixel-art fonctionne très bien. C’est maîtrisé et bien détaillé, que ce soit sur les décors intérieurs ou les arrière-plans extérieurs, l’immersion est réussie sur ce point.
De plus, les choix de directions artistiques sont cohérents et tout aussi maîtrisés. Si l’on peut déplorer un léger manque quantitatif de zones, ce qui aurait amené plus de diversités, on ne peut pas vraiment déplorer de ratés sur celles présentes.
Des lieux sont d’ailleurs vraiment sympas visuellement. Seul petit hic, il peut y avoir de petits soucis de lisibilité, particulièrement sur des combats de boss ou face à plusieurs ennemis qui vous alpaguent dans des lieux un peu étriqués.
Vis-à-vis des personnages et du bestiaire, les visuels sont sobres et efficaces. Le bestiaire de Lost Ruins propose suffisamment de monstres pour ne pas tomber dans le piège de la répétitivité, mais on reste tout de même sur le strict minimum.
Pour les PNJ et les autres personnages importants dans le récit, on oscille entre l’inspiration avec des personnages attrayants et parlants par leur visuel, et du recyclage de certains character design. Rien de bien dérangeant car cela est plutôt affaire de goûts et couleurs.
Cependant, il faut pointer du doigt les designs répétitifs des boss qui montrent clairement les limites des équipes. Enfin, les animations sont elles aussi réussies, les patterns ennemis sont lisibles, quant à l’Héroïne, elle s’offre une gestuelle atypique mais non moins fun et pertinente, en plus de coller avec le caractère et le rôle du personnage.
Mais que serait une ambiance sans une bande-son en adéquation avec l’univers. Les thèmes musicaux choisis dans Lost Ruins sont agréables à l’oreille, ils s’imbriquent très bien avec les diverses zones du jeu et contribuent à impliquer le joueur ou la joueuse dans ce monde. Les morceaux définis pour les combats de boss peuvent parfois manquer de folie mais généralement le tempo reste bon, nous motivant comme il se doit pour notre affrontement.
Quand bien même un manque de réel impact qui ne permet pas de faire ressortir beaucoup de morceaux, il faut admettre que le travail sur la dimension sonore reste des plus satisfaisant. Une application qui se trouve plus mitigé concernant les bruitages et autres effets sonores.
Minimum syndical
Marketé sur son aspect survival-action aux relents de metroidvania, Lost Ruins propose logiquement une structure classique pour un jeu du genre, non sans rappeler certaines œuvres références comme les Castlevania en 2D, entre autres, bien que la comparaison s’arrête là.
En effet, cette approche se trouve en réalité bien peu représentée. Votre personnage peut s’équiper de plusieurs armes (arcs, haches, épées, dagues, etc.), utiliser des sorts et porter de l’équipement, or pour les mouvements, vous ne pourrez que sauter et effectuer des roulades d’esquives.
Alors il y a bien quelques salles cachées et/ou verrouillées qui nécessiteront quelques allers-retours. Ceci étant, il sera quasi systématiquement question d’une clé à récupérer ou d’un passage dissimulé qui ne vous récompensera pas plus que ça pour votre effort.
Dès lors, il ne faudra pas s’attendre à développer de nouvelles capacités du type double-saut qui pourraient ouvrir des accès par exemple, la seule progression se fera par les clés et les nouvelles armes, sorts et équipements que vous trouverez dans les niveaux.
De surcroît, au fil du jeu on ne ressent pas de montée en puissance de notre personnage ce qui est un peu frustrant à la longue. De même que les effets alloués aux sorts dénotent un manque d’idées.
On comprend rapidement que l’aspect metroidvania de Lost Ruins n’est pas vraiment décelable, du moins il fait montre de gros manquements et paraît bâclé. Ce sentiment se ressent dans le stuff que vous obtiendrez au fur et à mesure. Les choix sont assez limités mais surtout trop ressemblants, il n’y a que les dégâts, la vitesse et l’allonge de l’arme qui seront des facteurs déterminants.
Puis, il faut souligner que plusieurs soucis sur les hitbox sont à déplorer et font que certaines armes et objets peuvent se révéler plus obsolètes que d’autres. Des problèmes pouvant devenir perturbant sachant que les affrontements se déroulent en temps réel et dépendent de timing d’actions précis, sans parler de la fragilité de votre Héroïne qui encaissera que peu de coups.
L’approche réfléchie du titre lors des phases de combats est un point intéressant de Lost Ruins. En plus de faire sens avec l’univers et le personnage principal, le jeu vous oblige à faire preuve de prudence et à rester attentif à l’environnement et à votre équipement. Il est néanmoins regrettable que l’ergonomie soit absente.
Tandis que le jeu va vous contraindre à régulièrement changer d’équipement pour s’adapter à chaque situation, vous devrez tout le temps faire des vas-et-viens dans votre inventaire. Si l’on finit par s’y faire, il va de soi qu’il y avait possibilité de rendre la chose moins fastidieuse.
Le gameplay va essentiellement être axé sur le timing d’attaque et sur les combos d’éléments. Vous pouvez vous servir de l’environnement contre les ennemis et former des chaînes de réactions élémentaires surpuissantes. Si de prime abord certains combos d’attaques et d’items semblent bien trop cheatés, leur utilisation et maniement vont prendre tout leur sens lors de vos prochaines runs dans les modes de jeu déblocables une fois l’histoire de Lost Ruins complétée une première fois.
En outre, le fait que les armes se ressemblent conduit à avoir un sentiment de ne pas posséder d’armes véritablement meilleures qu’une autre, ce qui est à la fois positif et négatif, car cela laisse la possibilité au joueur, à la joueuse, de choisir son équipement et d’une certaine manière modifier sa façon de jouer, même si cela reste très relatif en pratique.
La force des modes, l’élixir de jouvence
Malgré tout, le rythme du jeu est maîtrisé, la redondance ne se ressent pas plus que ça, sauf quand on rencontre un boss. Les différents checkpoints, téléporteurs et points de sauvegardes sont habilement disséminés et ne rendent pas les morts pénibles, à défaut de mettre à mal le concept de survie censé définir Lost Ruins.
De plus, ce rythme amène un problème de linéarité qui tend à dénaturer un temps soit peu l’aspect metroidvania du titre, alors que paradoxalement c’est dans cette approche, couplée à la nécessité de prudence et au peu d’objets de soins que vous aurez, que l’on retrouve le plus l’influence des Souls-like. Mais l’aspect survie et la fausse difficulté apparente font défauts.
Le titre d’Altari se complait avec le service minimum, l’exploration se fait naturellement mais le jeu ne propose pas plus de 4 ou 5 quêtes secondaires et trop peu d’éléments de récompense. Un mode galerie est accessible en trouvant des tableaux dans le jeu, mais est plus ou moins anecdotique.
La vraie force du titre se trouve du côté des modes de jeu supplémentaires qui vont apporter un nouveau challenge, avec notamment un mode se rapprochant du système die and retry des Souls-like (avec la perte du butin), plusieurs modes de difficulté ainsi que d’autres disposant de contraintes particulières. Sans oublier le mode Boss qui vous donne l’opportunité de refaire le jeu en incarnant un trio de personnages rencontré en jeu.
Vous pourrez ainsi découvrir un tout autre gameplay divisé en 3 puisqu’il vous faudra switcher constamment, et à votre convenance, entre les 3 personnages, chacun disposant de capacités et mouvements spécifiques plus ou moins utiles en fonction des situations.
Un ajout de poids et qui vaut le détour car il apporte son lot de nouveaux éléments sur le récit et permet d’approfondir un minimum d’autres personnages au caractère bien trempé. C’est aussi l’occasion d’arpenter une nouvelle fois l’univers tout de même attrayant de Lost Ruins avec de nouveaux dialogues toujours aussi percutants.
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