Bien que l’on pense instinctivement à Grand Theft Auto lorsque l’on évoque le jeu de gangsters, la licence de Rockstar n’est pourtant pas la seule à proposer une immersion dans ce type d’univers. D’ailleurs, un an tout rond après la sortie du troisième volet, qui marquait son entrée au panthéon, débarquait un jeu autrement plus ambitieux dans sa démarche : Mafia.
Comptant parmi les plus beaux jeux de son époque sur PC, le titre de Illusion Softworks connaît cependant un downgrade graphique conséquent sur PlayStation 2 et Xbox. Au point d’en devenir, c’est un comble, l’un des jeux les moins bien accueillis par la critique en 2004. Ainsi, alors que cette réussite de 2002 appelait à une suite, son portage deux ans plus tard fit perdre espoir aux fans.
Il fallut attendre 2010 pour voir finalement débarquer Mafia II. Un second opus tout aussi ambitieux, si ce n’est plus, qui comptait bien gommer les erreurs du passé. Pari réussi, bien que cette seconde itération connaisse elle aussi un downgrade sur consoles. Dix ans plus tard, 2K Games nous offre un remaster à destination des machines actuelles, en attendant Mafia : Definitive Edition, remake du premier volet.
Conditions du test : Nous avons joué une quinzaine d’heures sur la version PlayStation 4 du titre. Le temps de boucler l’aventure en difficulté normale, mais aussi de faire un tour non exhaustif du contenu annexe. Au cours de notre test, nous avons fait face à nombre de petits bugs et ralentissements.
Petit regard en arrière
Ce que retiennent probablement tous les joueurs ayant eu la chance de jouer à Mafia II en 2010, c’est son ambiance aux petits oignons, et surtout ses références cinématographiques en veux-tu en voilà ! Il faut dire qu’avec un sujet tel que les gangsters dans les années 40-50, il y avait matière à piocher dans la filmographie de pas mal de réalisateurs de renom. Notamment Copola et Scorcese évidemment (avec des clins d’œil évidents au Parrain et aux Affranchis, pour ne citer qu’eux), mais aussi Franck Darabont avec l’exceptionnel Les Evadés.
D’autant qu’en plus de lui offrir un scénario très inspiré, les petits gars de chez 2K Czech n’ont pas manqué d’y incorporer des personnages aux tempéraments bien trempés, évoluant par ailleurs dans un monde où le souci du détail est le maître mot. Pour ne rien gâcher, le choix avisé dans les morceaux d’époques, et l’ambiance musicale générale immersive. Dommage, néanmoins que les doublages n’aient pas eu droit au même traitement de faveur, mais surtout que l’on nous contraigne à la VF sans possibilité de s’essayer à la VO. Enfin passons.
Reste un gameplay en vue à la troisième personne pratiquement sans fausse note. Orienté action, le titre offre plusieurs scènes de fusillades, dont certaines plus marquantes que d’autres, mais aussi des séquences de boxe. À ce niveau, on regrettera que le système de combat n’ait pas été un poil plus travaillé, pour éviter cette désagréable impression de chaque fois combattre les mêmes adversaires. Il n’en demeure pas moins plutôt efficace, voire même jouissif dès lors que l’on a débloqué les contre attaques, dans la seconde moitié du jeu.
Contrairement à la concurrence, Mafia II ne s’est pas encombré d’un terrain de jeu gigantesque où le joueur est amené à dénicher des quêtes annexes plus fades les unes que les autres. Ici le scénario est le seul moteur, sur une aventure captivante dont on met une douzaine d’heures à voir le bout. Et ce n’est finalement pas plus mal ainsi (bien que l’on regrettera que cette immersion dans la peau d’un gangster ne dure pas un peu plus longtemps) puisque cela évite au titre de se répandre en contenu inutile au désagréable goût de remplissage.
Ainsi, on ne peut pas vraiment parler de GTA-Like, bien que beaucoup le mettent d’office dans cette case pour sa référence à la délinquance et sa ville relativement ouverte. D’autant que Mafia II corrige un défaut plutôt récurrent chez les Grand Theft Auto et ses ersatz de 2010 et d’avant : la conduite. Ici il n’est jamais ennuyeux de prendre le volant, d’autant plus si l’on apprécie l’époque et le travail remarquable apporté aux différents modèles de véhicules. Par ailleurs, il jouit d’une esthétique léchée, autant au niveau de ses personnages et leurs animations que de sa ville et ses recoins.
Cela étant, cette version originale a beau être pleine de qualités, notamment dans son écriture et son rythme, elle n’en embarque pas moins des carences de taille. Parmi elles, on notera une nouvelle fois un downgrade conséquent entre PC et consoles. Sur PlayStation 3 et Xbox 360, en effet, le titre est moins beau et subit divers ralentissements, un aliasing conséquent ainsi que quelques bugs. Par ailleurs, la caméra est trop proche de notre personnage dans les environnements d’intérieur, ou lorsqu’il se met à couvert. Quant à sa linéarité, elle ne serait pas un problème s’il ne survenait pas des défauts de scripts, et si l’IA n’était pas aussi abrutie.
Ce qui a changé en dix ans
Récemment 2K Games annonçait l’arrivée sur PC, PlayStation 4, Xbox One et Stadia d’une Mafia Trilogy. Excellente nouvelle pour cette série disparue des radars après un troisième volet qui a quelque peu déçu en 2016. L’occasion d’offrir une nouvelle vie au jeu de 2002, qui se paye un véritable remake en bonne eu due forme, mais aussi de donner un bon coup de chiffon à celui de 2010, qui nous revenait le 19 mai avec Mafia II : Definitive Edition. Bien entendu, il s’agit d’un remaster, qui embarque par ailleurs l’intégralité du contenu supplémentaire du jeu d’origine.
Une édition remasterisée qui marque d’office des points en étant proposée à 39,99 euros sur consoles, contre 10 de moins sur Steam. Pour ce prix, vous avez donc droit à son aventure principale palpitante, dont le scénario et la mise en scène n’ont pas pris la moindre ride, mais aussi à trois DLC à la qualité un peu plus variable et quelques objets cosmétiques. Mais surtout, à défaut d’avoir eu droit à des modifications dans son gameplay, qui commence quelque peu à accuser son âge, Mafia II : Definitive Edition a subi un lifting bienvenu.
La ville est magnifiée par le travail apporté par D3T. L’entreprise a en effet repensé les effets de lumière, qui se révèlent plutôt jolis, surtout lorsque le soleil commence à décliner à l’horizon. Les visages des personnages principaux ne sont pas en reste, heureusement, bénéficiant d’un rendu moins lisse que par le passé. Évidemment, Mafia II n’en reste pas moins ce qu’il est, malgré le maquillage : les animations ont pris un sacré coup de vieux, les expressions faciales aussi, mais surtout les personnages secondaires sont laids.
Mais ce qui frappe le plus lorsque l’on relance le titre dix ans plus tard, malgré le changement de support, c’est que les différents bugs et problèmes visuels d’origine sont toujours présents. Ainsi, il arrive que des scripts peinent à se déclencher, que des personnages ne se déplacent pas comme ils le devraient (notamment dans les escaliers), ou encore que la ville mette du temps à afficher certaines textures au sol. Clipping et ralentissements sont aussi de la partie, tout particulièrement en voiture, lorsque l’on commence à prendre un peu de vitesse.
Il en va de même du côté de sa bande sonore. Les différents morceaux qui passent à la radio sont toujours aussi appréciables, ne serait-ce que pour l’immersion, mais la balance entre musique et voix dans les cinématiques est parfois hasardeuse. Idem, si vous jouez avec un casque, vous n’entendrez les voix que par l’oreillette gauche. Ce qui a tendance à être quelque peu désagréable, et surtout à faire revenir à la réalité. Pour finir, on regrettera une nouvelle fois que seule la VF soit disponible. Les doublages n’étaient pas au top il y a dix ans, et ça n’a pas changé.
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