Annoncé pour la toute première fois lors de l’E3 2018, Maneater avait de quoi intriguer. En effet, incarner un requin sanguinolant ne court pas les rues. C’est pour cela que les p’tits gars de Tripwire Interactive, derrière le très sympathique Killing Floor 2 notamment, se sont jetés sur cette merveilleuse idée.
Aujourd’hui, et après plus de deux ans d’attente qu’on se le dise, ce titre à monde ouvert est officiellement disponible sur PC, PS4, Xbox One et Switch. Nous avons pu le tester en long, en large et en travers, et le soft est-il si bien que ça ? Après un avis plutôt positif il y a quelques mois le concernant, prendre le contrôle d’un requin sanguinaire est-il si grisant et fun qu’il y paraît ?
Conditions de test : Nous avons terminé Maneater en 9h30 de jeu. Cela comprend le scénario à 100 % et quelques quêtes secondaires effectuées et une petite poignée de collectibles ramassés. Le titre a été testé sur PS4 Pro.
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ToggleUne histoire de vengeance pas si excitante, mais une ambiance réussie ?
Sur la trame scénaristique de Maneater, on ne peut pas dire que tout cela est très original. Le titre de Tripwire Interactive nous plonge dans la peau d’un bébé requin qui va devoir se venger d’un certain Pete l’écailleux, un chasseur de requins ayant tué sa mère au début du jeu. C’est ainsi que votre périple commence, et où vous allez devoir faire évoluer votre prédateur marin jusqu’à affronter le terrible Pete.
Dans l’idée, c’est une histoire plutôt classique qu’on se le dise. Toutefois, on apprécie grandement le côté complètement nanardesque de Maneater, qui se le joue parfois documentaire animalier, et les divers commentaires du narrateur sur ce qu’il se passe à l’écran. Il n’y a concrètement que cela qui sauve l’histoire de la noyade, qui n’est en définitive qu’une certaine leçon de morale ni plus ni moins.
Car qu’on se le dise, les personnages que nous voyons – Pete et son fils en l’occurrence -, sont carrément clichés de bout en bout. Mais cela dit, il y a au moins diverses références intéressantes dans le jeu au niveau de sa direction artistique, renforçant directement cette atmosphère nanar. Le soft nous fait complètement penser à pas mal de films d’horreur sur les requins, dont le célébrissime Les Dents de la Mer de Steven Spielberg.
Terror from the deep
Si vous en doutiez encore, Maneater prend bien la forme d’un jeu à monde ouvert, découpé en 8 zones distinctes à compléter à 100 %. Le tout, avec inévitablement tout un système de quêtes primaires et secondaires basiques, et évidemment des collectibles à ramasser. D’ailleurs, il faut dire les choses d’emblée : les quêtes de Maneater sont tout bonnement répétitives à la longue.
Effectivement, la progression dans le soft sera toujours la même. Il s’agira de tuer tel nombre de types de poissons, d’humains voire de détruire une certaine cible pour ensuite dégommer un prédateur faisant office de boss. La progression schématique du soft est donc au final très redondante, ce qui atténuera la sensation de fun pourtant relativement présente au début du jeu.
C’est déjà un point relativement décevant, même si le système de combat reste plaisant. Notre prédateur est plutôt véloce et peut esquiver, donner des coups de queue comme de mâchoire pour faire du mal à ses proies et ennemis. On retrouve aussi quelque chose de très brutal et nerveux dans ses attaques, et nous prenons au premier abord un plaisir fou à défourailler la faune marine comme les divers humains. Seulement voilà, après une petite heure de jeu, on se rend bien vite compte des différents problèmes de ce système de combat.
En effet, on remarque tout d’abord que la caméra n’est pas optimale et part dans tous les sens. Même si un système de focus arrive tant bien que mal à palier à ce problème, la confusion dans les séquences de castagne reste hélas bien présente. On sera aussi dépité sur le verrouillage des ennemis qui n’est finalement qu’automatique et non manuel. Une chose qui pose un véritable souci de gameplay et qui peut vous faire rager dans les combats, vous demandant d’être relativement vif en général.
Le gros problème de Maneater sera clairement la répétitivité comme les combats, ce qui peut paraître frustrant. D’ailleurs, sachez que notre requin national pourra aussi sauter de partout sur la terre ferme, mais cela lui coûtera de l’oxygène et devra donc vite regagner les fonds marins, afin de respirer de nouveau. En terme de game design tout est plus ou moins réussi, mais n’en restera en somme pas moins limité, et il aurait peut-être fallut proposer quelque chose d’encore plus déjanté et surréaliste sur le titre de Tripwire.
Ou tu m’chasses ou j’te chasse mais va falloir prendre une décision !
Qu’à cela ne tienne, on apprécie néanmoins le système de chasseurs à dézinguer. En tuant des humains, vous remplirez une jauge de menace. Une fois celle-ci remplie, cela fera venir des chasseurs, et il faudra remplir une seconde jauge d’infamie, qui fera venir un chef des chasseurs.
Il faudra ensuite le tuer pour ainsi gagner une amélioration non négligeable pour notre petit prédateur. Cela change un peu des animaux marins à dessouder, mais on en revient au même problème : le verrouillage et la caméra partent dans tous les sens, et on n’y comprend parfois pas grand-chose, car tout est trop brouillon. Par contre, force est de constater que les combats contre les humains sont un peu plus jubilatoires, dans la mesure où vous êtes tout le temps pourchassé sans relâche, ces derniers n’arrêtant pas de vous viser avec leur pétoire.
L’autre côté sympathique de Maneater résidera dans son aspect RPG. Les ennemis auront des barres de vie à la manière de certains light RPG, mais vous aurez également tout un aspect customisation de votre requin. Par le biais d’améliorations récupérées sur les chefs des chasseurs, les prédateurs, ou en finissant certaines quêtes secondaires, vous améliorerez les statistiques de votre requin entre sa masse, sa défense, ses dégâts, sa vitesse et sa santé.
On peut d’ailleurs le customiser de la tête jusqu’à sa nageoire, et lui conférer de ce fait des avantages considérables en combat. Clairement, c’est assez lambda comme système, et sachez qu’il est possible d’améliorer vos différentes upgrades via divers nutriments à collecter sur les divers poissons, en récoltant quelques coffres ou en finissant la plupart des quêtes, collectibles voire en montant de niveau. Notez au passage que notre requin pourra avoir des équipements entiers de différents éléments – osseuse comme électrique en l’occurrence.
Qu’on se le dise, cet aspect est véritablement complet, bien pensé et bien ficelé comme l’amélioration des différentes upgrades que l’on ramasse en cours de jeu. Sachez également que pour un peu plus de réalisme, votre requin évoluera du statut d’adolescent à adulte en passant par ancien en franchissant certains niveaux. Une chose appréciable qui permettra à votre prédateur marin de bondir hors de l’eau bien plus haut, voire d’avoir une capacité pulmonaire décuplée. Le point que l’on pourra reprocher à ce système RPG en sus de son classicisme, c’est de devoir retourner à la grotte pour équiper et améliorer notre griset.
Pour le reste, nous avons le côté exploration. Indéniablement, Maneater a une taille relativement décente, et reste agréable à parcourir. Les thèmes varient à chaque zone, ce qui est plutôt charmant en l’état. Le monde reste également plus ou moins vivant à chaque zone parcourue, et il n’est pas rare de croiser certains humains en bateau, jet ski voire sur les plages. Grosso modo, cet aspect-là sur Maneater est assez ravissant, et avec une construction pas moins cohérente dans son ensemble.
Par contre, la durée de vie pour le genre reste limite, le titre se finissant en 10h de jeu avec 100 % du scénario, et au moins 50 % des collectibles et quêtes secondaires en poche. Ce qui reste assez maigrichon pour un jeu à monde ouvert et teinté de RPG, et on aurait aimé un peu plus de longueur… D’ailleurs en parlant de longueur, on sent qu’à certains moments du jeu, les développeurs ont cherché volontairement à rallonger artificiellement la durée de vie et nous obliger à faire 50 % d’une zone pour continuer la quête principale…
L’optimisation ? Où ça ?
Sur l’optimisation, le bilan n’a concrètement rien de reluisant, surtout sur PS4 Pro. Maneater s’offre tantôt des retards d’affichage, tantôt du clipping un peu violent sous l’eau voire quelques bugs clairement fantaisistes (des ennemis qui disparaissent devant nos yeux soudainement par exemple). Egalement, le jeu frise les 15 FPS à certains moments du jeu, surtout lorsqu’il y a trop de choses à afficher. Le constat n’est donc clairement pas folichon, et tout cela ternit l’expérience de jeu. Des crashs ont aussi été signalés lors de notre test, ce qui n’arrange pas le cas du soft sur PS4.
Au-delà de ça sinon, le jeu est joli avec des textures propres en premier lieu, ce qui est déjà un bon point. Il manque un peu de finesse à la rigueur sur les modèles 3D mais dans l’ensemble, la configuration visuelle de Maneater est loin d’être ridicule, avec une animation du requin également d’enfer. La plupart des panoramas à visiter restent aussi visuellement décents, mais on reste cela dit sur un aspect graphique correct, sans non plus nous émerveiller.
On termine avec l’ambiance sonore. Globalement, elle n’est pas si mauvaise surtout sur le sound design. Les thèmes musicaux sont quelquefois calmes, et arrivent à rendre hommage aux divers films d’horreur avec des requins. En revanche, ce ne sera pas quelque chose qui va nous marquer pour autant. Concernant enfin les doublages en V.O., ils sont quant à eux convaincants. On soufflera toutefois sur la traduction française, très approximative notamment sur les sous-titres.
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