Personne n’a pu échapper à la folie Avengers qui a envahi le monde ces dernières années. Les super-héros de Marvel sont partout, grâce à la popularité toujours plus grandissante du MCU (Marvel Cinematic Universe), en témoigne le record de bénéfices générés par Avengers : Endgame. L’industrie du jeu vidéo n’échappe pas à ce raz-de-marée et a bien senti que les Avengers étaient un filon en or, une pépite qui n’attendait que d’être saisie, et le carton réalisé par le Spider-Man d’Insomniac Games n’a fait que renforcer cette idée.
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Si Square Enix a décidé de s’offrir une version AAA, si ce n’est plus, du groupe de super-héros avec Marvel’s Avengers, Nintendo a choisi la « facilité » en ressortant des cartons une licence oubliée depuis plus d’une décennie. Marvel Ultimate Alliance 3 : The Black Order marque le retour de la série, en exclusivité sur Switch, avec la ferme intention de prouver qu’il est bien plus qu’un opportuniste et qu’il n’est pas là que pour surfer sur la vague du MCU. Même si un peu quand même.
Conditions de test : Nous avons terminé l’aventure principale en une dizaine d’heures, puis joué plus de cinq heures dans le mode Mission, à la fois en solo et en mode coop locale avec un Joy-Con pour chaque joueur et en mode portable ainsi qu’en mode docké.
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ToggleComme les cinq doigts d’un gant
Il faut avouer que le sous-titre lui-même n’essaye même pas de cacher ses influences. Dans cet opus, les Avengers font une nouvelle fois face à Thanos et son terrible Ordre Noir avec en fond une lutte pour récupérer les six pierres d’Infinités cachées sur Terre, grâce à une maladresse des héros les plus crétins de l’univers, les Gardiens de la Galaxie.
Impossible alors de ne pas penser au MCU d’office et de croire que tout cela est un hasard, surtout quelques semaines après Endgame. Difficile de s’enlever cette image de la tête lorsque l’on voit le casting, qui déroule le tapis rouge aux héros aperçus sur grand écran comme à la télé.
Cela étant dit, ce troisième opus réserve son lot de surprises. A l’instar de Marvel Ultimate Alliance 2 qui adaptait à sa sauce les événements du comics Civil War, The Black Order s’inspire à la fois de Infinity War (1992) et de Infinity (2013). Très librement tout de même, puisque seuls certains petits éléments sont repris ici et là, dont nous ne divulgâcherons rien. Ce qui partait pour être une simple resucée du MCU se transforme alors en un récit plus convaincant qu’espéré, sans pour autant avoir une once de complexité.
On reste sur une guerre basique entre Thanos et les Avengers, avec un Titan Fou qui souhaite simplement détruire l’univers, probablement parce qu’il manque de passe-temps. Après tout, pas besoin d’une raison quand on porte un surnom pareil. Il ne faudra donc pas espérer un quelconque développement dans le caractère des personnages, si ce n’est un seul protagoniste, qui change de raison d’être en un claquement de doigts.
Reste que toute la diversité du casting suffit à rattraper cet écueil. Avec plus d’une trentaine de personnages au compteur, le casting impressionne et donne une bonne raison au récit d’aller se balader dans tous les lieux iconiques de l’écurie Marvel et combattre pléthore de boss de vilains iconiques.
Si la plupart des héros titulaires sont bien présents hormis quelques absents (Vision et Ant-Man apparaissent seulement en PNJ par exemple), Marvel Ultimate Alliance 3 ose tout de même faire certains choix étonnants, avec des personnages comme Elsa Bloodstone ou Crystal, pas forcément connus du grand public. On se retrouve donc avec un roster éclectique avec deux ou trois surprises pour compléter le tout, et c’est bien là tout ce que l’on demande aux Avengers.
Je ne suis pas si bien M. Stark
Hormis l’aspect crossover géant, difficile de reconnaître la série d’un simple coup d’œil. La direction artistique a bien changé depuis le deuxième opus, qui s’ancrait dans une approche plus « photoréaliste » qui ne lui allait pas forcément. Ici, Marvel Ultimate Alliance 3 laisse cette esthétique épineuse au jeu de Square Enix pour renouer avec un feeling plus comics, plus cartoon. Les héros et les décors débordent de couleurs et ce n’est pas plus mal, surtout avec une galerie de personnages aussi diverse.
On passera rapidement sur les modèles 3D, convaincants lors des cinématiques – bien mises en scènes et réalisées avec panache – mais qui ne doivent pas être admirés de trop près dans les menus, au risque de voir le charme rompu. Le constat est cependant plus négatif pour les animations quelque peu hachées, mais pas que.
Les arrière-plans font grise mine et semblent tout droit sortis des restes d’un jeu fin de PS2/début de PS3, avec des niveaux composés uniquement de couloirs (à l’exception de petits trésors à dénicher), Switch oblige. A vrai dire, c’est bien le constat que l’on pourrait tirer sur l’entièreté du jeu : Marvel Ultimate Alliance 3 est un titre qui sent bon la nostalgie et les jeux de la décennie passée, pour le meilleur et pour le pire.
Alliance, Smash !
Joy-Con en mains, on se rend vite compte que le gameplay n’a pas énormément bougé depuis dix ans, si ce n’est qu’il a subi un sacré coup de boost. On reste donc dans du hack’n slash bourrin avec une équipe de quatre personnages, mélangé à de l’action-RPG qui donne un soupçon de subtilité à l’ensemble avec une bande-son en fond qui fait le job sans trop se forcer. Le tout va bien plus vite que dans le passé et les combats sont nettement plus explosifs, avec nos héros qui enchaînent leurs attaques spéciales à tout va sur le menu fretin qui vient se faire trucider par dizaine.
Même si on compte plus de trente personnages, ne vous attendez pas pour autant à ce que chacun d’entre eux soit totalement différent des uns et des autres. Bien sûr, ils possèdent tous des animations et des capacités qui leurs sont propres, mais cela ne se ressent plus vraiment au fur et à mesure que l’on s’habitue à l’ensemble et le tout devient répétitif. On distingue alors essentiellement trois types de personnages : les grosses brutes comme Hulk ou Venom, les plus équilibrés comme Captain America et Daredevil et les combattants à distance, à l’image de Scarlet Witch ou Doctor Strange.
Mais on oublie bien vite cela pour se concentrer sur le martèlement de la même touche encore et encore. Seules les techniques spéciales de nos héros viennent apporter un peu de diversité et de « stratégie ». Au nombre de quatre, pour tous les personnages, ces capacités produisent plusieurs effets divers mais peuvent surtout être combinées entre elles.
Par exemple, Iron Man peut tirer son rayon d’énergie contre le bouclier de Captain afin que celui-ci soit renvoyé dans une autre direction, ou bien Storm peut créer une tornade qui prendra feu grâce aux pouvoir de Strange. Des petites combinaisons vraiment sympathiques qui participent au spectacle en plus d’être très utiles.
Car même si elles puisent allègrement dans votre barre d’énergie, elles sont là le meilleur moyen de déséquilibrer un ennemi. En plus de sa barre de vie, les adversaires les plus puissants possèdent un jauge d’endurance qu’il faudra briser pour les mettre en état de choc, avant de se déchaîner sur lui.
Et puisque frapper un adversaire à terre est toujours plus marrant, même pour Avengers, c’est ici l’occasion parfaite d’asséner à l’ennemi une attaque EX, qui fait office de technique ultime. Les quatre personnages peuvent même l’enclencher en même temps, histoire d’être sûr de faire un maximum de dégâts en quelques secondes.
Tout est une question d’infinité
Tout cela n’a pas l’air d’être des plus subtil au premier abord, et à raison. C’est en progressant dans Marvel Ultimate Alliance 3 que l’aspect RPG vient s’inviter à la fête et apporter un peu de profondeur. Qui dit RPG dit expérience, ce qui implique que vos héros devront gagner des niveaux pour devenir plus forts et apprendre de nouvelles techniques.
Notez que seuls les quatre personnages sur le terrain gagnent de l’expérience, et avec un casting aussi énorme, ne pensez même pas à builder tous vos héros. Il est conseillé de n’en choisir que six ou sept et de s’y tenir jusqu’au bout dans un premier temps, histoire d’être sûr de ne pas passer par la case « level up » à chaque nouveau chapitre.
Ce choix ne devra pas être fait au hasard, car le système d’alliance est une nouvelle fois présent (logique). Chaque personnage est intégré dans plusieurs équipes types, et lorsque les membres de ses équipes sont rassemblés, votre petit groupe obtient un boost de caractéristiques. Que ce soit les Defenders, les Tisseurs ou X-Men, il est préférable de ne pas trop les mélanger à l’envie sous peine de ne plus bénéficier de ces avantages. Heureusement, il existe tellement d’équipes différentes qu’il est presque impossible de se retrouver sans un petit bonus, donc pas de frustration ici.
Au-delà même de ces alliances, il faudra faire progresser l’entièreté de votre groupe via un arbre de compétences commun. Histoire de combler les défauts de certains personnages ou d’accentuer leurs forces, vous pourrez les équiper de pierres spéciales qui renfonceront leurs attributs. Ces objets deviennent vite essentielles en progressant, car le titre n’est pas avare en défis corsés. On oublie alors le syndrome du button mashing pour une approche plus réfléchie, et c’est là que l’on prend le plus de plaisir.
On en prend encore plus à plusieurs, car le titre est jouable jusqu’à 4 en coop et en ligne. Cela en fait un parfait jeu-canap, avec un Joy-Con pour chacun et un gameplay qui marche encore mieux, débarrassé d’une IA pas toujours à l’affût. Marvel Ultimate Alliance 3 prend alors une toute autre dimension, du moins si l’on parvient à se repérer dans ce chaos ambiant, créé par une caméra tout droit sortie du royaume de Hel.
On y voit aussi bien que dans la Dimension Noire
La plupart du temps, on plissera des yeux en combat pour tenter d’apercevoir notre personnage, quand cette même caméra ne se bloquera pas dans un coin du décor ou dans un angle étrange. Véritable gêne en temps normal, elle devient votre pire ennemi lorsque l’écran déborde d’ennemis. On ne pourra être que soulagé de voir que le framerate reste constant dans ces cas-là, mais aussi de voir que les développeurs ont pensé à intégrer une deuxième caméra, plus proche de votre personnage et qui rend l’action un tant soit peu lisible, à défaut d’avoir un champ de vision immense.
Une fois tout cela assimilé, vous pourrez vous aventurer dans des simili quêtes annexes avec le mode Mission. Vous rejouerez ici certains passages du mode Histoire avec des modificateurs de combats et des objectifs de combat, dans le but de faire progresser vos héros et surtout d’en débloquer d’autres. Des costumes apparaissent aussi en récompense, mais avant de vous exciter, précisons qu’il ne s’agit que de colors swap. N’espèrez donc pas retrouver toute la garde-robe de nos héros, il faudra vous contenter du costume d’origine.
Malgré cela, on enchaîne les missions sans déplaisir, d’autant plus que certaines d’entre elles proposent un vrai challenge. Le level up forcé et intensif fera bien entendu disparaître cette difficulté, mais il faudra tout de même s’accrocher et avoir une bonne maîtrise de votre équipe pour tenter les défis ultimes. Rajoutez à cela certaines missions qui permettent de jouer avec un seul et unique personnage, et vous avez là un mode réussi qui vous occupera même après le endgame.
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