Lorsque l’on voit la popularité de l’univers Marvel grâce au MCU qui brise tous les records du box-office, il fallait s’attendre à ce que la Maison des Idées lorgne de plus en plus sur un marché tout aussi lucratif, le jeu vidéo. Après un Marvel’s Spider-Man bien réalisé et des ventes plus que confortables, Marvel fait appel à Crystal Dynamics, Eidos Montréal et d’autres studios pour réunir ses plus grands héros dans un même jeu. Marvel’s Avengers est assurément un projet ambitieux, d’autant plus avec sa tournure jeu service en perpétuelle évolution, qui n’a pas réussi à tous les derniers AAA. Et il faut croire que même les héros les plus puissants de la Terre ne suffisent pas pour relever un tel défi.
Conditions de test : Deux de nos rédacteurs ont pu tester le jeu durant environ une quarantaine d’heures chacun, après avoir passé plus de vingt heures sur les différentes bêtas, et ce sur une PS4 standard.
Sommaire
ToggleDes évolutions depuis la bêta
La communication autour de Marvel’s Avengers n’a pas démarré sous les meilleurs auspices. Entre les critiques sur le design de ses héros et l’inquiétude autour du modèle économique, l’euphorie que nous aurions pu avoir autour d’un jeu Avengers n’était pas aussi grande qu’escomptée. Les différentes bêtas, malgré leur succès, n’ont pas rendu un très grand service au titre, la faute à des soucis techniques qui mettaient en avant ce que le jeu fait le plus mal.
Cette version se veut plus rassurante, avec une meilleure stabilité, moins de motion blur et un framerate un peu plus conciliant (mais toujours inégal). Reste que le jeu fourmille encore de dizaines de bugs en tout genre, parfois bloquants, souvent comiques. Si l’on souligne déjà le bon suivi du jeu par Crystal Dynamics avec une excellente réactivité, ce qui laisse augurer du bon pour la pérennité du jeu, on ne peut s’empêcher de se dire que le titre aurait mérité quelques mois de peaufinage supplémentaire plutôt que de sortir en l’état.
Entre les soucis de paramètres de langue, les sous-titres qui disparaissent, le matchmaking approximatif, les bugs esthétiques, les ennemis coincés dans le décor, les défis quotidiens qui n’avancent pas ou les costumes qui restent bloqués, il est rare de ne croiser aucun problème technique lors d’une partie. A l’instar d’un Anthem ou d’un Destiny, le jeu est bien entendu destiné à se bonifier avec le temps, mais les millions de joueurs qui ont déjà le jeu n’attendrons peut-être pas que ces promesses de corrections se réalisent.
Une fanfiction écrite par Kamala Khan
Au moins, le studio a tenu parole pour ce qui est de nous livrer un mode solo complet, où l’on suit l’histoire de la chute des Avengers suite au A-Day et à la « mort » de Captain America. On se rend vite compte que l’on assiste plutôt aux débuts de Kamala Khan en tant que super-héroïne, qui passera de fan des Avengers au pilier qui réunira toute l’équipe.
Marvel’s Avengers a la bonne idée de faire de la future Ms Marvel le personnage principal de cette histoire, qui sert alors parfaitement de miroir du joueur face à la découverte du monde super-héroïque et à la rencontre des héros que l’on adore tous.
De plus, le personnage se révèle être attachant et sa relation d’élève/mentor avec Bruce Banner est bien amenée, en plus d’être logique étant donné la nature de leur pouvoir respectif. Cela est aidé par le casting vocal cinq étoiles du jeu, avec la présence de Troy Baker, Nolan North ou encore Laura Bailey dont la performance est à souligner. La VF est quant à elle plus inégale, mais elle reste aussi très correcte.
On reste cependant un peu sur notre faim face à l’écriture parfois maladroite de certains dialogues, mais aussi face à cette histoire d’Inhumains qui avait sans doute mieux à nous offrir, tout comme MODOK, dont la menace ne se fait vraiment sentir qu’à la toute fin. Cette conclusion arrive d’ailleurs assez vite, en une dizaine d’heures seulement, ce qui n’empêche pas le jeu de faire du remplissage ici et là avec quelques missions anecdotiques.
Saluons en revanche la mise en scène très spectaculaire de nombreuses scènes ainsi que le respect de l’univers Marvel, avec une tonne de clins d’œils et des éléments qui serviront de socle solide pour les futures intrigues qui s’ajouteront par la suite. Crystal Dynamics connaît son sujet, c’est une certitude, et on espère que les récits des prochains héros à intégrer le casting (Kate Bishop et Hawkeye) nous le prouveront.
Un loot sans saveur
La lutte contre MODOK et le rassemblement des Avengers ne sert cependant que de point de départ à ce Marvel’s Avengers, dont la vraie nature se trouve dans l’Initiative Avengers, le mode de jeu qui permet de jouer jusqu’à quatre joueurs en coopération. Notez tout de même que tout le contenu du jeu peut aussi être expérimenté en solo, ce qui veut dire que vous pouvez parcourir l’intégralité des missions seul, accompagné par l’IA, qui reprend vos autres personnages avec l’équipement que vous leur avez attribué.
Après nos premiers pas dans ce mode, on comprend mieux la tournure jeu service du titre, qui nous demande alors d’effectuer des tas de missions en boucle pour obtenir le meilleur équipement possible, afin de faire face aux défis les plus relevés.
Le loot est évidemment primordial dans ce type d’expérience, et c’est là que l’on voit que Crystal Dynamics (Tomb Raider, Legacy of Kain) ne maîtrise pas encore les codes d’un genre qui est nouveau pour eux. Le choix de ne pas rendre le loot visible sur le personnage est déjà problématique, même si le jeu comporte des tas de costumes qui nécessitent aussi de grinder pour les obtenir. Mais c’est surtout la durée de vie de ce loot qui est particulièrement gênante.
Durant les vingt premières heures, l’équipement porté devient obsolète dans la mission suivante, sans que l’on s’y attache. Cela est problématique dans la mesure où il est possible d’améliorer chaque pièce d’équipement en y investissant des ressources. On comprend très vite que cette mécanique est inutile (au début) étant donné que l’on change systématiquement d’équipement entre chaque mission, ou presque.
Il faut alors attendre le end-game pour avoir des choses intéressantes et pour s’attarder sur les spécificités de chaque pièce, qui ajoutent des effets à vos attaques. Ainsi, certains équipements pourront faire en sorte d’avoir une chance de réduire l’adversaire grâce aux particules de Pym, tandis que des rayons gamma infusés dans votre stuff infligeront des dégâts sur la durée à vos adversaires. Une fois en combat, ce genre de mécanique est cependant trop peu visible pour que l’on y fasse vraiment attention.
Des combats brouillons mais très satisfaisants
Vous vous doutez bien qu’avec quatre Avengers sur le terrain et des dizaines d’ennemis, les affrontements sont pour la plupart du temps illisibles. Entre le déluge de pouvoir et la multitude d’effets visuels, on se perd rapidement dans la masse lorsque les adversaires sont trop nombreux dans un espace confiné.
Pourtant, le gameplay a de belles choses à offrir. Si les personnages semblent dans un premier temps très limités, avec des combos de base et peu de possibilités, leurs arbres de compétence respectifs permet de les faire évoluer afin de modifier notre façon de jouer. Lorsqu’un héros a débloqué tout son panel de coups, on prend beaucoup de plaisir à combattre, tout en réfléchissant plus à ce que l’on est en train de faire. On est donc loin du bête matraquage de boutons, surtout face aux défis les plus coriaces.
Hormis les changements les plus visibles grâce à l’évolution de l’arbre de compétences, on remarque qu’il est possible de constituer des builds pour nos personnages, que l’on peut changer à la volée. Ainsi, il est possible d’orienter un Captain America en tant que tank, qui prendra l’attention de tous les adversaires, ou de renforcer plutôt ses capacités de soutien pour permettre aux alliés de recharger leurs compétences plus vite.
On évite pas non plus a monotonie au bout d’une quarantaine d’heures, mais il suffit de changer de personnage pour trouver un second souffle. La plus grande force de ce Marvel’s Avengers est sans aucun doute le fait que les six héros déjà présents se jouent de manière sensiblement différente.
Entre Hulk, Iron Man ou Black Widow, les sensations de jeu ne sont donc pas les mêmes, mais elles restent toujours satisfaisantes. On aurait pu se demander comment rendre, par exemple, Black Widow et son absence de super-pouvoirs aussi grisante à contrôler qu’un Thor, mais Crystal Dynamics a su trouver un équilibre presque parfait entre ses héros, si bien qu’il est parfois difficile de choisir son petit chouchou dans la bande. Le sentiment de puissance se ressent chez chacun d’entre eux, avec un vrai impact dans les coups pour donner du punch aux affrontements.
Quand bien même les personnages partagent tous le fait de pouvoir attaquer à distance ou au corps-à-corps, on sent une véritable complémentarité entre chacun en combat. On regrette simplement que certains obstacles ou coffres sur des maps soient accessibles seulement si vous contrôlez un personnage en particulier (sauf si jouez en coop évidemment), une fausse bonne idée qui est plus frustrante qu’autre chose.
Part Of The Journey Is The End
Avec six personnages et la de nombreuses missions, il y a de quoi faire dans ce Marvel’s Avengers. Cependant, on ne peut s’empêcher d’éprouver une lassitude au fil des missions, inhérente à la notion de jeu service certes, mais le titre accentue cela avec un manque de variété dans les objectifs à accomplir.
C’est particulièrement visible pour les missions type « Drop Zones », qui peuvent être picorées à la va-vite étant donné leur courte durée, avec pour but de pouvoir looter rapidement sans se lancer dans de trop grosses sessions. Cela est louable, mais entre les décors qui se comptent sur les doigts d’une main ou presque, les objectifs qui ne se renouvellent pas et les temps de chargements entre chaque mission, la routine devient vite rébarbative.
Le titre essaye d’y faire face en ajoutant des modificateurs de missions. Ces derniers modifient parfois, par exemple, les dégâts infligés à distance ou peut privilégier la défense de vos héros. Il faut donc bien faire attention à cela lorsque l’on est sur le terrain, même si l’équilibrage un peu douteux de l’IA et des ennemis a de quoi agacer. On pense notamment aux adversaires qui peuvent nous attaquer depuis l’autre bout du terrain, avec des tirs qui peuvent nous mettre K.O. en une seule fois sans que l’on ait véritablement la possibilité de les voir venir.
Les « War Zones » et leur ouverture seront plus agréables à parcourir en apportant avec elles plus de visibilité dans les combats, tout comme les missions dédiées à des personnages. Là encore, on en fait rapidement le tour et on peine parfois à s’y retrouve (la faute à l’absence d’une mini-map), mais ces cartes offrent plus de possibilité avec des secrets à dénicher et des objectifs annexes.
Une fois à haut niveau, d’autres missions comme les Ruches viennent s’ajouter à cette ensemble, mais il est dommage de devoir attendre autant de temps pour avoir droit à quelque chose de nouveau. Gageons que la variété qui manque cruellement au jeu arrivera prochainement, mais en l’état, on doute que cela suffise à ce que la majorité des joueurs s’investisse dans le end-game.
Marvel’s Avengers fait en revanche tout pour les faire revenir quotidiennement sur le jeu, avec des quêtes liées journalières et hebdomadaires à chaque héros. On retrouve également des tâches quotidiennes à effectuer pour les deux factions du jeu, afin de débloquer l’accès à de l’équipement supplémentaire dans les magasins, et des missions spéciales contre des boss. Ces derniers ne sont malheureusement pas nombreux du tout, et lorsque l’on voit la richesse de l’univers Marvel, on ne peut que regretter le manque d’ennemis iconiques.
Quoi qu’il en coûte
L’autre aspect qui fera revenir régulièrement les joueurs, c’est bien entendu le côté fan-service avec tous les éléments cosmétiques du jeu. Chaque personnage a droit à près d’une vingtaine de costumes, et si l’on note pas mal de color swap (des costumes similaires dont seule la couleur change), il y a tout de même de quoi faire. De plus, tous ces costumes sont gratuits, du moins sur le papier.
Car qui dit jeu service dit micro-transactions, et contrairement aux super-vilains, Marvel’s Avengers n’en manque pas. Entre les costumes, les emotes, les plaques d’identification et les finish moves supplémentaires, tout est fait pour vous donner envie de passer à la caisse pour débloquer des éléments esthétiques pour votre personnage. Rassurez-vous, vous pourrez débloquer la majeure partie de ces éléments en jouant simplement durant plusieurs heures via un système de carte de héros, qui fonctionne à la manière d’un Battle Pass, sans les objets exclusifs pour ceux qui payent.
On ne se sent donc pas totalement floué face à ces récompenses, qui arriveront simplement plus vite chez ceux qui dégainent la carte bleue. On émet plus de réserve sur les quelques éléments exclusifs à la boutique en ligne, dont le prix est simplement exorbitant (12 euros pour une animation en plus, sérieusement ?).
Heureusement, tout ceci n’a absolument aucune incidence sur le gameplay, puisque tout ce qui est disponible à l’achat est purement esthétique, ce qui explique en partie le loot « invisible » et le fait que les futurs personnages seront ajoutés gratuitement. Mais pour un jeu estampillé Avengers, qui repose avant tout sur le fan-service, qui n’aurait pas envie de débloquer toutes les armures d’Iron Man ou les différents looks de Captain America ? Crystal Dynamics connaît bien l’amour des fans pour ce genre de choses, ce qui rend la pilule un peu plus difficile à avaler.
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