Alors que les jeux Marvel se multiplient, Marvel’s Avengers a jeté un froid sur le potentiel et l’attente autour de ces adaptations. Malgré l’échec du jeu, Square Enix avait encore une carte dans sa manche avec Marvel’s Guardians of the Galaxy, cette fois-ci entièrement dans les mains d’Eidos Montréal, loin des travers reprochés au jeu de Crystal Dynamics. Le premier contact que l’on a pu avoir avec le jeu avait de quoi rassurer, mais il en faut bien plus pour prouver que Star-Lord et sa bande peuvent réparer les dégâts causés par les plus grands héros de la Terre.
Condition de test : Nous avons terminé le jeu sur PS5 en une quinzaine d’heures, principalement dans le mode qui favorisait la fréquence d’images, et en VOST durant la majeure partie du temps de jeu.
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Puisque cela n’est pas encore clair pour tout le monde malgré le fait que Square Enix s’entente à le rappeler (presque au point d’en faire un argument marketing, c’est dire à quelle point la confiance a besoin d’être récupérée), Marvel’s Guardians of the Galaxy n’est pas un jeu service comme Marvel’s Avengers. Ici, pas de multijoueur, pas de coop, pas de DLC ni de microtransactions, simplement une aventure solo complète, qui se tient sur elle-même.
Et oui, Star-Lord est bien le seul personnage que l’on peut contrôler. C’est un choix, discutable pour certains, mais qui a été justifié à plusieurs reprises comme étant une envie d’immerger les joueurs et joueuses dans la peau d’un seul Gardien, afin de prendre nos propres décisions et d’avoir ainsi l’impression de faire partie du groupe.
On pourrait discuter durant des heures sur ce que le jeu n’est pas – on aurait de notre côté rêvé d’un jeu qui nous laisserait effectuer des missions librement de planète en planète à la Mass Effect, mais ce n’est sans doute pas la meilleure manière d’analyser ce que nous présente Eidos Montréal.
Space Riders with No Names
Marvel’s Guardians of the Galaxy se « contente » d’être un jeu d’action et d’aventure linéaire, presque à l’ancienne, et ça fait presque du bien. On a alors droit à un récit qui ne s’éparpille pas, mais qui a tout de même le temps de bien exploiter le lore des Gardiens, à quelques intrigues près. On voit que le studio a eu carte blanche sur les personnages à utiliser, et pioche allégrement dedans (ou y fait au moins référence) sans pour autant provoquer l’overdose.
L’intrigue prend alors place 12 ans après une Guerre Intergalactique où Thanos et les Chitauri ont connu la défaite. Les Gardiens font équipe depuis un an, et leur entente est encore fragile, ce qui sera prouvé plus d’une fois au cours de l’aventure lorsqu’ils doivent faire face à l’Eglise Universelle de la Vérité et le Grand Unificateur Raker.
Si les relations entre cette famille dysfonctionnelle est au cœur de Marvel’s Guardians of the Galaxy, le titre d’Eidos Montréal centre sa narration sur la notion de deuil et d’acception de la mort d’êtres aimés. Ne vous y trompez pas, le spectacle est au rendez-vous, mais c’est certainement dans les phases un peu plus intimes que le récit parvient à captiver l’attention, avec quelques scènes poignantes.
Everybody Have Fun Tonight
Le titre nous laisse parfois le choix de prendre part à des décisions à la manière d’un jeu Telltale, en indiquant qu’un personnage pourra se souvenir de votre choix à l’avenir. Pas de quoi bouleverser l’aventure pour autant, mais ce genre de choix aura souvent pour but d’éviter une confrontation ou de la retarder, ainsi que d’assurer la bonne entente entre tous vos coéquipiers, ce qui vous permettra ensuite d’en apprendre plus sur leur passé.
Il faut dire que le studio a bien traité ces personnages, avec une mention spéciale pour Drax qui a droit au meilleur traitement. Ce dernier est aussi sans doute le plus drôle de la bande, car forcément l’humour est une part importante de l’écriture de ce Marvel’s Guardians of the Galaxy. Faire rire avec un jeu vidéo n’est pas un exercice facile tant cela est très subjectif, et Eidos Montréal montre ici à quel point l’opération est complexe, avec des échanges de punchlines qui ne font pas mouche tout le temps.
On est cependant loin de ce que les trailers pouvaient laisser craindre, puisque le timing et le rythme des vannes est bien mieux réussi ici que sur les bandes-annonces. Si on note bien des passages moins réussis (on pense à une scène dans un bar, qu’on vous laisse découvrir), Marvel’s Guardians of the Galaxy donne tout de même bien souvent le sourire.
Tainted Love
Et heureusement, car ça parle TOUT le temps. Le jeu est très loquace. Presque cacophonique à certains moments, tant les lignes de dialogues se superposent entre elles. Cela donne certes un peu de vie, mais on voit que le jeu est parfois submergé par tout ce bruit, avec des phases qui ne s’enchaînent pas de manière très fluide.
On en arrive aux soucis techniques du jeu, qui sont pour l’instant bien présents, et ce malgré un patch day one. En dehors de ces échanges vocaux qui se confrontent trop souvent, on note aussi de nombreux soucis de collisions, des ralentissements de framerate même en mode Fluidité, des personnages parfois trop statiques lors des dialogues optionnels, des éléments de HUD qui disparaissent… Et c’est dommage, car il faut bien admettre que le titre est plutôt propre sur PS5, avec peu de clipping et une motion capture réussie (sauf dans les passages optionnels, encore une fois).
C’est encore plus dommage de faire ce constat alors que la direction artistique est quant à elle plaisante, avec de jolis panoramas qui nous feraient presque oublier que l’on se balade de couloir en couloir. Par ailleurs, afin d’en profiter un maximum, le patch day one du jeu est venu ajouter un mode Photo très complet, dans la droite lignée de celui des jeux Spider-Man d’Insomniac Games.
Every 1’s a Winner
On ressent forcément souvent ces problèmes techniques lorsque l’on en vient à dégainer les armes, et les collisions mal gérées sont sans doute le seul point commun que le jeu partage avec Marvel’s Avengers. Ça, ainsi que le chaos provoqué par les affrontements, ce qui est sans doute logique avec autant de personnages à l’écran.
Comme précisé plus haut, on ne contrôle ici que Star-Lord, armé de ses blasters élémentaires qui permettent de cibler les faiblesses des ennemis. Mais cela ne veut pas dire que l’on n’agit pas sur les autres Gardiens. A l’aide de raccourcis, il est possible de leur donner l’ordre de déclencher des capacités spéciales (comme dans un Mass Effect, par exemple).
Au nombre de quatre pour chaque Gardien, ces compétences auront plusieurs effets qu’il faut apprendre à combiner pour multiplier les dégâts. On peut par exemple ligoter un ennemi avec Groot pour que Gamora vienne lui tailler les branches, ou rassembler tous les ennemis du coin avec une bombe spéciale de Rocket pour ensuite jouer au bowling avec une charge de l’inarrêtable Drax.
Hit Me With Your Best Shot
Si le tout vous échappe et que les Gardiens perdent la vie un à un, vous pourrez alors compter sur le Rassemblement, où la caméra passe à la première personne tandis que Peter rassemble l’équipe. Selon le moral de l’équipe, il faut alors choisir un speech qui va les motiver, et ensuite les booster si vous avez choisi les bons mots (si ce n’est pas le cas, seul Peter sera galvanisé). C’est aussi là que les morceaux musicaux des années 70-80 interviendront en jeu, mais on évoquera ce point plus tard.
Finalement, le manque de contrôle sur les autres Gardiens finit par se faire oublier tant il faut apprendre à bien gérer toutes ces capacités. Peter a aussi droit à quatre attaques spéciales en plus de ses blasters, et peut par exemple prendre de la hauteur avec ses bottes fusées. C’est un bon moyen d’éviter ce joyeux bordel à l’écran, qui est souvent chargé de nombreux effets visuels qui ont de quoi nous perdre. Reste que le tout est très dynamique bien que très imprécis lorsque l’on tente d’aller au corps à corps.
I’ll Tumble 4 Ya
Cette imprécision se ressent aussi dans les phases un peu plus calmes où l’on est libre d’explorer les rares embranchements proposés. Il arrive alors que l’on se retrouve à effectuer des sauts pas toujours très gracieux, tandis que les quelques phases de glissades façon toboggan géant – qui se répètent trop souvent – ont tendance à être elles aussi imprécises.
Il faut également utiliser les compétences des Gardiens lors de ces phases avec par exemple Groot qui peut créer un pont, Rocket qui se faufile dans les conduits, ou Drax qui peut porter des objets lourds qui serviront de plateformes. Star-Lord peut aussi se servir de ses blasters élémentaires pour résoudre des simili-énigmes environnementales, histoire de rendre ces phases un peu plus actives.
Il y a de toute façon peu de choses à explorer dans le jeu, puisqu’en dehors de la recherche de composants – pour débloquer des capacités de Peter – et de costumes alternatifs, ainsi que quelques reliques et clins d’oeil, il n’y aura pas grand-chose à tirer de ces détours.
Néanmoins, cela a le mérite de nous pousser un peu à l’exploration (limitée) et on s’amusera de voir nos compères réagir à toutes nos actions, notamment lorsque l’on prend un chemin qui n’est pas le bon. A la manière d’un Uncharted 4 (une comparaison qui se ressent à d’autres moments du jeu, mais qu’on préférera éviter d’évoquer pour ne pas spoiler), les Gardiens vont souvent discuter des actions du joueur, lorsque Star-Lord fera un détour par exemple. Là encore, cela montre une nouvelle fois que le jeu n’aime pas les silences, mais c’est plutôt bien amené et cela donne plus de naturel aux échanges entre les personnages.
Turn up the Radio
Ce genre d’interactions est aussi au coeur des phases dans le Milano, le vaisseau des Gardiens. Vaisseau que l’on aura la trop rare occasion de piloter pour un dogfight spatial ou deux, ce qui est bien dommage, même si c’est toujours ça de pris.
Entre deux missions, c’est à bord du Milano que vous pourrez souffler un peu et voir si votre équipe va bien. Histoire de mettre un peu d’ambiance, vous pourrez allumer la radio pour profiter de la playlist du jeu, qui fait évidemment partie du charme du jeu.
Entre Starship, Billy Idol, Europe ou encore Bonnie Tyler, il y a de quoi hocher la tête en rythme plus d’une fois. Le groupe fictif créé par Steve Szczepkowski, directeur sonore du jeu, n’est pas en reste, avec des compositions qui s’intègrent très bien à l’ensemble de la playlist. Même chose pour la bande-son originale de Richard Jacques, qui brille particulièrement dans les moments plus mélancoliques.
Et puisque l’on évoque la partie sonore, on peut dire un mot sur les doublages particulièrement réussis en anglais. C’est un sans-faute pour les différents Gardiens, malgré un Star-Lord parfois un peu trop fatigué, avec un casting presque impeccable de bout en bout dans l’interprétation. C’est un peu moins le cas en VF selon nous, même si de belles voix sont présentes.
Pour terminer, on notera que l’accessibilité est au rendez-vous, avec des réglages qui forcent le respect. Entre toutes les options de confort visuel et les différents curseurs qui règlent la difficulté, tout est fait pour calibrer l’expérience au mieux selon votre envie.
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