On ne manque pas de jeux Marvel ces derniers temps, mais il faut bien avouer que la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Après la surprise que fut Marvel Snap, tout est possible, bien que les nombreux reports et les diverses présentations de Marvel’s Midnight Suns laissait augurer du pire. Connu pour ses XCOM, Firaxis a rendu tout le monde sceptique en basant son système de combat sur des cartes, loin de ce que l’on pouvait attendre d’un studio comme celui-ci. On est cependant bien heureux de constater que l’apparence est ici trompeuse et que Firaxis nous offre l’un des meilleurs jeux Marvel de ces dernières années, malgré quelques imperfections.
Conditions de test : Nous avons joué à Marvel’s Midnight Suns pendant environ 40 heures sur sa version PlayStation 5.
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ToggleN’est pas BioWare qui veut
Que les choses soient claires d’emblée : malgré le studio à la manœuvre, on est très loin d’être en face d’un XCOM avec une moustache. Marvel’s Midnight Suns a bien plus à voir avec un jeu typé BioWare que ce que l’on peut attendre d’un studio comme Firaxis. Un étrange constat au premier abord, qui fait pourtant tout le charme du jeu.
Marvel’s Midnight Suns nous demande d’incarner Hunter, un personnage créé pour l’occasion (que vous pourrez personnaliser) qui revient d’entre les morts afin de combattre sa mère, Lilith, qui souhaite assouvir sa vengeance. La fusion entre le groupe des Avengers et des Midnight Suns – une équipe chargée de s’occuper des menaces surnaturelles – n’est définitivement pas de trop pour arrêter la reine des démons, qui se forge sa propre petite armée avec l’aide d’Hydra, toujours présent lorsqu’il s’agit de se trouver un leader fasciste et démoniaque.
Le jeu sait verser dans le grand spectacle pour nous offrir des séquences à la hauteur des personnages qu’il présente, mais on soufflera plus d’une fois devant l’écriture de certains dialogues, qui nous fait rouler des yeux si fort qu’ils se retournent dans leur orbite. On ne va heureusement jamais dans le domaine de l’insupportable, puisque la personnalité de chaque héros est respectée, mais elle est parfois un peu trop exacerbée, si bien que l’on tombe vite dans le cliché. Et sachant que le titre est extrêmement bavard, cela peut agacer.
Malgré tout, on doit bien avouer que l’on a pu lâcher quelques rires francs devant certaines tirades qui fonctionnent bien, mais l’ensemble est assez inégal. On regrettera d’ailleurs l’impossibilité de paramétrer le doublage du jeu. La version française ne s’en sort pas trop mal, avec des comédiens et comédiennes de talent, mais on aurait aimé avoir le choix entre ce doublage et celui d’origine, qui aurait peut-être mieux fait passer quelques vannes.
Le titre de Firaxis ne brille pas toujours lorsqu’il essaye de nous raconter quelque chose, mais il sait être riche en surprise et en clin d’œil. L’univers Marvel est extrêmement bien représenté avec des héros qui ont déjà du vécu et qui enchainent les références sur leurs exploits passés, les vilains qu’ils ont pu combattre ou sur les alliés qu’ils ont côtoyé, des X-Men aux Quatre Fantastiques. C’est sur, on ressent parfois que tout cela est un peu forcé pour caresser le fan de Marvel dans le sens du poil, mais cela donne aussi du corps à l’univers qu’on nous présente, sachant qu’il y a déjà beaucoup, beaucoup de personnages intégrés au jeu.
Wolverine, Spider-Man, Captain America, ou encore Blade se partagent l’affiche avec des super-héros moins connus, comme Magik ou Nico Minoru. Si on aurait pas dit non à un peu moins d’Avengers et à un peu plus de Midnight Sons (nom de la vraie équipe dans les comics), force est de constater que le casting est assez riche pour satisfaire tout le monde. Et puis, il faut bien réussir à faire vendre le jeu auprès des fans qui ne connaissent cet univers qu’à partir du MCU après tout.
Entre sauver le monde et un flirt avec Cap’, le choix est fait
Ces héros, vous allez les côtoyer plus que jamais ici, car quand vous ne serez pas occupés à sauver la planète, vous pourrez croiser tout ce beau monde à l’Abbaye, le QG des Midnight Suns qui est votre petit chez vous. Difficile de nier l’influence de BioWare ici dans le traitement de la relation entre Hunter et les autres personnages. Avec des dialogues à choix multiples, des amitiés à forger et des rendez-vous à honorer, impossible de ne pas penser à Dragon Age ou à Mass Effect. Voire même à des productions japonaises comme Persona ou Fire Emblem.
Vous serez plus ou moins libre de complimenter vos coéquipiers lors d’une petite pause, de les inviter à la piscine (oui c’est une vraie option), de regarder un film avec eux ou encore de leur offrir des cadeaux pour booster leur affection. Même si, désolé de vous l’apprendre, vous ne pourrez pas fricoter avec Carol Denvers ou Steve Rogers. Et on en est les premiers déçus.
Toujours est-il que ce système de relations va vous occuper durant une bonne partie de votre aventure. En plus d’octroyer des bonus à chaque héros, vous pourrez ainsi débloquer des cosmétiques pour habiller votre avatar comme vous le souhaitez. Vous pourrez aussi l’orienter vers un profil plus « lumineux » ou un autre plus sombre, ce qui lui donnera accès à certains types d’attaques.
Vous disposez même d’un réseau social rien que pour vous et vos coéquipiers, sorte de Mastodon que seuls les Midnight Suns et Avengers peuvent utiliser (sans compter les infos du Daily Bugle). Cela ne sert que pour donner un peu de vie et de camaraderie au sein de l’équipe, tout en vous permettant de planifier certains rendez-vous.
Un QG pas si douillet
L’Abbaye constitue une part importante de votre expérience, et pas seulement pour faire ami-ami avec les plus grands héros de la Terre. Ce grand HUB vous sert de base centrale où vous pourrez améliorer vos capacités via une Forge, envoyer des héros en mission solo pour récolter des ressources, s’entraîner avec eux pour gagner en expérience et bien d’autres choses.
Vous êtes libres d’explorer les lieux comme bon vous semble, sachant que ce domaine cache de nombreux secrets. En plus de trouver des coffres cachés, explorer les environs vous permettra d’en apprendre plus sur Hunter et sa famille, tout en dénichant des collectibles au passage. Certains endroits ne sont accessibles qu’en cherchant des mots de pouvoirs, des capacités qui vont donner accès à d’autres chemins avec d’autres récompenses à la clé.
Tout ceci est très optionnel et même si cette grande zone est parfois pénible à parcourir à cause des mouvements très robotiques de votre avatar – qui possède une animation de course ridicule et qui se retrouve bloqué si facilement par un pixel de caillou -, on se prend souvent à vouloir découvrir ce qui se cache derrière tous ces mystères. De plus, cela vient renforcer une durée de vie déjà colossale, même si vous vous limitez aux missions de l’histoire principale.
La bonne pioche
Rassurez-vous, Marvel’s Midnight Suns est peut-être un RPG tactique qui met très en avant son côté RPG, mais il n’en oublie pas pour autant d’être un bon jeu tactique. C’est même sa plus grande force, ce qui est le moins que l’on puisse attendre pour un studio comme Firaxis. Si l’équipe a choisi de représenter ce dernier avec un système de cartes à jouer, c’est sans doute pour s’ouvrir à un nouveau public qui n’est pas adepte des jeux tactiques. Heureusement pour les fans les plus exigeants du genre, le système a beau être simple en apparence, cela ne se fait pas au détriment de sa profondeur.
Lors des affrontements, vous disposerez d’une équipe de trois héros, qui ont tous accès à un deck de 8 cartes. Ces cartes représentent des attaques. En utiliser une sur le terrain vous coutera un point d’action, mais aussi des points d’héroïsme dans certains cas. Chaque tour, vous disposerez de trois actions, donc en théorie, de trois cartes à déclencher depuis votre main. Certaines cartes vont cependant posséder un attrait qui permet de rembourser une des actions si vous tuez un ennemi avec. D’autres vous feront piocher, ou infliger des statuts à vos ennemis voire vous soigner. Vous gagnerez ainsi peu à peu des points d’héroïsme, qui seront en quelque sorte votre mana pour déclencher vos attaques les plus fortes. Rajoutez à cela la possibilité de déplacer l’un de vos héros une fois par tour, en pouvant bousculer un ennemi, et vous obtenez là une base déjà très complète.
Mais ça ne s’arrête pas là. Marvel’s Midnight Suns veut vous faire utiliser le terrain comme une arme à part entière, avec des caisses à jeter, des lampadaires à faire tomber, ou des palettes qui vous serviront de point d’appui pour sauter à la gorge des ennemis. Tout cela se fait en échange de points d’héroïsme, mais on n’hésitera pas à les utiliser étant donné qu’ils ne vous demanderont aucun point d’action. On peut aussi utiliser le décor pour bousculer nos adversaires contre des murs, des tonneaux explosifs ou bien des rebords, avec un pourcentage qui vous permettra de savoir s’ils ont des chances de tomber dans le vide.
En parlant de pourcentages, Marvel’s Midnight Suns repose bien moins sur cette mécanique que les XCOM. Vous pouvez voir les dégâts infligés par vos attaques directement, et vous aurez moins de surprises de ce côté-là. La mécanique du hasard est surtout liée aux cartes que vous allez piocher à chaque tour, même si vos decks ne sont pas très grands et qu’il y a la possibilité de repiocher deux cartes à chaque fois. Le jeu conserve finalement peu de choses essentielles à XCOM. Pas de déplacement pas case, des arènes nettement plus petites, plus d’ennemis « jetables » à l’écran (pour mieux faire ressentir la puissance de nos héros)… Tout cela a pour but de faciliter l’accès à un public plus large, sans pour autant être simpliste.
Une grosse génération de retard
Il faut aussi prendre en compte que chaque héros dispose de ses propres capacités vraiment uniques. Magik pourra par exemple créer des portails pour envoyer valser ses ennemis à l’autre bout du terrain (pensez à Portal). Blade sera spécialisé dans le saignement, Iron Man dans la repioche, Captain America dans la provocation des ennemis, etc. Avec 13 héros jouables au compteur, autant vous dire que cela vous laisse une liberté d’approche des combats qui est époustouflante. On se régale aussi de découvrir les effets visuels des attaques de chaque héros, comme Ghost Rider qui peut invoquer sa voiture pour rouler sur ses ennemis.
Dommage que toutes les animations n’aient pas bénéficié du même soin. Marvel’s Midnight Suns n’a beau être disponible que sur PC et les dernières générations de consoles pour le moment, il a bien du mal à cacher le fait qu’il a un train de retard du coté de la technique. Malgré quelques beaux effets, le budget limité du studio se fait vite ressentir lorsque l’on assiste à certains dialogues.
Dans l’Abbaye, il n’est pas rare de voir des modèles de personnages aux textures très lisses. Le comble de tout cela survient à chaque fin de combat, quand le jeu tente de faire un beau clin d’œil au monde des comics en générant une couverture aléatoire en fonction des héros que vous avez envoyés au combat. Sur le papier, l’idée est vraiment bonne, mais étant donné que ce sont les modèles 3D qui apparaissent, on tombe facilement dans le kitsch et le mauvais gout. Des bugs se font également ressentir avec des dialogues qui se répètent en boucle, des costumes qui ne s’affichent pas et on en passe.
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