Dans la galaxie des remasters, la trilogie Mass Effect a longtemps fait patienter les amoureux du commandant Shepard, jusqu’à ce que Mass Effect Legendary Edition pointe enfin le bout de son nez. La compilation a la lourde tâche de faire honneur à trois jeux immensément appréciés, et faisant partie des jeux les plus mémorables de ces quinze dernières années. L’exercice de la remasterisation n’est clairement pas toujours aisé malgré ce que des mauvaises langues pourraient dire, et visiblement, BioWare l’a bien appris avec cette trilogie, qui est certes plus belle que jamais, mais qui accuse encore parfois le poids des années.
Conditions de test : Nous avons joué durant une vingtaine d’heures réparties sur les trois jeux, avec un peu plus de temps passé sur Mass Effect premier du nom pour vraiment voir les changements apportés au gameplay. Nous avons eu accès à la version PS4 du jeu, jouée sur PS5. Notre rédacteur a également terminé la trilogie originale plusieurs fois à l’époque des jeux originaux, avec la quasi-totalité des DLC.
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ToggleBeau comme un Krogan ou comme une Asari ?
Résumer la trilogie en quelques mots est une entreprise difficile tant il y a à dire à son sujet, mais pour celles et ceux qui prennent le train en marche avec ce remaster, reposons les bases. Vous incarnez ici le commandant Shepard, que vous pouvez personnaliser à votre gré aussi bien dans son physique que dans son histoire, avec des backgrounds spécifiques à choisir qui orienteront certains dialogues. Comme toute bonne saga de science-fiction hollywoodienne, votre but sera de sauver la galaxie du retour d’une race alien extrêmement dangereuse, le tout en compagnie de fidèles acolytes avec qui vous pourrez nouer des liens indéfectibles, voire amoureux.
Et puisque ce n’est peut-être pas encore clair pour tout le monde ; que se cache-t-il derrière le doux nom de Legendary Edition (ou Edition Légendaire dans la langue de Boris Rehlinger, aka Shepard en VF) ? Il s’agit d’une compilation regroupant Mass Effect 1 à 3 dans des versions remasterisées et compatible 4K, avec la présence de tous les DLC, ou presque si l’on écarte le très anecdotique Pinnacle Station du premier épisode.
De quoi forcément mettre plein d’étoiles dans les yeux des fans de la première heure, qui se souviennent sans doute d’un premier épisode quelque peu mal en point, qui a été vu pour beaucoup comme étant un frein à l’entrée dans la série. Car malgré son aura et tout ce qu’il a instauré, ce volet était tout autant critiqué sur le pan du gameplay qu’il n’était vénéré pour son récit et ses personnages emblématiques. Trouver le bon équilibre entre RPG et TPS a été un long chemin pour BioWare, et c’est pour cela que l’on penserait que l’expérience acquise par le studio sur Mass Effect 2 et 3 allait enfin être bénéfique pour le premier opus à l’occasion de ce remaster.
Shepard refait ses classes
Et c’est le cas, ou presque. Le studio ne s’est heureusement pas contenté de porter Mass Effect 1 en l’état, affublé de toutes ses errances de gameplay, mais ne vous attendez pas à y retrouver les mêmes sensations que dans les deux autres épisodes. BioWare a choisi de conserver l’orientation du premier épisode en corrigeant au passage quelques détails qui améliorent la vie, comme la gestion des armes qui ne sont plus limitées par la classe, ou encore l’interface qui a été modifiée pour être uniformisée avec celles des opus suivants.
D’une manière globale, on parle plutôt ici d’un rééquilibrage que d’un réel changement, ce qui se défend par la volonté d’améliorer le jeu d’origine sans le dénaturer. L’opération est réussie, et l’on pestera moins souvent contre le système de surchauffe ou sur le système de visée, nettement plus accessible.
Mass Effect Legendary Edition | Guide complet
Cela étant dit, on ne pourra que se questionner devant des absences de corrections, qui auraient pourtant grandement amélioré l’expérience. Le système de couverture est bien entendu dans la ligne de mire, tout comme le sprint, dont on ne peut modifier l’assignation de la touche, une nouvelle fois. La VOST n’est toujours pas présente dans le premier Mass Effect. Revoir les IA alliées comme ennemies (qui attendent le déclenchement des scripts) ainsi que divers bugs – malgré la centaine corrigée – n’auraient pas été de trop non plus, mais ce n’est malheureusement pas pour cette fois.
Rassurez-vous, Mass Effect reste bien plus agréable dans cet état que dans sa première version, mais on ne peut se départir de ce goût de trop peu. Le lifting visuel est en revanche bien plus savoureux, avec une planète d’Eden Prime presque méconnaissable ou une Citadelle dont on devine encore mieux l’immensité, du moins via les panoramas qu’elle offre.
Le permis Mako est plus abordable
Tout cela, on le doit avant tout à la gestion des éclairages qui fait des merveilles sur le premier opus, dont l’aspect terne de l’époque n’est plus qu’un souvenir, et où les textures des armures prennent enfin de reliefs au lieu de ressembler à des combinaisons. N’allons pas jusqu’à dire que l’on est resté bouche-bée devant ce qui reste un travail de remasterisation, puisque le masque s’effrite lorsque l’on prend attention aux détails, comme pour certains modèles (coucou Ashley) ou les cheveux des personnages, bloqués en 2007.
Tout comme les animations d’ailleurs, qui n’ont pas bougé et qui trahissent immédiatement l’âge du jeu dès les premiers instants, notamment lors des coupures brusques entre phases de gameplay et cinématiques. Et oui, l’animation de course ridicule de Shepard dans Mass Effect 3 est toujours de la partie. Qu’importe, on dira qu’il reste dans son jus afin de conserver ce côté madeleine de Proust, et on se contentera du confort visuel qu’il apporte ainsi que son sound-design, notamment celui des armes, qui a bénéficié d’un peu plus de soin.
Vient alors la question qui brûle toutes les lèvres : Et le Mako dans tout ça ? Car s’il y avait bien un point où tout le monde se mettait d’accord, c’était dans le rejet total de cette maniabilité contre-intuitive de ce véhicule mythique. Mass Effect Legendary Edition prend le problème à bras le corps et décide, comme pour son système de combat, d’améliorer le feeling global sans pour autant changer les bases. En résulte alors une meilleur maniabilité, toujours à défaut d’être bonne. Les drifts sont moins fréquents, la précision des armes a été revue, et les sauts sont moins hasardeux. Le sentiment de contrôler une savonnette sur un sol bien glissant est toujours là, sans cela, avouons-le, ce ne serait pas vraiment notre bon vieux Mako.
La J.J Abrams Director’s Cut ?
On parle beaucoup de Mass Effect 1 depuis le début de cet article, mais c’est à juste titre. Quand bien même Mass Effect 2 et 3 ont eu droit à des améliorations, elles restent beaucoup plus anecdotiques que pour le premier, qui souffrait d’un vrai coup de vieux. Plus récents, ces deux opus se contentent simplement de se présenter sous leur plus bel appareil, avec des textures plus propres, la disparition du flou ambiant ou encore des effets de lumière mieux gérés. Ces derniers sont peut-être d’ailleurs trop appuyés, autant vous dire qu’il faudra vous habituer aux lens-flare.
Mass Effect 2 reste donc le grand jeu qu’il est, dans une remasterisation sobre et efficace. C’est sans doute là que Mass Effect Legendary Edition montre les limites du statut du remaster, tout comme il montre que l’Unreal Engine 3 est forcément trop vieillissant pour espérer créer un effet whaou.
Même constat pour Mass Effect 3, qui est logiquement celui qui profite le moins de ce remaster, d’autant plus qu’il se voit amputé de son multijoueur. Après tout, ce n’était sans doute pas l’élément le plus réussi de ce troisième épisode, mais il avait son public, en plus d’être essentiel au scénario. On voit finalement qu’il ne l’était pas tant que cela, puisque la bataille finale se basera désormais davantage sur l’ensemble de vos choix dans la trilogie, au lieu de nous forcer à jouer ce mode. Un mal pour un bien pour certains, un gros manque pour d’autres.
Fini le cadavre exquis
Mais c’est sans doute car le mot-clé de cette compilation est l’uniformisation. Avec ce remaster, il est enfin possible de parcourir la trilogie sans ressentir de grand écart entre les épisodes, aussi bien dans le gameplay (même si Mass Effect garde son identité) que dans ses modèles de personnages.
Jouer avec le même modèle de base féminin de Shepard d’un bout à l’autre de la trilogie est enfin possible, et la création de personnage rend le passage d’un épisode à un autre bien moins compliqué. On est enfin face à un tout cohérent de bout en bout, avec en plus de cela la présence de l’intégralité de l’histoire grâce aux DLC compris sur la galette. De quoi aboutir à une durée de vie colossale, avec tout le confort moderne offert par les technologies d’aujourd’hui.
Ainsi, fini les temps de chargement à longueur à bord du vaisseau et dans la Citadelle. Terminé les chutes de framerate en plein assaut. De quoi apprécier encore plus son voyage à travers la galaxie, que l’on pourra en plus de cela immortaliser grâce à l’indispensable mode Photo, qui offre de quoi s’amuser un peu avec les différents réglages.
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