Metal : Hellsinger est un FPS rythmique édité par FunCom et développé par The Outsiders, studio fondé par David Goldfarb qui a notamment travaillé sur Battlefield Bad Company 2, Battlefield 3 ainsi que sur Payday 2. Vous incarnez l’inconnue, très énervée d’avoir perdu ses cordes vocales volées par la Juge Rouge. Une excuse toute trouvée pour parcourir les enfers et pulvériser du démon en rythme sur une bande son composée d’icones de l’univers métal, un peu comme si Doom avait mangé du Bullets per minute au diner. Si notre preview avait soufflé le chaud et le froid sur le court niveau qui nous était proposé, la donne est quelque peu différente sur le jeu complet.
Conditions du test : Nous avons terminé Metal : Hellsinger en mode de difficulté normal, sur un PC avec une 3060 ti, 16go de ram et un processeur Ryzen 7 5800x. Toutes options graphiques au maximum et à 60fps constants.
Sommaire
ToggleUn concept archi maitrisé
Le concept de Metal : Hellsinger est aussi simple que classe. Pétoire à la main, vous devez tuer tout ce qui bouge en rythme avec une bande son déchainée entièrement adaptative. Comprenez par là que plus vous êtes bon et enchainez les victimes en synchro avec la musique, plus cette dernière débloquera ses différentes pistes. On commence doucement avec les percussions, puis passé le multiplicateur de score en x8, les guitares s’en mêlent, avant que les lyrics s’envolent en multiplicateur x16. De quoi donner envie de rester perpétuellement en furie maximale afin de profiter des compositions originales portée par (entre autres) Serj Tankian, de System of a Down, et d’Alissa White-Glüz, d’Arch Enemy.
La musique est essentiellement assurée par le duo de compositeurs Two Feathers, et interprétée par des chanteurs contemporains de l’univers métal. Si vous n’avez pas franchement le sens du rythme, Metal : Hellsinger vous aide. A l’aide d’indicateurs se rejoignant en rythme à droite et à gauche de votre réticule, vous devrez tirer, recharger, esquiver et achever vos ennemis dans le bon tempo, sous peine de devoir tristement vous cantonner aux percussions de la bande son, à faire moins de dégâts, et à un rythme de l’action plus lent.
Et autant le dire d’emblée, l’exécution de ce concept est parfaitement maitrisée. Fidèle à son étiquette de fast-FPS, Metal : Hellsinger tutoie parfois des sommets divins de frénésie. Le rythme effrénée n’aura rien à envier à un Doom Eternal dont il s’inspire très largement, allant même jusqu’à en reproduire l’exécutions des monstres, qui se mettent en surbrillance lorsqu’il est possible de les achever. C’est les yeux révulsés et les oreilles en feu qu’on termine certains champs de bataille, encore boursouflés d’adrénaline. Toutefois, certaines errances de précision ou des bugs de collisions (certaines actions manquent de clarté dans leur exécution), empêchent le titre d’être aussi limpide dans le feu de l’action que le titre d’ID Software. N’est malheureusement pas Doom qui veut.
Highway to hell
Vous disposez d’un arsenal composé de 6 armes (oui c’est peu), allant du classique fusil à pompe, au double gun, à l’épée en passant par des boomerang acérés. Le crâne vous permettra quant à lui de garder votre multiplicateur de score à flot lorsque vous n’avez personne dans le viseur. Chacune d’entre elles est dotée d’une attaque spéciale utilisable lorsque la jauge propre à chaque arme est remplie. Rien de bien original ici, mais ces coups spéciaux auront le mérite de nous sortir de plus d’un mauvais pas.
Cela dit, Metal : Hellsinger n’est pas spécialement difficile puisque notre personnage dispose de bien trop d’outils pour être un tant soit peu inquiété. Un double saut, un double dash (aux cooldown inexistants), des munitions à la pelle, et même la possibilité de ressusciter 3 fois au cours d’un niveau en dépensant ses points de score. Un café avec ça ? Si cette palette de mouvements est d’autant plus jouissive qu’elle rend le rythme déjà effréné de l’action divin, on regrette de ne pas souvent se sentir vraiment challengé. C’est un peu comme si quelqu’un avait activé un mode « god-like » sans nous avoir prévenu.
Il faudra donc aller chercher le dernier mode de difficulté pour en baver. Certains boss, notamment dans le dernier quart de l’aventure, vous feront suer à grosses gouttes. En finissant chacun des 9 mondes de la campagne, vous débloquerez des missions annexes propres à chaque monde appelées « supplices ». Ces missions sont de simples arènes à défi que l’on complètera en quelque minutes, et permettront de récupérer des runes ou des améliorations de runes. Ces dernières, au même titre que les armes, sont à équiper en nombre limité avant d’entrer dans chaque niveau et délivreront des bonus de rythme, de score, ou de dégâts sous certaines conditions. De quoi faciliter un peu plus la tâche en mode normal.
Une histoire de métal… un peu courte.
De ses menus délicieusement rétro à sa sélection de niveaux aux airs de vieilles pochettes d’album, Metal : Hellsinger suinte le métal par tous ses pores. La bonne surprise qu’on attendait pas, c’est bien l’emphase mise sur la narration. A l’aide de custscenes en artwork animés du plus bel effet à chaque début de niveau, le titre parvient à nous investir dans une histoire de vengeance simpliste, mais suffisamment mise en avant et bien doublée pour intriguer, et même provoquer le désir d’une suite une fois le morceau terminé. On connait d’autres productions qui ne se seraient pas fendues d’un tel effort.
Malheureusement, Metal : Hellsinger dépose les armes bien trop vite à notre gout. Comptez 6h pour venir à bout du jeu en mode normal, missions annexes comprises. C’est peu mais la bonne nouvelle, et probablement ce qu’il faut retenir, c’est qu’on en redemande. On replongera sans sourciller en enfer pour une run en difficulté supérieure, ou encore pour faire exploser le compteur de score mondial, et grimper dans le classement.
Techniquement le jeu oscille entre le correct et le plutôt joli, mais garde une patte assez anguleuse qu’on mettra volontiers de coté pour profiter d’une direction artistique convaincante. Chaque tableau propose une vision de l’enfer différente et distille quelque jolis panorama si tant est que vous soyez d’humeur à vous arrêter pour les regarder (c’est qu’on a un compteur de score à maintenir nous).
L’enfer dans 9m2
On ne reviendra jamais assez sur l’étonnante frénésie que procurent chaque affrontements, sur le sound design précis qui colle parfaitement avec la bande son déchainée. Les esquives, les rechargements, les tirs, tous les cliquetis et autres détonations qui s’imbriquent parfaitement (si vous êtes en rythme bien sur) dans cette danse endiablée qui se termine décidément bien trop vite.
Au rang des petites déceptions, on notera également un level design trop sage. On aurait aimé pouvoir voltiger en hauteur, sauter sur plus de plateformes, s’amuser avec une verticalité reléguée ici au rang d’exception. Quand certaines arènes jouissent d’un effort de construction très abouti, d’autres paraissent trop grandes proportionnellement au nombre d’ennemis, et surtout bien trop plates.
Ce n’est pas faute de pouvoir double sauter, double dasher, mais lorsque ces mouvements s’exécutent la majorité du temps les pieds rivés au sol, on ne peut que se demander si le titre n’aurait pas mérité de voir plus grand, plus fou encore. C’est finalement un peu le talon d’Achille de Metal : Hellsinger, court et coincé dans une armature trop petite pour son concept démentiel si réussi. Reste une aventure plaisante et qui vaut le coup d’être vécue, ne serait ce que pour gouter au plaisir divin de défoncer des démons en rythme sur du métal.
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