Série iconique du Run n’ Gun arcade, Metal Slug aura connu un véritable âge d’or avant de purement et simplement disparaître du paysage vidéoludique, excepté via de dispensables versions pour mobiles. Dernier véritable opus en date, le septième numéro se cantonnait par ailleurs à la Nintendo DS, ce qui en rend l’accès assez compliqué aujourd’hui. L’espoir de voir se poursuivre cette saga mythique sous une forme classique semble de plus en plus vain, ce qui n’empêche pourtant pas la franchise de s’émanciper, cette année, de son carcan habituel, le temps d’une expérience bien singulière. Parce que c’est exactement ce qu’est Metal Slug Tactics.
En grands fans que nous étions de cette franchise quasi-disparue, nous avions sauté au plafond d’une joie intense à l’annonce de Metal Slug Tactics, et avons préféré ne rien nous gâcher en évitant tout trailer ou information supplémentaire avant la sortie. Une sortie un brin tardive, puisque le jeu est annoncé depuis 2021. La bonne nouvelle, c’est qu’il est développé par une équipe bien de chez nous, Leikir Studio, à qui l’on doit notamment le sympathique Rogue Lords. La « mauvaise », si l’on puis dire, c’est qu’il ne s’agit pas d’un simple Tactical RPG comme ses premières images le laissaient supposer, mais plutôt d’un Rogue-lite, genre qui, décidément, mange à tous les râteliers.
Conditions de test : Nous avons passé un peu moins de vingt heures sur la version Nintendo Switch du jeu, que nous avons principalement expérimenté sur TV. Ce fut suffisant pour terminer plusieurs runs et débloquer une bonne partie du contenu.
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Avec ce changement radical de genre et de perspective, difficile de passer à côté de certains questionnements tels que : l’esprit de la franchise est-il intact ? Conserve-t-on un rythme soutenu ? À qui s’adresse cette nouvelle expérience ? Interrogations légitimes, qui trouveront toutes leurs réponses dans ces lignes. D’abord, oui, l’esprit de la franchise est intact, et on peut même dire que le titre transpire l’amour de Metal Slug par tous les pores. On devine que Leikir Studio comprend de grands fans en voyant de quelle fidélité au matériau d’origine peut se targuer Metal Slug Tactics.
Une fidélité qui passe d’abord par un aspect visuel léché, qu’on croirait tout droit sorti d’une borne d’arcade des années 90, reproduisant avec une grande justesse les sprites des différents personnages principaux et adversaires, mais aussi armes et véhicules. Tout y est, jusqu’à l’humour omniprésent, souvent représenté par différents personnages loufoques en arrière plan, mais aussi par certaines animations toujours aussi réussies. S’il ne s’agit pas d’un étalon, Tactical 2D oblige, et que d’une certaine façon Metal Slug Tactics fait pale figure face à un Tactics Ogre Reborn, le résultat est néanmoins fort convaincant.
Idem du côté de la bande sonore qui reprend les bruitages et l’esprit global assez particulier de la franchise. On n’écoutera pas l’OST en dehors du jeu, mais elle fait néanmoins son petit effet manette en mains. Enfin, à condition d’être fan des originaux, bien sûr. Et à ce niveau, l’effet nostalgique est extrêmement réussi. Par contre, ne vous attendez pas à un lore élaboré, à en découvrir plus sur l’univers de Metal Slug, puisque ce spin-off pousse la fidélité jusqu’à une histoire absolument basique, se contentant de nous offrir quelques dialogues rigolos, sans plus.
Bonjour Rogue-lite…
Et puis, de toute façon, c’est rarement l’histoire que l’on retient d’un Rogue-lite, excepté chez quelques exceptions telles que Hades ou Children of Morta. Il va falloir s’y faire, Metal Slug Tactics embrasse pleinement son genre premier, en ne proposant pas de véritable campagne solo, mais plutôt un système de run nous faisant toujours passer par les mêmes biomes et boss avant l’affrontement final. En chemin, on glane quelques bonus qui ne seront utilisables que sur la run en cours, mais aussi de l’argent, que l’on peut à l’inverse conserver une fois la partie terminée.
Rien de très original à ce niveau, mais une recette classique, rodée, nous laissant choisir les missions par lesquelles on désire passer en fonction des ressources à y acquérir, ou de leurs objectifs. Des objectifs peu nombreux, mais permettant néanmoins une variété suffisante pour ne pas faire tomber trop vite Metal Slug Tactics dans une inévitable redondance, ne nous ayant personnellement touché qu’à la fin de notre petite vingtaine d’heures de jeu (étalée sur quatre jours). Cela dit, on conserve une certaine aigreur au souvenir des missions d’escorte, que l’on a rapidement préféré sauter.
Pas que le challenge du titre soit excessif, à noter qu’il propose deux modes de difficulté par ailleurs, mais là encore il faut savoir où l’on met les pieds. Or, Rogue-lite oblige, on est là pour en baver un minimum, mourir et recommencer de zéro l’aventure. Ce qui peut toujours se révéler un peu frustrant, mais est néanmoins atténué par le système de monnaie permanente. Comme chez un Hades, ou le récent [REDACTED], on ne joue pas pour rien, et on repart quasi-systématiquement d’une run avec un petit pactole qui nous sera utile ultérieurement, facilitant les prochaines parties.
… et au revoir Run n’ Gun ?
Outre cette dimension Rogue-lite, n’oublions pas que Metal Slug Tactics est bien un Tactical RPG pouvant se revendiquer héritier de Tactics Ogre, Disgaea ou encore Final Fantasy Tactics, en cela qu’à première vue, sa recette est très classique. On y joue trois personnages sur des maps de tailles réduites, proposant la plupart du temps une certaine verticalité. Nos bidasses ne peuvent néanmoins pas tirer sur des adversaires positionnés plus haut ou plus bas qu’eux, et inversement, sauf exceptions. Une particularité qui détonne face aux titres plus médiévaux, chez qui l’arc ou les magies peuvent virtuellement viser n’importe où.
Enfin, rien de bien neuf en apparence, donc, du moins jusqu’à ce qu’on lance le tutoriel, nous expliquant sans détour que Metal Slug Tactics est… un Run n’ Gun… Ce qui peut surprendre. En effet, contrairement à tous les autres titres du genre, celui de Leikir Studio ne récompense pas la temporisation et les actions défensives, et va au contraire pousser en avant le joueur. Ce qu’il fait via une mécanique simple, mais à laquelle il fallait penser : plus nos soldats se déplacent loin, ce qui se matérialise sur les maps par des cases de couleur plus foncée, plus ils acquièrent de points d’esquive. Et plus ils ont de points d’esquive, moins les ennemis peuvent les atteindre. Malin !
À cela s’ajoutent quelques petites choses complémentaires, comme des capacités spéciales ou l’utilisation de couvertures, augmentant encore le nombre de dégâts que nos personnages peuvent tanker avant que leur barre de vie ne descende vraiment. Et il faut bien l’avouer, cela fonctionne à merveille, et le tout demeure cohérent, puisque les missions ne durent jamais longtemps, et qu’on ne s’ennuie à aucun moment. Idem du côté des boss d’ailleurs, qui nous poussent à agir extrêmement vite, ce qui a quelque chose d’étrangement grisant.
Bon comme un flan coco ?
Metal Slug Tactics n’en oublie néanmoins pas la réflexion, et se dote ainsi de quelques subtilités. Par exemple, chacun de nos personnages possède deux armes, une peu puissante mais aux munitions illimitées, et l’autre plus meurtrière mais limitée en projectiles. Or, lesdits projectiles ne se renouvelant pas à la fin de chaque mission, puisqu’il faut attendre de tomber sur un objectif nous en cédant en cas de victoire, mieux vaudra faire bien attention à ne pas les dépenser trop vite. Autre subtilité, plus commune mais néanmoins bien implantée et assez jubilatoire, la mécanique de synchronisation, permettant à deux personnages en capacité de viser le même adversaire de s’unir dans une même attaque.
Reste un contenu décent pour le genre, et surtout pour le prix. Metal Slug Tactics étant vendu 24,99 euros sur tous les supports l’accueillant, on ne s’attendait pas à des centaines d’heures de choses à voir et à découvrir. Le titre nous propose néanmoins plusieurs bonus à acquérir, et surtout de débloquer un total de neuf personnages dont les capacités et armes diffèrent beaucoup, ce qui promet aux intéressés de longues sessions d’expérimentation.
Pour finir, un petit mot sur la version Nintendo Switch, qui nous laisse un petit goût amère. À l’heure où nous écrivons ces lignes, plusieurs points posent problème sur le support hybride de Big N, à commencer par une technique qui, pourtant peu vorace en apparence, rame régulièrement. Des ralentissements qui surviennent à des moments surprenants, et demeurent parfois un moment, quand ce n’est pas pendant des missions entières. À ceci s’ajoutent quelques bugs et un curseur qui a du mal avec les changements de hauteur, ainsi qu’une police d’écriture qui n’est pas adaptée au jeu en portable. Ce qui fait que, comme chez un Void Bastards, on ne comprend absolument rien aux textes affichés lorsqu’on ne joue pas sur TV… c’est dommage, et on espère que ces détails seront corrigés ultérieurement via mise à jour.
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