Metal Wolf Chaos XD est un remaster du jeu éponyme sorti en 2004 uniquement au Japon et en exclusivité sur Xbox première du nom. Totalement inconnu du public occidental, le titre de From Software a eu droit à une petite cure de jouvence ces dernières années via Internet et notamment sur la plateforme YouTube. Considéré comme le plus américain des jeux japonais, cet ovni patriotique est devenu pour certains un monument de l’ancienne console de Microsoft.
Il en fallait peu pour que Devolver Digital ne surfe sur la vague et le réédite dans un remaster disponible sur PC, PlayStation 4 et Xbox One afin que tout le monde puisse enfin découvrir ce jeu un peu à part. Cependant, un statut culte peut-il donner un véritable bon jeu ?
Condition de test : Réalisé sur PlayStation 4 durant un peu moins de 10 heures le temps de finir la campagne principale et d’explorer plusieurs niveaux de fond en comble à la recherche de petit bonus en plus (spoiler alert : ça ne sert à rien).
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ToggleGod bless America
Metal Wolf Chaos XD est un jeu de tir à la troisième personne dans lequel on incarne Michael Wilson le président des Etats Unis d’Amérique destitué de son poste à la suite d’un coup d’état de son vice-président qui plonge la nation dans une dictature militaire liberticide. Dès le début, notre ancien collaborateur s’attaque à la Maison Blanche avec l’armée désormais sous ses ordres. Cependant, notre héros possède une armure exosquelette et n’a pas dit son dernier mot.
En effet, équipé d’un mecha répondant au nom de Metal Wolf, il va lui-même reconquérir son poste et son pays à la sueur de son front. Entre deux relents patriotiques et autres drapeaux à rayures étoilées, le titre mise à fond la carte de la caricature américaine. Proposant une vision totalement décomplexée des Etats-Unis avec leur amour sans borne pour leur pays et pour la sacro-sainte « liberté ».
C’est désormais traqué tel un terroriste et avec comme seule aide sa secrétaire, qui remplit le rôle de liaison radio tout du long, que notre protagoniste devra libérer les USA d’Ouest en Est du joug de l’oppresseur.
Hormis son scénario délirant et ses répliques toutes plus caricaturales les unes que les autres, l’histoire n’apporte strictement rien qu’une succession de situations sans aucun rapport les unes avec les autres. Et si le tout peut faire rire, voire sourire au début de l’aventure, le comique de répétition lasse au bout d’un certain moment.
Articulé autour des mêmes rebonds scénaristiques tout du long de la petite dizaine d’heures qu’il faut pour terminer la campagne, le jeu propose néanmoins quelques objectifs supplémentaires pour ceux qui auraient le courage d’insister. Rien de bien transcendant, puisqu’il s’agira de détruire des caisses pour récupérer des matériaux rares ou pour libérer des otages.
C’est pas joli, joli !
Parce que oui, soyons honnêtes, le jeu est assez moche même pour un remaster dont le matériau d’origine date de 2004. Certes, les textures sont lissées, la résolution augmentée (prenant en charge la 4k) et l’ensemble déborde d’antialiasing qui donne au titre un côté lisse et agréable, mais le tout reste irrémédiablement fade la faute à une direction artistique générique et sans grande inspiration.
La quasi-totalité des décors est quant à elle destructible ce qui fait son petit effet dans ce genre de jeu où l’on mitraille partout et que les explosions sont monnaie courante. Cependant, il ne faut pas s’attendre ici à défourailler à tort et à travers. À ce niveau, malheureusement, Metal Wolf Chaos XD ne remporte pas la palme du défouloir bête et méchant qui aurait pu lui sauver la mise.
Utopique de croire que le titre remis au goût du jour par Devolver Digital permet de canarder à tout-va, en libérant l’Amérique à coup de roquettes et d’immeubles en ruines. Les munitions sont limitées que l’on passe le plus clair de son temps à détruire des caisses pour espérer récupérer quelques balles ou missiles en plus. L’autre bonne idée des développeurs se retrouve aussi dans la résistance aux dégâts totalement disproportionnée de vos adversaires.
Tabasser du terroriste ou d’autres mechas dans des affrontements dantesques et dynamiques n’est pas non plus au menu. La grosse majorité des cibles à éliminer est ici constituée de tours de garde ou de communication à exploser. Si l’on prend en compte la résistance aux dégâts totalement hallucinante de tous les adversaires du jeu, véhicule comme bâtiments, on passe le plus clair de son temps à vider chargeurs après chargeurs sur des cibles amorphes qui frisent l’increvable.
Oui, les barres de vie des ennemis mettront du temps à s’évanouir, mais rassurez-vous un système d’amélioration de son équipement est là. C’est au garage, via un menu accessible entre chaque niveau, que l’on peut choisir quelle arme équiper sur son robot et dans quel domaine lancer des recherches pour débloquer de nouveaux attirails. Plusieurs catégories (fusil, lance-roquette, mitraillette, lance-grenade, etc…) sont disponibles en échange de métal trouvé en jeu et de l’argent récolté après chaque mission.
Tous les niveaux, sur la dizaine que compte l’intégralité du jeu, sont de petites arènes à l’image de grandes villes américaines. Des otages peuvent être libérés afin d’accéder à certaines technologies ou d’autres petits bonus. La progression linéaire se fait de la côte Ouest jusqu’à l’Est, mais laisse un tantinet de choix au joueur dans l’ordre des besognes à accomplir.
America, F*ck Yeah !
Mais c’est une fois en jeu que l’on se rend compte que Metal Wolf Chaos XD est tout sauf un jeu nerveux. Même la série des Armored Core, des mêmes développeurs, passe pour un jeu d’arcade à côté. Le Metal Wolf est lent dans ses déplacements et peut à peine sauter. Il se permet toutefois la petite fantaisie de disposer d’un dash faisant également office de sprint pendant un court instant si le bouton est maintenu.
Avec un arsenal de huit armes interchangeables à tout instant, les affrontements contre les quelques boss que compte le jeu se résument à se cacher, attendre que l’ennemi ait terminé d’attaquer pour balancer la sauce puis se cacher à nouveau en attendant le bon moment et ainsi de suite. Rien de bien palpitant, mais ô combien indispensable puisque, malgré plusieurs boucliers, l’armure de notre mecha est plutôt fragile et qu’il n’est pas rare de mourir rapidement tant les combats sont peu lisibles.
Un des mystères de ce remaster repose sur le mixage audio du jeu qui relègue les différentes musiques en jeu aux oubliettes. Bien que ça ne soit pas une très grande perte, les différentes pistes sonnant comme du Red Hot Chili Peppers ou du Sum 41 version dégueulasse au rabais, il convient de souligner une certaine incompréhension face à ce choix artistique.
La deuxième purge auditive, outre les effets spéciaux avec un niveau sonore aléatoire, concerne les doublages qui sont d’une piètre qualité audio. Saturant au maximum, ils donnent l’impression d’avoir été enregistré avec un micro playskool. Par contre, le jeu d’acteur des doubleurs qui forcent le trait au maximum donne un petit côté nanard au jeu qui, avouons-le, fonctionne assez bien.
Avec ce scénario caricatural totalement assumé et un doublage surjoué à son paroxysme, Metal Wolf Chaos XD pourrait presque faire partie de ces œuvres tellement nazes qu’elles en deviennent excellentes, voire cultes. Il est vrai que durant les premières heures, un peu décontenancé par le jeu d’acteur ainsi que les situations toutes plus grotesques les unes que les autres, certaines situations amusent. Par contre, passé quelques heures de jeu à subir un gameplay aussi mauvais que soporifique le rire fait place à l’exaspération la plus totale.
Il n’y a aucune nouvelle feature intéressante qui peut sauver ce remaster du naufrage. Certes, la sauvegarde automatique fait son apparition, mais à aucun moment les équipes en charge se sont dit qu’il serait éventuellement judicieux de rajouter quelques checkpoints. Parcequ’après avoir passé trois quarts d’heures à déambuler dans un niveau moche et vide à souhait à dézinguer des cibles immobiles pour atteindre un boss et mourir de manière totalement inexpliquée devant lui, recommencer le tout peut faire grimper le niveau de frustration de manière dangereuse.
Si le jeu peut sembler amusant au premier abord il n’en est rien. Manette en main, le titre n’inspire que l’ennui et la monotonie de parcourir des villes affreuses à anéantir des cibles en forme de bâtiments avec un mixage audio dans les chaussettes. Et ce ne sont pas quelques répliques cultes, reprisent un peu partout, qui peuvent l’empêcher d’être une expérience à déconseiller, même pour la rigolade.
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