Après un Mutant Year Zero réussi dans l’ensemble, The Bearded Ladies revient avec son second jeu, Miasma Chronicles. Il s’agit d’une nouvelle licence imaginée par le développeur, qui veut ici nous raconter une histoire post-apocalyptique diamétralement différente de ce qui s’est fait auparavant. Un challenge assez relevé pour le studio suédois, qui cherche à améliorer également la formule de son gameplay, introduite dans Mutant Year Zero: Road to Eden. Et qu’on se le dise, les développeurs semblent avoir une fois encore réussi leur pari, avec tout de même quelques nuances. Car Miasma Chronicles n’incarne pas tout à fait le perfection.
Conditions de test : Nous avons terminé la campagne de Miasma Chronicles en 25 heures de jeu dans son mode normal et tactique complète. Cette durée de vie prend en compte la réalisation intégrale des missions principales, et d’un peu plus d’une dizaine de quêtes secondaires. Le titre a été testé sur PC avec 32 Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
Sommaire
ToggleElvis à la recherche de sa mère
Avant toute chose, Miasma Chronicles nous envoie dans une Amérique post-apo, qu’un mystérieux miasme a transformé en un vaste champs de bataille. La nature y est devenue lugubre, et la faune comme la flore se sont métamorphosées en monstres innommables. Dans cet apocalypse miasmatique, vous prendrez le contrôle d’Elvis, vivant dans une ville du nom de Perma. Avec un gantelet pouvant contrôler ledit miasme, notre héros, en compagnie de son frère robotique Diggs, va chercher à retrouver sa mère. Mais pour ce faire, le duo va d’abord devoir détruire un mur de miasme.
Bien que l’histoire de départ peut logiquement faire penser à du Full Metal Alchemist, sachez qu’il en sera tout autre au fil de votre progression dans la trame scénaristique. De vrais rebondissements seront de la partie, on ressentira un peu d’empathie pour certains personnages, et on appréciera notamment les moindres punchlines de Diggs, ainsi que la prestance de Jade. Par contre, les autres protagonistes souffrentt d’une platitude sans nom, et auraient mérité un peu plus de profondeur. Néanmoins, le jeu dispose d’une fin relativement ouverte, et on a hâte de voir ce que peuvent proposer The Bearded Ladies pour la suite de la licence.
Car rien que le lore dispose d’un très fort potentiel. L’univers créé par le studio semble solide avec ce côté post-apo américain qui fait le café. Et bien que nous soyons en face d’une classicité sans nom sur certains éléments de l’histoire que l’on voit venir à des kilomètres, nous somme excités d’imaginer ce que le studio pourrait produire pour Miasma Chronicles à l’avenir, sous réserve qu’il écrive, cette fois-ci, une histoire et des personnages plus profonds et intéressants que cela.
Au moins, la production de The Bearded Ladies puise sa force dans une direction artistique solide. La plupart des zones que l’on visite bénéficie d’une esthétique post-apo soignée, mais aussi d’une diversité qui fait bougrement plaisir. Si les premiers niveaux auront un peu tendance à se ressembler, force est d’admettre que le jeu se rattrape par la suite avec des environnements variés qui en jettent. Clairement, le bébé de The Bearded Ladies fait plaisir à voir, et montre que le studio suédois a su se renouveler depuis Mutant Year Zero.
Tactique + discrétion, le cocktail qui fonctionne, à peu de choses près
Miasma Chronicles reprend le mélange des genres déjà aperçu dans Mutant Year Zero. Ainsi, le soft nous proposera du tactical au tour par tour à la XCOM, couplé à de l’infiltration. D’ores et déjà, le côté tactique au tour par tour fonctionne que ce soit à la manette ou au clavier/souris pour les contrôles. Si la caméra fait parfois un peu trop ce qu’elle veut sur certaines actions précises, le reste est bien huilé, avec comme toujours un point d’action pour vous déplacer, un autre pour effectuer une attaque voire deux points d’action pour avancer votre héros.
D’ailleurs, le bébé The Bearded Ladies a introduit le mode tactique complète ou partielle, ce qui frustrera un peu moins les joueurs de voir leur tirs ou attaques loupées pour seulement quelques pourcentages. Ici, ce sera soit du 50/50 sur de la couverture partielle ou complète, ce qui sera plus simple et accessible pour les débutants. C’est clairement une bonne idée qui marche super bien, et il faut même noter qu’en définitive, les combats sont beaucoup plus équilibrés qu’un Mutant Year Zero dans l’ensemble, notamment sur les statistique et les chances de toucher ou non en fonction de la position de couverture de l’adversaire.
Néanmoins, on rencontre encore quelques pics de difficulté lors de certains passages. Sur son mode normal, il n’est pas rare de devoir, à la fin d’un affrontement, gérer la santé de nos protagonistes qui ne se régénère pas automatiquement. Il s’agit là d’un jeu de chaise musicale pas vraiment plaisant, car il va falloir hélas compter la plupart du temps le nombre de médipods ou super médipods, censés refaire une santé à vos personnages. Cela se joue donc parfois sur des petits détails, bien que le titre se révèle bougrement fun.
En dehors de cela, sachez que les combats se révèlent dynamique dans l’ensemble, et s’étoffent même avec l’implémentation de pouvoir miasmatiques. En effet, des personnages comme Elvis et bien d’autres, auront cette faculté d’utiliser les pouvoirs du miasme. Entre la possibilité d’envoyer valser voire d’électrocuter à la chaine nos ennemis ou bien carrément les contrôler temporairement, plusieurs possibilité tactiques intéressantes viennent s’offrir à vous. Ces pouvoirs sont à recharger via des cellules d’énergie en combat, certes, mais le titre nous donne au moins un large éventail d’attaques pour chacun de nos protagonistes qui sont plutôt uniques, permettant de réaliser quelques actions qui peuvent se révéler utiles en toutes situations.
La complémentarité des personnages est donc super importante, et est de surcroît bien pensée. En revanche, le titre ne nous autorise à utiliser que trois personnages en combat, ce qui se révèle assez frustrant. Il ne sera pas rare de devoir faire des choix, notamment sur qui emmener dans nos bagages, au risque de se passer de certaines capacités qui auraient pu servir. Dans le fond, il n’aurait pas été déconnant d’ajouter un quatrième personnage, quitte à devoir rééquilibrer quelques combats éventuellement.
Ceci dit, Miasma Chronicles, s’il n’est pas exempt de défauts sur sa partie Tactical, arrive à bien la coupler avec l’infiltration. Cette séquence là ne sera clairement pas à négliger, car elle vous sera bien utile pour appréhender les ennemis restants. Grosso modo, le titre donne quand même quelques billes supplémentaires à d’autres personnages au fil de votre progression pour mieux vous la jouer fine.
Qui plus est, le bestiaire proposé est conséquent. Toutes les créatures ou humains que l’on affronte ont des faiblesses et forces qu’il faudra clairement identifier, afin de prendre l’avantage. C’est l’un des points qui rend encore une fois, l’aspect tactique au tour par tour solide, avec en sus ces pouvoirs du miasme ou encore les capacités très complémentaires de chaque personnages.
Une personnalisation miasmatique presque bien poussée
Dans les points que l’on a aussi apprécié, il y a inévitablement le côté RPG. Tout d’abord, et avant d’aborder tout l’aspect personnalisation des personnages, sachez que votre ressource principale sera le plastique. Avec celle-ci, vous aurez le loisir d’acheter pas mal de choses via des magasins. En somme, vous pourrez vous procurer des consommables (grenade ou medipod et cellule d’énergie pour les pouvoirs miasmatiques), des armes ou des mods apportant des avantages, mais également des puces à assigner aux pouvoirs miasmatiques de certains personnages.
Bien que l’utilisation d’une seule et unique ressource facilite grandement les choses, force est de constater qu’elle n’en reste pas moins sous-exploitée. De plus, il est trop fréquent de devoir explorer à fond chaque zone, dans le but de trouver un maximum de plastique, et ainsi avoir la possibilité de faire le plein de consommables avant de gros affrontements. L’équilibrage n’est pas encore tout à fait peaufiné sur le mode normal, bien que ceci ne soit pas insurmontable si l’on s’y prend bien.
Toute la dimension jeu de rôle de Miasma Chronicles est bien maitrisée. Chaque personnage dispose d’un arbre de compétences réellement unique, et découpé en quatre parties. Les distinctions sont différentes pour chacun d’entre eux, à l’exception des stats, qui sont censées donner un peu plus de santé voire de l’armure à vos héros. Cela donne une complémentarité intéressante, et surtout des compétences particulières à chaque protagoniste, qui peuvent se révéler profitables pour le joueur.
Sur l’équipement pur, il est aussi possible d’embellir les capacités de chacun de vos héros. Vous pouvez leur assigner des noyaux aux différentes améliorations passives, mais aussi des tenues et des puces sur les pouvoirs miasmatiques. Cela peut par exemple donner aux personnages la capacité de faire des dégâts élémentaires supplémentaires aux ennemis en utilisant un pouvoir miasmatique spécifique, et bien d’autres joyeusetés. Concrètement, et si nous sommes un peu déçus de voir que les tenues n’apportent rien si ce n’est un aspect seulement cosmétique, tout le système RPG de Miasma Chronicles n’a plus de secret pour les p’tits gars de The bearded Ladies, qui dominent largement leur sujet.
L’exploration ultime, avec ses nuances
Fatalement, l’exploration est quelque chose qui a été grandement amélioré depuis Mutant Year Zero. Les zones sont beaucoup plus grandes, et il y a souvent matière à trouver des éléments qui vous servent ensuite à déverrouiller des pièces précises, ornées de quelques loots. Au choix, vous y trouverez de nouvelles armes, des mods, des consommables voire des noyaux ou puces miasmatiques. L’exploration est donc ici tout aussi gratifiante pour le joueur que grisante, surtout quand il s’agit d’économiser du plastique dans l’obtention de certains mods d’armes, facilement trouvables en fouinant le moindre recoin.
Chaque centimètre carré de chaque zone est bien utilisé, et chaque déverrouillage de pièces est en quelque sorte une énigme à déchiffrer, via des petites notes que l’on peut trouver ça et là. La récompense se récupèrent également en parlant à certains PNJ dans différentes zones. Ces derniers peuvent vous donner quelques quêtes secondaires à effectuer en échange de points d’expériences ou de loot, voire quelque plastique de plus.
La production de The Bearded Ladies a fait un grand pas en avant en rendant l’exploration plus profonde qu’elle n’y parait, jusque dans les quêtes secondaires. Elles sont très nombreuses, et sont un véritable tremplin dans l’obtention de trésors intéressants, mais aussi de levelling. Néanmoins, ces dernières se révèlent assez fedex et répétitives, ce qui est fortement dommage.
Toutefois, Miasma Chronicles devient, à terme, bougrement répétitif. On en vient parfois à faire les mêmes actions pour progresser, rendant le tout monotone. Il en va de même pour certaines mini énigmes, qui consistent à chaque fois à trouver le code d’une porte, pour y dénicher du loot. Vous l’aurez compris, certaines mécaniques tournent un peu vite en rond, bien que le jeu soit assez long dans l’ensemble – 20h en ligne droite en normal, 40h en faisant tout –. Ceci dit, il faut admettre que cette répétitivité intervient après la dizaine d’heures passée, ce qui reste raisonnable.
Et pour adoucir le tout, le titre est inventif dans son level-design. Avec des biomes assez variés et une certaine verticalité dans les combats tactiques, le jeu de The Bearded Ladies a au moins la décence de proposer une construction un minimum intelligente, où l’utilisation du décor est parfois primordiale pour se sortir de situations relativement tendues.
Une petite perle artistique et sonore ?
Concernant l’aspect graphique, Miasma Chronicles est au rendez-vous. Avec pas mal de particules mais aussi un habillage graphique soigné jusque dans les animations ou les textures, le bébé de The Bearded Ladies est une production AA plus qu’honnête. Même si le jeu est assez loin de nous mettre une petite baffe graphique, il arrive parfois à nous émerveiller sur certains panoramas qui forcent le respect.
Idem pour ce qui est des éclairages, qui sont quant à eux maitrisés. Il peut y avoir parfois quelques freezes auxquels nous avons pu assister sur notre très bonne configuration PC mais le reste du temps, l’expérience est parfaitement fluide, et sans le moindre accroc. Pour pinailler un petit peu, le titre souffre quelquefois de problèmes de pathfinding entre les personnages, de divers bugs qui font un peu tâche, ou bien des cinématiques à la mise en scène hélas très maladroite.
Pour la bande-son enfin, elle part clairement sur le chemin de la réussite. Avec des doublage en VO de haute volée et quelques musiques à mi-chemin entre synthwave et électro, Miasma Chronicles prend bien sur son sound design. Les ratés proviendront des sous-titres français mal ou parfois pas traduits du tout, mais en dehors de ça, c’est un quasi sans faute.
Cet article peut contenir des liens affiliés