Si l’on vous dit terrain boueux, dérapages de l’extrême, figures acrobatiques, gros bolides américains et carrosserie qui voltige, vous penserez très probablement au Monster Jam, cet événement qui met en avant ces imposants Monster Truck. Assez peu populaire chez nous, la discipline a tout de même eu droit à plusieurs adaptations en jeu vidéo qui ont foulé nos terres européennes, le dernier en date étant Monster Jam Showdown. Faites vrombir les moteurs et préparez-vous à froisser de la tôle.
Conditions de test : Nous avons joué environ treize heures au jeu sur PlayStation 5, avec une copie fournie par l’éditeur. Pendant ce laps de temps, nous avons eu le temps de terminer l’intégralité des épreuves solo, d’accomplir la quasi-totalité des défis et trophées et réaliser une bonne trentaine de parties en ligne.
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Après avoir enchaîné les jeux de moto (et de motocross), Milestone a quelque peu revu son portefeuille de licences. Bien que toujours derrière MotoGP, l’équipe italienne a laissé de côté MXGP (reprise par Nacon) et s’est calmé sur les autres séries (RIDE, Monster Energy Supercross, SBK…). Il faut dire que l’équipe semble avoir trouvé un meilleur filon, avec des franchises comme Hot Wheels Unleashed et plus récemment, Monster Jam Showdown. Ici, pas de voitures miniatures, mais des bolides qui font deux fois votre taille.
A vous de prendre la piste à bord de ces énormes trucks. Vous savez, ces monstres de carrosserie qui se donnent en spectacle en off-road ou dans des arènes fermées et qui donnent lieu à des shows très « à l’américaine ». Ce n’est d’ailleurs pas le premier jeu à adapter cette discipline puisque l’on peut évoquer les très moyens Monster Jam Steel Titans chapeautés par THQ Nordic sortis sur cette dernière décennie. On ne va pas tourner autour du pot, cette nouvelle itération signée par Milestone est bien meilleure.
Déjà, parce que cette fois-ci, on part sur une aventure plus fermée et donc, mieux maîtrisée. Exit le monde ouvert, le studio italien a décidé de cloisonner son expérience. À la place, on nous propose plusieurs épreuves, reprenant parfois de réelles compétitions, et parfois, des défis un peu plus exotiques. Après un court tutoriel, on est donc projeté sur l’écran titre qui nous aiguille soit de partir en solo, soit en multijoueur, soit d’aller découvrir la boutique, soit d’aller zieuter ses différents bolides déverrouillés.
Histoire de se faire la main, on ira logiquement se tourner vers le Showdown Tour, mode solo du jeu, qui nous enverra dans trois régions des Etats-Unis : les paysages forestiers de la Death Valley, le Colorado et ses falaises et une Alaska recouverte de neige. Une fois l’endroit sélectionné, on peut alors lancer différentes épreuves réparties dans plusieurs zones, allant de la traditionnelle course à des épreuves de freestyle en passant par des head to head.
We’re all living in Amerika
La progression est relativement classique : selon notre position dans le top 3, on débloque un certain nombre de médailles. Des médailles nécessaires pour débloquer les régions et donc avancer dans les prochaines épreuves (à la difficulté progressive, quoique parfois en dents-de-scie). Quelques variantes sont proposées : outre les courses standards, on a aussi des courses Horde, où l’objectif est cette fois-ci de chasser les coureurs devant et de les maintenir derrière nous pour qu’ils rejoignent notre équipe avant la fin du temps imparti. Les épreuves freestyles sont aussi déclinées, avec ou sans un multiplicateur de combos par exemple. Enfin, on retrouve les showdown, ces rares courses en un-contre-un où il faudra cette fois-ci rester devant un unique adversaire et réaliser un certain score avant de franchir la ligne d’arrivée (et ainsi débloquer son véhicule).
L’ensemble se fait de façon fluide, aidé par des temps de chargement assez courts (sur nouvelle génération) et on grapille rapidement de nouvelles médailles. Plusieurs centaines sont à récupérer, ce qui permet tout de même d’avoir un contenu solo appréciable. Rajoutons à cela des défis secondaires comme réaliser un tel score de drift dans telle épreuve qui vont permettre de débloquer des éléments cosmétiques mais aussi de nouveaux bolides. Classique et efficace mais aussi rapidement redondant.
Si déverrouiller de nouveaux trucks est un prétexte suffisant pour enchaîner les tracés (et les recommencer si nécessaire), on a tout de même l’impression de tourner en rond. Déjà parce qu’on enchaîne tout ça très vite. Mais aussi parce que les biomes proposés ne sont pas très nombreux. Passer d’un terrain boueux à une épreuve en arène après avoir glissé sur les terres enneigées est un schéma assez sympathique le temps de la découverte mais cela n’évite pas la redondance une fois quelques heures de jeu engrangées. Quelques variantes sont bien proposées, mais cela ne suffit pas à atténuer ce sentiment de manque d’environnements.
Tourne à droite pour aller à gauche
Fort heureusement, Monster Jam Showdown profite de mécaniques de gameplay bien huilées : on accélère, on drift, on essaye de ne pas se retourner et on jauge notre accélération pour les virages. Il faut ajouter à cela quelques particularités : déjà, on doit bien gérer notre départ en dosant l’accélération pendant le compte à rebours. Ensuite, il est possible de jouer sur les quatre roues. Les amateurs de la discipline le savent, on ne conduit pas un Monster Truck comme une hypercar.
Ainsi, on peut jouer du joystick gauche pour tourner puis du joystick droit pour déplacer les roues arrières. Dans un virage, cela accentue le drift. Mais lorsqu’on effectue une acrobatie, cela ajoute des possibilités. Toute une prise en main qui est certes immédiatement fun, mais qui demande un peu de dextérité pour se perfectionner. N’oublions pas la physique du véhicule, puisqu’il faudra doser vitesse et inclinaison dans les airs pour assurer une bonne réception. Accessible et avec de la profondeur donc. Notons la présence de plusieurs options permettant de jouer sur les aides, comme l’aide au freinage etc.. Parfait pour s’adapter aux différents profils.
Tout cela fonctionne bien. Tout du moins, jusqu’à ce que la physique nous fasse parfois de drôles de choses. Si à terre, les sensations sont vraiment bonnes (et même parfois, très grisantes), c’est parfaitement autre chose quand on est dans les airs ou qu’on se retrouve les quatre pattes en l’air, retourné sur le sol. La faute à une physique parfois étrange, où l’on aurait presque l’impression d’avoir une sorte de gravité lunaire. Cela n’empêche pas de placer quelques wheelies et autres figures, mais dès lors qu’on se retrouve sur le côté, c’est une autre affaire.
Ainsi, les courses sont indéniablement le point fort du jeu, où l’on prend un réel plaisir à jouer, là où les épreuves freestyles peuvent parfois se montrer un poil frustrantes. Rien de bien terrible, on finit par prendre le pli, mais il faut avouer que se retrouver à l’envers, juste parce qu’on a mal jugé une réception hasardeuse, a de quoi causer quelques insatisfactions. Quoique, si l’on a bien quelque chose à redire sur les courses, c’est bien cette IA qui a du mal à se montrer maligne. Si elle tend à faire des courses correctes, elle n’a cependant aucune jugeotte quand à l’appréciation des distances, ce qui donne cette désagréable impression qu’elle ne vous calcule absolument pas.
Et si plus haut, nous avions blâmé le manque de biomes, il faut tout de même admettre que le soft a réalisé de vrais efforts sur les sensations. Déjà très bonnes une fois en piste, le studio a fait en sorte que l’on ressente les différents terrains. Drifter sur la boue ne procure pas le même ressenti que sur la glace. De même que la météo qui vient en rajouter une couche. On peut ainsi se retrouver confronté à de la pluie, de la neige ou encore du sable, ce qui va apporter des variations sur la tenue de route, et donc des sensations différentes (accentuées par une légère et agréable utilisation de la DualSense).
C’est pas de l’asphalte petit, c’est d’la terre
Entre deux épreuves du mode solo, on peut s’adonner à quelques parties en multijoueur. Divisé en plusieurs listes de lecture (Racing, Jam…), le online propose quelques modes plus funs, en plus de reprendre les épreuves classiques. On a par exemple ce mode où il faut foncer un maximum de fois sur les autres joueurs pour abimer leur bolide et tenter d’être le dernier survivant, ou encore celui où il faut dénicher des coupes qui apparaissent un peu partout et les ramener à sa base sans se retourner ou se faire taper par les autres, en 2 contre 2.
Fun, oui. Enfin, faut-il encore trouver d’autres personnes en ligne puisque quelques semaines seulement après son lancement, il est déjà difficile de trouver des parties en dehors des heures de pointe et ce, malgré la présence du crossplay. Aucune IA n’est proposée pour remplir les lobbys à moitié vidés (pourtant, Milestone ne s’empêche pas de déjà sortir un premier DLC dans le même temps). Heureusement, on apprécie la présence d’un mode écran scindé qui assure de bons moments en local. Dommage aussi de ne pas avoir la possibilité de créer sa propre course (en solo ou en multijoueur) en jouant sur des paramètres personnalisés.
Au rayon des autres manquements, on peut évoquer l’absence de mode cockpit. Si l’on peut switcher sur une vue capot avant, il n’y a tout simplement aucune vue intérieure. Une absence pas si catastrophique nous direz-vous, mais qui est tout de même bien dommage. Notons tout de même la présence d’un mode photo, assez basique, mais qui fait le taff pour prendre quelques clichés en apposant deux/trois filtres et autres effets de caméra qui viendront immortaliser vos meilleures actions.
Ce ne serait d’ailleurs pas délirant de conserver quelques photos puisqu’il faut bien avouer que le titre s’en tire très bien sur le plan graphique. Bien que l’on ressente les limitations d’un projet au budget restreint, les visuels sont de bonne facture et arrivent même à se payer de chouettes panoramas, aidés par une bonne gestion de la lumière et une appréhension correcte de l’Unreal Engine 5. On pense notamment aux effets liés au tempête de sable ou lors d’une pluie battante. Les bolides sont aussi bien modélisés et l’on peut y voir des dégâts visuels, avec de la tôle qui s’envole et des morceaux qui se retirent (uniquement visuel ici, aucune panne mécanique n’est à prévoir). Le tout est aidé par une bande-son appréciable : le sound-design est d’assez bonne qualité, accompagné de quelques musiques sous licence plutôt dans le ton, à défaut d’être très variées.
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