C’est visiblement le studio Rock Pocket Games qui a tenté de creuser plus en profondeur cette question avec Moons of Madness. Après un platformer/puzzle coloré via Shiftlings, les développeurs basé en Norvège plus précisément à Tønsberg ont voulu tenter quelque chose de nouveau avec cette production horrifique.
Le soft s’embourbe dans un univers made in Lovecraft le tout, dans une esthétique science-fiction. Finalement, force est de constater que les p’tits gars de Rock Pocket Games manquent encore d’expériences quand il s’agit de proposer quelque chose de rafraîchissant.
Conditions de test : Nous avons terminé Moons of Madness en environ 5 heures de jeu. Le jeu a été testé sur PC avec 16Go de RAM, une GTX 1070 et un i5 cadencé à 3.8 GHz.
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ToggleRêve, réalité ou pure folie passagère ?
Moons of Madness commence plutôt bien dans sa narration en nous laissant sa part de mystère. Effectivement, le titre nous plonge directement dans une ambiance glauque au possible où notre protagoniste Shane Newehart, ingénieur à la station Trailblazer Alpha, fait un rêve aussi étrange que glauque. Chose qui ne semble pas si alarmante pour notre personnage, qui finira par se réveiller plus tard, et continuera son travail sur la station. Ce dernier est d’ailleurs en charge de faire tout fonctionner correctement jusqu’à l’arrivée du vaisseau Cyrano, censé prendre la relève.
Seulement voilà, des phénomènes étranges se produiront bien plus tard dans ladite station, que notre héros et son équipage devront tenter d’élucider, et pouvant leur coûter au passage la vie ou les plonger littéralement dans une folie noire. Il n’est on en convient pas du tout évident de décrire la narration de Moons of Madness, se voulant diablement complexe au premier abord. C’est justement l’un des points intéressants de sa narration, qui parvient tout de suite à nous captiver.
Cependant, plus vous avancerez dans le fil rouge du titre, plus vous vous rendrez compte de la confusion désastreuse du synopsis. Le tout part assez vite en cacahuète dans la trame scénaristique, et donc vous serez presque obligé de lire les nombreuses notes sur les différents ordinateurs de bord afin de comprendre ce qu’il se trame. De plus, on restera finalement de marbre sur les personnages aussi plats que clichés, tout comme les retournements de situation totalement prévisibles voire classiques. Egalement, sa fin n’est en définitive guère surprenante et peu travaillée.
Rock Pocket Games manque encore de maîtrise sur le côté narratif, même s’il y a des signes encourageants. Ceci dit, nous nous consolerons sur sa direction artistique et son atmosphère. Le soft mélange en effet un background science-fiction – le titre se déroulant tout de même en 2063 -, avec un touche horrifique très stressante à la H.P. Lovecraft.
Ce mariage prend affreusement bien dans son ensemble, même si le côté horreur se révélera vraiment inégal, avec une grosse sensation de déjà-vu. Il y aura également de quoi déplorer le level-design, qui ne surprend à aucun moment en dépit de quelques idées intéressantes. Mais bien évidemment, ça s’arrête là.
Un gameplay avec des accrocs
On ne va pas se mentir, la sensation de déjà-vu est forcément bien présente sur le gameplay de Moons of Madness. A la manière d’un Observation, le soft de Rock Pocket Games est orienté narratif, un peu walking simulator, mais aussi parsemé de quelques énigmes à résoudre pour pouvoir progresser. Les deux premiers ne sont pas si gênants que ça car ces aspects-là parviennent à captiver. En revanche, cela reste quelque chose d’assez lambda, dont d’autres productions vidéoludiques ont déjà fait bien mieux dans ces domaines-là.
Concernant à proprement parler les puzzles à résoudre, ils sont d’ores et déjà plutôt variés. Si les premiers objectifs à accomplir sont plutôt barbants et relativement simples, ces derniers se complexifient légèrement plus par la suite, et font appel à de la logique pure et simple. Malheureusement, on se rend vite compte que le titre réveille ses vieux démons en proposant des énigmes à base de codes à trouver, voire quelques puzzles beaucoup plus simples et disposant de peu de challenges.
Rien de bien rafraîchissant donc, même si tout n’est pas à jeter car on ne retrouve pratiquement jamais les mêmes énigmes rassurez-vous. Par contre, on pourra reprocher au soft tout du long une certaine inégalité. Tout d’abord, Moons of Madness adopte la logique du « tout ou rien », dans la mesure où le rythme s’envole de manière folle durant quelques petites séquences angoissantes, pour ensuite faire retomber le soufflet, et nous endormir, comme les déplacements mollassons de notre protagoniste.
A ce propos, il y a bien des jumpscares à certains moments du soft pour tenter de nous faire hérisser nos petits poils sans défense. Mais une fois encore, l’inégalité se fait ressentir dans le sens où les jumpscares en question sont prévisibles à des kilomètres. Et même si l’ambiance du soft est plutôt glauque avec ce petit sentiment d’insécurité par moments, ce n’est pas pour autant que Moons of Madness fera aussi peur qu’un Dead Space.
Cela dit, on ne pourra qu’applaudir le côté immersif qu’apportera le titre à certains passages. Outre la possibilité de sortir hors de la station quand le jeu vous le demande, vous devrez aussi gérer en l’occurrence votre oxygène le tout, dans une interface qui arrive à nous immerger de manière impeccable.
Notre bioscope nous accompagnera aussi partout afin d’y voir nos objectifs, notre inventaire, tout comme scanner l’environnement et interagir avec les éléments qui amènent par la suite à des puzzles les trois quart du temps. Cette petite subtilité de gameplay est appréciable, bien que le bioscope soit finalement peu lisible, et dont le système d’inventaire est plus qu’anecdotique. En tout cas, chapeau bas pour le côté immersif qui reste réussi. Pour le reste, c’est classique et on repassera.
Une aspect technique manquant de peaufinage
Visuellement, Moons of Madness s’en sort avec les honneurs pour un titre avec un budget modeste. Le titre tournant sous le mythique Unreal Engine 4 nous donne un rendu plutôt satisfaisant de Mars et des diverses stations que l’on traverse dans notre périple. Ce n’est pas non plus une claque, mais force est de constater que le modélisation globale s’offre des textures propres, et alternent assez souvent entre le correct voire le joli.
Le jeu est bougrement propre sur PC d’ailleurs, même si on lui reprochera des chutes de framerates beaucoup trop conséquentes même sur une bonne bécane. L’optimisation est donc plus que limite, et le studio norvégien devra gommer ce genre d’erreur dans leurs prochaines productions. On espère au passage que l’optimisation sera bien meilleure sur les versions consoles, censées arriver en janvier.
Un petit mot concernant la durée de vie. Moons of Madness se finira en seulement cinq heures de jeu en traînant un peu ou en bloquant sur certaines énigmes. Il n’y a pas réellement de rejouabilité au programme, sauf si vous avez envie de refaire le jeu pour tenter de trouver et lire toutes les notes laissées dans le jeu. Pour un titre tarifé à 19,99 € c’est honorable, même si le prix est un poil excessif.
Dernière chose complètement solide à voir, ce sera le sound design. Avec des doublages en V.O. vraiment convenables dans l’ensemble, Moons of Madness se sublime un peu plus avec ses musiques. La plupart sont complètement discrètes mais renforcent cependant le côté angoissant et macabre dont se dote le soft, et il faut dire que cela fait vraiment bien le boulot. Sur ce point-là rien à dire, Rock Pocket Games maîtrise bien son sujet.
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