Fort du succès mérité d’Injustice 2, qui a réussi à se faire une place dans le monde de l’eSport durant plusieurs années, NetherRealm Studios compte peaufiner une fois de plus sa formule en s’attaquant à ce Mortal Kombat 11. Le studio revient à sa licence fétiche en nous proposant toujours plus de litres d’hémoglobine et de mises à mort toujours plus inventives et absurdes. Quatre ans après un Mortal Kombat X qui aura confirmé le retour réussi de la licence, ce onzième épisode doit transformer l’essai et imposer à nouveau la série comme un pilier central de la scène des jeux de combat.
Ce test a été réalisé à partir d’une version PlayStation 4. Nous n’avons donc pas pu essayer la version Switch du titre, mais vous pouvez visionner cette vidéo afin d’en voir les spécificités techniques.
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ToggleLe kombat des dieux
Ce onzième opus reprend les choses exactement à l’endroit ou nous les avions laissées après Mortal Kombat X. Cassie Cage a sauvé le Royaume Terre en battant Shinnok, qui fut décapité par Raiden ensuite. Le dieu de la foudre a malheureusement un peu perdu la tête entre temps, et ces actions extrêmes ne sont pas vraiment du goût de Kronika, qui n’aime pas qu’un dieu de seconde zone vienne faire mumuse avec le temps. Elle décide de lui infliger une bonne leçon en causant un sacré bordel temporel, où le passé et le futur s’entrecroisent, tout ça dans le but d’éliminer Raiden définitivement de toutes les lignes temporelles. Ce capharnaüm chronologique entraîne donc des rencontres cocasses entre les personnages et leurs doubles du passé, et donne lieu à des alliances inattendues afin d’empêcher Kronika de mettre son plan à exécution.
Encore une fois, NetherRealm Studios apporte un soin tout particulier au mode Histoire, qui jouit à nouveau d’une mise en scène travaillée, avec de nombreux combats qui offrent un spectacle visuel détonnant pour un jeu de combat. Bien que l’on soit encore face à un scénario de série B – qui ne s’en cache jamais, les interactions entre les versions du passé et du présent des personnages donnent naissance à des scènes qui prêtent souvent à sourire et qui versent dans le fan-service totalement assumé. Entre une Sonya Blade atterrée de constater qu’elle a eu un enfant avec Johnny Cage, ou bien Liu Kang et Kung Lao qui rencontrent leur homologue « zombifiés », les situations absurdes ne manquent pas.
On regrette néanmoins que tout cela ait un arrière-goût issu d’Injustice, qui proposait déjà ce genre d’interactions avec des personnages issus de temporalité différentes. Raiden semble d’ailleurs reprendre l’archétype du personnage de Superman, celui du tyran totalitaire prêt à tous les sacrifices pour son idéal. Heureusement, son personnage a le mérite d’évoluer, tout comme certains autres personnages du casting qui sont bien mis en avant dans ce mode Histoire. Sa durée de vie est d’ailleurs la même que celle des précédents jeux du studio, à savoir 4 ou 5 heures de jeu selon le mode de difficulté choisi, mais on aurait souhaité qu’il ne se termine pas si abruptement, laissant alors beaucoup de questions en suspens.
Des Tours au challenge korsé
Mais le mode Histoire n’est que la mise en bouche de ce Mortal Kombat 11, qui possède d’autres modes pour contenter les amateurs d’expérience solo. Les néophytes pourraient d’ailleurs bien profiter de cet opus pour s’essayer à la licence, puisque celui-ci met tout en oeuvre pour les accueillir dans les meilleures conditions. Entre les multiples tutoriels de base, avancés, de Fatality, et ceux consacrés aux personnages, on se familiarise très vite avec tout le système de jeu.
Il est d’ailleurs possible d’épingler certaines commandes directement sur l’écran de combat, comme des pense-bêtes très utiles pour l’apprentissage, et ce dans presque tous les modes, notamment les fameuses Tours. Ces dernières permettent d’affronter une série de personnages afin de débloquer moult récompenses, en plus d’un épilogue dédié à chaque personnage. Avec 25 personnages au compteur (notez que Kronika n’est pas jouable), un mode sans fin et un mode Survie, ces Tours auront de quoi vous occuper pendant un moment.
D’autant plus qu’elles sont désormais accompagnées par les Tours du Temps, qui reprennent le principe du Multivers dans Injustice 2, à savoir des défis limités dans le temps. Elles permettent alors de looter des équipements spécifiques aux personnages qu’elles mettent en avant, en plus de proposer des défis très variés et des combats spéciaux, comme des affrontements de boss. Particulièrement retors, ces boss vous mèneront la vie dure, puisqu’en plus d’être des sacs à PV, ils bénéficient parfois d’aide avec les modificateurs de combat. Si le challenge peut s’avérer amusant, l’équilibrage ne semble pas être encore totalement au point sur certains affrontements, avec des attaques ennemies qui passent à travers la garde et qui sont bien trop fréquentes pour espérer pouvoir martyriser le boss.
En dehors de ces boss, le reste de Tours est aussi exigeant, mais vous disposerez de vos propres modificateurs pour vous rendre la tâche plus aisée. Au fil de vos parties, vous obtiendrez de nombreux items pouvant être attribués avant un combat. Chaque item possède ses spécificités et son coût. Vous pouvez alors opter pour une aide très puissante, comme l’intervention d’un personnage en soutien, qui remplira tous vos slots d’objets, ou bien choisir des items moins puissants mais plus variés, comme le fait de pouvoir balancer un missile empoisonné sur l’ennemi ou de revêtir un bouclier qui augmentera votre résistance durant un temps. Cela permet alors de modifier chaque combat et de leur donner un aspect unique, d’autant plus que ces items se révèlent être vite indispensables pour finir certaines Tours.
Un bémol vient cependant enrayer la machine : les Tours du Temps ne sont accessibles qu’en ligne. Il faudra donc disposer d’une connexion Internet pour en profiter. Et ce mode n’est pas le seul, puisque la fameuse Krypte est également inaccessible offline. Voilà qui pourrait faire grincer quelques dents, d’autant plus que le loot semble ici être aléatoire, contrairement aux anciens opus. Pour trouver le skin de vos rêves, il va donc falloir compter sur votre chance, ou sur votre porte-monnaie, car à l’instar d’Injustice 2, les micro-transactions sont bien présentes. Mais encore une fois, elles ne sont qu’optionnelles et ne permettent que de pousser votre chance.
Cette connexion obligatoire pousse même le vice plus loin, car tout ce que vous aurez gagné en étant connecté disparaîtra à la seconde où vous passerez en offline. Vos sets de personnages avec leurs différents skins ne seront donc pas accessibles, tout comme votre monnaie qui retombera à zéro (logique, puisque vous ne pouvez plus accéder à la Krypte). Une décision tout à fait incompréhensible, qui ne plaira certainement pas à la communauté.
Une Krypte réinventée
En dehors de ces aspects quelque peu négatifs, la Krypte a subi un sacré lifting dans ce Mortal Kombat 11. Exit la vue FPS, place à une vue TPS avec un personnage qui se déplacera caméra à l’épaule pour dénicher tous les trésors du labyrinthe. Il est donc plus aisé de s’y retrouver, ce qui est essentiel tant la Krypte est particulièrement grande et remplie de dangers (oui, les screamers sont toujours de la partie). Elle propose plusieurs énigmes assez simples avec des mécanismes à enclencher et des puzzles, mais elle apparaît encore une fois comme un vrai jeu dans le jeu, ponctué de clins d’œil pour les fans de la série. Ouvrir tous les trésors vous demandera donc des dizaines d’heures de jeu. De quoi pousser les joueurs à rester actifs pendant des mois afin d’obtenir tous les artworks, musiques et autres collectibles.
La plupart des items que vous obtiendrez vous serviront ensuite à customiser vos personnages. Une fois encore, le spectre d’Injustice 2 se ressent avec ce système d’équipement, qui a le mérite d’être simplifié, bien que cela ne soit pas évident au premier abord. Malgré un manque de clarté, ce système est bien plus équilibré que dans le précédent jeu du studio, tout en permettant de personnaliser à l’envie son combattant préféré avec une myriade de skins (en comptant les colors swap).
Il est également possible de choisir entre plusieurs intros et outros, de modifier le comportement de l’IA ainsi que d’ajuster les compétences de nos personnages en combat. Chaque protagoniste dispose de trois slots de capacités, que vous pourrez lui attribuer selon vos préférences. Cela permet de trouver le style qui nous sied le plus et d’apporter un peu de fraîcheur au gameplay, bien que le nombre de personnages différents soit déjà totalement satisfaisant.
Une fois votre personnage à votre goût, vous pourrez vous aventurer dans les différents modes onlines que propose le titre. Même si la « Ligue de Kombat » n’est pas encore disponible, l’aspect online du titre est déjà suffisamment fourni. Entre la possibilité de créer ses lobbys, les matchs classés et le mode « Roi de la Colline », véritablement agréable et complet, Mortal Kombat 11 semble déjà préparer sa carrière e-sportive avec le plus grand des soins.
Les Factions ont en revanche disparues du titre, pour laisser place à un mode qui met en place des affrontements d’équipes gérées par l’IA. Vous devrez alors constituer votre team de trois personnages, qui agiront en tant qu’équipe de défense contre les assauts de vos opposants. Vous pouvez ensuite regarder les différents matchs, bien que cela ne soit pas du plus grand intérêt. Ce mode servira surtout à débloquer quelques items par-ci par-là sans avoir à bouger le moindre petit doigt, ce qui ne le rend pas des plus passionnants.
Un koup fatal qui fait mal
En parlant du gameplay, celui-ci conserve tout ce qui faisait son charme, mais les attaques X-Ray laissent désormais la place aux Fatal Blows, tout aussi impressionnants. Ceux-ci peuvent être déclenchés une fois par combat lorsque votre barre de vie tombe en dessous des 30%, et mettent un certain temps à se recharger si vous ne parvenez pas à toucher votre adversaire. Aussi puissantes que bien mises en scène, ces attaquent peuvent totalement chambouler le cours d’un combat et renverser les situations les plus désespérées. Un ajout qui ne se contente donc pas que de faire le spectacle, puisque son utilisation est plus stratégique qu’elle en a l’air.
Bien que moins visibles à première vue, les barres de puissances liées à l’attaque et à la défense sont désormais séparées, ce qui apporte un léger changement. Elles gardent néanmoins le même rôle tout en équilibrant les choses. Il est toujours possible d’amplifier certaines attaques, mais plus de les spammer comme un forcené. Tout comme il n’est plus envisageable de jongler indéfiniment avec votre adversaire, puisque celui-ci peut puiser dans sa barre de défense pour retomber plus vite au sol.
Ces petits ajustements bonifient un système de combat qui était déjà suffisamment profond, et personne ne viendra s’en plaindre, quand bien même l’inertie serait un poil plus lourde que dans le précédent opus. On aurait pu croire que ce détail – qui ne se ressent pas énormément – modifierait le rythme de combat, mais il n’en n’est rien. On gagne même en stratégie, puisque le gestion des déplacements devient nettement plus importante ici avec la disparation du run, et les dashs sont à utiliser avec précaution.
Aussi krade que beau
Naturellement, les Fatality viennent conclurent les joutes de la façon la plus ignoble et gore qu’il soit, et on se réjouit de voir qu’elles sont toujours aussi inventives. On est obligé d’adresser une mention toute particulière à l’une des Fatality de Johnny Cage, où il prend le torse de son adversaire comme un pantin, qui est aussi drôle qu’ignoble. Les fans de violences exacerbées seront donc aux anges, malgré quelques Fatality plus classiques comme celles de Kotal Khan ou Skarlet qui se contentent du minimum visuellement.
Heureusement, même les plus banales mises à morts assurent le spectacle grâce à la plastique de ce Mortal Kombat 11. Sans aucun doute, le titre surpasse tous ses concurrents et affiche un rendu quasi impeccable, avec une fluidité à toute épreuve et une modélisation de personnage presque parfaite. C’est aussi le cas pour les 19 arènes, qui disposent d’une profondeur de champ assez réduite, mais dont la composition est très fournie.
Notez d’ailleurs que les interactions avec les décors sont toujours présentes. Il est donc toujours possible d’éclater la tête de l’adversaire contre une voiture ou de le carboniser en activant le mécanisme d’une statue, pour notre plus grand plaisir. Le moteur de NetherRealm fait aussi des merveilles lors des différentes cinématiques et durant les introductions de combats, où chaque duo de combattants a droit à un petit dialogue personnalisé.
La réussite technique de ce Mortal Kombat 11 ne se situe pas seulement au niveau de l’image, puisque le studio a une nouvelle fois accordé un soin tout particulier au sound-design. Le craquèlement des os et les décapitations paraissent encore plus horribles lorsqu’ils sont accentués par ce travail sonore particulièrement bien travaillé. Cependant, le mixage sonore de la VF est moins convaincant (on peine parfois à entendre certaines répliques), surtout lorsqu’il est couplé à une synchro labiale défectueuse.
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