Officialisé fin février, MotoGP 22, la nouvelle itération de la licence annuelle consacrée aux championnats du monde MotoGP, Moto2 et Moto3, sort ce jeudi 21 avril sur PC via Steam, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series X|S et Nintendo Switch. Toujours chapeauté par Milestone en parallèle des franchises MXGP, Monster Energy Supercross et Ride, cet opus parvient-il à être plus convaincant que le MotoGP 21 perfectible et paresseux auquel nous avons eu droit l’an dernier ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé avec une manette DualSense sur PlayStation 5 et un téléviseur 4K pendant environ 15h, temps nécessaire pour terminer le mode NINE Season 2009 en ligne droite, récupérer le plus de médailles possible dans la MotoGP Academy, débuter une Carrière en MotoGP ainsi que participer à quelques courses et sessions de contre-la-montre dans les catégories Moto2 et Moto3 tout en jouant avec les nombreux paramètres disponibles. Le jeu n’étant pas encore officiellement commercialisé au moment de la publication de cet article, les fonctionnalités multijoueur n’ont pas été testées.
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ToggleUn agréable moment de nostalgie
Comme annoncé il y a environ deux mois par la firme milanaise, MotoGP 22 intègre comme principale nouveauté un mode de jeu scénarisé. Intitulé NINE Season 2009, il nous donne l’opportunité de (re)vivre les moments forts du championnat du monde MotoGP 2009 par l’intermédiaire de 17 chapitres, un consacré à chaque grand prix du calendrier, réunissant un total de 39 épisodes et 46 scénarios jouables.
Mettant essentiellement en scène les quatre principaux acteurs de cette saison, à savoir l’iconique champion italien Valentino Rossi, son coéquipier et rival chez Yamaha Jorge Lorenzo, l’énigmatique coureur australien Casey Stoner et le maudit Dani Pedrosa, sans oublier de donner un petit coup de projecteur à d’autres pilotes comme Marco Melandri, Toni Elias et Nicky Hayden pour ne citer qu’eux, ce docu-film tire habilement sur la fibre nostalgique en alternant à un bon rythme entre archives vidéos et phases de gameplay, ces dernières pouvant s’étaler de quelques secteurs à plusieurs tours de course.
Porté par la voix du documentariste et réalisateur britannique Mark Neale qui profite par ailleurs d’un excellent doublage audio dans sa version française, on prend un réel plaisir à (re)découvrir les événements de cette année-là, conduire ces différentes bécanes de légende dans des conditions similaires à ce qu’elles étaient à l’époque (météo, usure des gommes, habillage TV…) ainsi que rouler sur les tracés historiques qui ne sont plus au calendrier aujourd’hui comme ceux d’Indianapolis (États-Unis), de Donington Park (Royaume-Uni) ou encore d’Estoril (Portugal).
Les développeurs ont également essayé d’apporter de la variété et du challenge en nous invitant à accomplir des objectifs principaux et secondaires dans le but de pouvoir accéder au chapitre suivant et débloquer l’accès à diverses livrées officielles (performance en course, ne pas se faire dépasser par notre ou nos adversaires, avoir une certaine avance sur un concurrent spécifique…).
Pour ce qui est de la durée de vie, c’est un peu compliqué de l’estimer avec précision, celle-ci risquant de pas mal varier en fonction des paramètres choisis. Dans notre cas, avec une IA fixée aux alentours des 45-50 % et la majorité des aides à la conduite activées, nous avons mis environ 6h pour boucler la campagne en ligne droite et on suppose qu’il nous en aurait fallu le double pour tout finir à 100 %.
Même s’il est dommage que ce docu-film souffre de l’absence d’intervenants extérieurs pour venir approfondir davantage sa dimension informative, NINE Season 2009 est un mode réussi que l’on dévore du début à la fin sans aucun sentiment de lassitude.
Néophytes et habitués de la série enfin réunis ?
En plus de passer un agréable moment de nostalgie avec NINE Season 2009, MotoGP 22 a exprimé le souhait de s’ouvrir à un plus large public. Dans un premier temps, cela passe par l’arrivée d’un système d’analyse de conduite nous aiguillant vers un didacticiel précis ou nous conseillant de modifier certains réglages afin de nous aider à trouver le meilleur équilibre dans notre expérience de jeu.
Dans le second, cela consiste à pousser les portes de la MotoGP Academy. Concept très classique, voire même assez old school, pouvant faire écho aux permis de la licence Gran Turismo, ce mode nous invite à établir le meilleur chrono possible sur chaque circuit du calendrier 2022, d’abord secteur par secteur puis sur un tour complet, avec une MotoGP et par temps sec. Objectif : rafler toutes les médailles d’or.
S’il s’agit surtout d’un outil d’apprentissage bien huilé où l’on s’exerce à prendre correctement les bonnes trajectoires et à maîtriser les différentes motos présentes au roster, cela offre aussi un challenge supplémentaire pour les habitués de la série. Même si on aurait apprécié prendre également part à des défis à dos de Moto2 et Moto3, se déroulant sur une asphalte détrempée et mettant en avant les tracés historiques de 2009, très sincèrement, il s’agit d’une solide main tendue aux non-initiés.
Mais est-ce suffisant pour faire de cet opus une vraie porte d’entrée pour les néophytes ? Malheureusement non car la conduite reste très orientée simulation. Autrement dit, elle est exigeante à prendre en mains et punitive en cas d’erreur, et ce malgré une bonne exploitation des fonctionnalités de la DualSense (retour haptique + gâchettes adaptatives) qui offrent un gain de sensations intéressant en piste (patinage, perte de la roue arrière…).
D’ailleurs, sachez que le gameplay a encore gagné en profondeur, notamment grâce à l’ajout du Ride Height Device (Appareil de Hauteur de Pilotage en français). Activable en appuyant sur une simple touche, cette mécanique permet d’ajuster manuellement la compression de la suspension du véhicule afin de lui faire délivrer toute sa puissance tout en évitant les wheelies à l’accélération.
Concernant les autres ajustement mineurs apportés au pilotage, le sillage laissé par les joueurs et joueuses et l’IA est mieux pris en compte, ce qui peut avoir un impact sur la température des freins et des pneus, le système des suspensions a été affiné pour accroître la sensibilité du deux-roues dans les virages et la déformation des gommes ainsi que le rendu des surfaces des circuits sont désormais davantage réalistes.
Concrètement, à moins d’être habitué à rouler avec très peu voire aucune assistance depuis plusieurs années, ces changements ne devraient pas bouleverser votre manière de conduire par rapport à MotoGP 21. Notez toutefois qu’on a eu l’impression d’avoir légèrement plus de difficultés à piloter dans des conditions humides.
Une expérience qui se bonifie malgré des défauts persistants
Alors qu’on avait eu la désagréable sensation que Milestone avait fait preuve de suffisance il y a un an, le sentiment est tout autre avec MotoGP 22 qui a la carrure d’un vrai nouvel épisode plutôt que celle d’une simple mise à jour de la mouture précédente. Outre le mode NINE Season 2009, la MotoGP Academy et les améliorations apportées au gameplay, d’autres facettes ont bénéficié de divers ajustements sympathiques dans l’ensemble.
C’est le cas du moteur graphique qui affiche un rendu visuel global plus appréciable à l’œil au point que l’on estime ne pas être très loin de prendre une petite claque lorsqu’on passe du temps dans le showroom et qu’on roule de nuit ou dans des conditions humides. La modélisation des visages offre également un résultat bien plus propre et digne d’une version d’un titre tourné vers la next-gen.
Attention cependant, tout n’est pas parfait. Les graphismes dans les stands ne font pas honneur aux efforts fournis par les développeurs, du clipping et des textures baveuses apparaissent encore à l’écran de jour sur plusieurs circuits et il nous est arrivé d’être victime de très rares et brèves chutes de framerate en course.
Côté contenu, celui-ci est toujours conséquent. Même si on regrette l’absence des MotoE au lancement, de la météo dynamique et qu’il y ait peu de têtes préconfigurées dans l’interface de création de notre pilote (une dizaine chez les hommes et trois chez les femmes), la production se dote enfin du multijoueur local en écran partagé et du cross-play entre les plateformes de la même famille (PS4/PS5 et Xbox One/Xbox Series X|S). Quant à la Carrière, elle n’a pas bougé d’un pouce si ce n’est qu’on peut maintenant choisir d’opter pour un calendrier complet (21 GP), intermédiaire (15 GP) ou réduit (8 GP), fixe et donc impossible à personnaliser, en amont de chaque saison.
Particulièrement perfectible à la sortie de MotoGP 21, A.N.N.A. a repris des couleurs pour notre plus grand bonheur. Certes, il peut encore lui arriver d’avoir une attitude légèrement hasardeuse en piste mais cela reste largement à la hauteur de ce qu’on attend d’un jeu de course axé simulation aujourd’hui. Les batailles contre elle sont particulièrement prenantes et le spectacle est au rendez-vous.
En revanche, le comportement du pilote automatique est discutable à maintes occasions, la fonctionnalité nous demandant d’aller relever manuellement sa moto après une chute reste inintéressante puisque seuls les joueurs sont impactés, pas l’IA, et il n’existe toujours pas de système de pénalités pour sanctionner le manque de fair-play en piste.
Concernant la trajectoire dynamique, celle-ci semble avoir subtilement gagné en précision mais demeure moins fiable qu’afficher les points de freinage et d’accélération. De plus, on aimerait grandement que la société milanaise planche sur un moyen ou une option d’accessibilité venant améliorer sa lisibilité car la taille des flèches est trop petite et le ton des couleurs choisies est trop sombre.
Enfin, mis à part quelques bugs rencontrés ici et là au cours de notre session, les menus sont un peu plus modernes et ergonomiques et les commentaires audios français s’avèrent plus pertinents à écouter que par le passé. Cependant, en comparaison avec la voix off du mode NINE Season 2009 ou ce que propose Julien Fébreau dans les jeux de F1 par exemple, ils peinent encore à capter pleinement notre attention.
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