Très souvent, ce sont les jeux de plateau Warhammer qui sont adaptés à tire-larigot au format vidéoludique, ou bien plus récemment un certain Battletech. Désormais, c’est logiquement au tour d’un certain Mutant Year Zero de s’essayer à cette transformation vidéoludique. Intitulé Mutant Year Zero : Road to Eden, le soft est développé d’ailleurs par un petit studio composé d’anciens développeurs de la licence Hitman, soit The Bearded Ladies. Avec des personnes ayant tout de même un bagage relativement séduisant sur leur C.V., cette adaptation en jeu vidéo de Mutant Year Zero parvient-elle à nous convaincre, ou nous laisse-t-elle de marbre ?
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ToggleLe jardin d’Eden
Après un didacticiel en guise d’ouverture, Mutant Year Zero : Road to Eden nous pose le décor sur sa narration. Le soft prend place dans un futur pas si lointain, où une attaque nucléaire a ravagé le monde. Depuis, les derniers survivants humains vivent dans l’arche, une ville flottant au-dessus des diverses vapeurs radioactives régnant désormais sur le monde. On suivra d’ailleurs le périple de traqueurs, avec notamment Bormin et Dux, deux mutants anthropomorphiques. Les bougres visitent régulièrement les zones dévastées du monde à le recherche de ressources, afin d’alimenter suffisamment l’Arche. Nos héros, accompagné d’autres mutants qu’il rencontrera en cours de route, découvriront malgré eux l’existence d’un Eden, qu’ils vont devoir trouver afin d’y découvrir notamment leurs origines, et éradiquer en même temps la menace d’une mystérieuse secte.
Mutant Year Zero : Road to Eden nous emmène dans un récit finalement sans surprises, et très générique pour un titre orienté post-apocalyptique. A contrario, la narration reste au moins bien ficelé, et on a droit à un petit twist scénaristique intéressant et plutôt excitant sur la fin. Cela pourrait nous emmener pourquoi pas à une suite, voire une extension ou un DLC. Reste à voir pour le coup si les développeurs auront encore quelque chose à raconter si suite de Mutant Year Zero il y a. Au-delà de ça, le soft ne manque pas de charme, notamment sur l’écriture des personnages. Ils en deviennent vite attachants, les dialogues en général sont assez soignés avec une petite touche d’humour, tout comme le traitement de chaque personnage, aux petits oignons. Certes, on retrouve par contre une part de superficialité dans le fond mais cela n’est que minime, et on finit malgré tout par apprécier la plupart de nos héros, tout comme leur chara-design, qui sont diablement réussis.
En dépit de sa narration que l’on voit venir, Mutant Year Zero : Road to Eden ne manque pas de charme dans sa direction artistique post-apocalyptique, et dans son écriture globale.
On aura compris que le titre n’est pas dénué de défauts dans son histoire qu’il raconte, mais arrive à faire systématiquement mouche dans son background post-apocalyptique. On retrouve des décors totalement dévastés par une attaque nucléaire, et il faut bien avouer que la plupart des décors racontent parfois une histoire, avec notamment quelques notes à ramasser par-ci par-là, et nous apportant quelques petits éclaircissements sur ce qu’il s’est passé avant la catastrophe. Les différents panoramas des différentes zones restent relativement variées, et on restera systématiquement bouche béé par la qualité artistique du soft, aussi dépaysante que charmeuse. On passera un long moment à observer les différentes zones dans les moindres détails tellement l’orientation artistique en jette. Honnêtement, on sent le savoir-faire des développeurs, qui ne semblent pas avoir perdus la main après avoir travaillé notamment sur Hitman.
L’autre gros point fort et pas des moindres, ce sera indéniablement son level-design, que les développeurs semblent maîtriser haut la main. Qu’on soit clair, les différentes zones semi-ouvertes du jeu qui nous sont proposées, restent très clairement bien construites dans l’ensemble. Tout est parfaitement cohérent pour y inclure ce mix entre exploration, infiltration et tactique, et il faudra à chaque fois préparer minutieusement ses attaques en embuscade notamment, pour ne pas se faire vite déborder par les nombreux ennemis qui joncheront la plupart des zones. De ce côté-là, tout est parfait, et les amateurs d’exploration comme les stratèges en herbe devraient y trouver complètement leur compte.
Goules VS. Mutants
Dans son gameplay, et si vous avez déjà lu notre preview jadis, vous ne serez pas dépaysé si vous avez déjà joué un tant soit peu à un X-COM. Effectivement, en sus d’avoir son côté exploration et infiltration, le soft adoptera un système de combat tactique au tour par tour, comme la licence de Firaxis. Comme tout jeu de ce genre, votre escouade, limitée hélas à seulement trois personnages en combat, auront à disposition leurs compétences bien à eux, mais aussi les actions basique telles que les tirs de couverture, les déplacements, se retrancher, tirer, lancer des grenades, recharger ou encore utiliser des kits de soins si vous en possédez.
De plus, vos protagonistes, n’auront que deux points d’action chacun – un déplacement et un tir par exemple – ou bien sprinter à un autre endroit bien précis, ce qui vous usera automatiquement vos deux points d’action. Globalement, le gameplay reste assez solide, mais reste dans le fond sans trop de surprise en définitive. Également, on pestera sur la caméra partant quelquefois en vrille, mais aussi quelques statistiques parfois un peu faussées. Il nous est arrivé par exemple lors du test, de pouvoir toucher des ennemis alors que nous avions seulement 25 % de chance de l’ajuster, et qu’il était caché derrière un abri total ou partiel pour se protéger… Il est aussi par moments relativement illogique de pouvoir aussi toucher une méchante goule dans des angles impossibles, où des bouts de décors sont censés entraver notre chemin. C’est regrettable, et on notera des combats qui manquent aussi un peu de patate. Mais cela n’est finalement pas bien gênant car on peut se dire que les développeurs ont peut être voulu choisir des combats un peu réalistes dans la gestuelle des persos.
Outre tout le côté tactique qui ravira les fans de XCOM et d’autres jeux tactiques au tour par tour, il y a aussi la phase infiltration. C’est l’une des spécificités originale de Mutant Year Zero : Road to Eden qui fonctionne bien tout le long de notre progression. En évoluant dans chaque zone, nous aurons la faculté d’embusquer quelques ennemis isolés, avec la possibilité de le mettre hors d’état de nuire tout en silence. Pour ce faire, il faudra forcément être équipé d’armes silencieuses, et surtout faire en sorte que vos pétoires fassent suffisamment de dégâts pour lui enlever tous ses points de vie en un seul tour.
En effet, si vous passez ce seul et unique tour sans le tuer – sauf si vous l’avez assommé avec l’une des capacités spéciales de l’un de vos personnages en l’occurrence si c’est un ennemi organique – votre adversaire en question va alerter ses bons vieux copains goules, et vous voilà parti pour vous frotter à toute la troupe d’ennemis. Dans ce cas-là, bonne chance pour tous les éliminer, si vous n’avez pas fait au préalable votre petit repérage des ennemis dans chaque zone pour en éliminer un maximum, et ainsi avoir un avantage stratégique sur vos adversaires. Le bestiaire ne reste au passage pas si varié que ça car vous aurez en général des maraudeurs, des goules, ou bien des tanks, qui peuvent d’ailleurs assommer gentiment l’un de vos mutants si vous ne prenez pas vos précautions. Cette mécanique infiltration est bien huilée, car cela permet de préparer tranquillement vos futures attaques, et apporte une dimension tactique supplémentaire qui vous force à réfléchir sur comment aborder la zone en question en tuant un maximum d’ennemis sans vous faire repérer, et ainsi éliminer le groupe de méchants restant.
Après ce mariage réussi entre tactique au tour par tour et infiltration, que vaut la phase exploration ? Honnêtement, sans être ouffissime, elle reste des plus agréables. On se baladera en général sur les différentes zones du soft, et on pourra notamment y ramasser bon nombre de choses. Effectivement, en vous promenant dans les différentes zones semi-ouvertes, vous serez amené à ramasser quelques notes par-ci par-là, de la ferraille, des artefacts, quelques trousses de soins ou grenades qui traînent, ou bien encore du loot. Pour en venir justement au loot, il faut savoir que vous tomberez parfois sur quelques coffres qui renfermeront de l’équipement – des casques et des armures pour mieux vous protéger et vous donner des bonus – mais aussi d’autres caisses renfermant quelques pétoires. Très honnêtement, cette partie loot à base de coffres est grisante, même si nous pesterons assez rapidement sur le nombre quand même très limité d’armes, mais aussi d’équipements qui nous viennent parfois en double ou en triple… En soi, le côté exploration est vachement bien amené car on peut vraiment aller où nous voulons, et même dans les zones qui ne sont pas de votre niveau pour tenter de passer entre certains ennemis, et donc chiper quelques ferrailles ou quelques coffres qui traînent dans la zone.
Le bébé de The Bearded Ladies s’offre un mélange peu commun entre exploration, infiltration et tactique, et ça fonctionne du feu de dieu !
Pour faire progresser nos protagonistes, un système de compétences et d’inventaire est bien évidemment de la partie. En tuant des ennemis isolés ou en groupe, vos protagonistes gagnent de l’expérience et montent en niveau. Par la suite, ces derniers pourront y dépenser leurs points de compétences dans des mutations ou bien leurs caractéristiques. Les mutations donneront de nouvelles compétences assez chouettes à vos différents protagonistes qui abordent plus ou moins des classes de types psy (Magnus seulement), soutien (Selma en l’occurrence), tank (uniquement Bormin), ainsi qu’assassin (Dux et Farrow). Il n’y a pas beaucoup de classes vous en conviendrez, et c’est plutôt dommage. A contrario, la plupart des compétences passives ou actives que vous gagnerez au fil du jeu apportent un vrai plus aux combats. Vous pouvez par exemple contrôler des ennemis mécaniques, assommer un ennemi pendant trois tours, tirer deux fois dans un seul tour, etc..
Concernant ensuite les caractéristiques, il s’agira là de quelque chose d’assez basique. Moyennant quelques points de compétences, vos héros pourront bénéficier d’un point de PV, de points de déplacements, ou bien de lancer de grenades en plus. Ensuite, il y a l’inventaire. Dans son interface globale, nous serons en état de choisir notre escouade de seulement trois mutants en combats, mais aussi de personnaliser nos personnages. Il sera possible de leur assigner une arme primaire et secondaire, un casque, une armure, des grenades, mais aussi choisir parmi vos compétences actives ou passives. Tout est franchement bien fignolé en terme d’interface, vraiment claire et limpide pour le coup. Globalement, entre le système de compétences et d’inventaire, le tout est costaud. En revanche, on aurait vraiment aimé qu’il soit mieux approfondi en terme de contenu. Toutefois, et nous sommes obligés de l’admettre, la progression globale reste d’une cohérence sans faille.
Concernant la difficulté et la durée de vie, cela souffle vraiment le chaud et le froid. Côté difficulté, il y en a pour tous les goûts avec plusieurs modes de jeu – normal, difficile extrême – et même le mode mutant d’acier, qui vous interdit de sauvegarder manuellement, et la mort de vos protagonistes est permanente. Mutant Year Zero se veut accessible au plus grand nombre, des néophytes aux fans hardcore de tactique au tour par tour. D’ailleurs, la difficulté des combats n’est pas excessivement difficile du moins en mode normal. En effet, les combats tactiques sont finalement plutôt bien équilibrés en soi, et rien qu’en farmant un petit peu avant chaque combat, vous n’aurez pas trop de difficulté à éliminer les différents ennemis si vous vous y prenez bien. On sera juste un peu désabusé par le comportement un peu débile de l’I.A. lors des combats mais dans l’ensemble, la difficulté normale tient la route, et on ne doute pas que le mode difficile et extrême apporteront un challenge plus relevé pour les plus courageux d’entre vous. En ce qui concerne la durée de vie du jeu, cela reste une petite déception. Il faudra au moins 15h de jeu pour boucler l’aventure de Mutant Year Zero : Road to Eden, en sachant que la rejouabilté est finalement quasiment nulle. C’est très maigre pour un titre du genre, mais pour 34,99 €, il faut admettre que le prix proposé est relativement convenable.
Retour à l’arche
Une fois du loot récupéré dans les divers coffres – dommage que cela ne soit pas procédural d’ailleurs – ou après avoir récupéré des artefacts ou de la ferraille, vous devrez retourner à l’arche pour les dépenser à votre guise. L’arche est clairement un système de Q.G., et vous permettant d’aller à bon nombre d’endroits pour upgrader vos équipements entre autres. Dans un premier temps, vous avez la boutique d’Iridia. En échange de quelques ferrailles, vous pourrez obtenir des grenades, cocktails molotovs, kit de soins, armures ou pétoires. Le système de boutique est intéressant, mais on aurait aimé par exemple revendre quelques équipements en double pour se faire par exemple un peu de ferrailles…
Par la suite, nous avons le bar chez Pripp. Avec les artefacts que vous ramenez, vous pourrez directement acheter de nouvelles compétences passives. En somme, vous pourrez avoir des réductions sur la boutiques d’Iridia, ou encore vous soigner plus efficacement en l’occurrence. Enfin, vous aurez à disposition l’atelier Delta. Avec différentes pièces d’armes que vous ramasserez dans les zones, vous aurez la possibilité d’améliorer vos armes au niveau des dégâts et coups critiques notamment. De plus, et en fonction des objets d’armes que vous aurez ramassés, vous pourrez instantanément les équiper sur vos armements, et ainsi leur donner d’autres bonus non négligeables comme la portée par exemple. Pour terminer, sachez que vous pourrez aussi aller parler au chef de l’arche qu’est l’aîné, et en apprendre un peu plus sur l’histoire. Concrètement, ce système d’arche est clairement bien pensé, et en parfaite cohérence avec le reste du jeu. Cela dit, on sent qu’il manque peut-être un chouïa de profondeur, comme par exemple un petit aspect gestion même léger qui aurait été bienvenu pour avoir une véritable raison d’y retourner très souvent.
Un habillage graphique agréable, avec un sacré manque de finition
Graphiquement, Mutant Year Zero : Road to Eden confirme ce que l’on savait depuis la gamescom : le jeu est franchement joli en tout point. Les textures proposées sont de grande qualité, le visuel des arrière-plans franchement flatteur, et on apprécie une modélisation 3D des personnages extrêmement détaillée, et agréable pour la rétine. Pour un jeu qui se considère comme un « tactical adventure », Mutant Year Zero : Road to Eden n’a pas à rougir de sa qualité graphique vraiment de qualité, plutôt bien coloré, et surtout assez propre. Par contre, en dépit de ses nombreuses qualité graphique, on ne lui enlèvera pas ses nombreux soucis de finition. Divers bugs viennent ternir l’expérience, des soucis d’optimisation sont présents, et quelques retards d’affichage sont à signaler sur le titre de The Bearded Ladies. On vous rassure, notre configuration est largement suffisante pour le faire tourner, et nos drivers étaient totalement à jour lors de notre test. On a vraiment la sensation que les développeurs se sont peut-être un peu trop dépêchés de le sortir, ce qui donne un bon résultat au niveau des graphismes certes, mais qui se tape de nombreux soucis de finition. Cela dit dans l’ensemble, même les animations du soft ou les cinématiques un peu bande dessinée du titre dépotent clairement. Pour un titre développé par un petit studio, chapeau bas.
On clôturera néanmoins le test, avec le sound design. Le titre de The Bearded Ladies adoptera des voix en anglais, avec cependant des sous-titres français aux petits oignons. Il y a peut-être deux ou trois petites coquilles dans la traduction qui peut faire tiquer mais dans l’ensemble, c’est du tout bon comme l’acting des personnages en V.O., incontestablement de haute volée. Les musiques adoptent quant à elle un style tantôt électro, avec quelques petites notes de synthé pas forcément déplaisantes. Les thèmes musicaux collent bien à l’univers dans l’ensemble, et cela reste d’une cohérence sans faille.
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