La série des Naruto Ultimate Ninja Storm représente autant l’apogée du genre du battle arena 3D que son essoufflement. Le quatrième épisode est venu mettre un point d’orgue à la série tout en nous faisant ressentir qu’un Ultimate Ninja Storm 5 n’était absolument pas nécessaire, du moins pas sans un grand bouleversement de la formule, qui a trop tiré sur la corde. Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba – The Hinokami Chronicles – qui est aussi développé par CyberConnect 2 – a montré qu’au-delà même de la surexploitation de la licence Naruto, le genre stagnait complètement. Ce qui a peut-être poussé Bandai Namco à jouer la sureté en préférant se concentrer sur le grand best-of qu’est Naruto x Boruto: Ultimate Ninja Storm Connections, plutôt que de tenter le développement d’un opus canonique avec Ultimate Ninja Storm 5 qui devrait se réinventer.
Naruto x Boruto: Ultimate Ninja Storm Connections ne trompe donc personne : il n’est qu’une compilation déguisée de tous les opus de la série, n’offrant que peu de nouveautés si ce n’est la promesse de retrouver toute l’histoire de la saga sur une seule galette. De quoi offrir un contenu gargantuesque, du moins en théorie.
Conditions de test : Nous avons joué à la version PS5 environ une vingtaine d’heures, le temps de faire le tour de tous les modes de jeu et de terminer les deux modes Histoire.
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ToggleUn mode Histoire équivalent aux diaporamas gênants en famille
À plusieurs égards, ce nouveau jeu apparaît comme un cadeau destiné aux 20 ans de la licence, avec quelques années de retard. Il entend nous faire revivre l’entièreté de l’histoire de Naruto et Naruto Shippuden en allant piocher dans les quatre jeux Naruto Ultimate Ninja Storm. Enfin, plus ou moins, car le mode Histoire subit des coupes nettes en ne conservant que les temps forts du récit de Naruto et Sasuke. Vous ne jouerez ici que les combats les plus importants de ces deux protagonistes, si l’on met de côté de très rares affrontements vite pliés à l’image de Pain vs Jiraiya. Oubliez le combat entre Sakura et Sasori, celui entre Gaara et Lee, ou encore celui de Kakashi contre Obito. Tout cela n’est raconté que via des scènes fixes de l’anime, diffusées façon diaporama. Ce qui n’est pas une première pour la saga, même si la narration est ici encore plus morne qu’à l’accoutumée. Quelle pire façon de revivre certains moments iconiques du manga que via une séance photo de 10 minutes entrecoupée par un simple combat de 30 secondes ?
Puisqu’il avait pour ambition de reprendre l’histoire de Naruto depuis le début, on aurait pu s’attendre à ce que le jeu conserve toutes les cinématiques et tous les combats de boss des précédents jeux, quitte à pousser la carte du recyclage jusqu’au bout. Naïfs que nous sommes. Car non, Naruto x Boruto: Ultimate Ninja Storm Connections ne conserve qu’une poignée de ces affrontements épiques, qui faisaient pourtant la force des précédents Ultimate Ninja Storm. Tout cela est divisé en 8 chapitres que vous pouvez effectuer dans l’ordre que vous souhaitez, ce qui est au moins appréciable. Notons aussi la présence de sondages dans les différents segments de ce mode, durant lesquels la communauté peut voter pour attribuer une réaction à la séquence que vous venez de voir. Oui, ça ne sert à rien, mais pourquoi pas.
Sortez-nous de ce Genjustu
C’est une occasion manquée pour Naruto x Boruto: Ultimate Ninja Storm Connections d’apparaître comme une vraie compilation, même si ce n’est pas son but premier. Il a donc la décence de fournir un deuxième mode Histoire, cette fois-ci centré sur Boruto, le fiston. En 2017 déjà, l’extension Road to Boruto de Ultimate Ninja Storm 4 apportait un contenu similaire en nous permettant de contrôler Boruto à travers la ville de Konoha, nous faisant ainsi découvrir une partie du nouveau manga qui est en cours. Naruto x Boruto: Ultimate Ninja Storm Connections balaye cela d’un revers de la main en nous servant une histoire inédite, sans prendre la peine de vraiment présenter Boruto et ses compères à un public qui ne serait pas familier avec la nouvelle génération. À l’heure où le manga Boruto est entrée dans une nouvelle phase avec Two Blue Vortex, il y avait pourtant de quoi faire.
On aurait pu se réjouir d’avoir droit à une histoire inédite chapeautée par Masashi Kishimoto en personne, mais la manière dont elle nous est présentée est terriblement décevante. La structure de ce mode reprend à peu de choses près celle du mode Histoire de base, en remplaçant cette fois les séances PowerPoint par des cinématiques in-game terriblement statiques. Vous n’aurez pas le loisir de contrôler Boruto librement ici, oubliez donc toute envie d’exploration au sein de Konoha. Ce qui est, là encore, une occasion manquée tant le récit se prêtait à nous laisser un peu plus de liberté. Ici, Boruto et ses amis découvrent l’existence d’un jeu en réalité virtuelle qui leur permet d’incarner tous les ninjas les plus connus du monde, en allant effectuer des quêtes comme dans un jeu massivement multijoueur. Un jeu dans le jeu qui était donc l’excuse toute trouvée pour nous permettre de gambader à l’envie dans un univers virtuel avec tous les personnages de la licence. Ce qui n’est pas le cas.
Autant vous dire qu’en dehors de deux ou trois cinématiques qui réveillent le talent de mise en scène de CyberConnect 2, il faudra lutter fort pour ne pas vous endormir manette en main durant les 4 à 5 heures de jeu proposées par ce mode. Surtout quand celui-ci a l’audace de vous faire revivre l’histoire du papa de Boruto une nouvelle fois, au cas où le premier mode Histoire ne serait pas suffisant. Le récit nous offre bien un sursaut d’émotion dans son dernier tiers (on reste au niveau d’un arc filler dans Boruto), mais trop tardivement pour nous impliquer réellement. Si votre envie de découvrir Naruto x Boruto: Ultimate Ninja Storm Connections tenait surtout à votre volonté d’explorer ce nouveau mode Histoire, on ne pourra que vous conseiller de revoir vos plans.
Tout le monde est là (ou presque)
En bon jeu de combats qu’il est, Naruto x Boruto: Ultimate Ninja Storm Connections a tout de même d’autres choses à nous offrir avec plusieurs modes de jeu solo ou multijoueur, que ce soit Survie, Tournoi ou Ligue, sans oublier un mode Collection qui est une vraie encyclopédie sur toute l’histoire de la saga. Vous retrouverez ici un index complet qui présente chaque personnage (et même chaque version), tous les jutsu ou encore tous les objets à collectionner, avec des cartes et des titres pour personnaliser votre profil en ligne. C’est aussi là que l’on retrouve les nombreux costumes des personnages, que vous pourrez débloquer en échange de quelques Ryos, ou après avoir réalisé des objectifs particuliers (comme terminer certains chapitres des modes Histoire ou vous connecter tous les jours sur le jeu).
On n’oubliera pas pour autant que l’avidité est toujours au rendez-vous avec des costumes supplémentaires bloqués derrière des DLC, afin de vendre des éditions collector par palettes. Même chose pour le roster puisque 5 autres personnages vont venir compléter les rangs, à condition de posséder le Season Pass. Rassurez-vous, vous n’en aurez pas forcément besoin tant le casting de base est mirobolant. Comptez ici 130 personnages, dont une dizaine de Naruto et de Sasuke différents et plein de têtes que vous aurez certainement oublié. Personne ne manque à l’appel, même si on espérait tout de même voir davantage de personnages issus de Boruto, ne serait-ce que Isshiki ou Code (mais c’est bien pour ça que le Season Pass existe n’est-ce pas ?). L’organisation Kara est tout de même bien représentée avec Jigen, Koji, Delta et Boro, quatre nouveaux combattants vraiment réussis qui s’intègrent bien au roster. On retrouve également Kawaki, ainsi que de nouvelles versions de Boruto et Sarada, sans oublier les Otsutsuki que sont Ashura et Indra, qui ont tout pour devenir des favoris de la communauté.
Ces dix personnages supplémentaires sont réussis mais ne bouleversent pas notre rapport au système de combat, qui n’a subi que peu de changements. On reste sur un gameplay très accessible qui n’a pas beaucoup changé, à l’exception d’un combo en moins (l’inclinaison du joystick + attaque) au profit d’un jutsu en plus pour chaque personnage (qui est placé sur la touche des shurikens). On note aussi que la garde semble légèrement moins endurante ; le chakra se régénère plus rapidement ; les objets sont soumis à des cooldowns au lieu d’un nombre ; les barres de vies remontent au maximum entre deux rounds ; des équilibrages ont été effectués sur les combos trop longs… des changements qui plairont assurément aux ninjas les plus expérimentés qui se concentrent sur les affrontements en ligne. Sept ans après le dernier opus, on n’en attendait pas moins.
Sachez aussi qu’un mode de contrôle simplifié est implémenté, qui permet de déclencher des combos plus facilement. Le gameplay de base n’est pas très exigeant, mais c’est parfait pour les soirées avec des amis qui n’ont jamais touché au jeu, d’autant plus que ce mode est personnalisable.
Quand l’Orbe Tourbillonante vient remplacer le Rasengan
Tout ça, c’est bien joli, mais ça ne justifie jamais le fait que Naruto x Boruto: Ultimate Ninja Storm Connections soit un nouvel épisode vendu plein pot et pas une extension à la Road to Boruto. Bien sûr, sur la nouvelle génération de consoles, le jeu profite d’un framerate qui dépasse enfin les 30 images par seconde, ce qui devrait justifier l’achat chez certaines personnes, mais on ne peut s’empêcher de constater que seule le minimum syndical nous est offert ici. CyberConnect 2 n’a par exemple pas eu la possibilité (ou l’envie) de vraiment retravailler les combats de boss des jeux de l’ère PS3-360, ce qui est particulièrement visible lorsque l’on compare une cinématique issue du premier Ultimate Ninja Storm, à – disons – celle de Madara contre Hashirama, qui avait ouvert les hostilités dans Ultimate Ninja Storm 4. Pire, quelques cinématiques affichent une résolution pour le moins discutable, alors qu’elles sont inédites.
Naruto x Boruto: Ultimate Ninja Storm Connections est-il donc partisan du zéro effort ? Pas totalement, du moins pour nous autres francophones. Qu’elle plaise ou non, la version française de l’anime a permis à ce dernier de gagner considérablement en popularité dans notre pays, si bien qu’une partie de la communauté ne connaît Naruto et Naruto Shippuden qu’avec ce doublage. On ne pourra donc que saluer l’effort de Bandai Namco d’avoir mis en place une VF intégrale pour ce nouvel épisode.
Tout est absolument doublé, que ce soit les différents modes Histoire, la centaine de personnages ou même la voix de l’arbitre du match. Ce qui représente un travail titanesque ainsi qu’une petite exception dans le monde des adaptations d’animes. Encore une fois, rien ne vous oblige à l’activer si vous avez grandi avec le doublage japonais en regardant l’anime sur des sites obscurs de fansub (on est ensemble), mais le fait d’avoir le choix est appréciable. Ce qui pourrait même combler certains défauts évoqués précédemment, si l’envie d’avoir un jeu Naruto en français prend le dessus.
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