La série Need For Speed effectue depuis le dernier opus un véritable reboot : scénario, personnalisation, même les modèles de véhicules disponibles rappellent les débuts de la série. Cela s’explique facilement en regardant les meilleures ventes de la série qui sont Underground et Underground 2 : deux opus qui faisaient la part belle au tuning et à l’esthétique nocturne. On retrouve ce dernier point dans le reboot de 2015 et l’on sent une volonté avec Payback de retourner à cette inspiration des films Fast & Furious.
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ToggleNeed For Speed : Fast & Furious ?
Avec une communication d’EA qui a dévoilé le braquage d’un camion sur l’autoroute et une Nissan Skyline GT-R V-Spec R34, on sent un message puissant d’amour envoyé à la série d’Universal Pictures : si le braquage de camion renvoie directement au premier opus de Fast & Furious, la Skyline GT-R R34 est quant à elle une star du quatrième film, en plus d’être la voiture favorite du héros Brian O’Conner incarné par feu Paul Walker. Cependant, si une telle symbolique pourrait faire croire à un jeu Fast & Furious, il n’en est rien. En effet, Payback nous sert ici un mélange entre Fast & Furious, The Crew et d’anciens Need For Speed avec une histoire de vengeance qui n’est pas présente dans les films.
Le scénario nous fera contrôler trois personnages : Tyler (le héros), Mac et Jess, trois pilotes en quête de richesse, chacun pour des raisons qui seront exposées dans le prologue. Après un vol qui tourne mal, les trois protagonistes seront séparés puis réunis pour combattre le Clan qui a pris le contrôle de Fortune Valley. L’histoire se forme à travers différentes missions qui s’enchaînent pendant les premiers chapitres avant de laisser le joueur aller en freeroam. L’histoire amènera nos protagonistes à défier des « ligues » de coureurs pour s’inscrire dans toutes les catégories de courses de l’Outlaw’s Rush et battre les coureurs du Clan pour déjouer tous les paris, le Clan ayant pour habitude de truquer les courses pour optimiser leurs gains.
Un scénario simple mais efficace qui sans trop surprendre, ne porte pas préjudice au jeu.
Le jeu est entièrement doublé en français et sans être un chef-d’oeuvre, c’est une performance très juste qui est servie par EA, notamment grâce à un casting dont fait notamment partie Donald Reignoux, un doubleur, pilote cascadeur amateur de jeux vidéo, qui a largement fait ses preuves. Loin de nous le sur-jeu insupportable de Spike, Travis et Robyn et bienvenue dans un univers un peu plus tangible avec des personnages qui s’éloignent des clichés d’adolescents un peu attardés du reboot de 2015, tout en restant agréables. Un détail subtil est l’inclusion de remarques du pilote en fonction des événements : Tyler réagira à un accident, une cascade ou un dépassement par une phrase ou quelques mots qui donneront de la vie au jeu et un peu de relief au personnage. De plus, on pourra écouter les dialogues entre lui et les autres pilotes pendant certaines courses qui viendront apporter des informations sur Fortune Valley mais aussi des détails sur les personnages. A noter qu’un personnage du jeu semble être doublé par Mark Lesser a.k.a monsieur le doubleur français de Gohan et Trunks adultes (DBZ) ou encore Alex (Buffy) (pas de texte officiel mais timbre, ton et acting identique).
Le reproche principal que l’on pourra faire aux missions de ce Need For Speed est sa linéarité dans les épreuves : l’omniprésence de Checkpoints punit les écarts faits au GPS et on se sent prisonniers des limites de la route durant les missions et pas uniquement pour les courses. L’itinéraire de fuite de la police est déjà choisi pour nous et on a au final peu de marge de décision dans les missions incluant une poursuite, surtout dans les missions importantes pour le scénario. De plus, les missions telles que la fameuse poursuite du camion sur l’autoroute, illustrent bien ce problème du jeu qui fait trop de cadeaux et veut que les choses soient faites à sa façon : lorsque l’on doit éliminer des voitures ennemies, elles vont rouler à 500km/h pour nous rattraper puis ralentir pour permettre d’être envoyées dans le décor, à l’instar du camion qui va rouler à une vitesse indécente jusqu’à la phase de mise à niveau où il va freiner pour nous laisser nous mettre à sa hauteur.
Vroum Vroum la voiture
Need For Speed, c’est avant tout la vitesse. Plusieurs opus de la période PS3/Xbox 360 ont grandement déçu par leur quasi-absence d’impression de rapidité qui donnait un sentiment de lenteur, même à 300 km/h. C’est un problème qui n’était pas présent dans le Need For Speed de 2015 et Ghost Games a encore une fois su rendre la sensation de rouler à toute vitesse, sensation que l’on ressent dès le début du jeu avec les quelques phases en Koenigsegg Regera. La vitesse est bien rendue et le caractère des véhicules est retranscrit avec une certaine fidélité : on reste ici sur une conduite arcade qui sera bien moins exigeante qu’un Gran Turismo ou même un Forza Horizon. Cependant, on ressent véritablement la différence entre une muscle car et une exotique et la conduite ne sera jamais exactement la même.
Plusieurs types de courses sont disponibles et le jeu se rapproche plus de The Crew que de Need For Speed au niveau de sa gestion des types : chaque mode de jeu demandera un type de voiture particulier et on ne pourra pas faire d’épreuve de drift avec une voiture d’off-road ou de drag. Les types sont au nombre de 5 : course, drift, drag, mission et tout-terrain. Chaque modèle de voiture permet d’accéder à un ou plusieurs types d’épreuves en suivant une certaine logique (dommage, on aurait bien essayé le tout-terrain en Porsche 918 Spyder).
Need for speed : Payback fait vibrer la corde de la nostalgie sur bien des aspects tout en apportant son lot de nouveautés empruntées ça et là.
Pour ce qui est des modèles disponibles, EA nous propose 78 modèles allant de la Volvo Amazon P130 de 1961 à la nouvelle BMW 2017 dont la distribution n’a pas encore commencé. Au catalogue, on retrouve les habitués de la série : Lamborghini, Subaru, Porsche, Mazda, Nissan, Ford, Dodge, Koenigsegg mais pas de Ferrari pour cet opus alors que la marque était disponible dans Need For Speed. L’écurie rouge n’a jamais été régulière dans ses disponibilités mais certains regretteront peut-être l’absence d’une LaFerrari ou d’une 488 dans leur garage. Le système de pièces disséminées dans le monde n’est plus une nouveauté mais son intégration dans Payback est assez astucieuse : en battant un chef de ligue, ce dernier donnera une photo avec un plan d’une épave. Trouver cette épave donnera accès à quatre indices de plus pour trouver les pièces suivantes, ce qui donnera accès gratuitement à certains modèles légendaires comme la Ford Mustang de 1965 ou la Coccinelle de 1963.
Les voitures ont un comportement assez similaires au final : on sent bien qu’on est sur de l’arcade et pas de la simulation. La seule vraie différence sera celle des performances mais une supercar se conduira au final de la même façon qu’une muscle car ou une sportive. Les changements de conduite se feront avec la spec du véhicule (course, drag, drift, dirt et missions). Les moteurs en revanche ont leur caractère et les chants d’une Pagani ne sonneront heureusement pas comme le rugissement d’une Mustang.
They see me rollin
L’une des marques de fabrique de Need For Speed, c’est la police. Nombreux sont ceux qui regrettent la tension des poursuites de Most Wanted avec les 4×4 et le sergent Cross au volant de sa Corvette spéciale. Si la plupart des opus suivants avaient également une police, sa présence en freeroam n’était pas toujours au rendez-vous et, bien qu’elle était présente dans Need For Speed, sa présence était ruinée par l’IA misérable des agents. La police de Need For Speed cumulait les tares et il fallait tourner à répétition autour du commissariat pour espérer un peu de frisson dans une poursuite. Dans Payback, la police est plus violente. Cependant, grosse déception, il n’y a pas de véhicules de police libres dans les rues.
Les poursuites s’engagent en activant des boîtes spéciales et se terminent, non pas en échappant à la police ou en détruisant ses véhicules mais en atteignant un « point de fuite ». Alors que tout le but d’une poursuite dans un jeu Need For Speed est de la faire durer un maximum sans se faire attraper. Ici, l’objectif est de rejoindre le plus vite la ligne d’arrivée comme dans n’importe quel contre la montre. Une initiative #FreeNFSPolice a été lancée par les joueurs pour patcher cette erreur fatale mais EA semble ne pas y prêter attention.
Le modèle des lootboxs est très à la mode ces derniers temps et serait devenu une nécessité pour rentabiliser les jeux AAA. EA ne fait pas exception à la règle et on retrouvera sans surprise un système de packages offerts à chaque niveau ou achetables sur le store en ligne qui ne contiendront que de l’argent in game ou des contenus esthétiques : klaxons, néons, fumée de pneus. On regrettera qu’il n’y ait pas d’autres moyens moins aléatoires pour obtenir ces modifications mais on appréciera le fait que les coffres ne contiennent pas de pièces qui rendraient le online Pay-to-win.
Les modifications de performances s’effectuent avec des cartes de pièces qui permettent d’améliorer certaines parties selon certains critères . Une carte est obtenue aléatoirement à la fin de chaque épreuve et d’autres sont achetables dans les magasins du jeu avec des crédits ou une monnaie spécifique aux pièces. Au nombre de 6 uniquement, les parts modifiables sont moins nombreuses que dans Need For Speed mais sont disponibles selon plus de variétés qui augmenteront différentes statistiques. De plus, beaucoup de détails sont encore une fois modifiables manuellement comme la tenue de route et le bas de caisse.
Belle carrosserie !
Les menus du jeu sont assez clairs et on appréciera le soin apporté aux détails comme la possibilité d’épingler un morceau de carte d’épave sur la world map pour retrouver l’endroit plus facilement. L’interface en course est claire et lisible sans beaucoup changer de celle de Need For Speed mais après tout, cette dernière était déjà plutôt efficace. L’interface dans le garage est simple et on comprend vite les points forts et faibles de chaque voiture même si certaines informations manquent à l’appel comme le poids de la voiture qui peut cependant être déduit par les autres statistiques indiquées.
La customisation des voitures est relativement la même que dans le jeu de 2015 avec quelques changements d’interface mineurs mais on retrouvera ce sentiment de liberté absolue plutôt jouissif dans l’application des stickers. Cependant, il est dommage d’être toujours prisonnier du système de zone, sans pouvoir créer des symboles qui s’étendraient de l’aile arrière au capot en passant par le toit et les portières simplement. Les modèles des voitures sont modélisés avec précision mais une énorme différence se fait sentir entre la version PC du jeu qui offrira des graphismes somptueux et des modèles très propres comparé à la version PS4 qui met beaucoup de temps à charger les modèles de véhicules et leur texture : plusieurs fois, il est arrivé de voir des voitures toutes lisses, sans texture et chaque utilisation d’un nouveau modèle passe par quelques secondes à piloter une ombre au sol en attendant l’apparition de la voiture. Il est normal de voir des différences entre un PC moyen/haut de gamme (GTX 1070) et une PS4 mais certains de ces points font preuve d’une optimisation un peu poussive sur les versions consoles.
Malgré sa beauté, le jeu tranche avec le caractère très affirmé de son prédécesseur en se rapprochant au final un peu trop de Forza Horizon 3.
Ghost a abandonné le système d’acteurs de 2015 et est repassé à des bons vieux personnages en 3D et on dit un grand « MERCI ! ». Merci mais non merci. Si l’on est heureux de la fin de Spike et son sur-jeu écœurant (damn you Spike !), force est de constater que les modèles des personnages sont pour la plupart assez décevants et bien en deçà du niveau de modélisation de certains autres éléments de jeu. S’ils ne sont pas le point le plus important du jeu (qui est évidemment les voitures), il est assez dommage de voir des modèles 3D de cette qualité dans un jeu qui veut prendre des inspirations cinématographiques.
L’environnement est plutôt joli mais empli de problèmes qui rendent un rendu inégal : la modélisation des différents éléments est assez propre et le jeu est plutôt beau, mais l’on sent une volonté des développeurs de faire vite disparaître certains éléments de l’espace visible pour économiser de la mémoire graphique. Les avions décollent n’importe comment, les oiseaux sont bourrés et c’est au final un nuage de bêtises qui se déroule parfois à l’arrière-plan du jeu. On en viendra à certains moments à regretter Need For Speed et ses superbes jeux de lumière ainsi que son ambiance mystérieuse que n’a pas Payback.
Le point fort de ce Payback est indubitablement sa bande son qui, évidemment divisera par la diversité de ses morceaux (tout ne peut pas plaire à tout le monde) mais un véritable effort est fait pour offrir des titres cohérents avec chaque mode de jeu : plusieurs playlists en jeu seront jouées en fonction de si le joueur est en freeroam, en épreuve de drift, en mission… et il faut dire que le choix est assez cohérent puisque chaque titre correspondra assez bien à l’esprit du mode de jeu. La balance du son est plutôt propre et on n’aura aucun mal à distinguer les bruitages des moteurs, des voix et de la musique. La version PlayStation 4 du jeu fait intelligemment usage de l’enceinte de la manette pour la radio de police et il est possible de le désactiver pour ceux qui ne sont pas amateurs de cette fonction.
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