Sortie depuis le 28 septembre dernier, le MMORPG New World a connu un lancement assez réussi au niveau de l’audience, mais non sans quelques couacs. En mettant de côté les problèmes que l’on a déjà largement évoqués, voyons désormais si le premier succès d’Amazon va permettre à la firme de redorer son blason en matière de jeu vidéo. L’annulation de Breakaway ou encore l’abandon de Crucible n’ont, en effet, pas vraiment aidé à lui forger une bonne image. New World est ainsi devenu l’espoir et le porte-drapeau du géant du web dans le secteur. Après plusieurs reports et une bêta fermée plébiscitée, la sortie finale nous donne enfin une vision claire sur ce qu’il faut attendre du jeu.
Conditions de test : Nous avons joué au titre pendant 120 heures en atteignant le niveau 44 à l’heure où l’on écrit ces lignes. Nous avons pu tester la majeure partie des activités proposées sachant que nous avions déjà tâté du endgame lors d’une session avec les développeurs en juillet dernier.
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ToggleNouveau monde, nouveau genre de MMO
D’abord pensé comme un MMO se focalisant sur le PVP dans un contexte historique emprunté à la fin des Grandes Découvertes, New World garde quelques bases de cette ADN même s’il est assez différent aujourd’hui. Il incorpore désormais une grosse composante fantaisie et du PVE, un revirement assez judicieux selon nous étant donné que l’on sait que les profils de joueurs penchent souvent pour l’un ou l’autre ou encore les deux à la fois.
Après ce petit point d’histoire autour du développement, rappelons celle du jeu qui nous embarque sur l’île d’Aeternum. Il s’agit d’un endroit surnaturel marqué par différentes époques et différentes cultures qui ont laissé des traces de bien des façons. A cause de l’Azoth, une énergie spirituelle qui peut toucher et être affectée par la psyché humaine ou animale, ce coin perdu en mer attire de nombreux explorateur en quête de richesses. L’île est également pleine de dangers à cause de la corruption qui transforme les êtres vivants en ennemis féroces.
Nous l’avions déjà évoqué à de nombreuses reprises, New World dispose d’une direction artistique très accrocheuse. Aeternum est découpé en plusieurs territoires qui nous laissent explorer des environnements variés à la fois sauvage, mystiques et parsemés de vestiges visuellement sublimes au niveau de leurs architectures. Graphiquement, on est sur quelque chose de très solide et moderne pour du MMO. D’autant plus pour un jeu qui propose des batailles à grande échelle. On souligne également des serveurs très stables, ce qui est l’un des avantages de l’apport d’Amazon.
L’ambiance de New World est très contemplative, l’univers se décortique surtout avec les yeux, un principe qui rentre tout à fait dans ce thème de la découverte d’une terre perdue, presque vierge, où il ne reste que quelques bribes de précédents passages humains. Etant donné que le voyage rapide est délibérément limité, on marche beaucoup, ce qui a pour conséquence d’accentuer ce constat. En tout cas, nous n’avons jamais l’impression de courir dans des zones vides ou génériques. On peut par exemple passer rapidement d’une jungle luxuriante, à un marais lugubre en traversant une forêt verdoyante.
En revanche, le MMO ne parvient pas à nous impliquer assez dans l’histoire. On trouve de nombreux textes aux quatre coins de l’île et des PNJ sont présents un peu partout pour nous donner des quêtes, mais rien ne se démarque vraiment. Même si cela fait partie de son charme, dans la mesure où ce sont les joueurs qui vont forger l’histoire avec les rivalités entres les factions, les amateurs de MMO plus classiques regretteront ces manques dans la narration. Finalement, même la menace reste vague et n’est pas incarnée par un grand méchant.
Une greffe de PVE sans rejet
Revenir sur les prémices du développement plus haut nous permet d’aborder le PVE que l’on sent clairement greffé à ce monde dominé par les luttes de factions. Toutefois, cela n’empêche pas d’avoir des fulgurances comme avec les expéditions qui proposent des donjons jusqu’à 5 joueurs simultanés où l’on doit résoudre des puzzles, combattre des vagues d’ennemis, des boss secondaires, et finalement un boss final pour obtenir du loot précieux. En plus d’en remettre une couche au niveau artistique, ces expéditions sont très bien ficelées, bien qu’un peu courts. Ils sont aussi trop peu nombreux pour le moment.
On le remarque d’autant plus que le reste est très redondant, notamment les quêtes secondaires, les quêtes de factions ou encore les tâches offertes par les villes pour leur développement. L’exploration parvient à nous faire tenir puisque l’on pourra affronter de nombreux ennemis, voir quelques boss, à différents endroits de l’île. Les amoureux du travail trouveront sans doute le système de métiers attrayant grâce à un système de craft qui l’est tout autant. Le farm n’est pas une plaie comme dans de nombreux MMO, mieux encore, on peut aisément allier la récolte de ressources et la résolution de quêtes pour faire d’une pierre deux coups. Pour moi, la limitation des déplacements rapides et l’absence de monture, que je croyais au départ pénalisant, se révèlent finalement être une composante importante du game design.
Heureusement, New World peut compter sur son gameplay orienté action pour rendre ces défauts plus digestes, mais cela lui permet surtout de se démarquer des autres MMO tels que World of Warcraft ou Final Fantasy XIV. Ne comptez pas sur des rotations de sorts, mais des déplacements, des esquives et des attaques bien placées. Le faible nombre de compétences actives par armes ne plaira pas à tout le monde, cependant l’originalité et le dynamisme de ce gameplay est clairement une bouffée d’air frais dans un milieu où les codes sont souvent trop similaires.
Vous pouvez tout de même varier les approches grâces aux arbres de compétences pour chaque arme qui proposent différents sorts et passifs qui vous permettent de personnaliser votre style. Au bout du compte la respécialisation n’est pas trop coûteuse, seulement vos points de sorts s’obtiennent en utilisant très souvent une même arme. Vous ne pouvez ainsi pas être trop versatile pour garder un minimum d’efficacité. Le fait de ne pas être limité par une classe reste dans tous les cas une très bonne chose ici.
Les feux de la guerre
Au-dessus de tout ça, ce qui rend New World unique, c’est son système de factions qui donne une saveur particulièrement attrayante au PVP, même si ce n’est pas votre dada habituellement dans d’autres jeux du genre. Il faut dire que le système est plutôt bien rôdé, bien qu’encore perfectible. Très tôt dans la progression, il vous est demandé de choisir parmi les trois factions : les Maraudeurs, les Ombres et les Engagés. La logique veut que vous rejoigniez ensuite une compagnie (une guilde en gros) pour que vous puissiez interagir plus facilement avec les autres joueurs et accentuer les enjeux.
C’est là que l’on comprend que le MMO d’Amazon mise avant tout sur ces rivalités entre factions pour donner du mouvement permanent au jeu. L’île d’Aeternum est découpée en plusieurs territoires pouvant être contrôlés par des compagnies. La prise de contrôle donne ensuite d’énormes avantages aux membres de la faction dominante comme des allègements de taxes ou bien des coûts réduits pour le déplacement rapide. Ces avantages sont encore plus importants si vous appartenez à la compagnie qui gère la zone.
Cependant, il est possible de contester ces territoires en accomplissant des quêtes de factions en PVP afin de gagner de l’influence. Une fois qu’elle est suffisamment forte, les attaquants peuvent déclencher une guerre de territoire pour en prendre le contrôle (organisée généralement 48h après le déclenchement). Lorsque l’on est impliqué un minimum au sein de sa compagnie, on prend un certain plaisir à organiser des tactiques en groupe (souvent via Discord) pour déclencher des guerres ou se défendre. On ne s’attendait pas également à autant de « spectacle » avec, par exemple, des tensions entre compagnies d’une même faction ou encore des alliances objectives entre deux factions pour affaiblir la troisième.
Cette gestion politique est assez inattendue mais bienvenue. Cela doit sans doute dépendre des serveurs, mais la communauté est dans l’ensemble plutôt bonne et joue le jeu à fond. New World offre donc un équilibre assez maitrisé entre PVE, PVP et les métiers. Evitez quand même le plus possible, comme certains, de « rush » trop vite le niveau 60 sous peine de perdre trop rapidement de l’intérêt. Ceux qui sont très solitaires risquent également de passer à côté d’une grande partie de l’expérience car les compagnies ont tout de même une importance non négligeable. New World possède de bonnes bases qu’il faudra cependant rapidement enrichir en plus de corriger les bugs encore présents.
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