Licence la plus rentable de l’histoire, Pokémon n’a jamais vraiment connu de concurrence, même à ses débuts. Dessin animé, jeu vidéo, vêtements, etc. On peut clairement dire que les petites bêtes nippones sont partout et ont influencé quantité de personnes et d’artistes à travers le monde. Parmi ces derniers, de nombreux développeurs de jeux vidéo indépendants. Ce qui nous a donné un certain nombre de fan games, de qualité très variable, régulièrement interdits par Nintendo de surcroît. Mais aussi une quantité non négligeable de projets officiels ne cachant guère leurs inspirations.
Dernièrement, nous avions par exemple le droit à Monster Harvest, ou encore Monster Sanctuary. Des titres qui reprennent de nombreuses idées issues de chez Pokémon, tout en proposant une expérience bien différente. Mais la majorité a tendance à copier dans les grandes lignes la recette de Game Freak. C’est par exemple le cas pour Nexomon : Extinction, très chouette petit Pokémon-like qui paraissait l’an dernier sur consoles et PC. Aussi étrange que cela puisse paraître, avec le succès de cet opus, Vewo Interactive s’est mis en tête d’offrir une parution console à son prédécesseur, sobrement intitulé Nexomon, proposé pour une petite dizaine d’euros en dématérialisé.
Conditions du test : Nous avons joué une petite vingtaine d’heures à la version Nintendo Switch, principalement en mode portable. Ce fut suffisant pour venir à bout de son aventure principale et pour capturer une grosse partie des créatures.
Copié / collé ?
Bien que Nexomon : Extinction ait fait un peu de bruit l’an dernier, ce qu’il doit à sa qualité certaine, il y a de bonnes chances pour que vous ne connaissiez tout simplement pas la licence. Parce que, après tout, il s’agit d’un jeu indépendant, au même titre que son prédécesseur, qui n’a évidemment pas l’ambition de tenir la dragée haute à Pokémon. D’une part, ce serait impossible de déloger le géant de Game Freak de la sorte. D’autre part, les petits gars de chez Vewo Interactive ont uniquement le désir de faire du Pokémon à l’ancienne en y incorporant leur petite touche personnelle. Ce qui, en soi, est déjà une ambition respectable.
Nexomon premier du nom, c’est donc un Pokémon-like sauce old school, développé sous Unity et reprenant une grosse partie des mécaniques de son modèle. Et il y a pas mal de choses qu’il fait bien, si ce n’est mieux dans de rares cas ! Coté scénario, pour commencer, les développeurs ont imaginé une trame et des dialogues plus matures que ce que propose Game Freak, même dans Noir et Blanc. Alors cela passe malheureusement par certains personnages très clichés, voire d’autres insupportables, mais dans l’ensemble l’histoire de ce Nexomon se laisse suivre avec un certain plaisir. Notamment parce que l’humour est omniprésent et fait souvent mouche, surtout lorsque les protagonistes s’amusent à briser le quatrième mur.
Test Nexomon : Extinction – Le Pokémon-like indispensable ?
Niveau capture de monstres, on est clairement sur une copie de Pokémon, avec un peu moins d’items cela dit. Les combats sont sensiblement similaires dans leur déroulé, si ce n’est un système de stamina, anecdotique dans la mesure où nos créatures récupèrent tous leurs PV et leurs ST à chaque montée de niveau. Les monstres évoluent à un certain stade d’expérience, ils apprennent des capacités nouvelles… Notez, à ce niveau, que chaque attaque apprise est stockée, et peut être incorporée ou supprimée à notre guise du movepool de nos Nexomon. Un autre point que la licence de Vewo Interactive fait mieux que celle de Game Freak. Enfin, au rayon des qualités indéniables, on notera une réalisation graphique plutôt réussie, des créatures franchement jolies, malgré quelques copies éhontées, et une bande originale aux sonorités GBA qui fait le café !
Malgré tout, il reste assez déroutant de constater combien ce premier volet emprunte à son modèle. Pour ce qui est des combats, on ne peut guère lui en vouloir, bien que nous ayons pu voir plusieurs titres du genre s’émanciper du classique 1 VS 1 au tour par tour au cours des dernières années. Mais il en va différemment au niveau de sa construction, qui reprend globalement le déroulé d’une aventure de Pokémon, avec le départ de notre petite ville de campagne pour aller défaire le maître incontesté du combat de Nexomon. Sans pour autant permettre le brin d’exploration qui fait tout le sel de l’aventure façon Game Freak, puisque l’on est contraint à une linéarité incroyablement frustrante. Et puis le centre de soin et le magasin de potions et de Nexotraps, ça rappelle quand même un peu trop les versions old school des Pocket Monsters…
Un jeu pensé pour les mobiles ?
Nexomon a donc de bons côtés, mais ils sont rapidement contrebalancés par une longue liste de défauts devenant sérieusement handicapants. Nous vous parlions de sa construction plus haut, et ce n’est finalement que la partie émergée de l’iceberg. Parce que malgré ses bonnes idées, le titre de Vewo Interactive pâtit d’un détail qui a toute son importance : il s’agit d’un jeu mobile. Alors, dans les faits, il fait très bien l’affaire en tant que RPG de capture de monstres sur un smartphone. Le mode de consommation n’est pas le même que sur console, et il y a certaines mécaniques qui sont plus facilement excusables. Mais trop de choses sont à revoir pour cette version 2021, et rien n’a été corrigé à l’occasion du portage.
Pour commencer, et c’est peut-être là le plus douloureux des défauts, chaque tableau est minuscule. On sent un peu trop que le titre était initialement pensé pour les smartphones, et les quelques secondes de chargement entre chaque zone (alors qu’il y a si peu à y afficher) n’arrangent absolument rien à cette désagréable sensation. Ce qui ajoute encore à cette impression de linéarité exacerbée, qui fait cruellement défaut à cet opus.
Ensuite, la localisation est complètement bâclée. Oui, le titre possède une traduction en français. Non, celle-ci n’est pas compréhensible ! Il n’y a pas une seule phrase qui semble traduite convenablement. Les personnages se vouvoient puis se tutoient sans que cela n’ait aucun sens, et trop de tournures ne veulent simplement rien dire. Le problème, et il est de taille, c’est que les textes ont été retranscrits mot pour mot depuis l’anglais… or, quiconque a été au collège se rappelle que traduire via Google Traduction, c’est la mauvaise note assurée ! Ainsi, on ne va pas vous mentir, nous avons terminé le jeu en version anglaise, le français étant trop douloureux à supporter…
Coté combats, certes la base est respectée, et dans un premier temps cela fonctionne plutôt bien. Faiblesses élémentaires, expérience, capture… on est sur du très classique, difficile à rater. Pourtant, tout comme dans la version initiale de Nexomon : Extinction (avant sa grosse et salvatrice mise à jour), des défauts incompréhensibles subsistent. Pour commencer, nos créatures ne gagnent de l’expérience qu’une fois le combat terminé, même lorsque l’on doit vaincre plusieurs Nexomon adverses. Un détail, certes, mais qui a toute son importance au bout d’une dizaine d’heures de jeu, quand les affrontements commencent à gagner en intensité, puisque nos monstres n’engrangent aucun point d’expérience lorsqu’ils sont mis KO…
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Mais le pire reste à venir, puisque les créatures adverses ont l’opportunité de placer des coups totalement gratuits lors des combats. Chaque fois que votre adversaire change de Nexomon, autrement dit chaque fois que vous avez mis KO le précédent, il peut vous attaquer… ce qui n’est pas votre cas lorsque vient votre tour de switcher ! Et cela devient rapidement un problème majeur, puisque bien que la difficulté ne soit pas exceptionnellement élevée, elle atteint malgré tout un certain pic vers la fin, et ce genre de défaut handicape purement et simplement le joueur. Au-delà de ça, il est particulièrement frustrant de se faire mettre KO à cause d’une mécanique aussi contre intuitive, qui n’a aucun sens dans le déroulé des combats de surcroît.
Enfin, avec sa linéarité exacerbée et déplaisante, Nexomon ne peut se targuer d’un contenu très conséquent. Alors, d’accord, les créatures sont nombreuses, les attraper toutes vous prendra un long moment, et l’histoire vous demandera une petite quinzaine d’heures pour être bouclée. Mais en dehors de ça, le titre ne propose pas grand-chose d’autre ! Des PNJ purement et simplement inutiles de bout en bout, pas de système de reproduction, des quêtes annexes anecdotiques, aucune mécanique multi, et un post game passable… bref, rien qui ne donne vraiment envie de s’investir pleinement, une fois abattu par les défauts du titre. Mais surtout, un bon moyen de se rendre compte de tout le chemin parcouru entre cet opus et Extinction qui demeure, quant à lui, une excellente surprise, surtout depuis son patch.
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