Annoncé cet été, Nickelodeon All-Star Brawl est sorti cette semaine, le même jour que la présentation finale de Super Smash Bros Ultimate, un point qui n’a échappé à personne, surtout vu le surnom de « Smash Killer » que certains donnaient au titre. Voyons donc s’il est effectivement l’avenir du genre, ou déjà tout simplement un bon jeu à part entière.
Conditions de test : Nous avons joué une dizaine d’heures sur la version PlayStation 5, tout en regardant vidéos et streams de joueurs pros de Smash pour en voir un plus sur le potentiel compétitif du jeu.
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Autant crever l’abcès immédiatement, Nickelodeon All-Star Brawl n’est pas un jeu triple A. Les développeurs de Ludosity et de Fair Play Labs n’ont pas eu un gros budget et ils ont donc fait des choix pour savoir ce qu’il fallait particulièrement travailler ou totalement délaisser. L’équipe a fait le choix de viser un public très précis et cela a des répercussions sur tous les points que nous allons aborder dans cette critique.
Le public en question, c’est une communauté compétitive de Smash Bros, plus précisément celle des fans de Melee. On ne va pas entrer ici dans les débats qui entourent l’épisode GameCube. Il faut juste constater que si Masahiro Sakurai tente de trouver un compromis pour contenter au maximum les joueurs et les joueuses les plus occasionnels tout comme les plus pointus, ce n’est pas la priorité ici.
Smash a toujours été flou entre son côté party game et jeu de combat, profitant d’objets aléatoires un peu comme dans Mario Kart pour tenter de rééquilibrer les forces. Un aspect imprévisible qui n’est pas vraiment compatible avec la compétition et qui est donc désactivé lors des tournois. Au lieu de dépenser de l’argent dans une fonction bannie par une partie de son public, Nickelodeon n’a donc tout simplement pas d’objets ou de super attaques.
Le Smash-like de l’Île de Braise
Nickelodeon All-Star Brawl est donc un Smash-like qui se sert de la base du genre avec des combats jusqu’à quatre, en chacun pour soi ou en équipe. Le but n’est donc pas de vider une barre de vie mais d’éjecter les adversaires hors du terrain. La variation la plus visible au premier coup d’œil par rapport au modèle, c’est la présence de trois boutons d’attaques. Ici, on ne charge pas les attaques normales pour en faire des Smash, les attaques puissantes ont leur propre bouton.
En dehors de cela, on garde la formule du « Un bouton d’attaque + une direction sur le stick ». Notez d’ailleurs que seuls le haut et le bas font varier les attaques, l’avant et l’arrière ne changent rien du tout. On note aussi un bouton pour bloquer la direction du personnage, tant qu’il est maintenu, le personnage ne peut plus se retourner mais plutôt faire marche arrière.
On a le saut, le bouclier et le grab. En gros, on retrouve tout mais toujours avec des particularités que l’on ne va pas lister ici. Enfin sauf un petit exemple, celui des sauts. Le saut se fait uniquement via un bouton et pas le stick. Cela aide pour le wavedash mais cela empêche d’accélérer sa chute et de traverser les petites plateformes. Ce qui donne une impression que l’on sacrifie un peu ce qui semble naturel pour rendre plus faciles d’exécution les techniques avancées.
Le dernier maître de l’air
Le premier contact est donc étrange. Le tout semble manquer de poids. Les personnages donnent un peu l’impression de flotter au-dessus du sol sans être impactés par ce dernier, les trajectoires paraissent aussi bizarres. Il est donc compliqué de savoir ce qui va tuer ou non, surtout vu le manque d’impact des coups qui n’est pas aidé par les effets visuels, sonores et l’absence de vibrations.
C’est un point qui ne va absolument pas gêner les joueurs compétitifs de Melee puisque ce qui les intéresse, c’est surtout de s’amuser avec le moteur et le plier à leur volonté grâce aux techniques avancées. Il faut avouer que Nickelodeon All-Star Brawl semble offrir une très grande liberté à celles et ceux qui veulent expérimenter pour faire de belles choses même cela apporte son énorme lot de bugs et d’abus.
Il faut évoquer la volonté de favoriser l’attaque et le jeu rapide. On a bien le bouclier mais pas de roulades ou de spot dodge. Le jeu au sol est plus limité vu que le stick n’est pas utilisé sur les côtés pour les attaques mais le jeu aérien gagne en profondeur avec les trois boutons d’attaques mis à contribution. Et on ne peut pas être complet sans parler du système de pierre-feuille-ciseau mis en place avec la direction des attaques et leurs différents effets mais assez anecdotique au final.
Nigel is Smashing
Le côté le plus admirable de Nickelodeon All-Star Brawl est sans conteste son casting. Le jeu propose en effet vingt personnages venant d’œuvres telles que Bob l’éponge, les Tortues Ninja, Avatar et se permet aussi des choix qui feront plaisir aux amateurs de memes comme Nigel Delajungle ou Helga Pataky de Hey Arnold!. Un volume d’autant plus impressionnant qu’il s’agit d’un premier épisode, développé en peu de temps.
Et surtout, chacun possède son propre gameplay intéressant sans que l’on essaye pour autant de recréer les personnages de Smash afin d’apporter des repères. On reconnait des attaques inspirées du modèle mais on reconnait surtout des références aux dessins animés d’origines dans la moindre attaque ou provocation.
Il faut tout de même apporter un petit bémol, l’absence de costumes alternatifs ou de color swap. Si plusieurs joueurs prennent le même personnage, ils auront exactement la même tête en combat et il faudra donc surveiller les curseurs au-dessus de leurs têtes. Certes, sans items et avec des niveaux plus simples, le jeu est moins chaotique mais pourquoi prendre le risque de rendre l’action aussi illisible ?
Un contenu Razmoket
Niveau modes de jeu, Nickelodeon All-Star Brawl fait dans la plus stricte économie. On a les combats en local qui se jouent au nombre de vies ou au chronomètre. On a une présentation Powerpoint pour apprendre à jouer, mais par contre le mode Entraînement permet d’afficher les hitboxes et de faire défiler l’action image par image pour pouvoir se perfectionner avant les compétitions.
Ludosity profite tout de même de son travail sur son Smash-like précédent Slap City pour reprendre son mode Sport. Deux buts et un ballon font leur apparition dans les niveaux habituels et il faut donc marquer. La subtilité étant que plusieurs balles à la physique différente sont disponibles. C’est donc assez aléatoire, le bon ballon sur le bon terrain peut donner une partie fun et le mauvais combo peut vous dégoûter du mode à vie.
Pour le contenu solo, il faut se contenter d’un mode arcade qui fait faire sept combats aléatoires en 1 contre 1 sans la moindre variation, mini-jeu ni même boss de fin. La seule particularité étant des phrases d’intro sans aucun rapport avec l’adversaire, pas toujours bien traduites, ni mêmes cohérentes avec le contexte de début de match. Cela permet de débloquer illustrations et musiques dans la galerie ou avatars pour le profil en ligne.
Le online de Nickelodeon All-Star Brawl n’utilise pas Windows 95, lui
Le Online est sans conteste la partie la plus problématique de Smash Ultimate et donc la plus grosse carte à jouer pour Nickelodeon All-Star Brawl. Heureusement, il n’y a absolument pas match sur ce point et ce dernier l’emporte largement. Déjà parce que Smash est limite même pour les standards de la Switch mais aussi parce que le jeu utilise un netcode rollback.
Alors attention, on l’a déjà vu plus beaucoup plus efficace et surtout toutes les plateformes ne sont pas logées à la même enseigne. Tout le monde a du rollback lors des matchs en 1 contre 1 mais à trois ou quatre joueurs dans la partie, seules les versions PC, PlayStation 5 et Xbox Series en bénéficient tandis que les autres utilisent la méthode classique. D’ailleurs, pas de crossplay, sauf entre les versions Xbox One et Xbox Series.
En ce qui concerne les modes online, on est dans du classique avec des parties rapides, du classé qui change votre Elo et des lobbys. Les lobbys sont d’ailleurs assez flexibles. Ils peuvent accueillir jusqu’à 12 joueurs pour des matchs de 2 à 4 participants. Les matchs peuvent se faire en simultané avec des règles différentes et on peut même décider de faire compter ces parties dans l’Elo.
Beau comme un reportage d’April datant des années 90
Le point le plus surprenant dans cette volonté de convenir à la scène compétitive, c’est la variété des terrains. Il y en a aussi une vingtaine et s’ils sont beaucoup plus simples que dans Smash, les développeurs se sont permis de ne pas viser la légalité en tournoi pour chacun d’entre eux, permettant différentes formes et quelques dangers tout de même moins invasifs que chez la concurrence.
Un peu comme les modèles des personnages et les animations, on est dans le strict minimum et plus d’effort n’aurait absolument pas été de refus pour rendre le résultat visuel plus vibrant et retranscrire d’autant mieux les univers abordés par Nickelodeon All-Star Brawl. Au moins tout tourne correctement sur PlayStation 5 mais une visite sur le Discord des développeurs fait comprendre que tout n’est pas parfait sur les autres versions.
Finissons cet état des lieux de la qualité graphique du jeu avec les menus et l’interface. Certes, cela peut faire un peu mesquin et on soupçonne certains problèmes de venir de la localisation française mais cela ne va pas. C’est souvent assez moche avec quelques problèmes avec des caractères qui se chevauchent et la présence parfois d’un Arial bien basique. Et c’est sans compter sur certains renders pseudo-photoréalistes qui donnent des cauchemars.
Niveau audio, une fidélité digne des films lives action
Bon, il faut terminer avec ce qui peut être à la fois le plus dérisoire pour certains et le plus rédhibitoire pour d’autres, tout ce qui touche au son. Les combattants ne sont pas doublés. Attention, on ne dit pas qu’ils n’ont pas de voix françaises ou celles de leurs séries. Ils ne parlent pas, ne font pas de petits bruits en attaquant ou en recevant des dégâts, on se tabasse en silence.
Cela crée déjà une ambiance étrange dans n’importe quelle situation, mais ça devient encore pire dans Nickelodeon All-Star Brawl. On aurait forcément envie d’entendre les Tortues Ninja crier Cowabunga, Bob et Patrick pousser des petits cris débiles, Toph balancer des punchlines… Un manque qui n’est pas comblé par les quelques exclamations de la voix-off pour tenter d’occuper un peu l’espace sonore.
Même problème pour les musiques, chaque terrain a droit à une musique mais cela doit être un thème qui ressemble à ce que l’on connait sans trop s’en approcher pour éviter d’avoir des frais supplémentaires à payer. Et malheureusement, leur faible qualité ne rattrape toujours pas le coup. Comme pour les voix, on suppose que cela pèserait trop dans le budget, les développeurs incitent d’ailleurs à se plaindre publiquement de ces points.
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