En 2018, la chaîne de télévision Nickelodeon, spécialisée dans les dessins animés, prêtait ses personnages à une énième adaptation vidéoludique qui les mettait en scène cette fois au sein d’un jeu de course intitulé Nickelodeon Kart Racers. Ce titre, développé par Bamtang Games et édité par GameMill Entertainment, était toutefois d’une qualité discutable, arborant un contenu maigre qu’un gameplay assez plat n’arrivait pas vraiment à relever. Et avec des menus statiques ainsi que des circuits parfois fades et peu inspirés, on se retrouvait alors avec un jeu très moyen sans grande âme.
Néanmoins, Bamtang Games n’a pas voulu s’arrêter sur cette note peu flatteuse et a décidé de concevoir une suite plus aboutie. Ainsi, le 6 octobre 2020, les développeurs ont accouché de Nickelodeon Kart Racers 2: Grand Prix sur PC, Xbox One, PlayStation 4 et sur Nintendo Switch.
Le titre reprend les bases de son prédécesseur – et celles communes aux jeux du genre – en mettant en piste 8 pilotes simultanément sur les différents tracés inspirés des dessins animés Nickelodeon, en adoptant la particularité d’incorporer dans le gameplay le slime, la substance visqueuse symbolique de la chaîne de télé américaine et essentielle durant vos courses. Cela étant, est-ce que les deux années séparant le premier opus du second ont été fructueuses ?
Conditions de test : Nous avons testé Nickelodeon Karts Racers 2: Grand Prix dans sa version 1.02 sur PlayStation 4 Pro. Après environ 15 heures de jeu, le mode Grand Prix Slime a été terminé dans les trois difficultés de base, les défis ont été accomplis, et quelques parties ont été faites en mode Arène, en ligne et en Contre-la-montre.
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ToggleUn roster renouvelé pour un gameplay remanié
Le plus gros changement que cette suite apporte est sans conteste au niveau de son roster. Contrairement aux 12 malheureux personnages du premier opus, nous avons cette fois pas moins de 30 pilotes issus de l’univers Nickelodeon, aux caractéristiques réparties de manière propre à chacun, entre la Vitesse Maximum, le Turbo, la Direction, et le Dérapage.
On compte alors parmi eux des héros de séries très populaires comme Bob l’Eponge, Arnold, Les Tortues Ninja, Tommy des Razmoket ou encore Aang de Avatar : Le dernier maître de l’air, mais aussi d’autres figures comme Ren & Stimpy, Michat-Michien, Danny Fantôme ou même Lincoln de Bienvenue chez les Loud.
Ce n’est d’ailleurs pas tout, puisqu’à l’occasion de l’apparition d’une nouveauté destinée à customiser votre façon de conduire, on pioche encore davantage dans les différents protagonistes des dessins animés empruntés par le jeu. Appelée « Pit Crew », cette nouvelle feature apporte 70 autres personnages non jouables et consiste à composer une équipe de quatre. Hormis le pilote donc, vous disposez également d’un choix de leader d’équipe, d’un ingénieur et d’un mécanicien.
Le leader d’équipe vous permet d’utiliser une capacité une fois votre jauge de slime remplie, là où avant il ne s’agissait uniquement que d’un boost. Ainsi, avec Zuko vous bénéficierez d’un turbo tout en pouvant enflammer les adversaires qui passent sur les côtés. Filburt vous offre quant à lui la possibilité de parer les attaques adverses temporairement grâce à un bouclier. Enfin nous avons aussi les jumeaux Alphonse et Sophie qui vous permettent de balancer des tartes de boue.
Quant aux ingénieurs et mécaniciens, qui au final remplissent le même rôle, ils fonctionnent un peu comme les esprits de Super Smash Bros Ultimate, en vous offrant en course des buffs offensifs, défensifs ou de soutien. Une fois utilisés, ils nécessitent un délai de recharge plus ou moins long selon l’avantage conféré.
Parmi ces 50 membres d’équipe, vous avez donc largement de quoi trouver votre compte. Une quantité de slime bonus obtenue, des jetons de slime qui vous confèrent un boost, ou bien un coup de turbo pour repartir après avoir été percuté par un objet font partie des nombreux avantages à votre disposition. Le Pit Crew s’avère donc vraiment appréciable, en apportant un peu de stratégie à votre manière d’aborder les courses, selon votre style de conduite.
Un contenu un poil plus étoffé avec une personnalisation au rendez-vous
On compte également un petit nouveau au sein des modes solo proposés, en la présence d’un mode défi aux côtés de la Course libre, le Contre-la-montre et surtout le Grand Prix Slime. Au nombre de 42, les défis proposés vous amèneront à remplir un objectif particulier.
Cela consistera assez souvent à abattre des cibles disséminés sur la route, de passer de la 8e à la 1re place en un temps donné, ou encore de finir premier d’une course où vous n’aurez le droit à vous faire toucher que 5 fois maximum. Chaque rangée de défis en comporte 7, et le dernier correspond à un affrontement contre un pilote, que vous débloquerez si vous parvenez à le battre.
Remplir ces défis constitue un des différents moyens de débloquer de nouveaux membres d’équipes ou pièces de kart. Grâce à celles-ci, vous arriverez à composer un équilibrage à votre goût des 4 caractéristiques de conduite. Remporter des coupes dans le mode Grand Prix Slime et battre les meilleurs temps du Contre-la-montre forment les autres moyens de débloquer ces éléments.
Attention, et cela concerne uniquement les pièces et peintures de kart, vous ne débloquerez que la possibilité de les acheter, car seules les pièces de slime demandées vous permettront de réellement les acquérir. D’un montant variable, il vous en faudra cela dit énormément si vous comptez débloquer la totalité de ce qui est proposé.
Plusieurs moyens s’offrent à vous pour en glaner un maximum : les récupérer sur la route, gagner des courses, participer à des coupes en finissant le plus haut possible dans le classement, et tenter de remporter des hauts faits à l’issue de celles-ci comme avoir été le pilote qui a pris le plus de raccourcis, ou qui a le plus frappé des ennemis, etc.
Ces coupes du mode Grand Prix Slime contiennent d’ailleurs chacune 4 courses et sont au nombre de 8, dont une qui reprend des tracés déjà parcourus dans d’autres coupes. Avec 28 courses différentes, dont certaines ont été reprises du premier épisode tout en étant revisitées, nous atteignons un total assez proche de celui de Nickelodeon Kart Racers.
Comparé à celui-ci, nous gagnons même en couleur et, avec davantage de licences comprises dans le jeu, en variété, du côté des environnements. En revanche, exit les courses en hydroglisseur et les séquences en deltaplane, ce second opus se concentre uniquement sur la terre ferme, avec des tracés plus classiques mais variés.
Tout pour la vitesse
Et c’est avec des sensations de conduite mitigées que l’on parcoure ces pistes colorées de l’univers Nickelodeon. Avec trois vitesses différentes, Lente, Moyenne et Rapide – qui correspondent également à trois niveaux de difficulté – le titre s’apprécie, contre l’IA, surtout en sélectionnant cette dernière. D’ailleurs, si vous terminez premier à toutes les coupes Rapide, vous débloquerez le mode Folie, ultime défi que seuls les pilotes confirmés et acharnés choisiront.
Cela étant, quelque soit la difficulté, il vous faudra assez souvent être en boost pour espérer l’emporter contre vos opposants mais, heureusement, les différentes façons d’enclencher le turbo ne manquent pas. Dalles de boost éparpillées sur la course, appuyer sur la touche saut au bout d’une rampe, ou encore bénéficier des avantages de vitesse conférés par le leader et les membres d’équipes, les possibilités sont là.
N’oublions pas le dérapage qui vous permet, comme souvent dans ce genre de jeu de course, de vous fournir également un petit boost à la fin d’un virage s’il est bien effectué. Plus vous déraperez longtemps, plus les étincelles sous vos pneus changent de couleur, jusqu’à atteindre la couleur bleue, synonyme de turbo maximal une fois la touche relâchée.
Le dérapage ne fait cependant pas partie des meilleurs élèves du jeu. Si cette fonctionnalité était encore moins bien retranscrite au sein du premier opus avec une impression de glissade incommode, cette fois le pilote fait un petit saut avant de s’incliner à droite ou à gauche selon le virage, à la manière d’un Mario Kart 8 Deluxe ou d’un Crash Team Racing Nitro-Fueled.
Le rendu s’en retrouve alors moins désagréable à travers cette suite, mais on ne s’y fait jamais pleinement, avec souvent des soucis d’appréciation de trajectoire. Incarner un pilote et opter pour un kart avec de bonnes stats en dérapage améliore le constat mais ce n’est pas encore ça.
Ainsi, en dénombrant ces différentes possibilités d’accroître temporairement son allure, on finit par s’habituer assez vite à elles, ce qui rendent finalement la vitesse maximum standard de votre véhicule plutôt insipide. Trop de boost tue un peu le boost en somme. Mais là n’est pas le plus gros problème de Nickelodeon Karts Racers 2: Grand Prix.
Des défauts qui tachent et brident le jeu
En effet, notre regard se dirigera plutôt vers la nouveauté majeure du titre, selon les dires du directeur créatif du jeu à la veille de la sortie, à savoir le mode multijoueur en ligne. Lors du premier opus, seul les affrontements à plusieurs en local, jusqu’à quatre, étaient possibles.
À l’occasion de cette suite, des joutes de 8 joueurs maximum en ligne ont désormais été implémentées, en matchmaking en disputant des courses simples et des coupes, ou bien avec des amis. Mais malheureusement, de notre côté, après quelques essais menés régulièrement au cours des 3 jours ayant suivi la sortie du titre, un seul joueur humain a été trouvé, et ce au terme de 10 minutes de recherche de partie. Souvent des attentes plus longues n’ont même abouti sur rien.
Ce qui était présenté comme « le cœur de l’expérience de jeu » s’avère être un no man’s land sans pareil. Et durant cette unique partie accessible, au bout de 2 courses sur 4, la moitié de l’IA restait figée sur la ligne de départ pendant que nous concourions avec l’autre joueur. Bref, un raté sur le lancement, ce qui nous amène à nous demander si, de toute manière, le mode en ligne intéressait tant que ça les possesseurs du jeu de kart.
Reste au moins le multijoueur local qui assure le minimum syndical avec son écran splitté, où vous vous affrontez soit lors de courses traditionnelles, soit dans des batailles d’objets, ou même encore au sein du mode Spatule Dorée, une déclinaison de la Capture de Soleil de Mario Kart où il faut garder le plus longtemps possible l’objet en question. En bref, du classique et guère plus, dans un titre qui peine un peu à marquer son empreinte.
Car certes, d’une part, Nickelodeon Kart Racers 2: Grand Prix dispose cette fois plutôt d’un bel habillage, avec un jeu bien plus coloré que son prédécesseur – sans non plus être une bombe atomique – en prenant pas mal d’éléments du décor et des références aux différents dessins animés impliqués dans cette adaptation.
Les objets à votre disposition pour vous aider en course ou bien pour gêner les concurrents restent également assez bien pensés et en adéquation avec le lore Nickelodeon. Les couches puantes tirées des Razmoket désorientent largement en altérant la conduite, Appa, de Avatar, vous fait remonter toute la course en cas de position basse dans le classement, en repoussant tout sur son passage. Enfin, mention spéciale à Hans de Bob l’Eponge qui se glisse au milieu de l’écran afin de vous empêcher de bien voir où vous allez.
Seulement, d’autre part, et sans être extrêmement assidu sur ces licences, on peine tout de même, par exemple, à reconnaître les thèmes musicaux des circuits, en finissant par conclure qu’ils ne sont pas au rendez-vous. Dommage car l’équipe de développement manque l’occasion de nous immerger à fond dans tel ou tel dessin animé. Là aussi, et c’est un point noir persistant depuis le premier opus, les personnages ne lancent aucune réplique.
Pire, aucun son ne sort même de leur bouche. Ainsi, on oublierait presque parfois qui l’on dirige, tant les pilotes manquent de vie – sans parler du design de certains d’entre eux, dont le passage à la modélisation 3D ne glorifie pas le trait. Ce trou dans le sound design altère inévitablement l’âme des courses en conséquence. Et ce ne sont pas les quelques animations des pilotes à bord du véhicule, ou sur le podium, qui sauvent véritablement l’affaire.
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