Si la licence NieR est aujourd’hui si populaire, c’est surtout grâce à NieR Automata qui s’est vendu à bien plus d’exemplaires que son prédécesseur. Avec un tel succès, ramener NieR Replicant ver.1.22474487139… (que l’on appellera NieR Replicant dans la majeure partie de cet article, histoire de simplifier la lecture) sur le devant de la scène semblait être tout naturel pour Square Enix, qui voit désormais un nouveau potentiel derrière la série et qui permet aux nouveaux arrivants de découvrir l’épisode que l’on nomme aujourd’hui, étrangement, « la préquelle de NieR Automata ». Il ne reste plus qu’à juger de l’état de ce remaster, pour voir si le poids des années n’a pas fait perdre un peu de magie à ce titre, qui en possède tant.
Conditions de test : Nous avons terminé le jeu avec l’ensemble de ses fins, ainsi que 40% des quêtes annexes (celles qui valent le coup) en environ 35 heures. Nous avons effectué notre partie sur la version PlayStation 4 du jeu à partir d’une PlayStation 5.
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ToggleUn seul jeu pour tout unifier
Puisque la situation n’est peut-être pas claire pour tout le monde, il convient de réexpliquer ce qu’était NieR à l’époque et ce que nous offre ce remaster. Lorsque le premier NieR est sorti en 2010, il a été divisé en deux jeux distincts, NieR Gestalt et NieR Replicant. La première version est celle que l’on a pu voir en Occident, avec un protagoniste plus âgé, tandis que la seconde, avec son héros plus jeune, était réservée au Japon.
La seule différence entre ces deux jeux repose sur la nature de la relation entre le personnage principal et une jeune fille nommée Yonah. Dans Gestalt, il est le père de Yonah, tandis qu’il campe le rôle de son frère dans la version Replicant, qui nous arrive donc en Occident pour la toute première fois.
On y suit donc les aventures du jeune protagoniste qui va parcourir le monde pour trouver un remède face à la nécrose runique, une maladie dont est atteinte sa petite soeur. Sur sa route, il sera confronté aux Ombres, des étranges créatures prenant différentes formes qui s’attaquent aux humains dans un monde au bord du chaos. Son voyage l’amène à rencontrer des personnages mémorables comme Kainé, une femme au langage fleuri qui cache de nombreux secrets, ainsi qu’Emile, un jeune garçon atteint d’un malédiction. On n’en dira pas plus pour préserver celles et ceux qui auront la chance de découvrir cette épopée avec ce remaster.
Une vieille recette qui ne plaira pas à tous
Autant le dire d’emblée, NieR Replicant ver.1.22 a un rôle difficile à porter. D’un côté, il est conçu comme étant une meilleure porte d’entrée vers la saga, même si NieR Automata est désormais bien plus efficace dans ce rôle, et de l’autre, il est justement censé faire découvrir les origines de la série à celles et ceux qui ont commencé par les aventures de 2B et 9S. On vous l’accorde, dire d’un jeu qu’il est difficile pour lui de passer après sa suite est forcément quelque chose d’inhabituel, mais ce préambule a surtout pour but de vous indiquer que NieR Replicant n’est définitivement pas pour tout le monde, même si vous avez aimé Automata.
Comprenez-nous bien, NieR Replicant est un grand jeu. Oui, on spoile allégrement la suite de ce test, mais ce premier épisode a ce petit quelque chose de spécial qui vous fera en tomber amoureux directement avec passion, ou qui vous rebutera pour toujours. Même si vous avez adoré NieR Automata, il est important de savoir où vous mettez les pieds.
Car malgré son statut de remaster, Nier Replicant reste fondamentalement un jeu des années 2000, avec une structure old-school ponctuée de beaucoup d’allers-retours (on note tout de même un sprint automatique pour aller plus vite), de quêtes « fedex », et de zones relativement vides découpées par des temps de chargement, heureusement bien réduits dans cette version.
Par ailleurs, si Square Enix jonglait entre l’appellation remaster ou remake, soyez certains que la balance penche bien plus du côté du remaster, et que Toylogic a souhaité conserver l’ensemble de la progression et du rythme du jeu, quitte à en décourager plus d’un.
Une modernisation salvatrice du gameplay
Le jeu a tout de même droit à des améliorations visuelles qui ne sont pas évidentes au premier coup d’oeil, mais qui sont criantes lorsque l’on met la version 2010 en face d’elle. Les effets de lumières sont ainsi bien plus réalistes, le brouillard qui entourait le jeu a disparu, la distance d’affichage est bien plus grande et même les modèles de personnages ont été retravaillés. Certains panoramas sont magnifiés, comme celui du village de l’Aire, tandis que d’autres nous montrent les limites du projet, comme les Plaines. On n’en attendait pas plus d’un remaster en 2021 à vrai dire, n’allez donc pas penser que NieR Replicant sera une claque visuelle de tous les instants.
Ce n’est pas ce qu’on attend de lui après tout, étant donné qu’il était déjà en retard sur ce plan à l’époque. Cela suffit pour mettre en valeur la direction artistique si unique du titre, même si le vide des décors ressort d’autant plus. En revanche, il faut noter que le studio a choisi de conserver les fameuse bandes transparentes de part et d’autres de l’écran lors des cinématiques, comme à l’époque.
Toylogic n’a cependant pas fait les choses à moitié lorsqu’il a été question de retoucher le système de combat, qui profite énormément de ce remaster. En reprenant les codes de NieR Automata instaurés par PlatinumGames, le studio a retravaillé le gameplay pour le rendre plus vif, plus spectaculaire, et donc plus plaisant. Et ce n’est pas rien, car NieR Replicant nous demande très souvent de combattre.
On retrouve alors des petites nouveautés comme des esquives plus efficaces, qui, avec le bon timing nous font passer directement dans le dos de l’adversaire, mais aussi des combos rallongés et des animations supplémentaires.
Le tout est plus fluide et dynamique, surtout lorsque l’on le combine avec les pouvoir de Weiss, le livre magique qui sert de compagnon de route au protagoniste. On retrouve ainsi les fameux Vers scellées, ces pouvoirs magiques prenant différentes formes qui ajoutent de la complexité au gameplay. Le système de Mots est toujours là, et permet d’associer certains attributs aux armes, aux mouvements et à la magie selon notre style de jeu, pour augmenter les dégâts ou gagner plus d’expérience.
Un lock est également présent et celui-ci facilite grandement la vie, même s’il reste perfectible, notamment dans les endroits clos (on pense au Temple et à la Montagne des Robots).
Tout ces ajouts dans le système de combat permettent de redécouvrir au mieux le DLC inclus directement dans ce remaster. Ce contenu bonus consiste en un « donjon » de 15 arènes de combat dans lesquelles on pourra contrôler le protagoniste de la version Gestalt pour occire quelques ombres et gagner des récompenses.
La version enrichie et définitive du jeu
Non content d’avoir retravaillé cette partie, Toylogic s’est aussi attaqué à la réorchestration de la bande-son du jeu, en compagnie de son compositeur original Keiichi Okabe. Si on aurait souhaité avoir le choix entre les musiques d’origine et ces réorchestrations, force est de constater que le résultat est toujours aussi envoutant. Celles et ceux qui ont joué au titre à l’époque savent qu’il ne suffit que d’une seule note de « Kaine’s Salvation » pour retomber dans cette béatitude (ou cette tristesse) que provoque cette bande-son, mémorable à bien plus d’un titre et qui continuera à nous faire frissonner des années durant.
Le doublage a eu aussi droit à un coup de jeune avec des réenregistrements, et la possibilité de jouer avec les voix japonaises. Ces dernières sont évidemment très réussies, mais la version anglaise est aussi à la hauteur, notamment Laurey Bailey qui campe une impeccable Kaine. Tous les dialogues sont cette fois-ci doublés, même ceux des PNJ sans importance, ce qui aide à apporter un peu de vie à ce monde.
Autre ajout, ce remaster se montre plus accessible que par la passé. Le mode « combat auto » a été implanté dans le mode facile (si on souhaite l’activer ou non), et les contrôles peuvent être personnalisés afin de laisser plus de possibilités aux personnes ayant un handicap, ce qui est toujours bien et à souligner.
Mais ce que tous les fans de Yoko Taro attendaient, ce sont surtout des surprises ajoutées au récit. Soyez rassurés, il y en a, même si elles sont peu nombreuses. Une grande mission supplémentaire a été ajoutée au scénario et nous permet de nous aventurer un peu plus longtemps dans la ville de Littoral, avec un boss véritablement spectaculaire qui rentre directement dans le panthéon des boss de la saga. Bien qu’un peu courte, cette quête s’imbrique de façon plutôt naturelle dans le récit et étoffe encore davantage le lore du jeu.
Le principal ajout de remaster reste l’ajout d’une fin bonus, dont on ne dira absolument rien pour ne pas gâcher la surprise, si ce n’est qu’elle est diablement efficace.
Un chef-d’oeuvre à part
Pour tout les autres points, NieR Replicant reste ce qu’il était à l’époque. Un jeu étrange et toujours surprenant, embrassant ses différentes influences sans se cacher, avec des passages en 2D ou en vue du dessous qui surprennent, des hommages au shoot’em up avec des boss qui nous inondent de balles d’énergies à esquiver, des quêtes uniquement constituées de textes ou encore des passages qui fleurtent avec le jeu d’horreur.
Un RPG à l’ancienne, qui nous fait vagabonder d’une ville à l’autre pour jouer le postier ou pour aller chasser des moutons, tout en cultivant son petit coin de jardin. Il reste également un titre qui nous fait passer par toutes les émotions grâce à une galerie de personnages très intense. Comment ne pas tomber amoureux de ce quatuor de héros si unique, ne serait-ce que via la relation pleine d’injures et d’amitié cachée entre Kaine et Weiss.
Alors que NieR Automata nous parlait d’humanité, NieR Replicant se veut être intimiste en mettant la question de l’identité et de l’acception de soi au centre de ses enjeux. Remaster ou non, 2010 ou 2021, tout cela est encore une fois superbement narré, et touchera en plein cœur celles et ceux qui auront la patience de passer outre cette structure étrange, au récit qui prend son temps.
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