Plus de 11 ans après le second opus, No More Heroes III sort officiellement en ce 27 août exclusivement sur Nintendo Switch. C’est donc tout juste deux ans après le sympathique Travis Strikes Again No More Heroes – qui était qu’on se le dise un spin off qui teasait logiquement ce troisième volet -, que ce nouvel épisode déboule sur Switch et nous fait reprendre logiquement le contrôle de ce bon vieux Travis Touchdown.
Cette fois-ci, il est clairement question d’un classement intergalactique des assassins, chose pour le moins très inattendue mais dans le ton du jeu. Du coup, si le spin-off Travis Strikes Again No More Heroes nous avait convaincu deux ans auparavant, No More Heroes III fait-il un retour aussi fracassant que prévu ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Nous avons terminé No More Heroes III en 12 heures de jeu dans sa difficulté Bitter, qui est le mode normal en essayant de faire presque toutes les activités et les matchs désignés. Le titre a été testé sur Switch principalement en mode télé, et à la manette comme aux Joy Con.
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ToggleLes aliens assassins sèment le trouble à Santa Destroy !
Comme ses ainés, No More Heroes III joue logiquement la carte du déjanté à souhait. La production de Grasshopper Manufacture se déroule après les événements de Travis Strikes Again No More Heroes, et nous incarnons une nouvelle fois l’infatigable Travis Touchdown. Se la coulant douce dans sa chambre du mythique motel No More Heroes, notre protagoniste a la mauvaise surprise de voir des aliens débouler sur terre pour y semer la pagaille.
Notre héros se retrouve de ce fait engouffré de force une fois de plus dans un nouveau classement intergalactique des assassins. Cette fois-ci il s’agira donc d’aliens, et le bougre aura pour objectif d’éliminer ces dix assassins extraterrestres afin d’atteindre la première place de ce classement et sauver accessoirement le monde. Outre cette narration basique sur le papier, No More Heroes III puise toute sa force dans la tripotée de clins d’œil à n’en plus finir, l’autodérision permanente restant efficace de bout en bout, et surtout le quatrième mur qui prend cher.
Entre ça, les références permanentes aux anime, aux films japonais, aux méchas voire aux jeux rétro qu’affectionne particulièrement Goichi Suda, No More Heroes III propose un déluge de références à la pop culture qui fait plaisir, tout en y incluant des personnages d’autres licences afin de contenter les fans. Le gros point positif de la narration vient finalement de là, avec cette déclaration d’amour aux jeux vidéo et autres médias dont seul Goichi Suda a le secret.
En sus, le soft nous gratifie d’une fin vraiment convaincante, et laisse la porte grande ouverte à un éventuel quatrième volet. Tout ceci pourrait d’ailleurs laisser présager du lourd, mais aussi un joyeux bordel rien que pour le fil rouge. En somme, le titre est toujours bon sur sa trame scénaristique, mais l’est tout autant dans la mise en scène des boss en général. Si leur identité est connue depuis les nombreux trailers et n’ont pas nécessairement un chara design des plus sexy – du moins pour certains -, sachez qu’il y aura des rebondissements sympa à propos de ces derniers.
Sans trop en dire, il s’agit là d’un tour de passe-passe assez intéressant de Suda 51 qui surprendra très clairement les joueurs, et qui fonctionne à chaque fois. En revanche, et même si le style graphique en cel-shading fait toujours sont petit effet, force est de constater que la direction artistique, aussi sympa soit-elle avec un bon mélange de genres et d’effets visuels, manque parfois un peu de vie surtout sur le côté monde ouvert, qui aurait mérité des maps un peu plus détaillées et surtout moins vides. La variété pêche donc à ce niveau-là, mais est toutefois rattrapée par la diversité des environnements de combats dans les missions, comme contre les boss.
Un épisode plus ouvert mais ultra répétitif
En parlant de monde ouvert, No More Heroes III reprend les mécaniques du premier volet. Effectivement, outre la possibilité de se balader librement dans tout Santa Destroy, le soft donne également la possibilité aux joueurs de découvrir 4 nouvelles maps ouvertes. De manière générale, force est de constater que la licence a fait des efforts sur ce troisième opus en proposant un peu plus de choses à faire sur ces maps comme des missions de défense, de bénévolat – semblable aux jobs dans les deux premier No More Heroes -, voire annexes, ainsi que des magasins de sushis pour vous refaire une santé en combat ou dans l’immédiat.
Il est aussi possible de tomber sur quelques toilettes à déboucher pour ensuite vous autoriser à sauvegarder, et des matchs désignés sont aussi de la partie. Ces derniers sont primordiaux car ceux-ci vous permettent de récolter quelques rubis bleus ou rouges, avant de vous donner le feu vert pour payer les frais d’inscription pour votre prochain match contre ledit assassin extraterrestre. Vous l’aurez compris, Grasshopper Manufacture s’est efforcé de proposer des activités plus diversifiées sur ce No More Heroes III, mais la répétitivité subsiste encore plus significativement.
En effet, le schéma de progression sera tout d’abord le même. Grosso modo, vous devrez d’abord terminer les matchs désignés, récolter suffisamment d’argent en effectuant diverses missions de défenses ou bénévolat, puis aller dans un distributeur de billets et verser les frais d’inscription à votre match classé pour avancer dans l’histoire et ainsi affronter chaque boss. Autant dire que vous aurez vite la sensation de toujours faire la même chose pour progresser dans le jeu, ce qui peut devenir vite écœurant et redondant.
L’autre point à souligner, c’est aussi inévitablement la répétitivité des activités. Si les missions de bénévolats parviennent à proposer des mini-jeux sous forme de jobs plutôt agréables et dans le ton déjanté que propose la franchise, les missions de défense sont quant à elles des plus barbantes. Il s’agira toujours de dézinguer des ennemis par vagues et… c’est tout. Pour les matchs désignés, ce sera aussi des combats dans des arènes exiguës, à l’exception des combats de mini-boss à terre ou dans l’espace armé de votre mécha façon Gundam, permettant de varier à minima le tout.
Autant dire qu’en voulant faire des efforts dans la diversité, le titre en revient au même point que la plupart des productions du studio, à savoir une répétitivité frustrante. Au passage, on notera également la maniabilité de la moto de Travis assez rigide et lourdingue, et avec des collisions clairement d’un autre âge. Décidément, même si le monde ouvert part d’un bon sentiment, il est possible que le studio ait été un peu trop ambitieux.
On peut d’ailleurs regretter que les missions de bénévolat ne prennent pas la forme de mini-jeux rétro, chose qui était relativement sympa sur No More Heroes 2 : Desperate Struggle – cet aspect n’est pas nécessairement absent mais on n’en dit pas plus. Autre regret également à noter : l’absence remarquée de diverses boutiques permettant d’acheter de nouvelles armes, comme sur les deux précédents opus. Par contre, ce n’est pas vraiment grave non plus, dans la mesure où le titre s’offre quand même des nouveautés passionnantes dans le gameplay de No More Heroes III.
Quelques nouveautés et phases de jeu inventives
En dehors du monde ouvert et ses quelques nouveautés, No More Heroes III propose un système de combat fidèle à sa réputation. Nous retrouvons ainsi à peu de choses près les mêmes combos avec le bon vieux Beam Katana de Travis, et un feeling global très dynamique et nerveux. Bien entendu, il est toujours possible de parader, de réaliser des esquives parfaites afin d’activer un ralenti et faire beaucoup plus de dégâts aux ennemis, ainsi que la possibilité de recharger votre arme en secouant votre Joy-Con ou en bourrinant le joystick droit de la manette, voire le Slash Reel.
Ce dernier est un coup de grâce qui s’active aléatoirement ou pour achever les ennemis, et activant ensuite un bandit manchot vous donnant des bonus intéressants si le même symbole apparait trois fois – cela va d’un bonus d’invincibilité à la possibilité d’activer un Mecha temporaire. Egalement, le bébé de Grasshopper Manufacture se dote toujours de ces bonnes vieilles prises de catch qui peuvent se réaliser uniquement si l’adversaire en question est complètement sonné. Rien qu’avec ça, le titre est déjà complet sur le combats, mais s’enrichit avec les pouvoirs du Deathglove.
Au nombre de quatre, ces pouvoirs du Deathglove provenant de la Deathdrive dans Travis Strikes Again: No More Heroes, apportent un plus dans le gameplay. En effet, ces fameux pouvoirs peuvent ralentir le temps sur une zone bien précise, projeter les ennemis en arrière en mode télékinésie pour leur faire du dégâts, ou encore donner un bon coup de pied façon catch afin de les projeter à terre. Cela permet d’effectuer des enchainements assez stylés, et étoffe un peu plus l’aspect combat d’ores et déjà assez fun et jouissif, notamment sur les slash reel, qui s’effectuent comme toujours avec une petite QTE comme sur les duels de sabres.
Ceci dit, ce n’est pas parce que le titre propose un gameplay complet qu’il est parfait pour autant. Si les systèmes de verrouillage et de barre de vie ont été revus, force est de constater que la caméra n’est pas réellement optimale, vous obligeant à utiliser constamment le mode verrouillage des ennemis pour vous y retrouver. Il y aura aussi de quoi souffler sur la lisibilité de l’action, parfois un poil confuse à cause des trop nombreux effets lumineux et de sang. Néanmoins, les combats s’enchainent bien, restent fun, frénétiques, et c’est tout ce que l’on demande au titre.
Autre nouveauté intéressante à noter sur No More Heroes III, qui n’est autre que l’amélioration de Travis et des puces du Deathglove. Moyennant des WESN qui est la seconde monnaie du jeu et qui s’obtient en jouant, vous pouvez dans le sous-sol de votre motel – qui est le QG du jeu NDLR -, d’améliorer la puissance de Travis via une borne d’arcade. Vous pourrez ainsi y transférer les WESN pour améliorer sa santé, son attaque, sa puissance, voire débloquer de nouvelles techniques.
Qu’on se le dise, le système d’amélioration n’est pas vraiment prise de tête, et reste sobre tout en étant efficace. De plus, il est aussi possible de créer ses propres puces pour le Deathglove. Avec de l’argent et des ressources récupérées à la fin de chaque missions ou combats contre des boss, vous pourrez créer des puces Deathglove que vous pourrez assigner jusqu’à trois seulement. Cela vous octroiera ainsi quelques bonus supplémentaire en attaques, voire par exemple de faire durer le bullet time après une esquive parfaite.
Une fois encore, le gameplay de No More Heroes III s’étoffe par petites touches, tout en restant sur une ossature solide et ayant déjà fait ses preuves. C’est donc plaisant, et sachez que le titre offre également quelques phases de jeu véritablement inventives sur les combats de boss. Si la plupart des combats restent traditionnels et assez tendus pour la plupart, certains proposent une mise en scène et des phases de jeu originales histoire de casser un peu la routine des combats de boss.
C’est plutôt malin et bien joué, même si on aurait aimé encore plus de folie sur ceux-ci. Outre ces points évoqués, la durée de vie du soft est largement supérieure à ses aînés. Il faudra compter 12 heures de jeu environ pour voir le bout de No More Heroes III, si vous jouez en mode Bitter qui est le mode normal du jeu. L’expérience de jeu peut ensuite se prolonger avec divers collectibles à trouver, et améliorer à fond Travis voire continuer les diverses missions ou défis que vous n’aviez pas forcément terminées. En clair, il y a encore de quoi faire une fois le jeu fini.
Technique à revoir au détriment d’une bonne ambiance sonore ?
L’un des points que l’on attendait aussi au tournant sur No More Heroes III, c’est de voir si l’habillage graphique tient la route. Car on ne va pas se mentir, la licence No More Heroes n’a jamais réellement brillé par son aspect graphique, pas même les nombreuses productions de Grasshopper Manufacture en général. Pour le coup, force est de constater qu’en dépit de son style graphique cel-shading faisant le sel de la franchise, le soft n’arrive jamais à être irréprochable sur le plan graphique.
Autrement dit, le côté monde ouvert se tape des textures assez indignes de la Switch, sans compter les légères chutes de framerate en monde ouvert, le clipping à foison, ou encore l’aliasing omniprésent sur le mode tablette comme docké. Seule éclaircie dans la tempête, c’est le framerate constamment fluide en plein combat, bénéficiant de quelques effets visuels pour le moins réussi, et des textures beaucoup plus propres que sur les maps ouvertes.
A boire et à manger donc, même si on se doute qu’un patch devrait corriger cela. Il est vraiment regrettable d’arriver à un résultat moyen, mais les développeurs étaient sans doute soucieux d’arriver à faire tourner convenablement le soft sur le mode tablette et docké pour donner un résultat au moins fluide sur les deux modes, ce que Grasshopper Manufacture semble être parvenu à faire. Néanmoins, cela reste correct, même si on est loin d’un résultat éclatant. Vraiment, le soft aurait mérité mieux comme cet aspect monde ouvert doté de décors parfois vides à notre grand dam.
On finit logiquement avec la bande-son. En dehors d’un doublage VO toujours impeccable et sans fioriture, No More Heroes III se dote de musiques pour le moins sympathiques. Elles collent bien avec chaque combat et boss, mais restent par contre un peu moins marquantes voire en retrait vis-à-vis de ses prédécesseurs, ce qui est bougrement dommage.
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