Nongünz est un jeu où la confusion règne en maîtresse absolue et où votre capacité à réfléchir sur le monde qui vous entoure sera mise à rude épreuve. L’impression première qui se dégage du titre est cette volonté de vouloir perdre le joueur dans un mécanisme de réflexion autour du jeu, de vous faire creuser de plus en plus profondément après chaque partie, en bref, de percer le mystère qui plane au dessus du jeu… et la sauce prend !
La première chose qui m’a attiré, et bizarrement repoussé à la fois, est sans doute l’environnement de Nongünz.
Tout est fait de noir et de blanc, pratiquement monochrome si ce n’est la présence de quelques nuances de gris par ci par là et ironiquement, les seules teintes de couleur que vous pourrez retrouver dans le jeu seront dues à vos différents ennemis et aux traces de sang laissées par ces derniers, après votre passage, sur leurs cadavres décharnés.
Habituellement, les couleurs sont là pour égailler un peu le tableau. Ici, cependant, il semblerait que la palette maitresse soit celle d’un rouge, oppressant et violent, rappelant au joueur qu’il ne risque pas de faire de vieux os dans cet endroit et qu’il n’est qu’un simple grain de poussière tout juste bon à tuer et être tué.
Lorsque que l’on est un squelette sans tête et qu’on évolue dans un cimetière en guise de hub central et dans une crypte digne d’un dédale tout droit sorti des abysses, à quoi bon se poser toutes ces questions me direz-vous..?
Nongünz cherchera à vous oppresser, run après run, l’ambiance qui se dégage du titre y est pour beaucoup. La majeure partie du jeu se déroule dans la crypte mais pas seulement et j’y reviendrai plus tard. Cette dernière sera parsemée de décors, d’objets de vies passées et d’ennemis à la fois inédits et assez familiers. La bande son du jeu n’échappe quant à elle pas non plus à tout cela, composée exclusivement à la guitare sèche et de chœurs, elle renforcera le sentiment de solitude et de malaise que Nongünz appuiera lourdement tout au long de votre périple.
Sommaire
ToggleLa guerre est douce aux non initiés
Dans Nongünz, nous incarnerons un squelette qui se battra avec diverses armes, majoritairement des armes à feu, mais aussi quelques armes de corps à corps, ainsi qu’au moyen de quelques capacités glanées dans la crypte, ou encore grâce à l’autel des prières aux balles comme j’aime l’appeler. Pourquoi ce nom et pas un autre ? Tout simplement parce que Nongünz nous laisse dans le brouillard le plus total. Rien n’est indiqué et j’insiste sur le rien car, des réglages en passant par les « dialogues » ou encore la description des objets et boosts ramassés en jeu, rien n’est indiqué, absolument rien. Vous devrez vous faire une idée par vous-même et essayer de comprendre ce que fait chaque PNJ, objet et j’en passe.
Au démarrage vous serez largués…
Au démarrage vous serez largués devant l’autel aux prières, un énorme édifice gravé avec des sculptures de crânes et d’armes ainsi qu’avec la citation suivante « Dulce Bellum Inexpertis » qui signifie « La guerre est douce pour ceux qui ne l’ont jamais expérimenté ». Cet autel est en fait une partie du hub qui vous permettra de dépenser vos points afin d’obtenir des armes bonus ou de nouvelles capacités via les crânes.
En explorant le hub, on découvrira un sous sol lié à l’autel, il accueillera tous les squelettes rescapés que vous pourrez trouver dans la crypte et ces derniers feront monter votre total de points à la manière d’un Cookie Clicker pendant que vous serez occupé à jouer.
Le reste du HUB est composé de petites tombes qui vous serviront à entreposer des armes et autres boosts afin de les sauver pour un run futur. Car oui, qui dit Roguelike, dit remise à zero des compteurs à chaque mort dans la crypte ! Vous pourrez observer dès le lancement du jeu qu’un gros compteur de points se trouve au bas de votre écran et que le simple fait de tirer avec votre arme fera grimper le total de points. Assez étrange lorsque l’on pense que dans la plupart des jeux, les points s’obtiennent à la mort d’un ennemi. Il en va de même avec nos compagnons squelettes sauvés dans la crypte et qui feront eux aussi augmenter ce total de points en priant l’autel aux armes… Nongünz se baserait-il sur l’apologie des armes ?
Le cœur du jeu
Si on écarte cet aspect mystérieux et « flippant », Nongünz reste un roguelike et reprend une bonne partie des codes du genre tout en empruntant aussi à son cousin platformer.
Faire évoluer le personnage permet des démarrages de run plus simples et donc d’aller plus loin dans le dédale de la crypte. Une crypte étendue sur plusieurs étages qui contiendront chacun un boss et monstres rappelant énormément « The Binding of Isaac » (Gelée d’yeux, jambes rampantes, mouches tueuses, colonne vertébrale-scorpion…), diverses salles à traverser, des coffres bonus, des boutiques…
Certaines mécaniques vont vous rendre masochiste !
Chose innovante et probablement liée au côté malsain du jeu, la mécanique de healing vous forcera à sacrifier vos objets et boosts, et bien entendu, plus ceux-ci seront rares, plus ils vous soigneront. Autre point notable, vous pourrez vous sauver de n’importe quelle situation hasardeuse en sautant par la fenêtre la plus proche dans la crypte. Cela aura pour effet de vous sauver dans un premier temps, de garder vos boosts et vos points mais vous serez forcé à recommencer votre visite de la crypte depuis le début.
Certains pourront trouver le gameplay contraignant, d’autres apprécieront la chose, personnellement j’ai eu un peu de mal à me faire à l’idée que notre personnage ne peut tirer qu’en ligne droite en face de lui-même ou en l’air via une glissade sur le sol. Dans le même ordre d’idée, il vous sera possible de grimper une plateforme mais impossible d’en redescendre via la pression du bouton bas comme vous pourriez le faire naturellement dans un plateformer du même genre (DeadCells, Castlevania…). Ajoutez à cela une difficulté relativement relevée mais pas insurmontable et un nombre de morts conséquent se donnant ainsi de faux airs de « Dark Souls » de part son histoire brumeuse et son ambiance malsaine et vous pourrez dire bonjour à Nongünz !
Ou du moins, vous pourrez saluer la partie visible de l’iceberg ! J’y reviens enfin, mais la crypte n’est qu’une partie du gameplay. Chose troublante, lorsque que vous essayez de quitter le jeu, vous devrez d’abord passer par un menu. Jusque là, rien de plus classique me direz-vous mais cela vous prendra un certain temps afin de le fermer et lorsque vous serez en droit de vous attendre à la fermeture du jeu en bonne et due forme, vous vous retrouvez alors face à un personnage se relevant de son siège et pouvant se déplacer dans une chambre qui a l’air jusque-là tout a fait normale… En effet cette dernière est équipée d’un ordinateur qui vous permet de lancer Nongünz, d’un Yukulele dont vous pouvez jouer, d’un coffre avec un mot de passe à rentrer, d’un tapis de course et enfin, d’un lit sur lequel vous pouvez allonger votre personnage et cette action déclenchera, enfin, la fermeture du jeu.
Ceci étant dit, le titre vous laissera encore sur des interrogations que vous devrez résoudre par vous même, quel est le réel jeu ? L’idle game qu’est Nongünz ? Ou la partie jouable dans la chambre ?
Conclusion du test Nongünz
Nongünz est un ovni dans la sphère du roguelike, non pas par son gameplay qui est un véritable classique du genre mais par son univers et l’aura malsaine qu’il dégage. Premier jeu du studio Brainwash Gang, Nongünz laisse le doute planer quant à son thème, ses intentions et le message qu’il véhicule. Les amoureux du genre en manque de challenge y trouveront leur compte tant le contenu est riche et la difficulté au rendez-vous, cependant, il risque de ne pas plaire à tout le monde de part son parti pris et le malaise constant qu’il laisse en bouche après de longues sessions.
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