Malgré les avancées technologiques dont bénéficient nos consoles actuelles, les jeux en pixel-art ont paradoxalement le vent en poupe. Et si les jeux de ce type n’ont pas l’éclat graphique de certaines grosses productions, il est évident qu’ils doivent tirer leur épingle du jeu sur d’autres aspects. Not a Hero fait partie de ces titres en pixel-art qui ont bénéficié d’un petit succès sur PC. Après son arrivée sur nos ordinateurs de bureau en mai 2015, le titre développé par Roll7 et édité par Devolver Digital débarque aujourd’hui sur PS4. Mais valait-il la peine d’être porté et découvert par les joueurs de la petite dernière de Sony ? Se démarque-t-il à sa façon ?
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ToggleLes dix salopards
Le pitch de départ de Not a Hero est très simple : BunnyLord est un lapin pourpre humanoïde venant du futur et cherchant à se faire élire maire afin « d’empêcher la fin du monde ». Celui-ci ne recule devient rien pour y parvenir. Pour ce faire, il décide de mener une campagne électorale qui marquera les esprits, en éliminant le crime au cœur de la ville, en 21 jours. Afin d’accomplir cet objectif, notre lapinou, dont la douceur n’a d’égale que son vocabulaire fleuri, s’entoure d’une bande de porte-flingues tout aussi givrés que leur candidat à la mairie.
Ces personnages sont bien entendu, comme l’ensemble du jeu, ultra référencés et renvoient à différents films cultes entrés dans la culture populaire (The Big Lebowski, Kill Bill…), en usant et abusant de clichés. Le titre présente clairement un côté référencé et décalé assumé, amenant des vannes qui, parfois feront mouche, et d’autre fois tomberont à l’eau. Cet humour absurde et incessant peut à des moments (souvent diront certains) se montrer lourdingue. Après, rien n’empêche de passer ces dialogues, mais il est tout de même dommage de ne pas avoir suffisamment mieux dosé ces séquences.
D’un point de vue réalisation, on retrouve pour Not a Hero le style d’un Super Time Ultra Force, le rendant assez minimaliste, ce qui ne l’empêche pas pour autant d’avoir son propre style, avec des personnages reconnaissables qui ont leur propre personnalité, les rendant plus attachants que des personnages lambdas. Les différents mondes ont également chacun leur style, allant des immeubles tenus par des gangsters d’Europe de l’Est à des bâtiments de style asiatique du plus bel effet. Mention également aux musiques de style rock / électro collant parfaitement à l’univers mise en place par Roll7.
Nettoyage au bain de sang
Allant du héros de film d’action partisan du seul contre tous au redneck aussi subtil qu’un char d’assaut, les différents personnages doivent traverser des niveaux composés de trois « mondes » différents, se présentant en side-scrolling sous la forme d’un run and gun survolté, violent et sanglant à souhait que ne renierait pas Quentin Tarantino. Tuer tout ce qui bouge, sauver des otages aussi improbables que des pandas, retrouver des objets, détruire des installations… il y a fort à faire et c’est loin d’être de tout repos !
Les missions présentent à chaque fois un objectif principal qui est le plus important à accomplir et permet d’avancer dans l’aventure. Il y a aussi sur chaque niveau trois missions secondaires aussi diverses qu’absurdes et permettront d’accroitre la popularité de BunnyLord. Cette popularité est importante puisque plus celle-ci grimpe, plus de nouveaux hommes de mains viendront gonfler vos rangs. Chaque personnage présente ses spécificités et aura plus ou moins de facilité à terminer telle ou telle mission. Par exemple, il est peu recommandé de prendre un ennemi lent s’il faut terminer une mission le plus vite possible. Il n’est pas non plus conseillé de prendre un personnage occasionnant peu de dégâts dans des missions impliquant d’affronter des flots incessants d’ennemis.
Cette complémentarité est un point appréciable mais l’on ressent tout de même un certain déséquilibrage qui fait que certains personnages peuvent aisément être choisis pour l’ensemble des missions, tandis que d’autres seront à la limite de l’inutilisable sur certains niveaux. Les derniers personnages, les plus difficiles à obtenir, sont les plus polyvalents et permettent de remplir certaines missions bien plus facilement, ce qui dans le fond est assez logique. Mais il est dommage que les premiers personnages perdent un peu de leur intérêt.
La glissade, garante de la justice
Le gameplay présente une particularité évidente, sans doute la plus frappante, celle qui demande une adaptation immédiate, sous peine de galérer légèrement dès le début : il n’y aucune touche de saut. Cela peut paraitre étonnant pour un jeu en 2D, mais ce manque – qui n’en est pas vraiment un – est compensé par la capacité de notre personnage à glisser pour se déplacer plus rapidement, mais également se mettre à couvert.
Parce que oui, l’un des autres points clé réside dans la possibilité de se mettre à couvert, ce qui n’est pas le plus courant pour un jeu en 2D. Concrètement, il suffit de glisser et de relâcher la touche pour que son personnage s’arrête et se place dans l’ombre, signe qu’il est intouchable par l’ennemi, tout du moins à distance. Cette fonction est primordiale et permet de survivre à des situations parfois désespérées, même si rester immobile n’est pas souvent la meilleure idée en cas d’invasion massive par la pègre locale.
Clairement, le système de glissade et la possibilité de se mettre à couvert participent à l’originalité du soft et offrent des scènes d’action assez jouissives qui ne sont pas sans rappeler les films de John Woo (entre autre). Mais ce n’est pas tout puisque la glissade offre aussi l’opportunité d’aller tacler nos ennemis afin de les faire tomber au sol et de les étourdir pour finalement lancer une exécution permettant d’éliminer d’un seul coup son opposant. On note aussi la gestion de la distance de tir, puisque si vous tirer à bout portant, les dégâts à l’arme à feu seront décuplés, amenant bien souvent à répandre la cervelle – ou le corps entier – de l’ennemi un peu partout dans la pièce.
Un plaisir stoppé en plein élan
Mais ne nous emballons pas puisque le jeu de Roll7 n’est pas exempt de défauts dans son gameplay. Effectivement, le jeu pourrait s’avérer frustrant pour les joueurs les moins acharnés puisqu’il implique d’apprendre de ses erreurs et en recommençant en boucle les niveaux, surtout si l’on souhaite les boucler à 100%. Le soft se montre bien souvent impitoyable et demandera un timing millimétré pour terminer certaines séquences. Il peut également arriver de ressentir un sentiment d’injustice, surtout lorsque qu’un ennemi vous frappe alors que vous arriviez en taclant dans son dos. Ou lorsque qu’après une chute, l’ennemi se relève instantanément alors qu’il est censé être immobilisé un court laps de temps.
De même, il arrive que d’une tentative à l’autre, vos balles n’aient pas le même effet sur vos ennemis. Illustrons avec le personnage permettant de tirer au fusil à canon scié : si vous avez deux ennemis côte à côté et que vous tirez dessus, dans la majorité des cas, ils mourront tous les deux. Eh bien il peut arriver, même au bout de votre 20ème essai qu’un des deux passe au travers du souffle du canon et vous tue, ruinant complètement votre tentative… rageant quand cela survient en fin de niveau !
Rappelons-le, le soft dispose de 21 niveaux. Mais on trouve aussi deux ou trois niveaux secrets qui ne rallongeront malheureusement pas une durée de vie déjà relativement courte, s’élevant au maximum à une petite dizaine d’heures de jeu pour les joueurs les moins habiles. D’autres modes de jeu ou des niveaux supplémentaires auraient pu être appréciables pour accroitre le plaisir de jeu, surtout pour son prix de base de 12,99€, un poil trop élevé pour ce qu’il offre.
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