Qui n’a jamais rêvé de prendre les rênes d’une émission de télévision, ou du moins d’en connaître les coulisses ? Ce rêve est devenu réalité puisqu’en jouant à Not for Broadcast, vous allez devenir la référence en termes de réalisation au sein d’une régie devant faire le maximum pour garder présent l’audimat. A noter que le jeu développé par les Britanniques de NotGames et édité par tinyBuild Games est sorti le 25 janvier dernier en version définitive uniquement sur PC (via Steam, Epic Games Store et GOG.com) au prix de 20,99€, après 2 ans d’un accès anticipé ayant délivré son contenu au fur et à mesure.
Jeu intégralement composé de réelles séquences tournées avec de vrais acteurs, faisant de lui un titre en FMV (Full Motion Video) tout comme le fut Erica en 2019 ou encore The Complex par exemple, Not for Broadcast est même devenu le 12 janvier dernier, le jeu en FMV contenant le plus grand nombre d’heures de séquences tournées, avoisinant les 43h de prises de vues, rang certifié par l’organisme Guinness World Records lui-même.
Conditions de test : Nous avons arpenté les différents épisodes de Not for Broadcast sur PC pour une durée totale de jeu de 15h dans plusieurs modes de difficulté. La salle des défis et le mode téléthon ont également été essayés pour ce test.
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ToggleJour 254 – Je deviens une star du petit écran
Vous démarrez votre journée normalement. Vous incarnez Alex Winston, agent d’entretien d’une chaine d’informations nationale qui va se retrouver de mal en pis régisseur du principal journal télévisé du pays. Nous sommes dans les années 80, au sein d’une réalité alternative où un groupuscule extrémiste connait une ascension telle que le jour des élections, le parti Advance se retrouve au pouvoir (bien que l’on doute du côté démocratique de la chose) provoquant la fuite de nombreuses personnes dont votre prédécesseur.
Avec à sa tête deux personnalités très médiatiques, Julia Salisbury, Première ministre, et Peter Clement, un ancien de la télé, Advance va progressivement faire valoir ses méthodes et ainsi embrigader un peu plus les populations au fil des semaines et des mois passant. Nourriture gratuite pour tout le monde, salaires homogénéisés et redistribués dans la population, création de centres pour les personnes âgées, créations d’emplois pour les jeunes. Bref, le tout semble idyllique, mais ce n’est sans compter une part sombre au tableau pour rendre cette satire politique dystopique encore plus sombre qu’elle n’y parait.
Si l’on évitera de vous spoiler le scénario tant celui-ci est d’une grande importance dans Not for Broadcast, sachez tout de même que vous passerez par différents moments forts du mandat d’Advance, non sans violences par ailleurs (plusieurs scènes sont dérangeantes, violentes et nécessitent donc d’être un public averti), faisant un peu plus pencher le pays dans un totalitarisme non assumé. Au fil de 7 années transformant à tout jamais ce pays fictif séparé en territoires pour une gestion plus resserrée, vous, Alex, allez devoir choisir entre faire la propagande de ce parti nombriliste ou au contraire, lutter pour votre survie en aidant les détracteurs à un tel gouvernement avec en première ligne, Alan James du groupuscule activiste Perturbation.
Bienvenue dans le National Nightly News !
Nos interlocuteurs principaux durant toute l’histoire de Not for Broadcast sont les deux présentateurs vedettes de l’émission Nightly Night News qui va devenir malgré elle, l’émission coqueluche du gouvernement. Megan Wolfe et Jérémy Donaldson sont les stars de ce JT aux petits moyens et vous allez devoir gérer vos caméras, publicités et autres censures afin que leur émission se passe pour le mieux, ou du moins pour éviter de vous attirer les foudres de votre patron, Boseman. Elle n’est jamais très loin, Jenny la régisseuse sera aussi d’un grand secours pour vos présentateurs parfois un peu échaudés.
Ce qui est diablement bien fait dans ce jeu au genre décalé réside dans le fait que vous allez vous prendre d’affection pour cette petite équipe de présentateurs, chroniqueurs et techniciens, car vous vivrez en même temps qu’eux les événements ébranlant leur quotidien de trentenaires. Bien que certaines situations feront qu’on en laissera certains de côté momentanément, les personnages sont très bien écrits, satiriques et clichés à souhait, dans un humour très british mais qui fonctionne parfaitement bien grâce à des séquences, jeux de mots, situations totalement locasses et même absurdes. Félicitations aux acteurs incarnant à la perfection (pour la quasi totalité d’entre eux) leur rôle et qui rendent ainsi le jeu très fun.
Chaque séquence de jeu se compose de la même façon : les titres du journal puis une succession de 3 segments de durée variable (allant de 5-6 minutes à près de 20 minutes), entre lesquels vous aurez une petite pause pour vous reposer (et même sauvegarder pour quitter si besoin). Au début de chaque diffusion, les titres du journal vous donneront le ton de l’édition du jour. Vous devrez choisir entre deux images d’illustration collant le plus au titre décrit par les présentateurs. Une fois le générique lancé au bon moment, vous démarrez le premier segment avec un format pouvant aller du duplex à l’interview d’une célébrité ou encore d’un live artistique pendant lesquels tout peut arriver.
Comme vous êtes le seul commandant à bord, il vous faudra d’abord penser à allumer vos équipements. Cela peut paraître dérisoire mais il faudra le faire à chaque début de diffusion. Vous aurez également à votre disposition tout un tas d’arsenal pour que tout se passe bien : un bouton de censure (les instants à bipper apparaissent à l’écran, que ce soit des injures ou des termes dérangeant le gouvernement), 4 boutons pour switcher les écrans de caméras, un écran de contrôle de ce que vous allez diffuser ou encore un écran de diffusion pour ce que vous diffusez actuellement (avec un retard de 2 vraies secondes sur votre écran de contrôle permettant la censure notamment).
Rajoutez à cela une gestion du son, des effets sonores, un contrôleur d’interférences (auquel vous aurez très souvent affaire) et un gros magnétoscope dans lequel il vous faudra insérer vos 3 pauses publicitaires avant le lancement de l’émission. Tout cela est régi par le clavier et la souris, touches que vous pouvez remappez en fonction de vos goûts, même si nous recommandons la touche Espace pour censurer et les touches du pavé numérique si présent pour les caméras pour plus de simplicité. Nous avons testé le jeu à la manette, mais quand bien même tout était possible et très bien adapté par le jeu lui-même, cela ne nous procurait pas les mêmes sensations en jeu.
Le spectre du petit écran
Bien que chaque segment se compose à peu près de la même façon, la routine ne s’installe jamais complètement. Car il y a une tonne de règles dans Not for Broadcast et elles changent même souvent ! Vous ne pourrez rester plus de 10 secondes sur la même caméra sans voir votre audimat chuter, ne censurez pas des mots qui ne sont pas nécessaires pour les mêmes raisons, ne vous trompez pas trop de caméra sous peine d’être puni, faites attention à la chaleur de vos équipements et aux interférences qu’il vous faudra contrôler. Ne vous inquiétez pas, vous ne risquez pas d’être virés mais simplement de recommencer le segment de zéro si l’audimat s’effondre.
Les conditions sont rudes mais les situations seront tout autant différentes à chaque fois. Tantôt vous devrez monter en direct un éloge funèbre et ainsi contrôler l’opinion publique, un autre jour vous devrez valser entre les caméras au rythme de la musique, encore un autre des problèmes électriques vous empêcheront de faire ce que vous voulez, sans compter les fois où vous devrez choisir ce que vous allez diffuser impactant logiquement la suite de votre aventure et même la fin que vous allez obtenir.
Car, oui, Not for Broadcast dispose de 14 épilogues tous différents, qu’il vous faudra trouver et jouer pour les débloquer et ainsi refaire maintes et maintes fois les épisodes proposés causant un peu de lassitude quand on connaît les événements. Dans le cadre de notre test, nous en avons débloqué 5 en chargeant des parties déjà commencées pour gagner du temps et en changeant notre façon de faire, sachant que la fin de l’aventure est riche en décisions capitales.
L’aventure étant constituée de 10 diffusions (de 3 segments chacune), comptez environ 8h30 à 9h pour terminer une partie, promettant plusieurs dizaines d’heures avec toutes les fins à débloquer et les activités annexes. Quand on dit activités annexes on pense notamment à la salle des défis qui vous demandera de respecter telle ou telle condition ou encore de ne pas faire ceci ou cela pour débloquer des récompenses. Sachez également que vous pouvez revisualiser tous vos journaux, les rushes non diffusés, les spots publicitaires, comme vous le souhaitez après chaque journal achevé, l’occasion de découvrir des séquences non vues ou loupées.
Entre chaque segment, des moments mettant en scènes les acteurs hors-caméras nous permet d’en apprendre plus sur leurs relations entre eux mais aussi sur l’ambiance extérieure, les pressions gouvernementales, les attaques des groupes activistes etc. Certaines scènes sont par ailleurs un peu inutiles ou moins bien exécutées, bien que l’on sente au fil de l’eau les personnages basculer soit vers le déni de la situation soit vers la folie.
A vous les studios !
Toutes les diffusions de journaux sont entrecoupées de saynètes façon visual-novel vous contant le quotidien de votre personnage, Alex Winston, sa femme et ses 3 enfants. Quels destins auront-ils ? C’est à vous de le décider dans de multiples petits choix qui au final bousculeront votre avenir et les succès Steam que vous obtiendrez. Il s’agira de longs textes expliquant la situation avec la plupart du temps 2 choix au minimum menant à des fins pouvant être drastiquement différentes pour votre famille.
Parlons technique désormais. Puisque Not for Broadcast nécessite une réponse immédiate aux touches afin de performer, sachez que tout tourne parfaitement bien. Nous n’avons connu ni ralentissement ni bug notable et des temps de chargement rapides. En même temps, les environnements minimalistes concentrés sur votre poste de travail facilitent grandement les choses mais il faut souligner le sans-faute technique.
Rassurez-vous, bien que les voix soient celles des acteurs originaux, le jeu est traduit en français et propose des sous-titres séparés en fonction des écrans que vous contrôlez et de là où vous regardez, pour ne perdre aucune information. Et heureusement ! Le jeu étant par définition très bavard, ces sous-titres sont pour nous obligatoires pour jouer confortablement au jeu, quand bien même vous étiez bilingue. En effet, votre regard sera souvent déporté vers un élément du décor avec lequel interagir et beaucoup de petits effets sonores peuvent vous aiguiller, et bien que l’on ait connu quelques erreurs de traduction (surtout vers la toute fin du jeu), l’ensemble était vraiment très propre.
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