Nova Strike est né d’un pari semblant presque évident, et n’ayant pourtant que rarement été tenté : mêler le Shoot’em Up et le Roguelite. Une excellente idée, sur le papier. Mieux encore, puisque le premier est pratiquement confiné au Japon depuis trente ans, et que le second connaît un véritable âge d’or, il y a moyen d’offrir une lumière nouvelle à un genre en perdition. Chose que ne fera pas le jeu de Nacon, trop peu ambitieux pour s’aventurer sur ce terrain glissant. Néanmoins, on tient peut-être là l’une des expériences les moins onéreuses, et pourtant les plus sympathiques de l’été, quoique pas sans conditions !
Le jeu de Nacon et de Sanuk Games est donc un Shoot’em Up à scrolling vertical, qui intègre une mécanique de Roguelite. Autrement dit, la mort fait partie intégrante de l’expérience, chaque run se veut différente de la précédente, et l’on acquiert divers bonus à la sueur de notre front. Une recette que les amateurs de jeux indépendants connaissent bien, puisque le marché en est inondé ces dernières années, avec des titres comme Hades, Darkest Dungeon ou encore Dead Cells. Une chose est sûre, le jeu qui nous intéresse aujourd’hui ne se hissera pas au niveau de ces trois classiques, mais peut-il vous surprendre ?
Conditions de test : Nous avons passé près de huit heures sur la version Nintendo Switch de Nova Strike, principalement en mode docké.
Retour aux fondamentaux
Qu’il est bon de voir passer un Shoot’em Up en 2023. Pas que le genre soit complètement mort, loin s’en faut, mais il faut bien dire ce qui est : hormis les Japonais, pratiquement personne ne sort de shooter arcade à l’ancienne. À l’exception de rares indépendants, passant souvent complètement inaperçus. Le genre a presque disparu des radars, bien qu’il ait très largement inspiré une frange entière des jeux de tir en 3D, parmi lesquels on compte l’excellent Chorus, ou le récent Everspace 2. Mais ne nous égarons pas, voulez-vous ?
À première vue, Nova Strike ne surprendra guère les connaisseurs. On y trouve tous les poncifs du Shoot’em Up, son genre principal, à commencer par un décor spatial et une bande-son électronique. Ne passons pas par quatre chemins, le titre n’est pas original sur la forme. D’ailleurs, sa plus grande faiblesse réside bien ici, et dans la répétitivité de sa réalisation. Plus concrètement, Roguelite oblige, on est amené à visiter sans cesse les mêmes lieux, à recommencer à tour de bras la même aventure, ce qui se traduit par une certaine répétitivité.
Malheureusement, le jeu de Nacon et de Sanuk Games n’emprunte pas la voie logique, celle que la majeure partie de ses congénères choisit. Ici, pas de génération procédurale complète des niveaux, mais un simple placement aléatoire de très simplistes scripts d’apparition, autant pour les ennemis que pour les décors, qui sont par ailleurs particulièrement basiques. C’est valable pour le premier biome, mais les suivants ne sont pas en reste. Or, à ceci s’ajoute une bande-son dont la boucle risque fort de vous rester durablement en tête… ce qui est mauvais signe !
En dehors de ça, Nova Strike fait de bons choix côté gameplay. La prise en main est immédiate, et le jeu se veut accessible à tous, permettant de calibrer la vitesse de notre vaisseau, ou encore de placer au vouloir nos différentes attaques ou bonus sur les quatre gâchettes de la manette. Pour le reste, on est sur du très classique, évidemment, ce qui signifie que l’on va passer le plus clair de notre temps à esquiver les boules de couleur en appuyant sans discontinuer sur la touche de tir, à savoir le B sur Nintendo Switch.
De l’intérêt sur le long terme ?
Loin d’un Touhou, ou plus généralement du Bullet Hell à la nipponne, Nova Strike propose un challenge évolutif mais bien moindre par rapport à la majeure partie de ses congénères. Ce qui ne signifie pas que l’on ne meure pas, bien évidemment, mais plutôt que l’on avance rapidement dans son aventure. Arriver à son premier boss n’est pas particulièrement compliqué, par exemple. Nonobstant, passer au-dessus de celui-ci est une autre histoire, car il ne fait aucun cadeau, malgré la relative lenteur de ses attaques.
C’est là qu’entre en jeu tout l’aspect Roguelite de Nova Strike. À chaque mort, vous conservez une partie des ressources obtenues au cours de votre run, ce qui vous permet d’acquérir divers bonus dans un magasin dédié. Ne criez pas victoire trop vite, cela dit, car vous êtes limité en nombre d’équipements, chaque pièce prenant une place donnée, et il ne vous est pas possible de faire grandir votre inventaire au-delà de six espaces libres avant un petit moment. Or, c’est relativement peu, vous vous en rendrez compte assez vite !
Le concept fonctionne bien, il faut le reconnaître, mais on regrette que les items et bonus mettent autant de temps à être disponibles à l’achat. Parce que le soft nous gave rapidement de ressources, qu’il devient impossible de dépenser si l’on a vidé la boutique. Or, cela arrive très vite. À titre personnel, seulement cinq ou six runs m’ont été nécessaires pour vider une première fois la boutique, qui ne s’est alors renouvelé qu’une fois le premier boss détruit. Un boss sur lequel j’ai passé plus de temps qu’escompté, le Shoot’em Up n’étant pas ma spécialité…
Cela étant dit, comme énoncé plus haut, on progresse plutôt vite dans Nova Strike, que l’on soit joueur néophyte ou tireur chevronné. Ce que le jeu doit à la simplicité de sa formule, se résumant à un enchaînement de niveaux assez courts, dont on finit par déduire les patterns d’apparitions et de tirs sur le bout des doigts, sans s’en rendre compte. Enfin, chaque fin de niveau permet de choisir vers quel avantage on souhaite se diriger, que ce soit une nouvelle arme, un équipement supplémentaire, ou bien des ressources.
À ce niveau, le titre embarque quelques bonnes idées. Notamment le fait que les armes annexes, celles que l’on récupère en cours de run et qui disparaissent à notre mort, ont un nombre de munitions limité, proportionnel à leur puissance. Certaines d’entre elles pourraient complètement briser le jeu sans cette limitation, qui demeure assez illusoire dans la mesure où l’on peut récupérer des chargeurs supplémentaires sur les ennemis. Quoique, heureusement pour le challenge, cela n’arrive pas à tous les tableaux !
Ensuite, le cooldown de nos différents bonus, qu’il s’agisse d’un bouclier, d’un lance-missiles ou d’un dash, n’est pas calculé en termes de temps d’attente, mais de nombre de tirs ayant atteint leurs cibles. Et c’est là une grande force, car cela confine à une utilisation d’autant plus stratégique de nos outils, dont certains sont pratiquement indispensables pour progresser lorsque le jeu décide de surcharger l’écran d’ennemis et de projectiles. Encore une fois, si la difficulté n’est pas des plus corsées, Nova Strike parvient à conserver un challenge assez constant via ses différentes mécaniques.
Enfin, puisque vous ne possédez qu’une seule vie pour arriver au bout de votre aventure, qu’aucun crédit supplémentaire n’est à escompter mais que Nova Strike se veut malgré tout accessible, vous avez une jauge de vie et une autre de bouclier plutôt permissives. La première pourra être rechargée via des bonus à acheter à la boutique, ou des items lâchés régulièrement par les ennemis. Tandis que la seconde épongera une partie des dégâts avant qu’ils deviennent critiques, et se régénérera d’elle-même lorsque vous éviterez assez longtemps les tirs ennemis.
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