La production de No Code, Observation, a été annoncée pour la première fois en octobre 2018. Depuis, le titre des créateurs de Stories Untold a fait son chemin, avant de sortir en ce 21 mai sur PC via l’Epic Games Store et PS4. Présenté comme un thriller spatial inspiré de quelques productions cinématographiques orientées science-fiction, Observation nous offre-t-il un jeu narratif de qualité ? Surtout après la bonne surprise Stories Untold ?
S.A.M. l’IA et Emma Fisher dans une station spatiale en perdition
Changement de cap pour les p’tits gars de No Code, qui s’attaquent désormais à la science-fiction avec Observation. A défaut d’incarner le Dr. Emma Fisher que nous verrons tout le long de notre progression pratiquement, le thriller spatial nous fait endosser le rôle de S.A.M.. Notre protagoniste est une I.A. qui s’occupe de toutes les fonctions vitales de la station spatiale. Le soft commence d’ailleurs assez fort, avec un incident qui se produit sur cette même station spatiale, et dont les membres de l’équipage ont mystérieusement disparus, à l’exception d’Emma. Cette dernière ne sera cependant pas seule car elle sera accompagnée de S.A.M., qui devront pour le coup enquêter et tenter de découvrir ce qu’il se trame d’étrange sur toute le station orbitale Observation.
Comme pour Stories Untold et nous pouvons le dire d’emblée, les développeurs de No Code ont incontestablement du talent en matière de narration pure. Observation a le chic pour nous plonger dès le début du jeu dans sa trame scénaristique, qui fourmille de rebondissements qui pourront surprendre. Le bébé de No Code arrive à marier parfaitement la science-fiction et le côté surnaturel qui se dégage d’Observation. Difficile en somme de trouver de véritables défauts au synopsis du titre, qui fera certainement plaisir aux amateurs de SF. La fin à la rigueur et un rythme tantôt un peu mou pourra peut être irriter certains joueurs. En revanche, force est de constater que la fin du jeu pourra être au moins interprété de différentes manières par les joueurs, et c’est peut-être ce que cherchait à faire No Code. Et pour ce rythme un peu « mou », on a l’impression que dans le fond, No Code s’est visiblement inspiré de 2001 : L’odyssée de l’espace en matière de rythme. Au passage, on retrouve une tonne de références au film de Stanley Kubrick. En effet, du design des combinaisons, au côté grandement paranormal et son côté métaphorique, il n’y a pas de doute que les développeurs ont été globalement influencés par ce film.
Observation nous met en face d’une narration qui nous captive, nous surprend avec ses multiples rebondissements, et ses références qui font diablement plaisir.
Côté personnages, on reste un peu plus mitigé. Dans l’absolu, les seuls véritables protagonistes que nous verrons le plus dans le titre, ce seront forcément Emma et S.A.M.. Bien entendu, nous croiserons d’autres membres de l’équipage au cours de notre progression, sans que ceux-ci ne soient jamais véritablement exploités une fois encore, ce qui fait qu’ils nous laisseront très facilement indifférent. Et même si nous côtoyons Emma tout au long de l’aventure, nous avons également du mal à ressentir la moindre empathie pour elle au premier abord. Ce n’est finalement que bien plus tard que nous pourrons apprécier plus ou moins l’épaisseur de son personnage, qui passe globalement dans tous ses états, comme S.A.M.. Cela dit, No Code semble quand même manquer encore un poil d’expérience dans le développement des personnages, mais cela n’enlève en rien l’expérience narrative d’Observation, globalement réussie, et que l’on aura envie de recommencer juste pour cela.
Mis à part ces légers accrocs dans la narration qui reste bien ficelée et solide qu’on se le dise, Observation fascine très clairement dans sa direction artistique. Dans ses panoramas, le bébé de No Code est tout bonnement somptueux. L’aspect claustrophaubique et pas forcément très hospitalier de la station orbitale Observation est une réussite dans sa globalité. On appréciera également ce silence de mort de l’espace qui nous donne vraiment un gros sentiment de solitude, mais surtout une oppression palpable où le danger peut survenir à chaque instant. De plus, l’habillage artistique est largement sublimé par le moteur graphique Unity, qui nous flatte curieusement la rétine. En effet, le soft nous offre une fluidité à toute épreuve, des effets de lumière vachement saisissants mais surtout, des textures bien soignées que ce soit dans les décors spatiaux et les arrières-plans, tout comme les modèles 3D et les diverses expressions faciales de nos protagonistes. Chapeau bas pour le studio, qui arrive visiblement à maîtriser le moteur Unity pour nous proposer un jeu en ingame et des cinématique très jolies graphiquement, et saupoudré de ces petits filtres façon caméras de surveillance qui renforcent toujours plus l’immersion. Pas de doute, les développeurs sont plus que talentueux pour proposer une ambiance SF, horrifique et énigmatique ultra robuste.
Une IA qui a le sens de l’observation
Observation dispose d’un gameplay assez spécial, puisque nous sommes dans la peau d’un IA nommée S.A.M.. Ce dernier contrôle en effet toute la station spatiale, et peut passer dans un premier temps en mode réponse en restant appuyé sur la touche indiquée. Ce mode fera office « scan », afin notamment de faire le point sur la situation à Emma par rapport au statut d’un membre de l’équipage, ou sur les dommages que la station a subi quand elle vous le demande… Bref, c’est un outil qui vous fera fatalement avancer dans la progression de la narration. De plus, le bougre pourra aussi passer de caméras en caméras. Cela lui permet d’avoir un œil sur toute la station découpée en quatre parties à savoir EAS, RU, CN et UC.
Notre IA pourra déplacer les caméras, zoomer avec, mais aussi interagir avec les éléments du décors qui le sont. Il sera donc possible d’entrer en contact directement avec, par exemple, les commandes des écoutilles, des documents sur les murs ou encore des PC portables. Ces derniers contiendront la plupart du temps des schémas importants à réaliser pour ouvrir, fermer, ou déverrouiller des écoutilles, des enregistrements audio, mais aussi des nodes, qui font office « d’upgrades » pour S.A.M. afin de progresser inévitablement dans l’histoire. Concrètement, le gameplay d’Observation est simpliste dans ses mécaniques et linéaire dans sa progression. Cela n’est d’ailleurs pas un mal qu’il soit linéaire et nous étions déjà prévenus, parce que les développeurs qualifient quand même leur bébé de « thriller spatial narratif », ce qui prend tout son sens de proposer une jouabilité singulière et linéaire.
Mais bref, Observation n’est pas avare en variété dans son gameplay. Effectivement, outre les déplacements de caméras en caméras, S.A.M. s’offre une interface rien qu’à lui, soit SamOS. A l’intérieur de ce système, pas mal de choses s’ajouteront à certains moments du jeu quand vous en aurez besoin. Vous pourrez en l’occurrence checker le moindre signal vital ou de localisation des membres de l’équipages disparus quand c’est possible, voir la map des différentes zones de la stations – peu lisible à certains moments, ce qui fait qu’il est parfois difficile de s’y retrouver – ou encore vérifier les différentes alertes sur la station. Concernant lesdites alertes, il faudra parfois en informer Emma avec le mode réponse évoqué précédemment pour qu’elle rectifie le problème d’elle-même – une simple caméra désactivée par exemple – ou bien que ce soit à vous de le résoudre.
Et en vous y collant, vous serez forcé tantôt d’activer certains mécanismes en passant par la case « puzzles », voire mini-jeux. La plupart sont d’une simplicité enfantine car vous aurez par exemple récupéré tel document pour réaliser le schéma et ouvrir une écoutille, tandis que d’autres demandent un peu de logique et de cohérence. Ils sont bien foutus dans l’ensemble et parfaitement intégrés au gameplay et à la narration, ce qui renforce indéniablement l’immersion. Par contre, on regrettera amèrement que l’on puisse assister à un petit recyclage de certains « puzzles » et mini-jeux, comme les fameuses rencontres avec les « événements surnaturels » que nous ne dévoilerons pas, et dont il faut reproduire les signes indiqués.
S.A.M. pourra également se déplacer librement dans la station quand le jeu nous le demandera. En effet, notre IA pourra prendre possession d’une sphère, ornée d’une caméra. Cela lui permettra entre autres d’atteindre des endroits inaccessibles en caméra, et donc d’y activer certains mécanismes impossibles à mettre en marche en mode caméra. Soit dit en passant, sachez qu’il y aura même des passages où S.A.M. devra aller faire un petit tour obligatoire à l’extérieur de la station pour scanner l’état de certains endroits de la station, ou bien initialiser des écoutilles de l’extérieur avec encore une fois un système de mini-jeux, comme vous en trouverez beaucoup dans le soft. Sans cesse, on sent un gameplay qui essaie de se varier, tout en proposant des objectifs variés.
Sinon dans sa durée de vie, Observation ne se moque pas de nous sur une première run. Effectivement, en galérant bien comme il faut sur certains « puzzles » ou objectifs en particulier, comptez facilement entre 7 ou 8 h de jeu sur une première partie. Pour un titre purement indépendant, il faut bien avouer que la durée de vie est plus que correcte, surtout que vous pouvez recommencer le jeu pour éventuellement trouver tous les enregistrements audio ou documents disséminés dans le station spatiale. Mais au-delà de ça, c’est tout ce qu’il y aura à se mettre sous la dent car le récit en lui-même est linéaire, et ne dispose bel et bien que d’une seule et unique fin. Pour 24,99 €, cela reste vraiment honorable pour le coup.
On finit logiquement par un sound design de seigneur dans Observation. Si l’on excepte les doublages en anglais dotés d’un jeu d’acteur franchement crédible et so british, l’ambiance musicale est aussi de haute volée. Elle est un peu discrète certes, mais la poignée de musiques qui se montrent dans le jeu sont toujours dans un ton aussi juste vis à vis de ce qu’il se passe à l’écran. Cela nous confère tantôt un sentiment de malaise, de solitude et d’oppression, parfaitement retranscrit dans cette bande-sonore. Seul bémol dans le soft, c’est le fait qu’il soit hélas totalement en anglais, ce qui pourrait contrarier les joueurs ne maîtrisant pas parfaitement la langue de Shakespeare. Cependant rassurez-vous, Observation ne dispose pas non plus de termes trop complexes en anglais pour être parfaitement compris de A à Z.
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