Si la sortie imminente de Cyberpunk 2077 constitue le coup de projecteur ultime sur ce genre éponyme, CD Projekt Red n’est pas le seul studio à souhaiter l’explorer. Observer, initialement sorti en 2017 et développé par Bloober Studio, revient cette année sur new gen et PC dans une version remodelée, intitulée Observer System Redux.
Au programme de cette refonte, les développeurs nous ont réservé des améliorations visuelles, de nouveaux contrôles, des fonctionnalités DualSense pour la PlayStation 5 et même des quêtes annexes inédites. Forts de ces ajouts censés embellir l’expérience originale, les créateurs de la licence Layers of Fear et de The Medium – prévu au départ en cette fin d’année mais finalement repoussé au 28 janvier 2021 – achèvent donc l’année 2020 avec la mouture améliorée de leur thriller horrifique. Cela étant, la plus-value est-elle si notable ?
Conditions de test : Nous avons testé Observer System Redux en version 1.000.004 sur PlayStation 5. Après y avoir joué 12 heures, nous avons terminé l’histoire principale, les quêtes annexes, le mini-jeu d’arcade et récupéré la grande majorité des collectibles.
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ToggleCracovie 2084, lieu et époque d’une sombre enquête
Concernant la majeure partie de ce que propose Observer System Redux, il va sans dire, d’entrée de jeu, que ce test contient fatalement des similarités avec celui du jeu de base. Ainsi, nous incarnons toujours le policier vétéran Daniel Lazarski, membre des Services de Police de Cracovie, interprété une fois encore par Rutger Hauer, l’acteur prêtant déjà sa voix et ses traits au personnage principal en 2017 et décédé en juillet 2019. Notons d’ailleurs que l’équipe de Bloober Team lui rend un hommage on ne peut plus mérité en introduction du jeu.
Daniel Lazarski n’est cependant pas juste un flic banal, c’est un Observateur, un enquêteur doté d’augmentations, à l’image de l’ensemble de la population évoluant au sein de cette dystopie où règne la méga-corporation Chiron, à la suite d’une guerre mondiale et d’une épidémie numérique appelée le nanophage.
Dan utilise donc ses facultés cybernétiques pour notamment entrer dans la conscience des suspects ou des victimes afin de mener à bien ses enquêtes, et celle qui lui est confiée au début du jeu est certainement la plus importante qu’il ait eu à prendre en charge. Adam, son fils qu’il n’a pas vu depuis des années, l’appelle en lui adressant des paroles étranges et inquiétantes. Le signal va l’amener au Désert, un quartier glauque qu’il est préférable d’éviter en temps normal.
Une fois arrivé à l’appartement d’Adam, Dan tombe sur un corps sans tête et décide fort logiquement de pister le coupable. Malheureusement, un état d’urgence est instauré dans tout le bâtiment, ce qui bloque notre neuro-enquêteur ainsi que tous les résidents à l’intérieur. Confiné, vous allez devoir parcourir les couloirs ainsi que les différents appartements accessibles histoire de découvrir l’identité de l’auteur de ces massacres, et de vous assurer si le cadavre examiné au départ est bien celui d’Adam.
Une ambiance dark cyberpunk magnifiée
Le principal aspect qui frappe le joueur dès le début des excursions dans le bâtiment, et qui se prolonge tout au long de l’aventure, c’est la qualité des graphismes, et plus précisément son jeu de lumière. Améliorée par un affichage en 4K et par l’implémentation de nouvelles textures, la grandeur visuelle de Observer System Redux se savoure par le rendu des nombreux néons, hologrammes, panneaux ainsi que par les différents effets glitchés si chers à l’univers cyberpunk.
L’ensemble se trouve même sublimé grâce au HDR mais aussi et surtout au ray tracing ajouté à l’occasion de cette refonte et activable dans les options, dont les reflets naturels servent plus que jamais la crédibilité de l’affichage. Le combo 4K/60 fps lie même la finesse à la fluidité, ce qui rend l’expérience vraiment agréable et immersive. Attention, comme il est de coutume au début de cette nouvelle génération, vous ne pouvez pas jouir à la fois du ray tracing et du 60 fps. Vous aurez donc à choisir entre la fluidité ou un rendu plus naturel, même si le framerate reste correct avec le ray tracing activé et que le titre reste très beau sans l’usage de la fonctionnalité.
Mentionnons également les nombreux paramètres d’accessibilité, avec la possibilité de désactiver les tremblements de caméra, de remplacer les mouvements de glissement par de simples touches à activer, ou encore de personnaliser assez largement le collimateur, l’icône d’interaction et surtout les sous-titres. Transparence, taille des caractères, couleur des lignes de dialogue ou de leur arrière-plan, mention de l’interlocuteur ou non, tout est modifiable selon vos envies.
Enfin, petite particularité technique concernant la version PlayStation 5, quelques effets sont apportés par la DualSense. Grâce à elle et ses vibrations, vous pouvez sentir le poids assez lourd de Lazarski dès lors que vous vous mettez à sprinter. Le reste du temps, les vibrations ne manquent pas et s’activent dès qu’un jump scare ou une menace bruyante et puissante se présente, mais les sensations demeurent relativement identiques, livrant un retour haptique plutôt émoussé.
Les gâchettes adaptatives simulent quant à elles plutôt bien les sensations liées à la manipulation des poignées de porte, avec un cran bien marqué pour saisir pleinement une poignée, et même un blocage sec dès lors qu’une porte refuse de s’ouvrir.
Plus anecdotique, le haut-parleur de la manette retranscrit de son côté tous les signaux audio de votre vision nocturne, biologique ou électromagnétique ainsi que ceux de la Matriarche, l’IA qui vous accompagne et qui surveille notamment votre état de stress. En somme, la DualSense reste timide, et ce qu’elle offre se voit hélas contrebalancé par des contrôles à la manette toujours aussi bancals dès lors que l’on doit saisir des portes de placard, tiroirs et autres câbles. Il demeure très fréquent de devoir s’y reprendre à plusieurs fois, ce qui casse légèrement l’immersion par moments. Une mauvaise habitude des jeux du même genre.
Le prolongement d’une aventure prenante
Marque de fabrique des œuvres de Bloober Team, l’écriture et le scénario riment une fois encore avec qualité. L’enquête, bien qu’incorrigiblement courte concernant son axe principal, reste toujours aussi prenante à suivre en alternant les séquences dans le monde réel et celles dans le Mange-Rêve, où l’on se retrouve plongé dans la conscience des individus auxquels Dan se connecte, via leur implant neural.
Ces phases de jeu constituent d’ailleurs le climax de la tension et de l’angoisse procurées par le soft. Pénétrer jusqu’aux confins du subconscient d’autrui implique aussi pour notre Observateur de se confronter aux peurs les plus profondes de l’hôte, quand elles ne se confondent pas simplement avec les siennes.
Et l’équipe de Bloober Team use d’ailleurs judicieusement de ce contexte pour laisser aller sa créativité quant à la floppée d’effets visuels et sonores menaçants, récurrents lors de vos voyages neuraux. Cette menace, elle réside aussi dans le fait que c’est au cours de ses phases que le joueur a le plus de chances de périr. Ainsi, et à l’image de ce que ressent Lazarski, le jeu réussit à nous faire redouter les événements que l’on va vivre dès lors que l’implant neural de l’individu va se retrouver connecté à soi.
De cette manière, l’aventure principale garantit, à l’image de sa version originale, quelques heures de haute qualité, avec au bout de la narration deux fins possibles. Mais là où il s’agit bien plus que d’un remaster lorsque l’on parle de Observer System Redux, c’est que les développeurs nous ont concocté trois quêtes annexes supplémentaires afin d’étendre l’expérience de jeu.
Intitulées, « Signal Errant », « C’est de famille » et « Son affreuse symétrie » ces histoires additionnelles explorent plus en profondeur des thématiques reliées à une société rongée par les dérives qu’impliquent les drogues, la réalité virtuelle ou encore le transhumanisme, sous leurs plus sombres aspects.
Voilà donc de quoi passer davantage de temps à l’intérieur du Désert, qui contient déjà, en sus, tout un tas de cartes reprenant l’identité des développeurs de Bloober Team et qui ne demandent qu’à être collectées. De mystérieuses roses se trouvent également dispersées à de rares endroits, dont l’utilité vous sera révélée à la récupération de la dernière. Enfin, le mini puzzle-game rétro « Tout feu tout flamme : Araignées » revient avec sept niveaux supplémentaires, de quoi se triturer les méninges une petite heure de plus maximum.
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