Oddworld: Soulstorm, plus de cinq ans après son annonce officielle, nous parvient enfin sur PC, PS4 et PS5. Il s’agit du remake d’Oddworld : L’exode d’Abe, soit le second volet de la licence créée par Lorne Lanning. Toujours développé par Oddworld Inhabitants, et surtout après l’excellent remake du premier opus à savoir Oddworld: New n Tasty, cette relecture du jeu original de 1998 est-elle beaucoup plus séduisante ?
Conditions de test : Nous avons terminé Oddworld: Soulstorm en 15h de jeu dans sa difficulté normale, tout en prenant notre temps d’essayer de sauver le moindre mudokon dans chaque niveau. Le titre a été testé sur PlayStation 5.
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ToggleLe grande vadrouille des Mudokons continue de plus belle
Si vous avez déjà joué au jeu original, faites table rase de sa narration. Effectivement, cette dernière a été radicalement changée dans ce remake. Oddworld: Soulstorm vous fait une fois de plus prendre le contrôle d’Abe qui, après le sauvetage de ses congénères de Rupturefarm voulant les transformer en chair fraîche, se réfugie avec ces derniers dans un abri non loin d’un désert. Mais pas de chance, les Glukkons finissent par les trouver.
Abe va devoir de nouveau sauver ses comparses d’une mort certaine, alors que notre héros recherche la gardienne, et reçoit également un mystérieux pendentif d’un Mudokon dans son dernier souffle. Indéniablement, Oddworld Inhabitants a accompli avec brio la lourde tâche de retravailler la narration du jeu original, pas vraiment marquante à l’époque. On retrouve ainsi une histoire revisitée captivante, des cinématiques de toute beauté et excellement mises en scène, ainsi que pas mal de rebondissements dans l’intrigue, très plaisante à suivre.
Curieusement, Abe se relève également encore plus attachant et touchant que dans les jeux originaux. Preuve que le titre d’Oddworld Inhabitants fait directement mouche dans son fil rouge jusqu’à dans ces méchants Glukons, retravaillés également et plutôt intéressants. Deux fins sont également au programme, mauvaise comme bonne. Au passage, la bonne fin du jeu est pour le moins très excitante et devrait amener on l’espère, à une belle suite toujours sous la direction de Lorne Lanning, qui a enfin le luxe de proposer sa vraie vision de la franchise avec un lore diablement solide.
Nous verrons bien de quoi il en retourne sur son prochain jeu estampillé Oddworld, si ce dernier prend vie. D’ailleurs, Oddworld: Soulstorm se dote aussi d’une direction artistique bluffante. A mi-chemin entre le glauque et mignon, Oddworld: Soulstorm est incontestablement dans les clous de ses aînés esthétiquement parlant. Le soft nous fait également traverser pas mal de décors charmants entre des ruines, en passant par une station ferroviaire désertique, des catacombes, des usines faisant la marque de fabrique de la licence, et on en passe.
La production d’Oddworld Inhabitants est totalement variée dans ses divers environnements. C’est l’un des points positifs du titre en sus de son habillage graphique extrêmement fouilli dans ses arrière-plans, tout bonnement magnifiques. Sur PS5, le soft est plutôt fluide, assez joli graphiquement dans ses nombreuses textures et effets techniques, mais rien n’est parfait cependant. Le jeu accumule les nombreuses saccades au niveau des checkpoints, mais également dans certains passages du soft, ternissant l’expérience.
Le bébé d’Oddworld Inhabitants additionne aussi les tripotées de bugs de scripts, de collisions, et avec même la possibilité de passer parfois à travers la map. Il y a bien eu un patch pour corriger le tout, mais ce n’est hélas pas suffisant et certains bugs persistent, et peuvent ternir l’expérience de jeu…
Un gameplay plus moderne ne rime pas forcément avec perfection
Comme pour la narration, Oddworld: Soulstorm a redonné un bon petit coup de jeune non négligeable à son gameplay. La maniabilité d’Abe est beaucoup plus moderne dans les déplacements comme dans les sauts. On retrouve en plus les éléments de gameplay du jeu original avec la possibilité de posséder les Sligs pour dégager certains passages, se déplacer plus furtivement afin de ne pas vous faire repérer par les ennemis ou encore donner des ordres à vos suiveurs afin de les sauver.
Le gameplay reste donc efficace, même s’il se dote comme on pouvait s’y attendre d’imprécisions, surtout quand il s’agit d’aller vite afin d’éviter de se faire attraper et tuer par les nombreux gardes Sligs. Il n’est pas rare que les contrôles manquent parfois de réactivité, ce qui peut porter lourdement préjudice aux phases de plateformes en l’occurrence. Cela dit, Oddworld: Soulstorm se dote d’un système de crafting parfaitement efficace afin d’enrichir sa jouabilité. En fouillant casiers, bennes à ordure voir en volant des Sligs endormis, vous récupérez des ressources.
Ces dernières vous donneront la faculté de débloquer ainsi de nouvelles recettes, et de fabriquer divers objets pour vous défendre entre des bonbons rebondissants assommant les Sligs, en passant par un lance-flammes, des bouteilles servant de combustibles pour enflammer certains passages, des écrans de fumée afin de passer inaperçu aux yeux de vos adversaires, et bien d’autres joyeusetés. Cela donne ainsi un gros plus au gameplay, permettant pas mal de possibilités pour passer les niveaux en toute discrétion.
Notez également que quelques distributeurs seront de la partie pour acheter ces ressources moyennant quelques moolah, représentant la monnaie du jeu. Il sera également autorisé via d’autres distributeurs de recycler certaines bouteilles vides afin de récupérer un peu de moolah et acheter ce que bon vous semble. En clair, l’aspect crafting implémenté dans le jeu est cohérent, simple d’utilisation et pas réellement gênant.
Outre ces bonne trouvailles, force est d’admettre que la construction des niveaux d’Oddworld: Soulstorm est des plus réussie. En dépit d’un surplus d’action voire de perspectives parfois assez confuses et rageantes, le titre alterne assez bien entre diverses phases de plateformes où il faudra éviter de nombreux pièges, et quelques puzzles bien sentis à base de mécanismes à activer afin de progresser dans le niveau. Qui plus est, on apprécie les nombreuses zones secrètes à trouver dans ce remake, comme le faisait très bien le jeu original de 1998.
Comme évoqué légèrement plus haut, Oddworld: Soulstorm mise toujours sur l’aspect furtif avec des séquences où vous devez vous cacher des Sligs. Si vous pouvez toujours utiliser les éléments du décor pour passer incognito comme dans le jeu original, le remake vous permet désormais de vous cacher dans des casiers et ensuite passer derrière leur dos, voire les attacher et vous débarrasser de ces créatures si celles-ci sont assommées ou endormies. Rien qu’avec ça, le remake double les possibilités d’approche, ce qui plaira aux nouveaux comme aux anciens joueurs.
Le soft s’offre également quelques phases corsées où il s’agit de protéger divers Mudokons des gardes Sligs leur tirant dessus. Ceci permet de varier l’expérience de jeu, et surtout de donner quelques gouttes de sueurs froides aux affrontements, déjà tendus dans le jeu. En somme, la progression est des plus équilibrées, et dotée d’une difficulté proposant les modes facile, normal et difficile. Par contre, le jeu s’offre à certains moments quelques passages relativement frustrants. Il y a bien une implémentation de checkpoints, mais cela n’adoucit pas pour autant le côté difficile du jeu.
De plus, tout n’est pas si positif dans le gameplay. En supplément des soucis de lisibilité, de réactivité dans les contrôles ou encore de son aspect trop frustrant évoqué plus haut, l’IA n’est pas non plus folichonne. Du côté des alliés ou ennemis, nous avons pu notifier d’abord des Sligs qui vous repèrent trop facilement ou restant complètement stoïques face à vous. De surcroit, les alliés ont du mal à répondre à vos ordres, surtout quand il s’agit de vous suivre. Cela peut parfois entrainer des déconvenues, comme leur mort face à certains pièges sournois.
Sauvez-les tous !
Bien entendu qui dit Oddworld, dit inévitablement sauver tous les Mudokons. Et pour continuer dans l’une des dernières nouveautés, un système de « quarma » est même instauré dans ce remake. En somme, plus vous sauverez de Mudokons et tuerez moins de sligs, plus votre quarma sera bon. A l’inverse, ce dernier sera forcément mauvais si vous tuez beaucoup trop de Sligs et sauvez moins de Mudokons, ce qui vous entrainera inévitablement vers la mauvaise fin.
Clairement, le « quarma » incorporé dans Oddworld: Soulstorm est le bienvenu. Il peut toutefois se révéler difficile à comprendre alors que vous avez sauvé par exemple plus de Mudokons que tués de Sligs. Un point noir encore évitable pour le soft, mais sachez cependant que l’on retrouve tout le plaisir de sauver ces petites créatures dans des situations toujours plus ou moins périlleuses, jusqu’à les téléporter enfin dans un endroit sûr.
Nous n’en avons pas forcément parlé, mais la durée de vie d’Oddworld: Soulstorm est vraiment excellente. Comptez une quinzaine d’heures en normal pour finir le jeu en prenant le temps d’essayer le maximum de Mudokons, tout en mourant un bon nombre de fois. Pour faire le 100 %, il y a fort à parier que vous pourrez comptez largement le double pour faire le jeu dans les moindre recoins. Qu’on se le dise, la rejouabilité est donc assurée pour tout finir et vu son prix, c’est plus qu’acceptable.
Un dernier point à voir, la bande-son. Si les doublages en V.O. sont plutôt bons, on regrette dans un premier temps l’absence de la légendaire VF qui faisait tout le sel du jeu. Egalement, la plupart des musiques du jeu se font discrètes, et ne sont pas véritablement marquantes en définitive. On notera enfin quelques sous-titres français bâclés, montrant que le développement du jeu a soit été chaotique, ou totalement rushé sur pas mal de points…
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