Oddworld : Stranger’s Wrath est un spin-off appartenant à l’emblématique franchise vidéoludique débutée sur PlayStation 1 en 1994 et créée par Oddworld Inhabitants. Une saga qui possède un univers aussi atypique que reconnaissable, en plus d’aborder des thématiques sérieuses, non sans une touche prononcée d’humour et de décalage. Stranger’s Wrath, sorti exclusivement sur Xbox en 2005, marquait une nette rupture avec ces prédécesseurs, nous embarquant dans un univers western sous les traits d’un mystérieux héros fortement inspiré de personnages du western spaghetti. Notre fidèle Abe ne sera pas présent ici.
Un changement qui va aussi se retrouver dans le gameplay puisque cet opus va privilégier l’action. Bien que quelques petites phases de plateforme seront tout de même de la partie. Si le titre a déjà connu plusieurs portages, dont une version HD sur Nintendo Switch en 2020, depuis le 11 février il est disponible sur PlayStation 4 et Xbox One. Hormis de la 4K et du 60 fps, ainsi qu’un un petit travail sur la partie sonore, il ne faut pas s’attendre à d’autres modifications. Il s’agit surtout de (re)découvrir l’opus en HD sur des consoles récentes, surfant sur la sortie récente d’Oddworld : Soulstorm. Pour ceux qui l’auraient loupé, n’hésitez pas à lire notre test sur ce dernier.
Condition de test: Jeu testé sur PS4. Nous avons terminé l’aventure en plus ou moins 10 heures, comptez un poil plus pour atteindre le 100 %. Notez que les voix sont entièrement doublées en français et qu’il y a trois modes de difficulté accessibles.
Sommaire
ToggleLa chevauchée fantastique
Nous le disions en introduction, Oddworld : Stranger’s Wrath HD nous emmène dans des contrées ensoleillées et hostiles dans une ambiance western qui dénote totalement avec le reste de la série. Dans la peau d’un mystérieux chasseur de primes muni d’une arbalète peu commune, vous devrez capturer différents bandits afin de récolter suffisamment d’argents pour accomplir la quête personnelle du héros. Mais derrière cette banale routine, notre chasseur ne tardera pas à se retrouver embarqué dans des événements qui le dépassent, le confrontant au puissant Sekto.
Si le scénario est plutôt simple, il n’en demeure pas moins efficace et agréable à suivre. Le fait que L’Etranger possède un réel charisme et soit mystérieux permet au récit de nous maintenir un minimum en haleine. Au fil de l’aventure, quelques rebondissements viendront ponctuer le récit comme il faut, tout en nous permettant d’en apprendre plus sur le héros et ses motivations. Sans dévoiler l’intrigue, sachez qu’un discours thématique finit par se dégager, rappelant la vocation de la franchise. Puis, les personnages importants de l’histoire sont bien animés et disposent de doublages réussis, ce qui participe à rendre le tout engageant.
La mise en scène lors des cinématiques est aussi une plus value, en se réappropriant les codes esthétiques du genre. Malgré de rares moments moins percutants aujourd’hui, Oddworld : Stranger’s Wrath ne peut cacher toutes ses rides. On pense à quelques textures désuètes et des ombres qui traversent les murs, ou encore les intérieurs vides et répétitifs. Pourtant, rien ne plombera l’ambiance qui fait encore mouche.
Mort ou vif
La direction artistique n’y est pas pour rien. Elle retranscrit l’essence du western tout en gardant la patte des studios, avec une faune et des personnages loufoques, entre autres. Le lifting HD, relativement sommaire, tend à pérenniser une esthétique qui a toujours fonctionnée. En revanche, la structure des quêtes d’Oddworld : Stranger’s Wrath se construit autour d’un schéma similaire d’un objectif à l’autre.
En effet, toute la première partie du jeu sera ficelée de la même manière. Vous récupérez un contrat auprès du bureau des primes d’une ville, puis vous parcourez une zone, affrontez des groupes d’ennemis, avant un combat de boss. Il faudra ensuite retourner en ville et repartir pour une autre boucle. Néanmoins, le soft parvient habilement à faire passer la pilule, déjà par sa direction artistique et les divers lieux croisés, mais aussi parce que la majorité du temps vous n’emprunterez pas les mêmes routes pour vos allers-retours. S’il n’y a aucune map en jeu, on comprend bien que tout est relié.
Chose étonnante, L’Etranger manie une arbalète spéciale utilisant des munitions vivantes. En effet, la particularité du titre c’est qu’il faut chasser ses munitions qui sont de petits animaux, allant de l’abeille à l’araignée, en passant par le putois. Chacune de ces bestioles possède sa propre spécificité. L’une permettra de ligoter des ennemis quand une autre, qui ressemble à un critters (boule de poile extraterrestre inspirée de la franchise de films du même nom), servira de pièges. Si le concept mériterait d’être encore plus poussée, en l’état Oddworld : Stranger’s Wrath reste rafraîchissant.
En outre, le jeu permet de switcher en une vue à la 3e personne et une autre en FPS. En fonction des situations et des actions. Les phases de tirs seront essentiellement en FPS quand le système de capture des ennemis se fera en 3e personne, de même que le fait de courir rapidement. Un système facile à prendre en main, en plus d’apporter ce petit quelque chose en plus.
Little big man
Autre subtilité, chaque ennemi peut être capturé afin d’empocher un peu d’argent, à dépenser dans une épicerie en ville ou au marché noir. Selon que la cible soit vivante ou morte la récompense variera. L’aspect chasse est au cœur du gamedesign d’Oddworld : Stranger’s Wrath. Pour combattre cette formule pouvant vite tourner en rond dans les premières heures de l’aventure, le jeu bascule dans un tout autre rythme, plus accès action, dans sa deuxième partie.
Une rupture de ton pertinente qui redonne un souffle nouveau à l’expérience et lui octroie de la consistance en embrassant pleinement sa thématique sous-jacente. Car au fond, Oddworld : Stranger’s Wrath a quelque chose à raconter. Qui plus est, on ressent un réel sentiment de progression et de montée en puissance au fur et à mesure de l’aventure. Le gameplay est maîtrisé, il sait accrocher les joueurs et joueuses pour éviter l’ennui. On notera tout de même une petite lourdeur dans la maniabilité, avec quelques imprécisions regrettables. Des situations qui nous rappellent que nous sommes devant un jeu de 2005.
De surcroît, le bestiaire est limité, même si la force de l’univers et les qualités citées suffisent pour maintenir l’immersion. Surtout que les partitions de Michael Bross font le travail, en habillant le tout avec des sonorités cohérentes. Question durée de vie, avec une petite dizaine d’heures pour en voir le bout, Oddworld : Stranger’s Wrath trouve un bon équilibre. L’expérience est suffisamment bien rythmée et ne s’étend pas inutilement, évitant ainsi d’exacerber des défauts qui pourraient gêner, surtout à l’heure actuelle.
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