Développer un jeu vidéo n’est pas chose aisée. Le développer seul relève alors peut-être de l’exploit. C’est ce qu’a tenté d’entreprendre Jonas Manke, un développeur allemand avec Omno, au sein de son propre studio, StudioInkyFox, après avoir lancé en 2018 un financement participatif via la plateforme reconnue KickStarter pour son premier grand projet d’envergure démarré 2 ans plus tôt. Depuis, le jeu, co-publié par Future Friends Games, a connu quelques reports mais a surtout bénéficié d’une cote de popularité importante auprès de ses financeurs, au point d’acquérir le triple de la somme demandée initialement et ainsi pouvoir bénéficier de portages sur consoles et de contenus supplémentaires.
Alors que le jeu est sorti ce jeudi 29 juillet sur PC via Steam et l’Epic Games Store, PlayStation 4, Xbox One, consoles de nouvelle génération via la rétrocompatibilité et prochainement sur Nintendo Switch, que vaut vraiment l’aventure atmosphérique de ce petit être équipé d’un sceptre magique ? A noter que le jeu est disponible depuis son lancement dans le Xbox Game Pass sur PC et consoles.
Conditions de test : Nous avons parcouru le monde d’Omno dans sa version Xbox One sur Xbox Series X, pour une durée totale d’environ 7h, le temps nécessaire pour terminer à 100% l’aventure proposée par Jonas Manke.
Sommaire
ToggleRegarde au-delà de ce que tu vois
Si vous cherchez l’histoire de ce Omno, vous risquerez de ne pas vraiment saisir où elle veut vous mener. Sans réelle mise en bouche, le jeu vous place aux commandes d’un petit être humanoïde équipé d’un sceptre aux pouvoirs magiques qui s’étofferont au fil du temps. Sans que l’on sache réellement ce que l’on fait là, nous voilà à errer dans divers plateaux accompagné d’une créature volante aux allures d’écureuil, qui nous servira de meilleur ami et de compagnon pour notre aventure.
Le but d’Omno sera de récupérer des orbes blanches et noires, disséminées un peu partout dans les mondes semi-ouverts afin d’activer des obélisques servant de passage vers la zone suivante. 3 suffiront pour activer chaque obélisque alors qu’au moins le double sont présents dans le niveau. De quoi vous laisser le choix de la difficulté et d’une aventure en ligne droite par conséquent bien plus courte si vous décidez d’aller droit au but. Par ailleurs, comptez environ 5h en ligne droite et pas moins de 7h si vous souhaitez faire tout le jeu à 100%, ce qui est faible mais honnête pour un jeu de ce calibre, tout de même proposé à 17,99€ (hors Xbox Game Pass).
Il est de même regrettable que le jeu ne se contente d’insuffler des bribes d’histoire lorsque son personnage interagit avec des journaux de bord sans nous narrer jamais réellement où nous nous trouvons, qui se trouve être cette civilisation perdue et qui est notre personnage en quête de liberté cherchant la lumière. Nous mettrons cela sur le compte de laisser les joueurs et joueuses imaginer eux-mêmes tous ces éléments, mais le manque de profondeur du personnage associé à cela laisse un sentiment amer du point de vue scénaristique.
Un gameplay qui s’enrichit mais qui reste timide
Au départ, votre personnage ne sera muni que de son saut simple et de son bâton pour interagir avec les roches et les multiples créatures (41 au total, richement inspirées) régnant sur la « planète » où vous vous trouvez et avec lesquelles vous interagissez pour obtenir de l’énergie sous forme de perles blanches. Au fil de l’aventure, soit au début de chaque chapitre environ, qui sont au nombre de 5, vous débloquerez des compétences supplémentaires allant du dash vers l’avant au surf sur le sable ou la neige, pour finir avec la capacité de se téléporter ou encore de planer dans les airs (cette dernière capacité vous fera d’ailleurs rager quelques fois car manquant de précision dans sa maniabilité parfois).
Chacune de ces capacités spéciales est dotée d’animations de haute qualité renforçant indéniablement la direction artistique déjà hautement qualitative. Les vibrations de la manette associées aux ralentis causés par ces effets nous plongent indéniablement dans un gameplay réfléchi comme étant simple à appréhender et n’y allant pas par 4 chemins. Les possibilités sont ainsi limitées mais pour la durée de vie proposée, cela est amplement suffisant. On regrette cependant l’apparition tardive des dernières capacités, ne laissant que le temps de quelques niveaux pour en profiter.
Alors il est vrai que si vous espérez des mécaniques changeantes au fil de l’aventure, ce ne sera malheureusement pas le cas. A chaque arrivée dans une nouvelle zone, vos « objectifs » seront les mêmes : trouver la dalle de méditation pour afficher sur votre carte (représentée de manière originale sur demande grâce au spectre magique) la localisation des obélisques et orbes à ramasser, ramasser ces dites orbes en résolvant des énigmes très simples pour la plupart (mais toutes différentes), puis résoudre un puzzle final, souvent un peu plus long, corsé ou testant votre vitesse, avant de passer au niveau suivant et ainsi de suite.
Les énigmes proposées sont pour la plupart extrêmement accessibles même à des novices ou des réfractaires à la difficulté dans les jeux vidéo. Oui, Omno est un jeu simple, qui nécessitera quelques minutes de réflexion parfois mais qui ne sera jamais punitif en proposant des checkpoints réguliers sans jamais pour autant vous aider dans la réalisation des énigmes.
On regrettera cependant la non-possibilité de revenir en arrière une fois le jeu terminé (pour ramasser les ultimes orbes laissées en chemin) sans écraser la sauvegarde et perdre sa progression, notamment au niveau des créatures inscrites dans votre « Pokédex » local mais aussi le fait que notre compagnon ne soit pas utilisé lors de certaines phases de gameplay. Ne comptez pas non plus sur de la rejouabilité mais on lui pardonnera vue l’expérience proposée.
Même les créatures légendaires que l’on peut chevaucher entre certains niveaux ne sont finalement que des cutscenes (magnifiques certes) mais cachant certainement des temps de chargement, sans nous laisser de liberté dans notre déplacement sur leur dos. De manière globale, Omno n’invente rien mais ce qu’il fait, il le fait bien.
Finalement, Omno congratule la patience, l’observation et la culture du 100% avant de vous emmener dans un end-game un peu convenu, maladroit et pas forcément bien emmené où, une fois encore, la part à l’imagination des joueurs et joueuses sera un peu trop importante pour saisir le réel sens qu’a voulu nous démontrer le développeur. Le jeu dispose par ailleurs d’un mode contre-la-montre, malheureusement dans une seule zone et sans réel challenge car vous opposant… à vous-même. Record à battre : 1 minute et 14 secondes. Heureusement pour nous, le jeu bénéficie d’une aura graphique et technique assez impressionnante pour son statut de jeu indépendant.
Des animations et une technique (presque) impeccables
Loin de nous l’idée de trouver que des points positifs au titre, mais il faut le reconnaître, pour un jeu indépendant, qui plus est développé en quasi-totalité par une seule et même personne sur Unreal Engine 4, Omno nous titille très souvent la rétine avec des effets de lumière crépusculaire et des animations réellement réussies, plaçant le titre dans le haut du panier des jeux du même genre, dans la veine de Journey, voyez la référence.
On pourra lui reprocher ses vastes zones un peu vides par endroits, surtout en leur centre, là où les zones luxuriantes de forêt nous comblent de bonheur et redonnent leurs lettres de noblesse aux jeux de plateforme d’antan. La technique du titre n’est pour autant pas parfaite avec notamment quelques bugs de collisions pouvant arriver lorsque vos sauts, mal calculés, vous font atterrir au sol, montrant aussi la lourdeur de certains mouvements de votre personnage. Il faudra être patient et pas nécessairement enchainer les sauts et les dashs avant que le personnage ne soit prêt sous peine de souvent devoir recommencer.
A noter que le jeu ne bénéficie pas de dialogues audio et de peu de texte à afficher, qui le sont tout de même dans un français parfait. Sur Xbox Series X, le jeu nous a proposé des temps de chargement plutôt courts (sauf entre certains niveaux) mais le retour au jeu après une chute était quasiment instantané, une preuve de plus de l’efficacité du SSD. Nous n’avons pas subi de bugs autres que ceux de collisions cités plus haut si ce n’est quelques problèmes de caméras dans de (très) rares cas.
Enfin, une chance pour nous, joueurs, le jeu bénéficie d’une ambiance sonore de très haut niveau avec une bande-son (composée par Benedict Nichols) douce, discrète mais tellement juste en fonction des situations traversées. On pense notamment au niveau de glissade sur de la poudreuse fraiche où vie sauvage et musique enivrante prennent le relais pour nous faire passer un moment de détente exemplaire. Car, elle est là la vraie fonction d’Omno, nous relaxer durant quelques sessions de jeu, après une longue journée de travail, à travers un univers contemplatif, où règnent l’harmonie et la douceur, et où la violence n’existe tout simplement pas.
Cet article peut contenir des liens affiliés