L’éditeur allemand Daedalic Entertainment propose toujours des jeux de développeurs indépendants qui sortent de l’ordinaire. C’est le cas de Once Upon a Puppet, qui est le premier jeu du studio américain Flatter Than Earth. Basés à San Francisco, les développeurs nous gratifient ici d’un titre qui se la joue conte dramatique théâtral à base de marionnettes.
Un concept qui n’est pas sans rappeler un certain Puppeteer, une exclusivité Sony sortie en 2013 qui nous envoyait dans une ambiance théâtre de marionnettes quasiment similaire. Pour une première, nous sommes forcés d’admettre que Flatter Than Earth fait montre d’un certain talent, malgré, comme vous allez le voir, des éléments qui auraient peut être demandés un peu plus de temps de développement.
Conditions de test : Nous avons terminé les neuf chapitres de Once Upon a Puppet en 5 heures de jeu. Le titre a été testé sur PC principalement à la manette avec 32 Go de Ram, une RTX 3070 et un i5 12-400 (2.50Ghz). Le test est garanti sans spoilers majeurs.
Exilés
On pourrait presque comparer l’histoire de Once Upon a Puppet à Puppeteer, mais le titre du studio Flatter Than Earth change son approche. Nous suivons Nieve, une main faiseuse de costume pour le roi, qui fut exilée par ce dernier à Basseplanches, le fin fond du royaume dramatique. Notre petite main fera par la suite la rencontre de Drev, un jeune pantin qui passait par là, et ils vont être malencontreusement liés par le fil de notre marionnettiste. C’est alors que notre pantin et sa nouvelle marionnettiste, en plus de trouver un moyen de se libérer mutuellement, vont devoir suivre les périples de ce conte palpitant. Ensemble, ils vont devoir élucider de nombreux mystères dont celui entourant le roi, rongé par un mal profond.
Sans en dire plus que ça, Once Upon a Puppet puise sa force dans son histoire qui, même si elle parait classique au premier abord, n’en reste pas moins puissamment touchante. Le soft aborde pas mal de thèmes comme le jeu d’acteur, la rédemption, la vengeance ou encore même le pardon et ce, de manière métaphorique et poétique. Les personnages que l’on rencontre comme Drev et Nieve, qui sont les protagonistes, sont également très attachants. Ces héros sont accrocheurs dès leur introduction, et le sont encore plus dès lors qu’on en apprend plus sur leur passé. Le rôle du roi est lui aussi très important, et tous les mystères qu’on élucide au fil du jeu nous arrachent même quelques larmes d’empathie.
Once Upon a Puppet nous a touché en plein cœur, montrant que le studio sait raconter une histoire intéressante. Nous aurions peut-être de quoi pinailler sur une fin que l’on sent venir à des kilomètres, certes, mais le reste est parfaitement maitrisé de bout en bout. L’écriture est vraiment soignée, et le fil rouge dans son ensemble dispose de surprises suffisantes pour nous donner l’envie de voir le fin mot de l’histoire. Qui plus est, la mise en scène théâtrale est immersive et est également au service du gameplay.
La production de Flatter Than Earth se débrouille comme il faut sur sa direction artistique. Bien qu’il y ait des éléments que l’on a vu moult fois sur certains titres, le titre possède sa propre identité graphique. Le jeu ne lésine pas sur la variété dans les environnements, et cet aspect décors théâtraux fait systématiquement mouche. Qui plus est, le jeu s’offre un côté aussi coloré que sombre, avec même une esthétique façon LittleBigPlanet qui fait plaisir. Tournant sous Unity, le soft est relativement bien optimisé, dispose de graphismes plutôt jolis, mais nous regretterons cela dit quelques bugs ternissant l’expérience. En effet, le titre de Flatter Than Earth souffre hélas de pas mal de bugs de collision ou de script, et il est fréquent de se coincer dans les décors ou de passer à travers. Tout ceci noirci un peu le tableau, pour un soft pourtant fantastique avec ce travail de titan achevé par le studio indépendant, qui n’a pas eu un budget mirobolant.
The Marionnettiste
Once Upon a Puppet ne bouscule pas les codes du genre plateformer à base d’énigmes. En effet, la production de Flatter Than Earth se dote d’une maniabilité générique, même s’il faut avouer que les déplacements atypiques de notre personnage, comme s’il était manipulé par un marionnettiste, sont fort plaisants. Le tout se joue très bien, et notre protagoniste pourra même se doter de nouveaux mouvements pour mieux appréhender les phases de plateforme. Des bobines de fil vous donneront le droit d’avoir de nouvelles habiletés comme le double saut basique, en passant par le fait de se faire catapulter avec les fils manipulés par Nieve, ou encore lui permettre d’enfoncer des portes ou déclencher des mécanismes.
C’est avec ces diverses compétences que l’on acquiert que le gameplay arrive à se démarquer un petit peu. Cependant, et on ne pourra que le regretter, ces compétences ne s’obtiennent finalement que de manière scriptée. Ne boudons toutefois pas notre plaisir, car le titre propose également le sentiment que nos deux comparses sont littéralement sans défense face aux dangers qui rôdent. Face aux diverses créatures que nos héros rencontrent, ces derniers devront juste fuir en courant ou en allant sur des plateformes en hauteur, afin d’éviter de passer l’arme à gauche instantanément. Ce petit coup de stress est vraiment grisant. Il y aura cependant un dernier tiers du jeu où vous pourrez les combattre avec une lampe torche, rendant le tout un poil facile.
Reste que le soft s’offre, en plus de ces phases de plateforme, des énigmes à résoudre. Si ces moments de plateformes disposent de séquences parfois un poil imprécises à cause d’une maniabilité rageante, force est de constater que le résultat reste correct malgré ce côté bancal et maladroit. Des imprécisions subsistent aussi via le placement des caméras fixes, qui ne vont clairement pas aider à mieux appréhender un saut, ou même à esquiver certains pièges qui tuent en un seul coup. Heureusement que la plupart des checkpoints sont bien placés, ce qui atténue concrètement cet aspect frustrant. Encore une fois, peut-être que les développeurs n’avaient tout simplement pas les moyens de leurs ambitions…
Néanmoins, le jeu est jonché d’énigmes bien pensées. Si les premiers puzzles sont d’une facilité déconcertante, ce sera au travers des passages où vous devrez reconstituer une scène via des actes perdus à retrouver que le titre se révélera intéressant. Tout en résolvant quelques énigmes, vous devrez placer quelques pions représentant des objets et personnages au bon endroit, pour ainsi admirer l’acte reconstitué. Le gameplay s’accorde assez bien avec la narration, même si on pourra peut être pinailler sur le côté répétitif du soft à la longue. Il y aura bien de petites phases de courses poursuites stressantes mais, dans l’ensemble, le tout devient redondant. Idem pour les moments où vous pouvez parler à divers pantins qui n’apportent rien au titre. Cela n’abouti que rarement à de légères quêtes secondaires, mais vous serez récompensés en collectables ou en infos sur le lore…
Le système de costume est aussi une idée malheureusement sous-exploitée. Les premiers se dénichent de manière scriptée, et vous octroieront quelques capacités comme un arc à flèches à utiliser, voire des pics à glace pour escalader certaines parois. Tout cela permet de varier un minimum les phases de plateforme ou d’énigmes, mais sachez que cette mécanique de costume est vite délaissée. Les autres uniformes seront à trouver dans les décors au même titre que les collectables pour le lore du jeu, et ne serviront hélas à pas grand-chose. Certains arrivent à sous-entendre qu’ils ont des capacités, mais cela n’est jamais vraiment vérifiable sur la jouabilité, qui ne change guère. Faute de temps ou de budget une fois encore, il semblerait bien qu’une partie des mécaniques de Once Upon a Puppet aient été tronquées, à notre grand dam.
Concernant enfin la bande-son, elle n’est finalement pas en reste, ou presque. En dehors de quelques doublages de bonne qualité, contant avec justesse les périples de Nieve et Drev, les autres dialogues ne seront que du texte à lire tout le long. C’est dommage, car la plupart des thèmes musicaux sont enchanteurs, et arrivent à retranscrire les moments un peu moroses comme féériques de cette aventure atypique.
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