Si vous vous intéressez un tant soit peu aux shonens, il vous a été impossible de passer à côté du phénomène One Punch Man, sorte de parodie du genre qui fascine et qui fait rire aux éclats les fans du héros chauve le plus célèbre, Saitama. Même si le manga est aujourd’hui très populaire, il n’a pas eu encore droit à son lot d’adaptations. C’est pourquoi ce One Punch Man : A Hero Nobody Knows était attendu chez ceux qui suivent les pérégrinations du Chauve Capé, même si la promesse d’un énième jeu de versus en arène n’avait pas de quoi faire saliver, en plus de créer des doutes sur la faisabilité du projet à cause du concept même de l’oeuvre. Malheureusement, il arrive que la première impression soit la bonne.
Conditions de test : Pour les besoins de cet article, nous avons joué au titre durant une quinzaine d’heures pour débloquer les personnages et terminer le mode histoire. Notre test a été effectué sur PS4 standard.
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ToggleLa vie ennuyeuse d’un apprenti héros
Si le manga n’avait pas encore connu d’itération dans les jeux de combat, c’est pour une raison bien précise. Saitama, héros tout puissant et invincible, peut terrasser ses adversaires d’un seul coup. Comment créer un titre avec des combats équilibrés en partant de ce postulat de base ? Spike Chunsoft a ici trouvé plusieurs alternatives, comme le fait de changer de perspective sur l’histoire de l’oeuvre de ONE et Yusuke Murata.
Plutôt que d’incarner notre héros, le joueur devra façonner son propre héros débutant, qui devra alors grimper l’échelle sociale des héros. En tant qu’amateur, il doit tout d’abord faire ses preuves en aidant la ville, puis en éradiquant des monstres au fur et à mesure de sa progression dans les différents rangs de l’Association des Héros. Ainsi, il croise la route de tous les personnages connus du manga, en se frayant une place dans les événements racontés dans le manga. L’histoire de ce One Punch Man : A Hero Nobody Knows retrace d’ailleurs seulement la première saison de l’anime, mais ne vous attendez pas à y retrouver une mise en scène aussi dynamique.
Le joueur peut alors se balader à travers la ville, dont les quartiers se débloquent au fur et à mesure de la progression. On appréciera de pouvoir se rendre dans certains lieux iconiques du manga, comme dans l’Association des Héros ou encore le quartier où vit Saitama, mais cette zone qui sert de HUB central montre bien vite ses limites. En dehors de quelques missions annexes données par les patients et les différentes boutiques, vous ne trouverez malheureusement pas grand-chose à y faire. Rajoutez à cela les nombreux problèmes techniques de cette zone, comme l’apparition très lente des PNJ et un framerate qui fait le yoyo, et votre enthousiasme des débuts redescendra bien vite.
Un entraînement qui ne paye pas assez
C’est cependant ici que vous pourrez accomplir des missions pour gagner en renommée. Cette dernière est essentielle pour pouvoir accomplir les missions de l’histoire principale, à tel point qu’elle vous stoppera net dans votre progression à plusieurs reprises. Pour avancer dans les chapitres, il est nécessaire d’accumuler une renommée de plus en plus importante en effectuant de nombreuses missions qui se ressemblent toutes et qui se limitent à des combats (en dehors de quêtes demandant de retrouver des objets). Ainsi, entre deux chapitres, on se retrouve systématiquement à enchaîner ce genre d’activités, seulement dans le but d’avoir droit de pouvoir suivre le reste du récit.
Un frein qui se rajoute au fait que le niveau de ces missions monte parfois brusquement, et que le grind de votre personnage s’impose. Car votre héros devra également gagner en expérience au fil du jeu, afin d’obtenir des points de compétences qui l’aideront à taper plus fort ou à agrandir sa barre de vie. Ce petit aspect RPG n’est pas déplaisant, mais il souffre de ce besoin constant de devoir enchaîner les quêtes sans saveurs, qui sont entrecoupées par de multiples temps de chargement.
Il y avait pourtant du potentiel, puisque la personnalisation du personnage reste assez libre. Si le début du jeu ne le montre pas forcément, il est possible de débloquer tout un tas de tenues, de visages et autres pour personnaliser son héros. Son style de combat passe également par cela, puisqu’il peut acquérir les attaques spéciales des autres membres du casting en effectuant des quêtes à leurs côtés. On retrouve d’ailleurs un peu de fan-service plaisant ici, car notre héros peut se lier d’amitié avec certains personnages jusqu’à les inviter dans son appartement. Ce dernier est d’ailleurs lui aussi personnalisable, même si on en cherche encore l’intérêt.
Il y a de quoi se faire des cheveux
Les bases étaient donc là pour faire de ce mode histoire une plongée sympathique au sein de l’univers One Punch Man, mais le tout se révèle bien vite être répétitif et inconsistant, et donne parfois des relents de Jump Force pas forcément bienvenus. Cela est à l’image du système de combat du jeu, qui se laisse apprécier durant quelques minutes sans plus.
Il faut dire Spike Chunsoft n’a pas vraiment eu la meilleure idée qu’il soit en le bridant d’entrée de jeu, car notre personnage ne dispose pas de la totalité des coups disponibles dès le début du jeu. Cela s’apprend vite, certes, et le mode Versus vient compenser cela en nous offrant des héros au moveset complet, mais on trime tout de même durant quelques heures avant de voir le potentiel du système.
Une récompense que l’on aurait voulu être gratifiante, mais qui ne l’est pas forcément tant les combats se montrent limités. Les combos faméliques et les coups spéciaux qui peuvent être stoppés par n’importe quelles attaques n’aident en rien les sensations éprouvées en combat.
C’est sans parler de la rigidité des personnages, des animations basiques, des hitbox hasardeuses et de l’absence d’éléments essentiels (où est donc passé le recover ?). Vous l’aurez compris, One Punch Man : A Hero Nobody Knows se contente du minimum syndical en la matière, et si on pourra s’amuser à exécuter les attaques signatures des personnages – qui souffrent parfois d’une réalisation plus que moyenne, on aura du mal à rester captiver par l’ensemble durant plusieurs heures.
Garoh météorites
Tout n’est cependant pas à jeter, comme le système d’arrivée des héros. Les affrontement peuvent se dérouler en 3vs3, avec des personnages qui ne seront pas forcément disponibles dès le début du combat. Ces derniers sont bien en route mais ils mettent plusieurs secondes avant d’arriver. Il est alors possible d’accélérer le délai en réussissant des combos ou des gardes parfaites.
C’est d’ailleurs avec cette solution que le jeu évite de rendre le personnage de Saitama trop puissant. Même en mode Versus, le Chauve Capé mettra un long moment avant d’arriver sur le terrain, et les deux autres personnages de l’équipe sont alors obligés de se débrouiller en l’attendant. Saitama est alors un personnage à double tranchant, ce qui rend son utilisation un peu moins évidente, sans compter la « version rêve » du personnage qui est différente.
Cela ajoute un peu de sel à l’ensemble, tout comme les événements de terrain qui viennent rythmer les combats. Quand ce ne sont pas des météorites qui vous tomberont dessus, ce seront des drones qui viendront vous disséminer des bonus un peu partout sur l’arène, ou bien encore des personnages externes comme King qui viendront vous paralyser. La laideur et le vide de ces arènes est alors quelque peu rattrapée par ces éléments imprédictibles qui peuvent tout changer lors d’un affrontement, même s’ils sont trop aléatoires.
De plus, le casting du jeu est relativement prolifique pour contenter n’importe quel fan, malgré quelques absents notoires qui arriveront en DLC. Avec 27 personnages bien différents à défaut d’être équilibrés, il y a de quoi faire, et on prendra plaisir à découvrir les attaques de chacun qui respectent parfaitement l’oeuvre de base. S’il y a bien une chose qu’on ne peut pas reprocher à ce titre, c’est le fait d’avoir conservé l’humour et l’âme de One Punch Man, avec des situations parfois grotesques, des dialogues humoristiques et un ton décalé. Une bien maigre compensation certes, mais cela suffira peut-être à convaincre les puristes.
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