À sa sortie, Ori and the Blind Forest avait bousculé le monde des metroidvania, en devenant l’un des fleurons du genre qui allait ensuite en inspirer d’autres. Sortir une suite à ce que beaucoup considèrent désormais comme un classique avait tout d’une entreprise risquée, surtout quand le milieu qui connaît une véritable prolifération du genre, avec des titres devenus tout aussi mythiques comme Hollow Knight, pour ne citer que lui. Ori and the Will of the Wisps n’a donc rien de la suite facile, malgré ce que l’on pourrait penser. Mais heureusement, les équipes de Moon Studios n’ont visiblement pas fait dans la demi-mesure avec ce second opus, qui pousse encore plus loin le curseur du côté du chef d’oeuvre.
Conditions de test : Nous avons joué durant une quinzaine d’heures au titre, avec et sans patch day one. La majorité de notre partie a été effectuée après le patch, et il nous a fallu environ douze heures pour terminer l’aventure. La partie a été réalisée sur PC équipé d’une carte graphique Nvidia GeForce RTX 2070, d’un processeur i7 de neuvième génération et de 16 Go de RAM.
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ToggleUn conte qui touche en plein coeur
En 2015, nous avions laissé le petit Ori et sa famille de cœur accueillir la venue au monde de la petite Kun, une adorable chouette qui allait rapidement devenir partie intégrante de la petite tribu. Ori and the Will of the Wisps débute sur cette douce note, malgré les problèmes qui ne tardent pas à arriver quand toutes les tentatives de Kun pour voler se révèlent être infructueuses.
Avec un peu de bricolage, notre chouette et Ori parviennent à s’envoler vers d’autres contrées, avant d’être séparés. Le petit héros de lumière va alors se mettre en quête de son amie, dans une terre hostile qui a perdu toute sa gloire d’antan, et où un mal rôde dans les ténèbres.
Un récit qui ne surprendra donc pas les joueurs du premier opus, même si les rebondissements et la mise en scène de ce dernier se montrent plus efficaces dans cette suite. Et il ne s’agirait pas non plus de bouder notre plaisir : si l’histoire de cet épisode ne brille pas par son originalité, elle n’en reste pas moins enchanteresse et digne des meilleurs contes. Même les cœurs de pierre seront probablement amenés à lâcher une larme ici, ou à ressentir un frisson devant cette aventure qui ne laissera personne indifférent.
Les yeux de la forêt
Bien entendu, le charme de la direction artistique y est pour beaucoup. On continue de craquer pour l’adorable bouille de Ori (sans parler de la précieuse Ku, que l’on a envie de protéger de toutes nos forces), et on s’émerveille toujours devant les panoramas somptueux proposés par le jeu.
Le gap entre le premier épisode et Ori and the Will of the Wisps est tout à fait remarquable, avec des couleurs plus vives, des textures plus affinées et un travail sur la profondeur des décors assez ahurissant. Les animations bénéficient du même soin, aussi bien pour Ori que pour ses comparses ou ennemis. Tout cela contribue à donner vie à cette nature qui englobe tout Niwen, ce qui est d’autant plus renforcé par la présence de PNJ un peu partout sur la carte.
Mine de rien, croiser des visages amicaux fait du bien dans un titre comme celui-ci. Si la première aventure d’Ori était globalement solitaire, cette seconde épopée est bien plus vivante, avec de nombreux alliés qui viendront aider notre héros dans sa quête.
Cela passera notamment par des quêtes annexes, qui là encore ne sont pas forcément trépidantes, mais qui ont le mérite de nous en apprendre plus sur les habitants et sur ces terres inconnues. Tout ce beau monde sera souvent regroupé au sein d’un village au centre de la carte, qui fait presque office de HUB reposant, où l’on peut croiser divers marchands qui nous aideront à améliorer les capacités de Ori.
Un petit être bien costaud
Celles-ci sont d’ailleurs bien plus nombreuses que par le passé, ce qui s’explique par le fait qu’un véritable système de combat ait été intégré. Ori n’est donc plus aussi fragile que par le passé puisqu’il possède désormais de multiples armes pour se défendre, comme une épée, un arc, ou encore un marteau.
Cela donne une toute nouvelle dimension au gameplay, avec des affrontements nerveux qui nécessitent beaucoup d’observation et de réflexes. Car si Ori peut maintenant contre-attaquer de diverses manières, cela veut également dire que les ennemis sont davantage présents et plus hétéroclites.
L’arsenal de notre héros est en tout cas bien complet pour faire face à ces menaces, et même s’il n’est possible que d’assigner trois « armes » parmi la douzaine disponibles (même si on peut changer cela plus au moins à la volée), Ori peut se transformer en une véritable machine de guerre avec un peu de maîtrise.
Pas d’inquiétude pour les amoureux de la poésie, cela ne fait pas basculer les combats dans de l’action décérébrée, puisque le tout est vraiment bien huilé, avec des hitbox précises qui comblent le manque de lisibilité sur certains affrontements. Ces derniers sont souvent exigeants, mais la difficulté du jeu n’est pas pour autant rehaussée, puisque les points de sauvegarde sont plus nombreux qu’auparavant. On prend encore plus de plaisir lors des joutes épiques contre les rares boss du jeu qui offrent de jolies séquences.
Plus de possibilités pour un level-design plus généreux
Comme dans le premier opus, ces derniers se terminent ou commencent par des phases de parcours, où l’on est amené à prendre nos jambes de lumière à notre petit cou pour échapper à ces gros monstres ou à des catastrophes naturelles.
Là encore, on remarque que le gameplay est d’une précision sans faille, servi par un level-design qui force le respect. Les différents biomes représentés sont tous magnifiés par une construction du monde qui a été parfaitement travaillée, où toutes les capacités de notre bondissant Ori permettent de se déplacer à toute vitesse.
Même si tout est millimétré, les développeurs n’hésitent pas non plus à pousser le joueur à profiter de ces dites capacités pour prendre de court le jeu, en usant des outils à la disposition de notre héros pour, par exemple, sauter plus haut, plus loin, etc..
Une générosité dans le gameplay qui favorise largement l’aspect speedrun du titre, où les joueurs s’amuseront à dénicher tous les secrets de la map au moindre pixel près. Celle-ci est ici deux à trois fois plus grande que le premier jeu, ce qui donne deux à trois fois plus de raisons de vouloir se balader partout pour chercher tous les objets à collecter.
Une symphonie presque sans fausses notes
On ne s’ennuie jamais vraiment dans Ori and the Will of the Wisps, malgré une durée qui reste similaire à celle de Ori and the Blind Forest. Certains auraient voulu que l’aventure dure encore plus longtemps, mais elle est plus dense que par le passé, avec plus de choses à faire. Si le titre a mis autant de temps à sortir, ce n’était pas pour le rendre plus long, mais pour peaufiner un travail d’artiste qui se ressent à tous les niveaux, surtout du côté de la merveilleuse bande-son.
Les multiples partitions de Gareth Coker font une nouvelle fois mouche, avec des envolées lyriques que l’on retiendra encore longtemps. Bien entendu, le compositeur n’évite pas l’écueil de proposer des sonorités parfois un peu trop familières avec Ori and the Blind Forest (qui sont plutôt des hommages volontaires), mais il faut aussi rappeler que la bande originale de ce second épisode est bien plus généreuse que le premier épisode, avec une durée de près de trois heures.
Un effort colossal qui a été parfaitement mixé au titre, avec des transitions douces entre chaque morceau afin de donner un aspect plus organique à la bande-son de cet épisode, aussi magistrale que l’on aurait pu l’espérer.
On aurait aimé que la technique soit tout aussi irréprochable, mais le lancement du titre a été quelque peu compliqué. Bien qu’il ait été repoussé à de nombreuses reprises, on sent tout de suite que le jeu aurait mérité d’un peu de temps de développement supplémentaire. Entre les freezes, les soucis sonores ou encore la disparition de la carte, Ori and the Will of the Wisps avait de quoi nous inquiéter au début de notre test.
Heureusement, le sacro-saint patch day one est venu corriger la plupart de ces écueils techniques, ce qui rend le jeu parfaitement jouable du début à la fin, en dépit quelques irréductibles freezes ici-et-là (aussi bien sur PC que sur console). Un contrecoup qui n’empêche en rien la magie d’opérer – du moins à l’heure actuelle – et qui n’est pas assez grand pour occulter toutes les autres réussites du jeu.
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