Outcast est une licence de longue date. Son premier volet est sorti en 1999, puis fut ensuite ressuscité en 2018 par Appeal Studios, son créateur originel. En effet Franck Sauer, Yann Robert et Yves Grolet sont parvenus à racheter les droits de la licence des mains d’Infogrammes/Atari, pour dans un premier temps développer et sortir Outcast: Second Contact, qui a été tièdement accueilli. C’est ensuite que ce même studio belge qui est parvenu à renaître de ses cendres, pour désormais sortir plus de 25 ans après Outcast – A New Beginning, la suite officielle sur PC, PS5 et Xbox Series X.
Les joueurs auront donc le plaisir de retrouver Cutter Slade mais aussi la planète Adelpha, où vit paisiblement la race des Talans. Dans le fond, cette suite parait prometteuse avec un nouveau moteur graphique, un monde plus ouvert, un retour sur Adelpha et un gameplay remanié par rapport au remake du premier jeu… Malheureusement et on pouvait s’y attendre un peu, si le soft est séduisant sur le papier, force est de constater que le résultat laisse finalement à désirer.
Conditions de test : Nous avons terminé Outcast – A New Beginning en 25 heures de jeu, en réalisant quelques quêtes et activités annexes. Le jeu a été testé sur PC avec 32 Go de Ram, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
Sommaire
ToggleL’ulukai de retour sur Adelpha
Sans surprise, Outcast – A New Beginning ne fait pas vraiment mieux que son aîné en matière de narration. L’histoire se déroule plusieurs années après les événements contés dans le premier opus. Nous retrouvons Cutter Slade qui, au début du jeu, est envoyé de nouveau sur Adelpha par les Yods (les dieux Talans) pour on ne sait quelle raison. C’est ainsi que notre héros fera la connaissance de Lehaz, une gardienne Talan avec laquelle il s’associera afin de lutter contre cette nouvelle menace que sont les envahisseurs. Notre protagoniste aura aussi pour objectif de rentrer chez lui pour retrouver sa fille Camilia.
Ce second volet est hélas beaucoup trop simplet dans sa narration, qui est d’ailleurs très prévisible. Le fil rouge proposé se dote de rebondissements tantôt surprenants, tantôt attendus, sans jamais vraiment transcender l’histoire ou offrir de gros enjeux. De plus, le passé de Cutter Slade qui est dépeint via de petits flashbacks n’est exploité qu’en surface, au même titre que les autres protagonistes qui auraient dû bénéficier d’un meilleur développement. Pour ne rien arranger, la plupart des cinématiques nous offrent un spectacle en demie teinte, tant le tout est bancal et maladroit en termes de mise en scène.
Néanmoins, l’univers d’Adelpha reste accrocheur, avec cependant de grosses nuances. Les fans devraient être ravis de retourner sur cette planète fictive, même si elle manque d’inspiration. D’ailleurs, on pourrait aussi reprocher à l’histoire d’être trop basique et sans réelle recherche, ce qui nous fait un peu sortir hélas du jeu. En somme, le soft manque de personnalité à certains étages.
Et justement, on touche du doigt un problème : la direction artistique, malgré un côté séduisant au premier abord, manque de personnalité. La plupart des environnements et villages visités sont enchanteurs au début, mais force est d’admettre qu’il y a un certain manque d’originalité sur le design des village proposés, hormis quelques-uns qui sortent vraiment du lot. Ce petit détail annihile à notre grand regret, toute la magie d’Outcast – A New Beginning. Peut-être que ces éléments servent de clins d’œil ou « d’aspect parodique », comme les divers dialogues entre les Talans et Cutter, mais qu’on soit clair, c’est raté. D’autant que l’on ne sait jamais si le titre veut aller dans le côté sérieux ou simplement le parodique.
Un système de jeu et un gameplay encore ancrés dans le passé
Depuis Outcast: Second Contact qui sentait fort l’année 1999, cette suite s’est quand même améliorée sur le plan du gameplay. Ainsi, Cutter Slade a désormais à sa disposition un jetpack. Il aura le loisir de sauter un peu plus haut, ce qui consumera une barre d’énergie à chaque fois, et il en sera de même quand vous déverrouillerez plus tard la possibilité d’utiliser le boost quand vous volerez. Il pourra également utiliser, dans les airs, une wingsuit par la suite en fonction des compétences débloquées mais également voler à dos de Galenta. Le gameplay basé sur le déplacement en jetpack est plaisant au premier abord, mais sera vite désamorcé par une lourdeur et une certaine rigidité.
En effet, Slade est finalement peu souple à manier, et les mouvements en jetpack sont imprécis lorsque l’on utilise le boost. Pour les gunfights, c’est la même chanson. Nous sommes en face de combats plats, avec des armes à feu qui laissent la même sensation que des Nerf, et de la baston au corps à corps trop molle pour offrir au moins un minimum de sensations. Pour ne rien arranger, la caméra est parfois trop proche du personnage en mode visée, et l’absence d’un système de verrouillage enraye les séquences de baston, qui en deviennent vite confuses. Dommage car à la base, le combo armes à feu, corps à corps et pouvoirs des divers villages que l’on débloque au fil du jeu, aurait pu apporter un cocktail détonnant, mais il n’en est rien.
Qui plus est, sachez que le jeu n’est pas difficile vu l’IA. Il n’est pas rare de voir des ennemis ne pas bouger du tout, se coincer dans les décors ou mieux, tout simplement être invincibles. Si l’on mélange ceci avec les gunfights assez bancals, on obtient malheureusement un résultat plutôt indigeste, surtout que les phases d’action tombent parfois dans le grand n’importe quoi… Sachez d’ailleurs que le bestiaire est pour le moins famélique, et peine à se renouveler au fil de l’aventure, que ce soit du côté de la faune comme les envahisseurs à affronter.
Il y aura aussi des boss à affronter au cours de votre périple. Que ce soient des foreuses folles ou de véritables ennemis provenant de l’envahisseur, il faut savoir que ces combats sont très peu engageants. La faute à un pattern qui va se suivre et se ressembler systématiquement, à un point tel qu’on se demande si l’inspiration chez Appeal Studios n’était pas partie en vacances… D’ailleurs, notez que les quelques séquences de plateformes proposées manquent elles aussi de précisions. Décidément, les problèmes sont malheureusement légions sur le soft.
Comme chez beaucoup de titres en monde ouvert, on trouve ici un système d’arbre de compétences et d’améliorations. En récoltant dans un premier temps de l’hélidium bleu, des nano et macrocellules en finissant les diverses quêtes ou avant-postes, vous aurez la possibilité d’améliorer les arbres de compétences jetpack et combat pour Cutter Slade. Cela lui permettra d’avoir des barres d’énergie supplémentaires, de rester en lévitation avec le jetpack, ou bien tout simplement d’améliorer son corps à corps voire sa résistance aux dégâts. S’ils restent efficaces dans l’exécution, ces deux arbres de compétences restent bien maigres, et auraient pu être bien plus approfondis.
Parmi les bonnes idées à noter, il y a l’amélioration de vos armes. En sachant que vous n’aurez que deux pétoires (un pistolet et un fusil), vous pourrez toutefois les améliorer avec des modules, récupérés auprès des coffres dans les avant-postes ou de Mazum, qui pourra vous en confectionner de nouveaux. Ces accessoires pourront augmenter grandement les dégâts, rajouter des projectiles ou transformer vos munitions en balles à tête chercheuse. Il sera aussi possible d’upgrader les modules deux fois de plus, mais il faudra d’abord déverrouiller une compétence spécifique pour ce faire. Encore une fois l’idée est excellente, permet de personnaliser ses armes comme bon nous semble, mais le manque d’un arsenal plus touffu se fait quand même ressentir à terme.
Enfin, vous pourrez aussi croiser dans chaque village quelques PNJ spécifiques. Il y aura dans un premier temps le marchand vous permettant d’acheter munitions, nouveaux plans de craft, ou encore des ressources. Vous pourrez aussi lui vendre vos précieuses marchandises ou vos ressources durement acquises. C’est basique, comme l’améliorateur qui va vous permettre d’agrandir votre inventaire, et ainsi y entreposer plus de potions, munitions ou ressources. Pour clôturer cette partie, vous aurez inévitablement de quoi crafter vos ressources via un marchand spécifique, ce qui vous permettra de faire le plein de potions de santé, de dégâts supplémentaires au corps à corps (temporaires) ou encore de bonus divers. Cet ensemble fait le boulot, sans être transcendant.
Le concept du monde ouvert ennuyeux
Contrairement à Outcast: Second Contact qui proposait quelque chose d’assez limité, Outcast – A New Beginning dispose d’un monde ouvert relativement grand. Un univers gargantuesque c’est bien, mais la progression s’enferme malheureusement dans une certaine routine. En effet, la quête principale aura pour seuls objectifs de détruire des bases de la WFA et y récupérer de l’Hélidium Blanc, mais aussi récupérer le daromôn de chaque village Talan, afin de réunir chaque faction dans la lutte contre ces envahisseurs. Malheureusement, les missions qui en découlent sont répétitives.
Les missions principales de chaque village seront souvent des quêtes FedEx, ou bien à défaut de l’escorte ou du sauvetage. Il y a bien quelques éclairs de génie par moments avec des quêtes plus organiques, mais la limite de ces dernières se fera vite ressentir, et aucune d’elles ne se révèlera véritablement originale. A contrario, il faut savoir que le côté connecté des quêtes est bien trouvé. En accomplissant les différentes missions via une interface de suivi par village, vous pourrez voir la progression, par exemple, de la couvaison d’un œuf de galenta prêt à éclore, ou la confection de divers objets par certains PNJ en rapportant les éléments que ces derniers vous ont demandé.
Il faut dire que cette feature « connectée » des quêtes avec le monde d’Adelpha est bien ficelée, mais n’est pas parfaite non plus. Il faut parfois continuer à explorer Adelpha sans avoir la moindre indication, et attendre qu’un message s’affiche pour finalement retourner au patelin en question, et ainsi assister à une nouvelle cinématique, voire débloquer ou découvrir de nouvelles missions. Cette progression est un peu brouillonne, d’autant que l’interface de suivi de quête n’aide pas à vraiment à savoir quelle est LA ou LES missions qu’il faut faire afin d’avancer sur la quête principale. Quelques bugs de script viennent parfois même s’immiscer, nous forçant à recharger une partie ultérieure… Décidément, Appeal Studios n’a pas bien bossé son système de quêtes qui aurait pu être innovant s’il n’était pas aussi mal exécuté.
Pour le reste, diverses quêtes et activités annexes seront à effectuer. Il est possible d’y activer des daokas pour effectuer des voyages rapides, nettoyer des nids de bestioles corrompues, détruire des avant-postes, suivre des pistes de l’orym donnant de l’hélidium bleue, voire visiter des sanctuaires donnant de la santé en plus. C’est à peu près tout ce qu’il y aura à faire sur Adelpha avec les missions secondaires restantes, qui ne seront guère intéressantes dans le fond. Force est de constater que si le contenu est riche et que l’exploration est parfois grisante, il n’en reste pas moins basique, et même barbant à la longue…
Rendre Adelpha vivante est aussi un véritable chemin de croix pour Outcast – A New Beginning. Si les bourgades proposent quand même bon nombre de villageois avec lesquels papoter pour en apprendre plus sur l’univers ainsi que le lexique Talan, il faut bien admettre que les environnements que l’on visite manquent de réels événements qui pourraient dynamiser le tout. Alors certes, il y a comme évoqué plus haut les quêtes en cours qui progressent pratiquement en temps réel, mais il est dommage de ne pas y faire des rencontres inopinées, permettant de récolter quelques récompenses. En fait, l’architecture du jeu manque de modernité, et reste même dans un certain archaïsme déjà aperçu sur le remake de 2018.
Des lacunes techniques de partout
Viens la partie technique d’Outcast – A New Beginning, bien trop inégale pour réellement flatter notre rétine. Le titre alterne en effet entre des textures correctes et grossières, sans parler de la rigidité cadavérique de la plupart des PNJ que l’on rencontre. Il y a encore quelques beaux panoramas et effets de lumière convenables, sans jamais vraiment émerveiller. Qui plus est, le jeu est littéralement assassiné par une optimisation cataclysmique, avec par moments de très grosses chutes de framerate alors que notre bécane est quand même relativement puissante.
On notera aussi les nombreux bugs hallucinants dont souffre le titre. Des bugs de collision, des PNJ qui font n’importe quoi, des ennemis qui se coincent dans le décor ou qui sont invincibles, quelques méchants problèmes de son… On pourrait en faire une longue liste. Outcast – A New Beginning a eu du temps de développement, mais celui-ci n’a pas été utilisé à bon escient pour lisser les nombreux écueils, dont le clipping hallucinant qui n’est pas beau à voir. On se doute qu’un patch day one viendra corriger quelques problèmes, mais vu la tonne de défauts techniques on se doute que certains seront définitifs. On peut comprendre que le budget alloué est celui d’un AA, sauf que pas mal de jeux de ce type arrivent la plupart du temps à proposer quelque chose d’assez propre à sa sortie de manière générale.
Pour terminer, le sound design ne nous a pas véritablement saisis. En plus d’un doublage français qui est tout bonnement catastrophique à pratiquement tous les étages, les musiques ne marquent pas. Il y a bien le thème principal qui est utilisé à tire larigot, mais à part ça il n’y a rien de vraiment épique pour que l’on se souvienne de la bande-son du soft.
Cet article peut contenir des liens affiliés