Après Painkiller et le sympathique Bulletstorm, People Can Fly part sur un tout autre registre avec Outriders. Effectivement, le studio polonais s’oriente cette fois-ci sur de l’action-RPG façon looter shooter, et dans un univers fantastique prenant place sur une planète fictive. Tout ceci est très alléchant sur le papier vu le passif assez réussi du studio. Cela dit, et à la suite de notre précédente preview peu engageante, Outriders est-il si probant que ça ?
Conditions de test: Nous avons terminé la campagne d’Outriders en 20h de jeu en faisant toutes les quêtes principales, en finissant une poignée de missions annexes et en naviguant entre les niveaux de monde 6 et 7. Nous avons ensuite effectué quelques expéditions pendant plusieurs heures, constituant le endgame de Outriders. Le titre a été testé sur PlayStation 5 et sur Xbox Series X.
Sommaire
ToggleUne colonisation qui ne se passe pas comme prévu…
Etant donné qu’il est un action-RPG, il est évident qu’Outriders se dote d’une histoire un peu plus travaillée. Le soft nous propulse dans un futur où les humains quittent la Terre au bord de l’agonie pour trouver une nouvelle planète, Enoch. Dans une tentative de colonisation de cette dernière par les scientifiques de l’ECA en compagnie des Outriders, tout ne se passe hélas pas comme prévu et les colons restent prisonniers d’Enoch, peuplé de créatures et nombreuses tempêtes d’énergie détruisant les divers matériels électroniques et transformant certains humains en Altérés.
Vous incarnez d’ailleurs l’un des derniers Outriders en vie, qui après avoir été cryogénisé pendant plus de 30 ans, devra tenter de survivre sur cette nouvelle planète. Le bougre sera forcé de trouver un moyen de « s’échapper » de celle-ci via un mystérieux signal trouvé plusieurs décennies auparavant. Indéniablement, on retrouve une narration orientée science-fiction plaisante dans un premier temps, et faisant penser à un mix entre Halo et Gears of War. Sauf qu’à contrairement à ces titres, le fil rouge montre vite ses limites dans l’écriture, loin d’être exceptionnelle.
C’est clairement l’un des points faibles du jeu, surtout que l’on sait pertinemment que cet aspect n’a jamais été le dada des derniers jeux de People Can Fly. Ceci dit, quelques rebondissements intéressants sont à noter dans l’intrigue du soft, et se laisse suivre sans réel déplaisir en plus d’être doté d’une fin cohérente. Par contre, les personnages restent assez plats, la faute à un acting pas des plus transcendants, et manquant de vie.
Qu’à cela ne tienne, force est de constater que People Can Fly a tout de même réussi à créer avec brio un lore des plus intéressants avec Outriders. Dans ce background immense et bien fourni, on sent que le studio s’est laissé influencé par pas mal de jeux – NecroVision, Destiny, Anthem etc. – comme de certaines productions cinématographiques comme Avatar, ou Mad Max pour certains décors désertiques.
Et croyez-le ou non, cette direction artistique pot-pourri marche du feu de dieu. En effet, tout ce lore donne envie de découvrir les moindres recoins de cette planète aussi riche, qu’intrigante et mystérieuse. Qui plus est, le soft n’est pas avare en variété sur les décors. Vous traverserez une forêt luxuriante grouillant de monstres, en passant par des montagnes enneigées, ou encore divers panoramas désertiques très bien fichus voire de véritables tranchées dignes de la Première Guerre mondiale.
Très nerveux, sans être varié et recherché
La moindre des choses que l’on attendait de People Can Fly, c’est d’avoir un shooter aussi fun et nerveux qu’un Painkiller ou Bulletstorm. C’est bien le cas avec Outriders, qui n’hésite pas à reprendre les codes de la licence Gears of War pour son gameplay. Ainsi, le soft est orienté action à 300 % avec de gunfights pour le moins très nerveux, fun et où vous devrez dans certains arènes, user et abuser de la couverture. Un système de couverture qui d’ailleurs est hélas loin d’être optimal, et s’offre parfois des imprécisions désagréables en plein combat.
Toutefois, les armes utilisées sont efficaces, même si on a vu mieux. Tout ceci est compensé par les vibrations de la DualSense, donnant un résultat assez satisfaisant dans son ensemble (plus que sur une manette traditionnelle). Bien évidemment, Outriders étoffe ses gunfights dans l’utilisation des différents pouvoirs de chaque classe, permettant de varier significativement les plaisirs et de réaliser des combos assez stylisés. D’ailleurs, sachez que vous avez au total quatre classes dans le soft, à savoir :
- Le Technomage : Cette classe est orientée longue portée, et a des pouvoirs lui permettant de manipuler l’anomalie et de balancer des assemblages sur ses ennemis. Le bougre récupère de la vie en fonction des dégâts infligés aux ennemis.
- L’illusionniste : On retrouve ici une classe à courte portée ayant la possibilité de courber l’espace-temps et d’assassiner de ce fait ses cibles. L’illusionniste peut récupérer des PV en tuant les ennemis à courte portée.
- Le Pyromage : Nous avons ensuite cette classe moyenne portée avec le Pyromage, utilisant principalement des sorts de feu. Ce dernier peut récupérer ses PV en utilisant ses compétences sur ses ennemis.
- Le Telluriste : Vient enfin cette classe également orientée courte portée comme l’Illusionniste. Le Telluriste utilise des pouvoirs sismiques pour venir à bout de ses adversaires, et récupère instantanément de la vie en tuant des ennemis assez proche de lui.
Force est d’admettre que ces quatre classes sont bougrement complémentaires en coopération, et donnent lieu à une alchimie sympathique. Accessoirement, on ne peut que saluer le système de soin employé, particulièrement ingénieux. Effectivement, celui-ci force tout le temps le joueur à être relativement agressif auprès des ennemis afin de récupérer au plus vite de la vie. En somme, le titre oscille de bien belle manière entre son aspect shooter et votre skill.
Néanmoins, tout n’est pas parfait dans Outriders car en sus de la classicité de son gameplay qui n’invente rien, le titre se heurte à un level-design en dent de scie. Le jeu est toujours assez partagé entre vous forcer à foncer dans le tas pour récupérer de la vie, ou juste temporiser avec les nombres de covers à perte de vue. Et en sachant que vous ne pouvez pas régénérer votre vie en restant tout le temps à couvert (seulement une petite partie), le game design à la Gears of War est pour le coup très discutable.
On compte également tout l’aspect répétitif de la progression. Le titre vous fera voyager sur une map générale de région en région, et vous devrez ensuite accomplir les nombreuses quêtes principales et secondaires, avec toujours le même déroulé. En effet, vous devrez avancer, activer le checkpoint pour éviter de tout vous retaper et enchainer les trois quart du temps des combats en arène jusqu’à l’écœurement le plus total. Bien heureusement, le level-design s’offre parfois de petits embranchements à base de coffres à loot à trouver, mais pour le reste, cela restera très linéaire sur la durée.
Outriders accumule également quelques maladresses dans son game design. Sachez qu’il n’est pas possible de se baisser ni de sauter, et l’interaction avec les éléments du décor fait parfois des caprices quand il s’agit d’escalader divers murets de couverture. Le tout, avec une IA pas très intelligente, tout en arrivant à vous toucher facilement tel un sniper… Dommage, car tous ces petits détails n’apportent que de la frustration à la longue.
Une dimension RPG profonde mais classique
Outre son gameplay mi-figue mi-raisin, Outriders s’offre un côté RPG relativement profond. Le soft se base tout d’abord sur un système de loot bien ficelé, que l’on a pu déjà voir sur un Anthem ou Destiny. Egalement, le titre propose des niveaux de monde. Ceux-ci, au nombre de 15, représentent en globalité les modes de difficulté du jeu. Une fois débloqués, ou du moins en partie en fonction de votre skill, vous déverrouillerez des récompenses tout en pouvant enfin les sélectionner à votre guise si le jeu devient trop difficile pour vous.
Autre précision attrayante : plus vous montez la difficulté, plus vous looterez des équipements plus puissants et intéressants, les ennemis ayant sur certains nivaux de monde plusieurs niveaux supérieurs par rapport à votre personnage. Cette feature est en définitive bien pensée, et permet clairement de moduler la difficulté à votre guise afin de récupérer des loot intéressants et dotés d’un niveau de rareté par couleurs allant du blanc, en passant par le vert, bleu, rose et or, représentant évidemment une arme ou un élément d’armure légendaire.
Bien au-delà du loot intéressant, assurément classique dans sa forme et favorisant le farm pour aborder certaines quêtes plus sereinement, la production de People Can Fly propose également des possibilités de personnalisation grisantes. Outre l’éditeur de personnage terriblement sommaire, la réserve pour entreposer vos armes inutilisées voire la configuration cosmétique de votre camion de voyage, il y a aussi le côté fabrication via votre « QG ».
Ainsi, par le biais de différentes ressources trouvables sur les ennemis ou en recyclant votre équipement désuet – ferraille, cuir, fer, titane – vous pourrez changer les mods de vos armes en apportant de gros bonus, comme remplacer les bonus passifs de vos compétences sur vos armures. Qui plus est, il sera aussi possible d’upgrader la rareté de vos équipements moyennant quelques ressources, mais aussi de changer les attributs ou les variantes de vos pétoires. En somme, la personnalisation de vos équipements est efficace, et apporte un véritable impact au gameplay.
Idem pour le sentiment de progression de notre personnage, qui monte réellement en puissance au fil du jeu. Mais qu’on se le dise, cela reste particulièrement typique de ce que propose un looter shooter, qui se dote en plus d’une interface claire certes, mais ressemblant à énormément de licences comme Destiny ou Anthem pour ne citer qu’eux. Sans surprise, chaque zone nous donnera également la faculté d’acheter diverses armes ou armures via des marchands.
Dernière chose à voir, les compétences. En montant de niveau votre personnage, vous gagnerez des points de compétences, à répartir sur l’arbre décomposé en trois axes pour chaque classe. Ces trois axes changeront complètement votre style de jeu. C’est encore le gros point fort du soft, même si l’on reste sur quelque chose qui n’invente toujours rien. Ceci dit, le résultat est plutôt efficace, et la progression sur l’arbre de compétences se fait de manière parfaitement équilibrée.
Que vaut le contenu et le endgame ?
S’il y avait bien une interrogation à voir sur Outriders, c’était au niveau sa durée de vie. Pour terminer le titre en allant en ligne droite tout en effectuant quelques quêtes secondaires épaississant le lore du jeu, vous en aurez au moins pour 20 heures de jeu montre en main. En revanche, si vous voulez tout finir au niveau des quêtes principales et secondaires, il faudra rajouter 10 heures de plus. Autant le dire tout de suite, la durée de vie est plus qu’acceptable déjà à ce stade.
Mieux encore, Outriders ne s’arrête pourtant pas là une fois toutes les quêtes terminées. En effet, un endgame est bien de la partie, et prenant la forme d’expéditions. Pour faire simple, ces expéditions ont des niveaux de défis à débloquer, et la finalité de chaque expédition sera de récupérer une capsule, vous donnant du loot en masse. Une fois la niveau de défi 15 atteint, vous pourrez affronter un boss final. Vous vous en doutez, il sera toujours question de dézinguer des ennemis en masse dans des combats en arènes. Ne vous attendez donc pas à faire autre chose que du farm pour parvenir à vos fins.
Cela dit, vous pourrez, dans ces expéditions, glaner des ressources de capsules. Elles seront utilisables par la suite afin d’acheter directement de nombreuses armes ou amures légendaires. Globalement, la durée de vie d’Outriders est plus que conséquente pour un jeu du genre, et gratifié finalement d’un endgame convenable, ce qui ravira certainement les amateurs de défis chronophages et de loot en pagaille.
Le festival des soucis techniques et un aspect graphique décent
Avant d’aborder l’aspect purement graphique du soft, il faut bien avouer qu’Outriders n’est pas le jeu le plus stable du monde, notamment sur PS5. Le titre de People Can Fly a la mauvaise habitude de crasher assez souvent sur la console de Sony, des bugs graphiques sont hélas présents, et les déconnexions sont légion. Tout ceci entache significativement l’expérience de jeu. Pour un jeu qui demande la connexion à internet obligatoire, autant dire que ça le fait très moyen, surtout que le cross-play a actuellement des soucis.
Espérons donc que tout sera rentré dans l’ordre d’ici là. Côté technique, nous aurions pu aussi nous attendre à bien mieux pour un titre sur la voie de la next-gen. Tournant sur l’Unreal Engine 4, Outriders peine à rester constant dans sa technique. Le jeu arrive à être tantôt beau, tantôt très passable sur la modélisation des personnages comme des textures. Une chose qui est en soi regrettable, surtout quand on peut observer divers effets pyrotechniques ou de tempêtes particulièrement réussis.
Il y aura ainsi de quoi rager sur l’habillement graphique, qui aurait pu être sensationnel car quelques panoramas font quand même leur petit effet. Par ailleurs, et même si nous avons expliqué plus haut des crashs agaçants sur PS5, force est de constater que le titre reste néanmoins tout aussi fluide sur PS5. Et du côté de la Xbox Series X, le soft semble déjà un peu plus stable, ce qui n’est pas plus mal.
Le sound design de Outriders, même si nous l’avons abordé en début de test via l’acting assez mauvais du soft, reste aussi décent que l’aspect graphique. Les musiques épiques du jeu sont agréables sans non plus être marquantes, mais auront le vilain défaut de parfois se couper sans raison. Soit un petit détail qui peut vous sortir de l’immersion comme certains bruitages, qui sont parfois absents ou simplement bugués. Décidément, le festival des soucis techniques n’en finit plus.
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