Annoncé pour la première fois pendant le state of play de Sony en 2022, Pacific Drive se sera fait désirer jusqu’au bout. Il s’agit du tout premier jeu développé par Ironwood Studios, basé à Seattle. Le studio a été par ailleurs été fondé en 2019, et est composé qui plus est de développeurs expérimentés. De quoi nous rassurer dans un premier temps sur la teneur de Pacific Drive qui s’est très peu dévoilé, et sur lequel nous savions finalement peu de choses. En début d’année nous apprenions toutefois qu’il propose un mélange de rogue-like et de survie, où il est question de sortir d’un complexe mystérieux nommé la zone d’exclusion olympique. Ce qui a de quoi faire saliver à première vue. Néanmoins, comme nous allons le voir, le titre connaît de multiples accrocs.
Conditions de test : Nous avons terminé Pacific Drive en environ 25h de jeu. Cela inclut les objectifs de missions narratives, puis les quelques runs que nous avons dû effectuer afin de récolter un maximum de ressources. Le titre a été testé sur PC avec 32 Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
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ToggleVoyage au centre de la zone d’exclusion olympique
Dans sa narration pure et dure, il faut dire que Pacific Drive est tout autant soigné que prévisible. Parti pour visiblement effectuer une livraison de routine dans l’introduction, à bord de son véhicule, notre protagoniste que l’on va nommer « la nouvelle » plus tard, se retrouve propulsée dans une zone d’exclusion olympique, qui fût abandonnée depuis bon nombre d’années. C’est ainsi que notre personnage fera la connaissance par radio de Francis, Oppy et Tobias, qui sont eux aussi visiblement coincés sur les lieux. Ces derniers vont l’aider à s’en sortir, mais les secrets qui se cachent dans cette zone sont des plus sombres.
Indéniablement, ce système de trame scénaristique n’est pas sans rappeler Firewatch, où vous interagissez avec les protagonistes du soft via une radio, sans jamais vraiment les voir. Force est de constater que cela marche bien, et il n’est pas rare que la narration nous surprenne avec d’énigmatiques communications que l’on peut intercepter, sans savoir d’où elles viennent. En soi, Pacific Drive est vraiment prenant à ce niveau, et les personnages qui nous parlent ont eux aussi leurs propres motivations et petits secrets qui pimentent un peu le fil rouge.
Qui plus est, le fait d’en apprendre plus sur ce qu’il se trame nous donne clairement envie de connaître le fin mot de l’histoire, même si elle reste générique. On notera toutefois quelques clins d’œil pour le moins sympas à la pop culture en général, notamment la trilogie Retour Vers le Futur qui a clairement inspiré les développeurs dans la conception de la voiture dans laquelle nous évoluons. De même pour l’énergie de l’ancre que nous devons récolter pour chaque run et qui se consume via un dispositif ARC, semblable au convecteur temporel. Tout cela est bienvenu, et l’écriture est dans son ensemble de bonne facture.
Le conducteur du Pacifique
Du côté de son gameplay, Pacific Drive mélange deux genres avec le rogue-like et la survie pure. Si le but est évidemment de suivre le fil rouge scénaristique via des objectifs de mission spécifiques (et redondant d’ailleurs), vous devrez en règle générale vadrouiller de zone en zone qui ne sont pas de petites routes tranquilles. Il faudra survivre en gérant, dans un premier temps, les besoins du véhicule en essence et batterie, tout en récoltant un maximum de ressources pour améliorer le garage et vous aventurer plus sereinement dans les zones les plus profondes. Par la suite, il s’agira de retourner au garage via un portail qu’il faudra activer en récoltant des ancres. Celles-ci délivreront la puissance nécessaire, et ainsi atteindre le halo jaune pour revenir à votre QG.
Sur le papier, Pacific Drive parait alléchant, mais s’essouffle assez vite. Après quelques heures de jeu déjà, on se rend compte que le grind de ressources devient barbant puisqu’il nécessite de faire toujours la même chose, sans renouvellement. Bien que cela soit contrebalancé par les nouvelles capacités ou possibilités de craft qui permettent un tant soit peu d’atténuer ce sentiment, il faut admettre que la boucle de gameplay proposée ici ne parvient jamais à nous offrir quelque chose de nouveau, comme certains rogue-like ou jeux de survie arrivent si bien à le faire. Qui plus est, on est rapidement perdu par l’interface imbuvable de crafting ou d’amélioration, sur laquelle il va falloir passer de très longues heures afin de s’y retrouver sans faire bouillir notre cervelle.
Pourtant, le titre ne manque pas de bonnes idées, à commencer par le véhicule qui s’avère très utile. Avec un menu et un cockpit diablement réussis, à contrario de l’interface de craft et de l’inventaire, force est d’admettre que la gestion du véhicule en temps réel devient instinctive, en plus d’une map qui s’affiche à notre droite via un petit panneau installé sur le siège. De plus, à l’arrière du véhicule se trouve aussi de quoi stocker diverses ressources ou accessoires craftés, voire un petit établi pour pouvoir confectionner ce dont vous avez besoin à l’instant t (lampe torche, roue de secours, grattoir, pied de biche percuteur, kit de soin etc…).
Tout est bien pensé à première vue, avec une conduite agréable dans l’ensemble et sans trop d’accrocs. Sachez que votre bolide peut aussi, en fonction des améliorations déverrouillées, obtenir des capacités spéciales à assigner dans le petit écran à gauche du cockpit. Moyennant de la batterie, vous pourrez par exemple activer un bouclier, ou encore utiliser un frein à main. En gros, ces « compétences » même si elles sont utiles, seront hélas à utiliser avec trop de parcimonie, comme l’essence qu’il faudra économiser, quand vous ne serez pas contraints de chercher des carcasses de voitures à siphonner.
Si vous vous posiez la question, vos runs ne se feront pas uniquement en voiture. Votre protagoniste pourra se déplacer de manière traditionnelle, en vue à la première personne, notamment pour veiller au bon fonctionnement du véhicule et récolter des ressources dans les différents bâtiments environnants. Il s’agit là d’une phase de gameplay classique mais qui fait cependant le boulot.
Riche mais frustrant sur le fond
Pour continuer sur le petit côté rogue-like, Pacific Drive n’est pas trop avare en matière de génération procédurale. Les zones sont suffisamment diversifiées entre chaque run, au niveau de leur structure, et les routes peuvent parfois même vous bloquer. Dans ce cas-là, vous serez obligés d’abandonner votre trajet pour rentrer, avec des chances de perdre ou non tous vos objets et ressources acquis en fonction de l’option choisie. Qu’on soit clair, les p’tits gars d’Ironwood Studios n’ont au moins pas loupé cet aspect, mais s’en sont quand même un peu moins bien sortis sur l’aspect survie, tendant vers la monotonie.
Le titre d’Ironwood Studios sera aussi frustrant que satisfaisant. En effet dans chaque zone visitée, vous pourrez aussi bien être tranquille que soudainement vous faire agresser par les différentes anomalies qui voudront vous mettre des bâtons dans les roues. Elles sont d’ailleurs variées, et la difficulté qu’elles vous opposent va croître au fil du jeu, surtout lorsque vous vous rendrez dans des zones très éloignées.
C’est l’un des aspects que l’on va retenir le plus de ce Pacific Drive. Vous pourrez découvrir au choix de nouvelles anomalies à contourner, voire des événements particuliers qui peuvent se produire en temps réel comme des tempêtes qui peuvent arriver sans prévenir. La richesse est intéressante, bien que les décors ou les assets auraient auraient pu être bien plus nombreux et que certains biomes se révèlent trop génériques.
Nous pourrons aussi noter une difficulté à la carte. Curieusement, le challenge du soft reposera en partie sur certaines options à activer ou non, comme la possibilité avoir de l’essence et de pouvoir utiliser les phares à l’infini pour éviter d’avoir cela à gérer, voire de ne pas perdre tous ses objets en cas de décès ou d’abandon de trajet. Ce geste est parfaitement louable, mais cela reste quand même un petit aveux d’échec de la part des développeurs qui ont sûrement dû ajouter ces options au dernier moment car le jeu était sans doute trop difficile en l’état. Nous aurions plutôt vu d’un bon œil plusieurs modes de difficulté avec certaines conséquences distinctes par exemple, mais il faut dire que ces options permettent néanmoins de toucher un large public.
Pimp my car and my driver
Entre deux explorations, vous retournerez dans le garage, qui reste le cœur central de toutes les améliorations et des réparations. Tout d’abord, grâce aux ressources que vous récoltez au fil de vos nombreuses runs, vous aurez le loisir, via plusieurs arbres à compétences massifs, de déverrouiller de nouveaux plans. Ainsi, vous pourrez crafter de nouveaux accessoires ou gadgets (lampe torche, portière en acier, de nouveaux moteurs pour la voiture, des galeries de toit etc…), mais aussi diverses machines au garage qui peuvent par exemple recycler vos constructions pour vous faire gagner des ressources. La liste est longue, mais sachez qu’à terme vous pourrez construire pas mal d’objets costauds pour mener à bien vos runs.
Au fil de votre progression, un établi pour équiper votre personnage pourra même être construit. Cela aura en général pour effet de lui octroyer un peu plus de résistance face aux radiations, qui sont omniprésentes dans chaque zone, au même titre que le poison ou l’électricité que peuvent vous refiler les anomalies. Ceci apporte un plus à votre personnage, qui sera aussi résistant que son véhicule par la suite. Mais évidemment, ce ne sera pas la chose la plus exploitée, ce qui est franchement dommage.
Concrètement, le système de jeu via le garage est bien huilé, bien qu’il subsiste des couacs. Que ce soit la benne à ordures qui vous donne juste des miettes de ressources en passant par la machine à diagnostics qui ne sert pratiquement à rien, autant dire qu’il y avait matière à mieux exploiter ce QG, qui devient pourtant de plus en plus intéressant une fois que vous avez fabriqué les améliorations qui vont avec.
On notera aussi l’interface qui reste un vrai problème, surtout quand il faut retrouver une ugrade spécifique à débloquer. Qu’à cela ne tienne, il faut quand même admettre que l’immersivité du jeu est sans pareille avec ce garage, qui offre moult possibilités de construction par la suite afin de transformer votre véhicule en machine de guerre robuste.
La farandole des bugs rageants
Avant de partir sur la catégorie des bugs dérangeants, il faut quand même admettre que Pacific Drive reste joli, pour un premier jeu. Il y a de belles choses à garder du côté de ses éclairages et de ses textures, et l’immersion du cockpit de notre véhicule est plaisante. Quelques arrière-plans forcent le respect, et l’atmosphère graphique globale n’a pas trop à rougir face aux productions AAA. En plus, l’optimisation est plus qu’honnête sur PC avec seulement quelques chutes de framerate. Et puis la direction artistique, malgré quelques répétitions désagréables, offre un style graphique à la Firewatch charmant et obscur.
Maintenant que les éloges sont faites, les bugs sont clairement le gros point noir du titre. Entre bugs de collisions et d’affichage, cela fait déjà trop pour le soft. Pour ne rien arranger, il y a même des bugs de script qui nous ont empêché de faire avancer notre voiture après de nombreuses heures de jeu. Voilà de bien vilains défauts qui seront – on l’espère – corrigés le jour de sa sortie, car cela égratigne fortement l’expérience.
Enfin le sound design est quant à lui, de bonne facture. Que ce soit la prestation des doubleurs en V.O. ou les petites musiques au synthé qui augmentent considérablement l’atmosphère assez sombre et un poil horrifique de Pacific Drive. Autant dire que le studio ne s’est pas raté sur cet aspect-là.
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