Cette année plus que jamais, la simulation de vie fermière a la cote, et les sorties se font nombreuses. Rien que cet été, on retiendra Rune Factory 3 Special, Fae Farm, Story of Seasons : A Wonderful Life, ou encore Harvest Moon the Wind of Anthos… et c’est sans compter sur l’arrivée imminente du très attendu My Time at Sandrock, prévue pour début novembre, ainsi que plusieurs titres indépendants peu médiatisés. Bref, le calendrier est complètement bouché pour le genre. Ce qui n’a pourtant pas empêché Italic Pig et Modus Games, respectivement développeur et éditeur, de publier leur bien nommé Paleo Pines.
Un projet indépendant débarquant le 26 septembre dernier sur tous les supports du marché, exception faite des mobiles, proposant son petit twist bien à lui : la présence de dinosaures. Une particularité qui ne semble guère annoncer un titre sortant franchement du lot. Pourtant, une petite hype s’est construite autour de Paleo Pines, dont la flamme originelle est née de ses visuels et son univers enfantins, collant à merveille à l’étiquette Wholesome. Une catégorie que l’on pourrait traduire par « bienveillante », et qui brille depuis quelques années, notamment grâce au succès du dernier Animal Crossing, ou de Stardew Valley.
Son cadre est-il suffisant pour lui permettre de tirer son épingle du jeu ? Rien n’est moins sûr. Mais nous avons tout de même tenté l’aventure, curieux de voir de quoi il retournait. Mais aussi, désireux de découvrir si, sous ses airs de jeu pour enfants, Paleo Pines ne cachait pas une expérience plus profonde qu’il n’y paraissait, pouvant aussi plaire aux plus grands. Et sans aller jusqu’à vous divulguer tout de suite notre verdict, il s’avère que le titre de Italic Pig est effectivement assez surprenant. Avant de rentrer dans le vif du sujet, rappelons que Paleo Pines est vendu un peu moins de 30 euros sur tous les supports qui l’accueillent.
Conditions de test : Nous avons passé près de douze heures sur le titre dans sa version Nintendo Switch, principalement sur TV. Ce ne fut pas suffisant pour arriver au terme de son aventure, mais nous avons fait un bon tour de ce que celle-ci a à offrir aux joueurs. Ce test est garanti sans spoiler.
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ToggleOn vous souhaite tout le bonheur du monde
Avant toute chose, il convient de rappeler que nous avons effectué ce test sur Nintendo Switch. Détail qui a toute son importance, puisqu’il va sans dire que c’est la version la moins performante. Et malheureusement, la première impression laissée par le titre sur ce support n’est pas excellente. La technique est un peu décevante, le framerate n’est pas constant, et de manière générale on a la tenace impression que l’expérience serait beaucoup plus agréable sur n’importe quelle autre console, ou même sur PC. Heureusement, Paleo Pines parvient vite à gommer ce sentiment désagréable grâce à deux de ses grandes forces.
La première, vous l’avez déjà vue, c’est bien sûr sa direction artistique. Si sur le plan technique le jeu ne convainc guère, il demeure malgré tout plutôt agréable à l’œil, grâce à sa profusion de couleurs pastelles qui n’est jamais vomitive, et plus généralement à son univers charmant. Les dinosaures y participent grandement, il est vrai, mais c’est toute l’esthétique de Paleo Pines qui sort du lot. Une esthétique qui ne connaît que de rares faux pas, dont on ne retiendra finalement que la trogne des personnages humains, qui auraient peut-être mérité le même traitement que les créatures à plumes et à écailles. Mais passons !
La seconde, c’est tout son aspect audio, qui est une excellente surprise. Non seulement les musiques sont très chouettes, mais en plus, elles sont d’une douceur absolument délectable. On regrettera seulement leur faible nombre, mais peut-être par simple gourmandise… Reste qu’on aurait aimé que les personnages soient doublés, au moins lorsqu’il s’agit de faire avancer l’intrigue ou d’expliquer des mécaniques. Parce que si Paleo Pines a tout pour plaire aux plus jeunes joueurs, sur le papier, ceux-ci pourraient malheureusement se perdre rapidement au travers de nombreuses lectures. Par ailleurs, sans doublages, il est vrai que certaines séquences scénarisées semblent un peu longuettes.
Reste que Paleo Pines, en dehors de ses quelques errances techniques que nous attribuerons à la Nintendo Switch et son manque de puissance, est un produit plutôt bien fini. Son monde entièrement en 3D n’est pas particulièrement grand, mais le parcourir est un réel plaisir. D’autant qu’il est possible de se balader à dos de dino, et ça, ça vaut tout l’or du monde ! Cela étant dit, s’il se révèle plutôt orignal, et colle complètement à l’esprit Wholesome, au niveau de son aspect visuel et sonore, il demeure que la partie simulation fermière est, quant à elle, plutôt générique. Si vous avez déjà joué à un titre concurrent, alors vous ne serez pas perdu.
Paléo-les-Pins
Ce que cela signifie, plus concrètement, c’est que l’on retrouve un système de progression journalière, avec des saisons qui font évoluer le décor et les fruits ou légumes pouvant être plantés. Mais aussi que la météo a toute son importance avec, par exemple, des jours de pluie qui permettront de passer outre l’arrosage. À côté de cela, Paleo Pines embarque une jauge d’endurance qui descendra lorsque l’on effectuera n’importe quelle action aux champs, excepté planter des graines. Enfin, on retrouve une galerie d’outils que les amoureux du travail à la ferme ou des jeux vidéo s’en inspirant connaissent bien, de la houe à la pelle, en passant par l’arrosoir.
Bref, comme dit plus haut, on avance en terrain connu. Exception faite des dinosaures, donc, qui ajoutent toute une dimension supplémentaire à cette couche de gameplay peu surprenante en premier lieu. À ce niveau, on ressent une grosse influence de Pokémon, ce qui est loin d’être une mauvaise chose, d’autant que le soft ne tombe pas dans les mêmes pièges que l’intriguant (mais définitivement décevant) Monster Harvest. Il sera ainsi possible de se lier d’amitié avec différentes créatures peuplant le petit monde de Paleo Pines, chacune ayant ses spécificités. Elles pourront par exemple aider aux champs, ou bien briser des rochers pour nous ouvrir de nouvelles voies.
Tout le travail de « capture » n’a toutefois rien à voir avec ce que propose la série de Game Freak, ou même Monster Hunter Stories. Ici, aucun véritable challenge, aucun Game Over possible, et les dinosaures ne risquent pas non plus de fuir. Tout se passe flûte en main, en adaptant les tonalités, afin d’apaiser une créature et de gagner sa confiance. Une fois ceci fait, ce n’est pas terminé, puisqu’il faut encore découvrir quel aliment vous permettra de vous lier définitivement d’amitié. Une mécanique plutôt sympathique, originale de surcroît, qui a cependant ses faiblesses. Notamment au niveau de la patience et des expérimentations qu’elle requiert.
Cela étant, il y a quelque chose de grisant à réussir à ramener un dinosaure dans notre ranch. Ranch qui nous est offert dans un piteux état, comme souvent dans ce genre de jeu, jonché de débris qu’il faudra enlever soi-même. Histoire de faire de la place pour des plantations, bien entendu, mais aussi pour les enclos de nos nouveaux amis. Car il ne suffit pas de se lier à eux, flûte et légumes en mains, il va ensuite falloir veiller à leur bien-être. Ce qui passe avant tout par l’aménagement d’un espace dédié à chaque dino, par le remplissage régulier de leur mangeoire, et bien sûr par des caresses. Une fois repus et bien dorlotés, ils vous permettront parfois de monter sur leur dos.
Habile comme un ptérodactyle ?
La découverte du monde de Paleo Pines se fait librement, et est très plaisante. Si ce n’est dans certains cas de figure, notamment lorsque l’on fait face à des murs invisibles un peu frustrants, il est vrai. Ou quand une catégorie spécifique de dinosaure est nécessaire à l’ouverture d’un passage, mais que nos expérimentations ne permettent pas d’en amadouer un. On a parfois l’impression très désagréable que le jeu fait de la rétention d’informations, bloque volontairement certaines routes, afin de ralentir notre progression. Pourtant, lorsque les planètes s’alignent et que l’on parvient enfin à progresser, alors la récompense est délectable.
Ce qui ne passe ni par un scénario particulièrement intéressant, ni par des interactions profondes entre les personnages. Ces derniers se contentent d’être là, et d’être joyeux voire sympathiques. Ils font du bien au moral, avec les surnoms rigolos qu’ils nous donnent, ou leurs histoires de ragoûts de légumes. Et si les différentes missions annexes ne sont guère palpitantes, avec une fâcheuse manie à nous demander tel ou tel item, du bois ou de la pierre, c’est toutefois un plaisir de retourner voir les différents habitants de la région. On aurait aimé un fil rouge un peu moins prévisible, un peu plus garni aussi, mais dans l’absolu, l’aventure se suit bien telle quelle.
Finalement, les seuls véritables défauts que l’on pourra trouver à Paleo Pines se situent au niveau de son interface, son gameplay, et dans une moindre mesure son contenu. Concernant la première, certains points de détail se révèlent rapidement ennuyeux. Comme le fait que la map, somme toute très jolie, manque néanmoins de lisibilité. Ou que faire passer le curseur sur les items présents dans l’inventaire n’affiche leur appellation qu’une grosse seconde plus tard. Ce qui ne paraît pas, dit comme ça, mais ce simple détail finit vite par devenir agaçant, parce que le visuel desdits items ne permet pas toujours de les identifier avec certitude. Paleo Pines veut que l’on prenne notre temps, et nous force un peu trop la main.
Constat que ne démentira pas le gameplay, principalement aux champs, où il sera nécessaire d’appuyer longuement sur la touche associée pour effectuer une action avec une certaine mollesse. Ce qui est valable pour chacune d’entre elles : arroser, bêcher, ou même ramasser le fruit de notre travail. Autre point négatif, la précision est entièrement à revoir. Difficile de dire si c’est la faute des joysticks, et si le résultat serait plus appréciable sur PC, mais il demeure que l’on peine régulièrement à cibler une case ou un item au sol, et il est souvent nécessaire de s’y reprendre à plusieurs fois. Même problème que chez un Rune Factory 3 que nous testions récemment. Quant au contenu, certes il y a pas mal de choses à voir et un nombre suffisant de dinosaures, mais des activités supplémentaires n’auraient pas été de refus.
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