Paper Beast, pour ceux qui ne le savaient pas encore, est le nouveau jeu d’un certain Eric Chahi. On rappelle que le bonhomme avait auparavant travaillé sur Another World, Heart of Darkness et il a aussi été directeur créatif sur From Dust, le god game d’Ubisoft Montpellier en 2011. C’est donc plus de 9 ans plus tard que nous revoyons ce monsieur du jeux vidéo via Paper Beast, sa nouvelle création via son studio Pixel Reef, qui est disponible depuis le 24 mars exclusivement sur PSVR. Le titre parvient à intriguer, mais manque de maîtrise dans ses mécaniques.
Conditions de test : Nous avons terminé Paper Beast en 4h30 de jeu. Le jeu de Pixel Reef a été testé sur le PlayStation VR via la PS4 Pro.
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ToggleThis is not a simulation
S’il n’est d’ordinaire pas si sorcier d’évoquer la trame scénaristique d’un jeu vidéo, celle de Paper Beast est particulièrement tarabiscotée à décrire étant donné ses nombreuses zones d’ombres volontaires. Pour faire simple, vous incarnez un utilisateur VR dans une simulation informatique. Alors que vous écoutez tout simplement de la musique via une application VR – de la J-pop en l’occurrence -, un bug vous propulse dans un autre monde, peuplé de créatures étranges.
C’est ici que commence votre aventure pour le moins… déroutante. Effectivement, en l’absence de dialogues durant tout le jeu, Paper Beast ne sera qu’un titre narratif sujet à interprétation. Lorsque cet aspect peut être une force dans des jeux comme Inside, Limbo voire Rime, il s’agit là d’une grosse faiblesse sur cette production VR. A aucun moment nous n’aurons d’explications concrètes sur le pourquoi du comment, et même la fin du jeu nous laisse des tas de questions en suspens. Clairement, le juste milieu n’est jamais présent.
En somme, tout ceci est bien regrettable, car le background exposé dans Paper Beast est franchement des plus sublimes. On y retrouve sans problème la patte Eric Chahi dans les environnements, et puis les diverses créatures que l’on croise sont à la fois fascinantes, attachantes mais aussi tout bonnement effrayantes. Un mélange qui fait son petit effet.
Toutefois, on reviendra hélas au même point de départ à savoir sa partie scénaristique restant bancale, et qui aurait méritée des explications approfondies pour apprécier à sa juste valeur le lore de Paper Beast. Nous resterons en définitive sur notre faim, et étant donné qu’Eric Chahi nous avait affirmé sa volonté d’étendre l’univers de Paper Beast dans un futur proche – voir notre aperçu -, nous attendrons donc de voir dans un futur proche de quoi il en retournera au sujet de sa nouvelle franchise. Mais pour l’heure, nous aurons de quoi être sèchement déçu.
Le plaisir de terraformer… ou pas ?
Bien avant d’aborder les diverses énigmes à résoudre, parlons des contrôles. Grossièrement, ils sont une fois de plus similaires aux jeux VR actuels à savoir tourner la caméra de gauche à droite, se déplacer à base de téléportation, ainsi qu’attraper divers objets ou créatures quand c’est possible. Dans l’absolu, le tout est parfaitement intuitif à première vue, que vous jouiez à la manette ou aux PlayStation Move.
Le calibrage est aussi bien ficelé debout comme assis, mais on pestera hélas sur une précision discutable quand il s’agit d’attraper quelque chose. En effet, on ragera assez souvent de cette imprécision qui nous force à attraper les trois quart du temps le mauvais objet, surtout quand il s’agit de résoudre tel puzzle en l’occurrence. Ce point-là devient vite agaçant et frustrant, mais les énigmes sont plus ou moins intéressantes, avec des nuances bien entendu.
Car en sus de se doter d’un aspect contemplatif comme walking simulator relativement plaisant au premier abord, Paper Beast nous demande aussi de résoudre des énigmes pour continuer à progresser dans le jeu. Ces dernières se basent presque toutes sur de la terraformation, soit de jouer avec le terrain et divers éléments avec l’eau, la terre ou encore la glace.
Il sera aussi possible d’interagir avec le décor ou les diverses bestioles pour les faire avancer et les emmener devant un arbre à faire évoluer pour progresser. Si au début, les puzzles ne sont pas si désagréables grâce à la terraformation, la finalité des autres puzzles qui arrivent par la suite deviennent redondants, et surtout beaucoup trop répétitifs pour être véritablement intéressants.
Du coup, on se rabattra logiquement sur le côté contemplatif que nous avons évoqué, mais qui n’est pas non plus transcendant tout le long du soft. Voilà un point qui rebutera certains joueurs, et il faut aussi ajouter que les fameux puzzles – dont certains qui restent plus ou moins ingénieux -, manquent parfois de clarté, ce qui est regrettable. C’est un peu la même chanson sur la construction de certains niveaux, quelquefois brouillons quand il s’agit de trouver où aller car les indications sont peu nombreuses, notamment sur les énigmes…
Que de déception sur les énigmes en somme, car le côté terraformation est bien exploité en soi. Mais elles se révèlent assez inégales. Le côté sandbox de chaque niveau de chaque chapitre n’est pas si folichon, car nous en ferons aussi trop vite le tour. On se consolera du moins sur le comportement des créatures, relativement réalistes et qui font plaisir à voir, au détriment de leur IA qui n’est non pas sans bugs de collisions…
On passe rapidement sur la durée de vie, classique d’une production VR. Il faut compter 4h30 pour voir le bout des sept chapitres de Paper Beast. Pour 29,99 €, cela reste cher payé étant donné qu’hormis un collectible par niveau à récupérer, vous n’aurez aucune raison de retourner sur le soft une fois terminé… En clair, autant acheter le jeu lors d’une promotion si vous l’attendiez vraiment, et surtout si vous êtes prêt à vous battre contre le jeu qui ne vous aide pas énormément.
Un délice visuel, artistique et sonore
Le gameplay n’a pas grandement convaincu même s’il est loin d’être mauvais, certes. Cela dit, Paper Beast nous offre là un pur délice visuel et artistique pour un jeu VR, qui sera d’ailleurs jouable également sans la VR plus tard. Le rendu des textures est fichtrement saisissant notamment sur la modélisation des bestioles de papier, criantes de réalisme.
On est aussi impressionné par le nombre de particules affichées avec une fluidité optimale sur PS4 Pro. L’aspect terraformation de la terre ou des éléments fonctionne bien visuellement, et la plupart des arrière-plans sont clairement soignés. L’univers de Paper Beast est fascinant à tout instant, coloré, et on sent que le titre d’Eric Chahi est maîtrisé artistiquement, avec un cycle jour et nuit bien fichu dans l’ensemble. Clairement, l’aspect technique est d’une maîtrise totale, et cela fait plaisir de voir que le bonhomme n’a pas perdu la main.
La maîtrise vient également de la bande sonore. Il est souvent difficile de créer un jeu sans le moindre dialogue, mais le titre n’en a pas besoin car dans les moindres musiques ou les bruitages, le jeu nous plonge directement dans son monde. Les thèmes musicaux tantôt silencieux, tantôt reposants, et nous font ressentir tout le côté énigmatique et fascinant du background de Paper Beast. Chapeau bas pour l’atmosphère sonore, qui est tout simplement sans fausse note et prenante de bout en bout. Et puis il faut l’avouer, c’est couillu de mettre de la J-pop dans un tel univers.
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