Alors que ces derniers mois la Switch accueillait principalement des portages divers et variés, pas toujours indispensables de surcroît (coucou The Outer Worlds), cela n’empêche pas Nintendo d’avoir de beaux projets dans les cartons. Parmi eux, un certain Paper Mario : The Origami King qui, quatre ans après Color Splash, compte bien améliorer quelque peu la recette de ce dernier. Manette en main, le résultat est original et plutôt frais, comme nous vous le disions dans notre aperçu. Mais est-ce suffisant pour permettre à cette nouvelle itération de se hisser au sommet ?
Conditions du test : Nous avons joué près d’une quarantaine d’heures, principalement sur TV. Au cours de notre test, nous n’avons fait face à aucun bug ou problème quelconque.
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Débutée sur Nintendo 64, la série Paper Mario a depuis fait du chemin, en sortant un épisode par console de salon. Initialement savant mélange de plateforme et de RPG, elle s’est pourtant émancipée de ces deux composantes avec le temps. Ainsi, Color Splash, qui sortait en 2016 sur Wii U, n’était plus qu’un jeu d’aventure dans le monde du plombier moustachu, arborant des combats au tour par tour sans gain d’expérience et quelques maigres passages aux sauts millimétrés très superficiels. Cela n’a pas empêché cet opus d’être bien reçu, bien qu’il fut établi rapidement qu’il n’était pas du niveau des précédents. Ce que ne démentira pas notre test d’ailleurs.
En réduisant sa dimension RPG et plateforme au strict minimum, Color Splash perdait une partie de l’ADN de la série, édulcorant par la même sa recette. Et c’est finalement le seul véritable reproche que l’on puisse lui faire, puisqu’en dehors de ça il bénéficiait de nombreuses qualités, à commencer par son level design poussant continuellement à l’exploration. D’une certaine façon, constater que Paper Mario : The Origami King reprend exactement la même direction artistique, mais aussi une recette similaire, a de quoi faire redescendre l’enthousiasme engendré par son annonce. Mais comme on dit, on ne juge pas un livre à sa couverture, ce qui est aussi valable dans le monde du jeu vidéo.
Alors effectivement The Origami King reprend pratiquement trait pour trait la recette de Color Splash. Il embarque donc les mêmes points forts. Ce qui se traduit par une direction artistique exceptionnelle, malgré un aspect technique qui n’impressionne guère, une bande-son au top, un level design plus fouillé encore, mais aussi de grandes qualités dans son écriture. On connaît en effet la licence pour son humour omniprésent, passant par des dialogues qui font souvent mouche, et c’est d’autant plus vrai dans cet épisode Switch. Le titre se permet même de faire référence à plusieurs reprises à d’autres séries de chez Big N, ce qui a de quoi faire chaud au cœur.
Là où cette ressemblance est quelque peu fâcheuse cependant, c’est qu’elle passe aussi par la copie pure et simple de mécaniques du précédent, simplement habillées différemment. Mais nous ne sommes pas dupes ! Par exemple, pour finir le jeu à 100% il fallait, dans Color Splash, trouver tous les lieux dont la couleur avait disparue, afin de les asperger de peinture. Ici, ce seront des trous dans le sol ou les murs, qu’il faudra reboucher à coup de confettis. Exactement la même chose, donc, et c’est bien dommage, puisque la série s’est toujours démarquée grâce à ses bonnes idées et sa volonté de renouvellement.
Reste l’absence de challenge, une nouvelle fois, pour laquelle on sera moins transigeant. Le titre bénéficie d’une durée de vie colossale, ce qui est évidemment une qualité indéniable. Néanmoins, l’intérêt du joueur ne peut que retomber avec le temps. Après avoir été pris par la main pendant près d’une dizaine d’heures, on ne fait pas face à un seul affrontement compliqué, et les énigmes, bien que plutôt variées, sont beaucoup trop simples et rapides à résoudre. Dommage, parce qu’il n’était pas bien compliqué de rajouter un mode difficile pour les joueurs adultes désireux de se plonger dans cet univers délectable.
Super Mario Capitalist Edition
Bien heureusement, Paper Mario : The Origami King n’est pas complètement dénué de nouveautés. Et la première que l’on retiendra est évidemment son système de combat, beaucoup plus stratégique que ce à quoi nous a habitués la série. Il est désormais question d’un damier en cercle, sur lequel les ennemis se disposeront à leur guise. En fonction du nombre d’actions disponibles, il vous faudra les replacer de sorte à pouvoir les attaquer tous en un seul tour. Sympathique, ce système demandera un certain temps d’adaptation, ne serait-ce que pour assimiler pleinement ses différentes variantes. Néanmoins, comme nous le disions plus haut, la difficulté est complètement absente.
Ce qui est, à ce niveau, autant dû à une IA inoffensive qu’à des mécaniques visant à simplifier au maximum chaque combat. Puisque l’on gagne un bonus de dégâts en plaçant convenablement nos adversaires sur le damier, et qu’il est toujours possible de faire plus mal en appuyant sur A au bon moment, il nous est possible de venir à bout de nos adversaires en un seul tour. Le pire c’est que l’on peut appeler des Toad à la rescousse, en dépensant quelques pièces, ce qui enlève tout semblant de difficulté introduit par certains boss. Ainsi, les combats vont vite et manquent rapidement d’intérêt. L’ennui, c’est que le titre en a placé un nombre incalculable sur la route de ce bon vieux Mario…
L’absence de gain d’expérience n’empêche pas The Origami King de nous récompenser à la fin de chaque affrontement, ce coup-ci par des quantités variables de pièces. Adieu à la dimension jeu de rôle donc, et bonjour à un aspect capitaliste exacerbé, poussant toujours à ramasser le plus de pièces possible. Et pour cela tout est bon : venir à bout d’ennemis, reboucher des trous dans le décor, sauver un Toad en danger, ou même simplement découvrir un couloir caché. On engrange des quantités astronomiques de monnaie, qui ne nous serviront finalement pas à grand-chose en jeu, si ce n’est à acheter de l’armement destructible. Et là encore, c’est dommage !
Quant à sa montée en puissance, Paper Mario peut compter sur la découverte de cœurs augmentant son nombre de points de vie et sa force. Un système qui fonctionne, c’est un fait, et ajoute par ailleurs quantité d’items à rechercher dans ses vastes environnements. Dommage qu’au final il ne soit vraiment pas nécessaire de trouver les cœurs cachés çà et là pour s’en sortir face aux adversaires de fin de jeu. Cela enlève tout le plaisir de leur découverte, qui devient complètement anodine. Contrairement à celle des très nombreux Toad, parfois excessivement bien planqués.
L’autre grosse nouveauté c’est l’utilisation de pouvoirs hérités de certains monstres faits d’origamis. Grâce à ceux-ci, il sera possible par moments de déchirer le décor pour trouver un Toad, dévoiler un chemin ou même, parfois, de faire de gros dégâts en plein affrontement. Notez que certains combats de boss nécessiteront l’utilisation de vos bras multi-pliés (de leur doux nom), sans quoi il sera impossible d’en venir à bout. Un brin d’originalité qui ne fait pas de mal, bien que l’on s’y habitue vite et que cela ne change rien à la difficulté.
Un vent de fraîcheur
En dépit de ses défauts, Paper Mario : The Origami King a tout de même de sérieux atouts à faire valoir. Nous avons déjà vu plus haut sa durée de vie colossale et son level design particulièrement réussi, mais aussi sa direction artistique du tonnerre. Et on pourrait presque s’arrêter là, puisque grâce à ces qualités le titre apporte déjà un petit vent de fraîcheur à cet été morose qui ne met guère la Switch en valeur. Mais ce n’est pas tout !
En effet, bien que sa progression ne soit pas originale pour un sou, puisque fonctionnant sur un système de niveau à peine dissimulé, on y prête finalement aucune attention tant le scénario et les nombreux dialogues sont prenants. Ce nouvel épisode fait en effet de gros efforts au sujet de son histoire, qui n’est certes pas très original là encore, mais introduit des personnages hauts en couleurs, ainsi que des situations marquantes et hilarantes à la pelle. Il est par ailleurs le prétexte parfait pour nous amener à visiter des décors très variés.
Et la variété, c’est l’autre qualité insoupçonnée de cet opus. Bien que les combats soient nombreux et répétitifs, au point de nous pousser par moments à les esquiver, Paper Mario : The Origami King ne lésine pas sur les séquences de gameplay qui changent. Que ce soit des affrontements au marteau contre des géants de papier, des balades en bateau sur des rapides ou bien en pleine mer, tout est bon pour éviter la monotonie de sa progression peu originale. Dommage que les petits passages de plateformes soient aussi fades et superficiels…
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